Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°1


Proposition n°1 : Inventaire 


Mes petits plaisirs de la rentrée.


Proposition n°2 : Échange de lettres


1er texte :
Chaque participant invente un personnage et une situation de voisinage. Le personnage écrit une lettre à son voisin ou à sa voisine (lettre de plainte, d'amour, d'invitation...).

2e texte :
Chacun reçoit une des lettres et rédige la réponse du voisin / de la voisine.

Proposition n°3 : Écrire à partir d’une photo


Forme libre

Quelques textes du 1er atelier


Inventaire : mes petits plaisirs de la rentrée  


- Se rappeler au bon souvenir de l’étagère où sont rangés les mouchoirs
- Commencer une nouvelle activité professionnelle
- Penser aux prochaines vacances
- Reprendre le chemin de l’atelier d’écriture
Hélène
- Ressortir ses vêtements d'automne et sa couette d'hiver
- Tailler des crayons neufs
- Entamer un nouvel agenda
- S'abonner à un magazine dont on ne lira que les deux premiers numéros
Vanessa

Échange de lettres 



Chère voisine, 

J’entends avec plaisir que vous êtes revenue de vos séjours à l’étranger. J’imagine que vous avez donné des concerts dans diverses villes d’Europe. Vienne, Berlin, Budapest… que de découvertes dans ces villes. 
J’imagine le voyage, les répétitions avec l’orchestre, le stress qui monte avant le concert, le grand silence avant de se mettre à jouer, le son du piano qui s’envole au dessus des spectateurs et de nouveau le silence à la fin, avant les applaudissements. Et encore votre sourire, votre robe chamarrée, vos cheveux apprêtés. 
Mais vous êtes revenue et je retrouve le plaisir de vous entendre répéter , répéter encore. Le son du piano sera pour moi seul, passant à travers les murs ou les fenêtres, ouvertes encore pendant la fin de l’été. Qu’allez vous répéter cet automne ? Savez vous que derrière les murs de votre salon un admirateur muet vous écoute avec ferveur ?
Chère voisine … bon retour chez nous. 

Votre voisin dévoué 
(Véronique)

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Chère Yolande, 


J’ai eu le plaisir de sentir, dimanche dernier, en ouvrant mes volets, une fleur de ton magnifique dipladénia m’effleurer les cheveux. Sa couleur rouge vif a immédiatement réveillé mes pupilles encore endormies et a déclenché chez moi une joie intense qui ne m’a ensuite plus quitté de la journée. Je n’avais jamais prêté attention à ton balcon auparavant. En levant les yeux, ce dimanche matin, je n’ai pu qu’être émerveillé par la multitude d’arbustes, plantes, fleurs, qui embellissent le sixième étage de notre immeuble. Comme tu le sais peut-être, je suis employé de l’entreprise de pompes funèbres « Au revoir là-haut », qui est située à l’angle de notre rue et de la rue Legrand. Je m’intéresse donc aux fleurs et à toutes les ornementations qui apaisent les douleurs du deuil. Mais je dois admettre que j’ai rarement vu d’aussi sublimes compositions et d’aussi éclatantes associations de couleurs que celles exposées sur ton balcon. Je souhaitais donc te proposer de mettre ta sensibilité florale au service de notre entreprise. Je suis certain que le chagrin des familles se dissipera à la seule vue de tes bouquets. Si ma proposition t’intéresse, n’hésite pas à sonner à ma porte un soir, je serai ravi d’échanger, autour d’une tasse de thé, nos impressions au soleil couchant. 

Bien à toi, 
Jean-Christophe (ton voisin du 5ème) 
(Hélène)

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Réponse à la lettre envoyée par le petit Jérémy à Madame Henri 

Mon cher petit Jérémy, 

J’avoue, en effet avoir eu du mal à supporter le bruit que tu faisais en jouant au ballon dans la cour, des heures durant, et surtout au moment de la diffusion de ma série préférée Derrick. Impossible de me concentrer sur ses enquêtes ! Mais en te voyant taper dans la balle tout seul, en plein mois d’août, je dois admettre que j’ai éprouvé de la tristesse à l’idée que tu n’avais même pas un petit copain pour partager rires et jeux. Je me suis donc dit qu’il valait mieux t’occuper les mains plutôt que de continuer à te gronder en criant par la fenêtre, et j’ai ressorti de mon placard les vieilles recettes de pâtisserie que je tiens de ma grand-mère Rose. 
J’ai pris beaucoup de plaisir à te transmettre ces secrets de cuisine et j’ai pu me rendre compte que tu n’étais pas le garnement que je croyais. Je viens de goûter tes muffins à la cannelle et je les trouve délicieux : tu apprends vite ! Ma grand-mère Rose aurait sans aucun doute beaucoup apprécié, elle aussi, le goût de la cassonade. 
Je te propose donc de venir me rendre visite à chaque fois que tu auras envie de compagnie, j’ai encore de nombreuses recettes à te faire découvrir. 

Madame Henri 

(Hélène)

Écrire à partir d'une photo




Lumière dans la nuit. Luciole isolée dans l'obscurité.
Les ténèbres sont profondes, et toi si petite, si fragile.
Tu sembles prête à te faire avaler, engloutir, par l'immensité noire, dense, glaciale.
Il serait si facile de se perdre dans ce monde sans repères, hostile. Si facile de ternir, de mourir, pour se fondre dans la masse uniforme.
Mais tu as cette force en toi, petite luciole, d'éclairer le monde, de porter la lumière là où elle n'est pas. De transformer le néant en relief, en couleurs, en palpable, en possible.
Reste vaillante, petite luciole, pour nous guider dans l'inconnu.
Marine




La tempête menaçait ce soir-là. Tous les habitants avaient sagement suivi les consignes de sécurité et étaient restés calfeutrés chez eux. Depuis la dernière crue de la Seine au mois de novembre dernier, qui avait causé la mort de 18 000 parisiens et provoqué l’effondrement de tous les immeubles bordant le fleuve déchaîné, les annonces du préfet de police étaient prises très au sérieux par la population. On ne lisait plus dans le Parisien de micro-trottoirs de citadins aigris par la multiplication des limitations de vitesse pour les voitures ou par la mise en place de la circulation alternée en cas de pic de pollution. Tous maintenant soutenaient les mesures de prévention et de protection contre les catastrophes climatiques prises par un Etat qui, il y a encore deux ans, aurait été traité de fossoyeur des petites gens et des automobilistes. Un simple cataclysme a tout changé. 

Pourtant, un homme, un seul, fait face aux vents et marées qui attaquent désormais quotidiennement la capitale. 

Inébranlable, il reste stoïque face aux événements, imperturbable au milieu de son bureau du 14ème étage du seul immeuble qui a résisté à la vague géante du 17 novembre. Car oui, le ministère des finances, et l’homme qui est à sa tête, sont comme figés dans le temps, les pieds dans l’eau mais la tête sur les épaules, seuls vestiges d’une époque révolue où les cars remplaçaient les trains et où les voitures étaient reines. La nature a aujourd’hui clos ce chapitre de l’histoire moderne. 

Hélène