Cadavres exquis
Défense de nager sur l'escabeau sous peine de perdre un doigt.
Défense de râler dans le bois de Vincennes sous peine de devenir triste.
Défense de copier dans la salle de bains sous peine de dictature.
Défense de tuer sur le tapis roulant déchaîné sous peine de flagellation.
Défense de sauter dans cette ville sous peine de démolition.
Défense de médire sur la lune sous peine de passer pour un idiot.
Défense de faire des entrechats dans la démocratie sous peine de se faire fesser.
Défense de sauter à la corde sur les nains de jardin sous peine de devoir livrer tous les cadeaux du Père Noël.
Prière d'insérer afin de favoriser la reproduction des papillons.
Prière de ne pas craquer afin de rencontrer l'être aimé.
Prière de remettre ses couverts afin que les oiseaux puissent continuer de chanter.
Prière de ne pas vous agenouiller afin de libérer l'espace vital.
Prière de ne pas faire de miettes afin de promouvoir la laine.
La voiture vrombissante se gratte la tête dans sa baignoire.
Le singe bleu grogna avec un chien tenu en laisse.
Le voyageur réfléchissait derrière une botte de foin sous une pluie d'été.
Melchior jouait toujours les jours pairs.
L'écrivain danse sous la lune rouge sang.
Marie-Noëlle accélère le pas sans en avoir l'air.
Le chaton frileux déroute la raison en regardant par la fenêtre.
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Ne pas s’énerver pour les achats de Noël
MODE D’EMPLOI
- Vous faites partie des 37% de français qui détestent les fêtes de fin d’année.
- Vous n’avez pas trouvé de voyage pour vous exiler sur des iles paradisiaques.
- Vous êtes obligé de vous farcir la dinde farcie du Sacro-Saint Réveillon
- Il vous faut trouver un cadeau ridicule pour chaque convive qui s’empressera de le faire disparaitre au fin fond de la cave le lendemain matin.
Pour ne point vous énerver lors de ce cruel supplice voici la méthode à suivre :
1° - Recenser les invités : enfants, neveux, nièces, sœurs, frères, père, mère, beau-père, belle-mère, tontons, tatas, grands-parents, invités des uns ou des autres… La place du pauvre étant bannie depuis qu’ils envahissent nos rues, même si l’on est treize à table.
2° - Les classer par ordre d’âge et d’affiliation, du plus petit au plus vieux.
3° - Evaluer le niveau culturel de chacun. A défaut, renseignez-vous sur leurs hobbies ou leurs passions : cuisine, sport, collectionnite, gadgets débiles, déco kitch, nains de jardins et autres objets au gout aussi sûr que les typiques souvenirs de vacances made in Taiwan…
4° - Evaluer le budget moyen de chaque cadeau.
5° - MOMENT CRITIQUE : Calculer le coût total de l’opération.
6° - Une fois l’émotion passée, reprenez votre calme, posez-vous tranquillement dans votre fauteuil préféré et imaginez ce que vous pourriez vous offrir avec une somme pareille.
7° - La tête bien calée dans votre coussin, laissez-vous aller au plaisir incommensurable que va vous procurer ce cadeau imprévu.
8° - Persuadez-vous que votre foie ne supportera pas, une fois de plus, un de ces repas gargantuesques.
9° - Il ne vous reste plus qu’à trouver une bonne excuse, pour échapper aux cris des marmots, à la mauvaise humeur de la belle-mère, à l’ivresse du beau-frère, aux bisous du tonton, à la vie du grand-père et vous disposerez, ainsi, d’une grande soirée pour trouver mille autres excuses pour les réveillons prochains.
OPTION
Le mauvais gout étant la chose la mieux partagée dans le monde, peut-être pourrions-nous partager autre chose : Un pouillème de cette orgie friquée et décadente…
- Interrogez-vous sur la véritable utilité du cadeau imprévu, sur l’éphémère satisfaction que vous apportera cet objet accessoire qui rejoindra d’autres objets accessoires que vous avez, déjà oublié.
- Prenez votre carte bleue, passez au premier distributeur de billets venu, retirez une somme suffisante au prix d’un repas, marchez dix mètres, il ne vous en faudra pas plus, et offrez cette somme à la première personne qui semble manquer du strict nécessaire pour chacun: MANGER
- Rentrez chez vous, reprenez place dans votre fauteuil préféré et laissez-vous aller à rêver un monde meilleur où seraient bannis de votre table tous les réinventeurs de l’esclavage, financiers et politiques confondus.
JOYEUX NOEL
Pierre
Kit X24 – La bougie de Noël allumée par la maison des mille Kits
1 – Vérifier que le colis est complet. Étalez son contenu devant vous. Vous devez avoir :
1 x bougie en cire avec sa mèche,
1 x boîte de 48 allumettes
1 x briquet au gaz.
Pour installer votre kit « La Bougie de Noël Allumée », vous avez besoin aussi d'une bassine d'eau froide.
2 – Assurez-vous de ne pas être dérangé durant le montage. Le kit peut tout à fait être mis en place par une seule personne, même non bricoleuse. Coupez la sonnette et le téléphone. Ne répondez pas aux coups frappés à la porte suite à vos premières expériences, vous pourriez perdre votre concentration. N'hésitez pas à couper l'alimentation électrique dans la totalité de votre logement à partir du compteur. Les personnes les plus expérimentées démarrent souvent dans le noir, mais pour vous exercer, la lumière du jour suffit.
3 – Attention, certaines parties du kit sont susceptibles de s'enflammer. Si vous êtes un enfant de moins de 18 ans, n'agissez que sous la direction d'un adulte. Si vous êtes pyromane, l'accord de votre agent de probation est nécessaire.
4 – Posez la bougie à plat devant vous, dressée. Même allumée, la bougie de Noël peut être déplacée sans risque. Le modèle de bougie en cire fourni avec le kit X24 doit tenir droit. Si vous êtes obligé de l'enfoncer d'un centimètre dans votre table en bois à coup de marteau, vous êtes certainement en possession de notre colis X25 « La mécanique auto », et la bougie d'allumage ne convient pas à l'activité « La Bougie de Noël Allumée ».
Dans ce cas, veuillez nous retourner le colis avec l'intégralité de son contenu dans son emballage d'origine. Il vous sera échangé sans frais contre le kit X24 « La Bougie de Noël Allumée ».
5 – Déterminez votre aisance avec les éléments inflammables sur l'échelle suivante :
Golem de lave < Cow-boy Marlboro < Humain standard < Marin breton sous le crachin < Concombre de mer.
Si vous avez choisi autre chose que « Humain Standard », votre aisance avec les éléments inflammables ne vous permet pas de profiter pleinement du kit X24 « La Bougie de Noël Allumée ». Le kit est autrement plus plaisant quand la bougie est allumée.
6 – Allumez l'élément combustible (allumettes ou briquet).
Mise en garde : si vous utilisez des allumettes, veuillez lire la suite de ce mode d'emploi avant d'enflammer une allumette.
Nous attirons votre attention sur le fait que les canapés en tissu, les journaux froissés, ou les poubelles du bureau ne sont pas prévus pour accueillir une allumette brûlante.
En cas de début d'incendie d'un de ces éléments qui menacerait de se propager au reste de votre habitation, vous pouvez utiliser la bassine d'eau froide. Versez le liquide jusqu'à extinction complète de toute flamme.
7 – Faites correspondre la flamme du briquet ou l'extrémité en combustion de l'allumette avec la mèche. Prenez bien soin de vérifier :
- qu'il ne s'agit pas d'une mèche de vos cheveux
- que la mèche ne sort pas d'un tonnelet marque « Poudre ». Vous seriez en possession de notre Kit X30 « Explosion dans la mine ». Veuillez dans ce cas nous le retourner pour échange contre le kit X24 « La bougie de Noël Allumée ».
8 – Une fois la mèche de la bougie allumée, veuillez éteindre votre dispositif d'allumage, soit l'allumette, soit le briquet. Ne les jetez pas par la fenêtre. L'allumette à cause du risque d'incendie, le briquet parce qu'il peut resservir.
9 – Si au moment de l'allumage de la bougie, un démon pustuleux avec de grandes griffes et les dents acérées apparaît pour vous dévorer, vous êtes certainement en possession de notre Kit X267 « Invocation démoniaque ». A ce stade, ne vous embêtez pas à nous retourner un démon assoiffé de sang. La maison des Milles Kits vous présente ses sincères excuses.
10 – Profitez de votre « Bougie de Noël Allumée », sereinement, pour illuminer vos fêtes.
11 – Vous pouvez arrêter la combustion de la bougie avant son épuisement pour la rallumer ultérieurement. La méthode la plus efficace est de renverser une pleine bassine d'eau sur la bougie. Vous pouvez aussi souffler fermement devant la flamme pour l'éteindre.
Truc de pro : Entraînez-vous plusieurs fois à allumer la bougie sans rien faire brûler d'autre et à l'éteindre sans bassine d'eau. Vous pourrez ensuite faire ce numéro devant vos amis qui seront épatés.
Manuel
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J'AI CROISÉ UN VOISIN DANS L'ASCENSEUR :
Petit manuel de survie à l'usage de l'individu co-habitant en milieu urbain
Si vous vivez en ville dans un immeuble de plus de deux étages, vous êtes confronté quotidiennement à cette épreuve étrange : la traversée des parties communes. Couloir, escalier, ascenseur, hall d'entrée, local poubelle... des territoires à la fois familiers et inquiétants, peuplés de créatures diverses appelées "voisins". La cohabitation avec ces personnages n'est pas de tout repos. Pour faciliter vos interactions avec ces créatures, suivez les conseils de nos experts, appuyés sur des années d'analyses et d'études de terrain.
1) Le pas de la porte
Vous sortez de chez vous le matin, vous êtes en train de chercher votre clé dans votre sac en chantonnant "Hit the road Jack", quand la voisine d'en face ouvre sa porte et se met elle aussi à chercher sa clé dans on sac. Ne paniquez pas. Dites bonjour et précipitez-vous dans l'ascenseur.
2) L'ascenseur
Vous avez réussi à semer la voisine d'en face, mais voilà que l'ascenseur vous arrive déjà peuplé de deux petits vieux qui vous regardent avec curiosité. Que faire? Le silence peut vite devenir pesant. Trois possibilités s'offrent à vous:
- parler du temps qu'il fait ;
- critiquer le voisin du 6e qui fait du bruit avec ses travaux puis parler du temps qu'il fait ;
- critiquer les enfants qui crient dans l'escalier et parler du temps qu'il fait.
Pour varier les sujets, vous pouvez lancer un débat sur l'opportunité de rallumer le chauffage collectif, au vu du réchauffement climatique et de l'augmentation des charges. Sortez de l'ascenseur avant que les petits vieux ne vous étranglent avec un de leurs douze caches-nez.
2bis) L'ascenseur : le retour
Vous rentrez le soir, et vous vous retrouvez coincé dans l'ascenseur avec votre nemesis (le voisin qui a mis de la colle dans la serrure de votre boîte aux lettres pour vous punir d'avoir fait du bruit avec vos travaux). Avec lui, c'est la guerre. Gardez un silence de glace et en sortant appuyez sur tous les boutons pour qu'il mette une demi-heure à regagner son appartement au 9e.
3) Le local poubelle
Difficile de conserver son élégance naturelle et son vrai chic parisien quand on est surpris avec une bouteille vide dans la main gauche et une poubelle dans la main droite dans le local du même nom. Si un autochtone vous rejoint dans cde territoire odorant, restez digne. Prononcez des phrases d'un niveau élevé, par exemple une analyse politico-sociale de la situation internationale qui éblouira votre interlocuteur.
4) La cave
N'y mettez jamais les pieds. Il y fait sombre et il y a de la mort aux rats dans les coins. Jetez un regard suspicieux à toute personne qui surgit de la cave. C'est certainement un trafiquant de drogue.
5) La fête des voisins
Ha ha ha ! N'importe quoi. C'était une touche d'humour pour clore ce manuel de survie.
Vanessa
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Comment réunir les six bons numéros du Loto afin de gagner la super cagnotte
Ce mode d’emploi s’adresse à tous les néophytes de la grille à cocher, à tous les malchanceux aux jeux et en amour, ainsi qu’à tous ceux qui se lèvent du pied gauche le matin. Gagner au Loto est en réalité bien plus simple qu’on ne le croit, et les chances de succès sont garanties aux lecteurs qui suivront scrupuleusement ce mode d’emploi.
Précautions d’emploi : aucun logiciel de calcul mathématique n’est nécessaire ; prévoir de se chausser très confortablement.
1ème étape : enfilez des chaussures confortables et repérez le bar-tabac de votre quartier qui réunit le plus de joueurs et de parieurs de tout poil. Ne vous attardez jamais trop longtemps devant les établissements, vous pourriez attirer l’attention des passants et vous faire passer pour un braqueur en train de préparer un mauvais coup.
2ème étape : une fois le bar-tabac sélectionné, entrez-y en adoptant une attitude neutre ou, à la rigueur, légèrement décontractée. Commandez un café (ni thé, ni alcool, afin de ne pas être importuné par une envie irrépressible de vous rendre aux toilettes et de garder constamment l’esprit clair). Restez au comptoir, de préférence près de la caisse où les joueurs de Loto enregistrent leur grille.
3ème étape : Armez-vous de patience et attendez qu’un joueur entre dans le bar-tabac en hurlant « J’ai gagné ! J’ai les six bons numéros, et dans l’ordre en plus ! A moi les 66 millions de la cagnotte ! ».
Mise en garde spéciale : cette étape peut durer de quelques heures à quelques mois. Prévoir une réserve de monnaie suffisante pour assurer le paiement des cafés durant toute la période. Le retour sur investissement est garanti.
4ème étape : approchez-vous du fortuné joueur le plus discrètement possible, tendez la jambe gauche ou droite (en fonction de votre préférence), avancez-la très légèrement vers l’avant afin de respecter un angle d’environ 35 degrés avec la jambe restée droite - tout en levant l’avant du pied, visez une des jambes du désormais antipathique gagnant et faites-lui ainsi un délicat croche-pied dans le but de le déséquilibrer.
5ème étape : ouvrez des bras accueillants afin de le réceptionner tout aussi délicatement, rassurez-le en lui affirmant qu’il a de la chance, qu’il aurait pu se rompre le cou si vous n’aviez pas été là. Ces paroles réconfortantes détourneront son attention et vous permettront, grâce à un ultime tour de passe-passe, de vous emparer de son ticket de Loto.
6ème étape : glissez le ticket dans vos sous-vêtements et quittez le bar-tabac avec un air le plus détaché possible. Sautez ensuite dans le premier bus qui passe et descendez trois arrêts plus loin.
7ème étape : une fois descendu du bus, inspirez profondément, calmez les battements de votre cœur en effectuant quelques mouvements des bras et divers assouplissements (ne prêtez aucune attention aux regards interrogateurs que les passants poseront sur vous).
8ème étape : entrez dans un bar-tabac, abstenez-vous absolument de crier « J’ai gagné, j’ai les six bons numéros du Loto, et dans l’ordre en plus ! A moi les 66 millions de la cagnotte ! », demandez au buraliste de valider votre ticket et savourez votre joie.
Hélène
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Comment faire une tartine de confiture avec des gants de boxe
Ces consignes sont destinées à nos amis les boxeurs et les boxeuses qui apprécient la bonne chère.
1) Munissez-vous d’un pot de votre confiture préférée (confiture maison ou confiture artisanale goûtée pendant les vacances) afin de vous motiver pour ne pas la gâcher.
2) Munissez-vous d’un pain frais.
3) Munissez-vous d’une cuiller et d’un couteau à étaler.
4) Sortez votre paire de gants de boxe de 3ème division.
Petits conseils :
a) Ne soyez pas trop affamé pour rester patient pendant les opérations.
b) Ayez suffisamment d’appétit pour l’effort de tartinade à accomplir.
c) Pratiquez la boxe depuis un certain temps.
Enfilez vos gants de boxe comme avant un match, autrement dit, soyez échauffé de tous vos membres pour affronter la bataille.
Dansez un peu sur vos jambes.
Saisissez le pot entre vos poignets tout en dansant.
Vous pouvez émettre un petit cri de guerre (cela est conseillé).
Posez le pot de confiture au centre de la table.
A) Si le pot est tombé par terre et s’est cassé, ramassez la confiture avec vos gants et essuyez vos gants sur le pain puis voir A1- AC.
B) Le pot n’est pas tombé par terre. Essayez de le dévisser.
C) Le pot est tombé mais ne s’est pas cassé. Ramassez-le et placez-le au centre de la table.
A-1) Vous arrivez à l e dévisser. Passer à l’étape 3C.
A-2) Vous n’arrivez pas à la dévisser. Poussez votre cri de guerre.
A-2 bis) Vous n’arrivez toujours pas à dévisser le pot. Poussez encore des cris de guerre. Une bonne âme vous entendra ou un gentil voisin viendra vous ouvrir le pot subrepticement.
1-A-B) La nuit tombe et le pot est ouvert. Vous pouvez, selon la texture de la confiture, en prendre un peu avec le couteau ou la cuiller et l’étaler sur le pain. Hum ! la fin est proche – voir 3-A-C).
1-A-C) Le pot a été cassé dès le départ et vous avez essuyé la confiture avec les gants et vous avez essuyé vos gants sur le pain :
1-A-C-a) Il y avait des bouts de verre dans la confiture : vous n’en faites pas un fromage. Personne ne vous voit. Vous mettez tout à la poubelle.
3-C) La tartine est prête. C’est le nirvana. Vous êtes prêts à retenter l’expérience avec des gants de 4ème division.
Agnès
Comment voir la vie en rose en 12 étapes
Ce kit de La Vie en Rose vous est livré avec tous ses outils et accessoires. Mais le plus important d’entre tous est votre volonté.
Suivez ce mode d’emploi consciencieusement et… souriez !
Etape 1
Fermez les yeux et respirez.
Etape 2
Prenez le scalpel du Bonheur pour ouvrir grand votre cœur.
Etape 3
Avec le plumeau de la Joie, époussetez toute scorie. Retirez soigneusement tous les petits cailloux, ceux qui étaient auparavant dans vos chaussures et qui se sont retrouvés là.
Etape 4
Si vous constatez que votre cœur a noirci, utilisez la seringue magnétique. Plantez-la dans votre cœur afin d’y aspirer tout le sang d’encre accumulé inutilement.
Votre cœur doit retrouver sa belle couleur rouge. Si ce n’est pas le cas, renouvelez l’opération.
En écoutant la chanson de Charles Trénet « Y a d’la joie », cette étape est plus efficace… ou pas.
Etape 5
Votre cœur nettoyé de toutes ses impuretés, recousez-le avec le fil d’or de la Sérénité.
Etape 6
Respirez. Souriez. Ecoutez le chant de votre nouveau cœur.
Etape 7
Prenez une petite cuillère à moka et délicatement, retirez votre œil droit.
Etape 8
Allumez l’aspirateur portatif, mettez-le en puissance minimum et portez-en l’embout dans votre orbite afin de dépoussiérer votre cerveau. Insistez, surtout dans les coins.
Continuez jusqu’à ce que toutes les pensées et souvenirs négatifs aient déguerpi.
Nota : Ces pensées/souvenirs peuvent pousser des cris affreux, insoutenables, pour rester tapis dans l’ombre de votre mental. Ne vous laissez pas impressionner. Si vous vous sentez faiblir, pulvérisez sur eux le gaz hilarant. Cela leur fera perdre tous leurs moyens, lèvera toutes leurs résistances.
Etape 9
Eteignez l’aspirateur. Remettez votre œil droit. Attention ! Dans le bon sens !
Brulez le sac de l’aspirateur immédiatement.
Etape 10
Regardez-vous dans le miroir. Souriez-vous. Chantez un air gai. Notez que les chansons paillardes ou le répertoire de Patrick Sébastien fonctionnent bien… ou pas.
Etape 11
Sortez et regardez le ciel. Regardez les gens. S’ils ne vous paraissent pas plus beaux, chaussez les lunettes roses.
Mise en garde : Cette convalescence ne devra pas excéder une semaine. Si, en ôtant ces lunettes-prothèses, la Vie vous semble perdre de son éclat, reprenez à l’étape 1.
Etape 12
Recommencez.
Inlassablement.
N’abandonnez jamais.
Catherine
Écrire à partir d'une photo
Nom d’un dragon d’or ! Qu’ai-je bien pu faire pour mériter une telle punition ? Oublier de m’acquitter de ma cotisation mensuelle auprès du Parti ? Avoir cherché sur Google quelles sont les caractéristiques d’une démocratie ? Ou avoir été pris du désir d’avoir un deuxième enfant ? Mais sacré nom d’une baguette en bambou, il s’agissait juste d’un désir !! Auraient-ils réussi à lire dans mes pensées ? Toujours est-il que, est-ce un hasard ou non, c’est moi qui ai été désigné afin de repeindre l’intégralité de la grue de notre chantier, qui culmine à 375 m de hauteur, et de surcroît avec un minuscule rouleau et un seul pot de peinture ! Et moi qui ai toujours eu le vertige… Ils me le paieront !
Hélène
Et voilà un dossier bouclé, soupira la juge Solène Leport. Notre bonne ville de Limoges peut se rendormir sur ses deux oreilles.
L'affaire avait pourtant commencé très mystérieusement. Le Chiwawa de Monique Bellepomme avait disparu quasiment sous les yeux de sa maîtresse. Celle-ci l'avait laissé un moment seul pour dévorer ses croquettes et pffuit ! Plus de chien. L'enquête de voisinage n'avait rien donné.
La juge passa en revue la liste des autres chiens qui avaient disparu ensuite. Pas loin d'une dizaine de ces cabots, brutalement séparés de leur maître. La police avait cherché un moment dans la direction d'un gang de malfaiteurs, mais sans rançon, l'hypothèse n'avait pas tenu.
La psychose avait frappé les maîtres qui enfermaient leurs animaux la nuit, ne les lâchant plus des yeux. Mais les disparitions avaient continué. La police avait alors interrogé le Docteur Moreau, qui avait élu résidence dans les environs, et un petit groupe de cyniques. Le Limousin désespérait, comme se plaisait à lui répéter le procureur de la république, qui devait lui-même tenir la sentence des bureaux du ministre, à Paris.
La solution était venue du chenil de Lemoux où un vif fermier avait pu prendre la photo jointe au dossier.
Le chien, juste après son repas, était en lévitation. Passée la stupéfaction, son propriétaire avait eu le temps de saisir son appareil photo. Le cliché apporté au commissariat avait suffit pour dénouer tous les fils de l'enquête.
Ce n'était qu'un scandale alimentaire. L'usine de croquettes pour chiens implantée dans la région n'utilisait pas que de la viande pour ses croquettes de luxe pur bœuf. Les analyses avaient révélé l'utilisation massive de flageolets, de chou et encore d'autres matières fermentescibles. L'infortuné animal qui se nourrissait de ces croquettes avait les intestins remplis de gaz. Il s'élevait alors dans le ciel sans bruit et disparaissait.
Les coupables étaient trouvés, les maîtres rassurés. L'infâme directeur de l'usine à croquettes allait bientôt dormir en prison.
La juge Solène Leport griffonna ces quelques mots sur l'ordre d'incarcération du directeur :
« refuser au prisonnier toute alimentation à base de croquettes dans la cours de prison ».
Manuel
Ah ! Les godasses !!!… Oh ! Le supplice !!!…
Mais, ma Chérie, quel besoin d’en avoir autant ???...
J’en ai compté plus de trois cent paires, encore un peu et tu pourras en changer chaque jours,
trois cent soixante-cinq jours par an…
Non mais, te rends-tu comptes ???
Déjà il faut que je t’emmène dans chacun des magasins dont j’ai oublié le nom. Après un choix, délicat donc éternel, il me faut attendre encore que tu les essayes, que tu te mires, que tu hésites, et que tu les changes, pour me confier enfin, l’immense privilège de les transporter jusqu’au magasin suivant.
Mais le pire !!! … Où les ranger ???...
Encore une chance que mes dix dernières années d’activité on fait de moi un spécialiste de l’endroit que l’on m’avait attribué : LE PLACARD.
Ah !!!... Si, je me souviens !!!... La marque… Louboutin…
C’est le prix qui m’a marqué…
Pas la promo faite par cette vieille chanteuse qu’il faudrait, aussi, mettre au placard…
Pierre
J’ai le cerveau qui n’est plus droit.
Je me dépêche.
On m’oblige.
On m’oblige à me cravater, à me chemiser, à me boutonner.
On m’oblige à me presser.
On m’oblige à me coiffer.
On m’oblige.
Cela me rendrait méchant, endurci et faux.
Tandis que dans ma tête, je monte mon cheval préféré et nous faisons une course folle à travers les collines boisées.
C’est le soleil d’hiver, orange, horizontal qui brille devant mes yeux. Nous allons au galop vers la mer.
Agnès