Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°3



Proposition n°1 : petites annonces

Chaque participant rédige deux ou trois petites annonces de forme conventionnelle, mais au contenu fantaisiste. L'un cherchera à échanger ses amis, l'autre à embaucher un gardien de chat, etc.

Proposition n°2 : tics de langage

Chacun imagine un personnage qui aurait été témoin d'un événement, et en ferait le récit à un journaliste ou à un ami en parsemant son discours d'expressions vides de sens (je veux dire... j'avoue que... vous comprenez...) qui en ralentissent la progression.

Proposition n°3 : autoportrait distancié

Il s'agit de faire son autoportrait non pas directement, mais en décrivant une oeuvre fictive dont on serait le sujet: peinture, photo, collage, ou tout autre mode de représentation.

Quelques textes du 3e atelier


Petites annonces

Propose un amour pas trop abîmé, pas trop servi, en état de donner et de recevoir à son tour un bel amour.

A vendre un lot complet : 1 commode, 1 buffet 3 portes, 2 chaises, 1 grand-mère endormie assise dans un fauteuil, 1 cage avec le canari jaune et son chat dégoulinant d’amour pour cette boule jaune.
Gigi

A vendre. Pays anglophone celtique donnant accès à main d'œuvre diplômée mais bon marché. Merci de contacter l'UE.

Homme édenté bègue recherche femme sourde pour discussions passionnantes. Prix à débattre.

Ecrivain de peu de talent propose ses services à tout écrivain sans inspiration peu exigeant. Prix scandaleusement bas.
Pascal

Echange collection complète des romans de la Comtesse de Ségur (Bibliothèque Rose) contre texte intégral de la Recherche du temps perdu en collection de poche.
Vanessa


Tics de langage

Tu me connais, je ne suis pas du genre à parler pour ne rien dire, mais franchement, là, je pense, enfin en ce qui me concerne, parce que je ne sais pas ce qu'il en est pour toi, mais, moi, je pense, sincèrement, que, cette fois-ci mais ce n'est pas la première fois, je pense que les bornes ont été dépassées. Bref, moi, à mon avis, je ne sais pas ce que tu en penses mais, personnellement, j'ai envie de dire qu'on a fait tout un pataquès à propos de cette malheureuse affaire de chat perdu. Mais tout le monde, et je dis bien tout le monde, enfin à quelques exceptions près, mais pour simplifier disons que tout le monde sait parfaitement comment s'est produite cette histoire sordide, car il faut bien dire le mot, c'était une histoire sordide, du moins c'est ma vision des choses. La responsable de ce fait divers de la rubrique des chats écrasés, tiens-toi bien, et on ne m'en fera pas démordre, pour moi, c'est Mme Michel! Oui, je te le dis tout de go, tu peux m'en croire, je te donne ma parole, et tu sais que je ne suis pas du genre à colporter des ragots, mais la vérité, si tu veux que je te la dise, elle est très simple: j'étais là et j'ai tout vu, enfin presque. Le fin fond de l'histoire c'est que c'est la mère Michel qui a perdu son chat !
Pascal


Autoportrait

Intéressons-nous maintenant à ce portrait étrange intitulé "Autoportrait de l'artiste par un autre". Il s'agit d'une peinture à l'huile sur bois d'un mètre sur un mètre. Par le recours au bois, l'artiste a voulu ainsi signifier son attachement aux matériaux simples tout en évoquant le Quattrocento, période de transition durant laquelle la peinture commence à exploiter les possibilités de la perspective. La perspective est pour l'artiste le moyen de donner de la profondeur à son œuvre. D'aucuns lui reprocheront justement son traitement très superficiel de la profondeur puisque cette peinture, qui se structure quelque peu comme la Joconde de Léonard de Vinci, ne propose que deux plans : au centre et au premier plan, un homme d'âge moyen assis sur un tabouret de bar, sa posture évoque quelque peu le Penseur de Rodin mais l'expression qui se lit sur son visage est plus rêveuse que pensive ; et, en guise d'arrière-plan, un paysage fantastique tres coloré mais difficilement définissable qui ne semble être qu'une vision onirique et qui est censée stimuler l'imagination de l'observateur. La question qui se pose est la suivante : l'homme représenté sur ce tableau est-il l'artiste ou est-il "l'autre" ? Un autoportrait est-il le reflet de celui qui le compose ou de celui qui le regarde ? C'est cette question fondamentale de l'identité et de l'image de soi qui est posée ici.
Pascal

VISITE AU GRENIER
J’ouvre une vieille malle d’où s’échappe un petit morceau de photo, cela m’intrigue et je pousse plus loin mes recherches. Tout à coup, je découvre une photo où il manque un petit morceau. C’est la
Photo d’une petite fille assise sur une balançoire : elle est blonde et porte deux nattes serrées avec un joli nœud rose, elle sourit. Au loin, on aperçoit un parc arboré et des enfants sur un manège. Une femme se tient derrière l’enfant, elle est de taille moyenne, ses cheveux courts sont cependant retenus par un bandeau noir, elle porte une robe blanche à petits pois rouge. Ses jambes sont fines et elle semble en déséquilibre perchée sur des talons aiguilles.
Son regard est profond et mélancolique, elle paraît lointaine. Ses bras sont tendus vers l’enfant avec une légère retenue.
Le petit morceau de papier découvert auparavant s’adapte parfaitement à l’angle droit de la photo et l’on peut apercevoir dans l’angle un jeune homme en train de photographier la scène.
Gigi