Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°2


Proposition n°1 : Cadavre exquis

   
    - Pourquoi… ? 
    - Parce que… 

Proposition n°2 : Ecriture objective, écriture subjective 


A partir d’une photo de lieu, écrire trois textes courts (1§ chacun) : 
    - description objective (factuelle, sans point de vue personnel) ; 
    - 1e description subjective : point de vue positif ; 
    - 2e description subjective : point de vue négatif.

Proposition n°3 : A partir d’une première phrase


« La tradition voulait que l’on change de restaurant chaque année. » 
        (Pierre Lemaître, Couleurs de l’incendie)

Quelques textes du 2e atelier


Cadavre exquis


Pourquoi aimes-tu le rouge? 
Parce que l'univers est infini.

Pourquoi est-ce qu'on se tache dès qu'on porte un pantalon blanc? 
Parce que c'est comme ça, tu m'énerves! 

Pourquoi les autruches ne volent pas?
Parce que notre futur en dépend. 

Pourquoi je ne peux pas rajouter un lundi dans la semaine?
Parce que tu ne sais pas regarder les étoiles.

Pourquoi les limaces n'ont-elles pas de coquilles?
Parce que les jumeaux monozygotes ne se ressemblent pas toujours complètement. 

Pourquoi faut-il piquer la pâte à tarte avec une fourchette avant d'enfourner?
Parce que l'eau glisse sur les plumes des canards.

Pourquoi tout le monde dit que la Badoit ça désaltères?
Parce que je t'aime.

Ecriture objective, écriture subjective


1. C'est un immeuble parisien typique, avec son toit en zinc de couleur gris-bleu surmontant les chambres de bonnes du dernier étage. Il est beaucoup pus grand quand les immeubles alignés en face. Grâce à sa taille, il dispose d'un long toit-terrasse qui a été aménagé avec des planches en bois et des bacs remplis de terreau où poussent des plantes - pas des plantes décoratives, mais plutôt des aromatiques et des légumes. On a sans doute affaire à un jardin partagé, plus précisément un potager partagé; les habitants de l'immeuble y travaillent et en récoltent les fruits.

2. Notre immeuble, ses des dehors classiques, recèle un véritable trésor, réservé aux initiés: un écrin de verdure en plein Paris, perché sur le toit. Tel le potager du roi aux temps anciens, notre jardin partagé nous offre les richesses de la nature en toute saison grâce à nos soins attentifs. On peut y cueillir de jolis radis bicolores, des tomates pimpantes, du chou et de la salade. La soupe est un peu fade? Hop! On monte sur la terrasse pur couper des feuilles de ciboulette qui viendront sauver notre repas. Bien des salades de fruits rouges ont été relevées par un brin de menthe de notre jardin.
Nous en sommes tous très fiers. Tous l'immeuble, uni sous la bannière commune de notre potager, travaille dans la joie et la concorde: on bine, on sarcle, on arrose, et enfin on partage nos récoltes bien méritées. Chez nous la fête des voisins est un enchantement, et elle a lieu tous les jours. 

3. Il s'en passe de belles dans l'immeuble d'en face - le grand avec le toit-terrasse. J'ai toujours trouvé ça louche, cette histoire de potager. Depuis quand les Parisiens bossent-ils ensemble sans se friter? Tout ça pour une salade et trois haricots? J'avais bien raison de me méfier. Ce matin il y a eu une descente de police, enfin, une montée, ils sont allés voir ce qui se passait vraiment sur ce toit. Eh bien ils n'ont pas trouvé de salades mais des plants de cannabis bien alignés. C'est la gardienne et les jeunes du 6e étage qui avaient organisé cette petite plantation. Ils avaient aussi quelques légumes, qu'ils distribuaient au reste de l'immeuble pour garder les apparences. Les petits vieux étaient contents, ils pouvaient se préparer gratuitement des macédoines de légumes pendant qu'un trafic se tramait au-dessus de leurs têtes. C'est aussi ça, les immeubles bourgeois... 
Je me demande ce que toute cette beuh va devenir. A mon avis elle ne sera pas perdue pour tout le monde. Après tout, les flics l'ont laissés pousser jusqu'à maturité avant d'intervenir...

Vanessa