Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°4


Proposition n°1 : Proverbes revisités

On choisit ensemble cinq proverbes classiques, par exemple "qui vole un oeuf vole un boeuf", ou "les cordonniers sont les plus mal chaussés". Puis chacun transforme le contenu de ces proverbes en conservant leur structure.


Proposition n°2 : Un discours pour convaincre

On choisit une petite cause à défendre ; aujourd'hui ce sera l'achat par la copropriété d'un paillasson pour l'immeuble, ou le refus de cet achat.
Chaque participant déploie l'art de la rhétorique pour défendre son point de vue sur le sujet, et convaincre les autres copropriétaires.


Proposition n°3 : Portrait impressionniste

Il s'agit d'évoquer un personnage (réel ou fictionnel) par petites touches, et non de façon organisée. Le portrait se dégage peu à peu au fil des détails, des notations, des anecdotes.

Quelques textes du 4e atelier


Proverbes revisités

Après la pluie vient le beau temps.
Après le déjeuner vient la sieste.
Après la cuite vient le doliprane.

Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
Mouche qui se mouche ne se laisse pas attraper avec du vinaigre.
Mouche qui se mouche ne prend pas la mouche.
Abeille qui butine ne mange pas de tagine.

Qui vole un œuf vole un bœuf
Qui chante le matin, danse le soir.
Qui se prend la tête, se prend les pieds dans ses chaussettes.

Araignée du matin, chagrin.
Rire du matin, pleurs du soir.
Sieste après manger, danger.

Les cordonniers sont les plus mal chaussés.
Les vampires ne sont pas les plus saignants.
Les assassins sont les plus mal butés.


Un discours pour convaincre


Sur une caisse à savon, dans la cour intérieure de l’immeuble, à côté des poubelles :

« Mesdames, Messieurs, alors voilà, avant que nous allions voter pour le remplacement du paillasson dans le hall d’entrée, je voudrais vous alerter sur l’ampleur de la catastrophe qui menace!...
En effet, outre le fait que Mme Burgelate ait des goûts… très personnels… disons ! et qu’elle veuille nous coller une sorte de chose à rayures « pour faire standing », comme ele dit… bref ! Il se trouve que, il se trouve que Mme Gobillot – ceux dont je fais partie et qui ont eu à l’emmener, souvent, hélas ! à l’hôpital, le savent – Mme Gobillot se prend souvent les pieds… dans le tapis ! Les pieds ou son caddie qu’elle peine aussi à faire traverser cette sorte de steppe drue et hostile . Sans parler de son chien qui hurle à la mort 2 fois par jour lorsque ses coussinets délicats entrent en contact avec la brosse.
Pour la défense des animaux, tout d’abord, et des mémés qui vont faire leurs courses , bien sûr ! Pour le bon goût dans son ensemble et pour le bien général, mais aussi… mais aussi… chers amis, pour sauver nos enfants, futurs asthmatiques, de la multitude d’acariens qui trouvent là une niche fiscale… heu...hivernale et font tousser , jusque dans nos bras, nos fils et nos compagnes ! Pour que n’importe qui ne vienne pas, chez nous ! essuyer ses pieds sur notre paillasson ! Citoyennes, Citoyens du 115 Boulevard Raspail ! Formons nos bataillons ! Marchons, marchons ! Qu’un paillasson impur débarrasse le portillon ! »
Elizabeth

La scène se situe en salle de réunion des copropriétaires.

Je suis Madame Etourneau 1er étage gauche. Sachez tout d’abord que je suis contre la mise en place d’un paillasson dans le hall de l’immeuble et je vais vous en donner les raisons :
Premièrement chaque matin, je descends mon petit chien Colibri pour sa petite commission, je dois vous dire que c’est un petit chien très sensible et qu’il ne supporte aucune moquette ni tapis et encore moins un paillasson.
Deuxièmement, malgré ma grande vigilance, j’ai souvent trébuché en entrant dans le hall de l’immeuble sur le paillasson installé par les prédécesseurs de notre concierge : M et Mme TAPIS, il y a 5 ans.
Troisièmement, je dois vous avouer par ailleurs que le tapis servait à l’occasion de lit à une personne dont je tairais le nom et qui habite l’appartement 33 et qui ne pouvait pas atteindre, tant il était enivré, le 2 étage à droite à côté de l’ascenseur. Plongé dans un coma éthylique, c’est au petit matin que M TAPIS venait le secouer (non pas le tapis !) l’homme sur le tapis pour l’éveiller.
Quatrièmement, le prix d’un paillasson dépasse aujourd’hui largement le prix de plantes que nous pourrions faire installer près de la loge de M IRIS notre concierge, ce qui assurerait l’harmonie des lieux.
Pour toutes ces raisons, Moi, Mme Etourneau, je vous invite à refuser la mise en place de ce paillasson qui pourrait être à l’origine de grands désastres pour cet immeuble et pour le bien être des propriétaires.

Gigi

Mes amis, colocataires, copropriétaires, heureux habitants de ce bel immeuble en pierre de taille, n'êtes-vous pas sensibles au scandale quotidien qui souille notre hall et nos escaliers? N'entendez-vous pas le cri du carrelage foulé par des chaussures boueuses, ne voyez-vous pas le chagrin du tapis terni par la poussière de vos pieds?
Je vous en conjure, mettons fin tous ensemble à ce drame. Réunissons nos ressources pour investir dans un grand paillasson, sur lequel nous essuierons nos pieds à l'entrée de l'immeuble. Ce paillasson n'est pas un simple objet d'hygiène. Il est bien plus que cela; il symbolise notre union sacrée contre la saleté, notre détermination à maintenir le statut de cet immeuble, notre fraternité. Oui mes amis, ce paillasson, c'est un peu l'affirmation de notre humanité dans le désordre du monde.
Tous ensemble, achetons un paillasson, et inscrivons dessus en lettres majuscules le mot BIENVENUE. Notre vie en sera embellie.
Vanessa

Portrait impressionniste

C'est un bel homme, pas un physique classique, mais il a quelque chose, un charme. C'est peut-être son visage, ses yeux verts, comme ceux d'un chat.
Il n'aime pas être pris en photo.
Il ne parle pas beaucoup, c'est un taiseux comme dit sa femme.
Ils se sont mariés il y a longtemps, ils avaient vingt-cinq ans.
Il a fait une école de gestion, ça ne lui a pas trop plu, alors il a voyagé ; il est allé un peu partout, surtout en Asie.
Il un tatouage sur le bras, un idéogramme chinois ; et un autre sur le poignet gauche.
Il aime écrire des carnets de voyage au stylo à plume.
Un jour, en Corée, il s'est perdu, et il s'est retrouvé dans un bordel. Les filles lui ont indiqué le chemin; mais il n'a jamais dit combien de temps il est resté avec elles avant de repartir.
Il se sent plus à l'aise à l'étranger que chez lui en Touraine. Il rêve secrètement de disparaître dans un pays lointain.
Il n'a pas d'enfants.
Il a un potager et quelques rosiers derrière la maison; ses mains sont rapeuses et ses ongles incrustés de terre. Il n'aime pas travailler avec des gants.
Il s'appelle Patrick; il n'aime pas trop ce prénom, mais il s'y est fait.
Il va souvent écouter des concerts dans les églises.
Vanessa

Il suit toujours le même itinéraire chaque matin, la rue du phare, puis le chemin de la plage des moussaillons.
Il est brun avec quelques cheveux blancs autour du visage.
Sa blouse blanche bien repassée laisse apparaître une chemise à rayures bleues.
Juché sur son vélo de triporteur, il secoue une petite clochette d’une main annonçant ainsi son arrivée
Sur la plage, de partout les enfants surgissent et s’agglutinent autour du triporteur.
L’homme, le sourire aux lèvres lève alors les couvercles des bacs, attrape un cornet et les remplit avec, selon les choix, de chocolat, vanille, fraise.
C’est Joe ! Le marchand de glace.
Gigi

Atelier n°3



Proposition n°1 : petites annonces

Chaque participant rédige deux ou trois petites annonces de forme conventionnelle, mais au contenu fantaisiste. L'un cherchera à échanger ses amis, l'autre à embaucher un gardien de chat, etc.

Proposition n°2 : tics de langage

Chacun imagine un personnage qui aurait été témoin d'un événement, et en ferait le récit à un journaliste ou à un ami en parsemant son discours d'expressions vides de sens (je veux dire... j'avoue que... vous comprenez...) qui en ralentissent la progression.

Proposition n°3 : autoportrait distancié

Il s'agit de faire son autoportrait non pas directement, mais en décrivant une oeuvre fictive dont on serait le sujet: peinture, photo, collage, ou tout autre mode de représentation.

Quelques textes du 3e atelier


Petites annonces

Propose un amour pas trop abîmé, pas trop servi, en état de donner et de recevoir à son tour un bel amour.

A vendre un lot complet : 1 commode, 1 buffet 3 portes, 2 chaises, 1 grand-mère endormie assise dans un fauteuil, 1 cage avec le canari jaune et son chat dégoulinant d’amour pour cette boule jaune.
Gigi

A vendre. Pays anglophone celtique donnant accès à main d'œuvre diplômée mais bon marché. Merci de contacter l'UE.

Homme édenté bègue recherche femme sourde pour discussions passionnantes. Prix à débattre.

Ecrivain de peu de talent propose ses services à tout écrivain sans inspiration peu exigeant. Prix scandaleusement bas.
Pascal

Echange collection complète des romans de la Comtesse de Ségur (Bibliothèque Rose) contre texte intégral de la Recherche du temps perdu en collection de poche.
Vanessa


Tics de langage

Tu me connais, je ne suis pas du genre à parler pour ne rien dire, mais franchement, là, je pense, enfin en ce qui me concerne, parce que je ne sais pas ce qu'il en est pour toi, mais, moi, je pense, sincèrement, que, cette fois-ci mais ce n'est pas la première fois, je pense que les bornes ont été dépassées. Bref, moi, à mon avis, je ne sais pas ce que tu en penses mais, personnellement, j'ai envie de dire qu'on a fait tout un pataquès à propos de cette malheureuse affaire de chat perdu. Mais tout le monde, et je dis bien tout le monde, enfin à quelques exceptions près, mais pour simplifier disons que tout le monde sait parfaitement comment s'est produite cette histoire sordide, car il faut bien dire le mot, c'était une histoire sordide, du moins c'est ma vision des choses. La responsable de ce fait divers de la rubrique des chats écrasés, tiens-toi bien, et on ne m'en fera pas démordre, pour moi, c'est Mme Michel! Oui, je te le dis tout de go, tu peux m'en croire, je te donne ma parole, et tu sais que je ne suis pas du genre à colporter des ragots, mais la vérité, si tu veux que je te la dise, elle est très simple: j'étais là et j'ai tout vu, enfin presque. Le fin fond de l'histoire c'est que c'est la mère Michel qui a perdu son chat !
Pascal


Autoportrait

Intéressons-nous maintenant à ce portrait étrange intitulé "Autoportrait de l'artiste par un autre". Il s'agit d'une peinture à l'huile sur bois d'un mètre sur un mètre. Par le recours au bois, l'artiste a voulu ainsi signifier son attachement aux matériaux simples tout en évoquant le Quattrocento, période de transition durant laquelle la peinture commence à exploiter les possibilités de la perspective. La perspective est pour l'artiste le moyen de donner de la profondeur à son œuvre. D'aucuns lui reprocheront justement son traitement très superficiel de la profondeur puisque cette peinture, qui se structure quelque peu comme la Joconde de Léonard de Vinci, ne propose que deux plans : au centre et au premier plan, un homme d'âge moyen assis sur un tabouret de bar, sa posture évoque quelque peu le Penseur de Rodin mais l'expression qui se lit sur son visage est plus rêveuse que pensive ; et, en guise d'arrière-plan, un paysage fantastique tres coloré mais difficilement définissable qui ne semble être qu'une vision onirique et qui est censée stimuler l'imagination de l'observateur. La question qui se pose est la suivante : l'homme représenté sur ce tableau est-il l'artiste ou est-il "l'autre" ? Un autoportrait est-il le reflet de celui qui le compose ou de celui qui le regarde ? C'est cette question fondamentale de l'identité et de l'image de soi qui est posée ici.
Pascal

VISITE AU GRENIER
J’ouvre une vieille malle d’où s’échappe un petit morceau de photo, cela m’intrigue et je pousse plus loin mes recherches. Tout à coup, je découvre une photo où il manque un petit morceau. C’est la
Photo d’une petite fille assise sur une balançoire : elle est blonde et porte deux nattes serrées avec un joli nœud rose, elle sourit. Au loin, on aperçoit un parc arboré et des enfants sur un manège. Une femme se tient derrière l’enfant, elle est de taille moyenne, ses cheveux courts sont cependant retenus par un bandeau noir, elle porte une robe blanche à petits pois rouge. Ses jambes sont fines et elle semble en déséquilibre perchée sur des talons aiguilles.
Son regard est profond et mélancolique, elle paraît lointaine. Ses bras sont tendus vers l’enfant avec une légère retenue.
Le petit morceau de papier découvert auparavant s’adapte parfaitement à l’angle droit de la photo et l’on peut apercevoir dans l’angle un jeune homme en train de photographier la scène.
Gigi

Atelier n°2



Proposition n°1 : rédaction d'une liste détaillée

Chacun note une dizaine de ses petits plaisirs quotidiens: un rayon de soleil dans mon salon, l'odeur du pain grillé le dimanche matin, ouvrir un cahier neuf...


Proposition n°2 : quatrième de couverture

Chaque participant imagine un livre, lui donne un titre et un auteur, et rédige une quatrième de couverture pour présenter ce livre fictif et inciter à sa lecture.



Proposition n°3 : écriture à partir d'une amorce

On écrit à partir d'une première phrase imposée: Il marchait seul dans la rue, quand il entendit une voix qui disait "Salut, tu me reconnais?" Le même début donne lieu à des développements très différents selon les auteurs.

Quelques textes du 2e atelier



Quatrième de couverture

Jeté de safran sur noix de saint-jacques, par Odilon de la Jardinière

Dans ce texte hybride, à mi-chemin entre autobiographie et recette de cuisine, Odilon de la Jardinière nous entraîne dans un voyage culinaire ébouriffant. Il nous fait explorer les mill et une saveurs de la vie, de la tendre tarte aux pommes caramélisées que lui préparait sa grand-mère, aux arides plats sous vide lors de ses séjours à l'hôpital, en passant par d'étonnantes inventions personnelles lorsqu'il tente de séduire un fille en l'invitant à dîner. Sa recette du mouton au chocolat, réalisée dans une marmite au-dessus de la flamme du soldat inconnu, est un moment réjouissant de spontanéité. Le passage en prison qui suit cette aventure ne manque pas de sel non plus. Bref, ce livre est un régal à mettre entre toutes les mains.

A propos de l'auteur: Odilon de la Jardinière a 47 ans. Il est l'auteur de Tremblements de terre et coulis de tomates, qui a reçu le prix 2008 du meilleur récit d'aventures culinaires, et du très émouvant Mon Coeur est un nougat à la pistache.
Vanessa

Première phrase imposée

Il marchait seul dans la rue quand il entendit : « Salut, tu me reconnais ? ».

C’était un jeune homme blond, au cheveu raide, vêtu d’un blouson de nylon noir serré à la taille et d’un jean de même couleur.

Il le regarda, sans doute d’un air étonné puis gêné. La gêne c’était ce qu’il éprouvait depuis dix jours. Il aurait dû s’y préparer car, à présent, il n’arrivait pas à s’y habituer.

Cela faisait dix jours qu’il était là.

A nouveau là.

A nouveau dans son appartement dans lequel il était revenu dormir.

A nouveau dans les rues qu’il arpentait du matin au soir pour retrouver cette vie qui l’avait quitté.

A nouveau dans les parcs dans lesquels il s’asseyait pour observer.

A nouveau dans les boutiques pour voir le regard des vendeurs se poser sur lui et sentir qu’il existait.

A nouveau là.

Ce jeune homme blond ? Non, non, non, il ne le reconnaissait pas.

Sa mémoire s’arrêtait à trois mois. Fallait-il le lui dire ?

Cette folie soudaine. Elle n’avait jamais été sa folie.

Le bruit du verre qui se brise. Puis cette chambre silencieuse aux murs blancs. Un cri parfois venu d’où il ne savait. Et ces médecins et infirmiers qui rentraient chaque jour, à heure fixe, pour la même chose. Et ces personnes en visite qui ne cessaient de lui parler mais auxquelles il ne pouvait répondre.
Ce jeune homme blond ? Non, non, non, il ne le reconnaissait pas. Et il ne le reconnaîtrait jamais.

Fallait-il le lui expliquer ? Lui expliquer que depuis son retour, il y a dix jours, il cherchait son ancienne mémoire, celle d’avant, qu’il persévérait mais que selon les médecins elle était perdue à jamais.

Oui, il devait lui avouer son oubli. Cela l’aiderait peut-être.

Il revint à lui, baissa les yeux. Le jeune homme blond avait disparu.
Sabine

Atelier n°1



Proposition n°1 : variation sur le cadavre exquis

Sur le principe du cadavre exquis, un participant écrit une question en haut de la feuille et la replie; un autre répond au hasard, la question étant cachée; un troisième écrit une nouvelle question, et ainsi de suite. Après quelques tours de table, on déplie la feuille de papier et on découvre une suite de question-réponses qui s'enchaînent sans logique mais non sans poésie...


Proposition n°2 : style factuel / style hyperbolique

Chaque participant rédige deux textes brefs, relatant un même événement anodin vécu par l'auteur. Le premier texte relate les faits de façon objective, froide. Le deuxième raconte le même événement en le faisant mousser grâce à un style exagéré, dramatique, hautement subjectif.


Proposition n°3 : écriture à partir d'une photo

L'animatrice propose un choix de photos montrant des personnage dans des situations énigmatiques. Chacun choisit une photo à partir de laquelle écrire, et choisit la forme qu'il veut donner à son texte: histoire fictionnelle, souvenir, dialogue, poème, critique de film…

Quelques textes du 1er atelier


Style factuel / style hyperbolique

1) Comme tous les matins, je suis partie à mon bureau. A la porte de l’immeuble, la gardienne Madame Limagne discutait avec sa collègue de l’immeuble voisin. Il commençait à pleuvoir. Le clochard de la rue était allongé par terre, son sac à dos posé à côté de lui. J’ai entendu Madame Limagne dire à sa collègue qu’il la gênait pour laver le trottoir devant l’immeuble.

2) Comme tous les matins, je suis partie à mon bureau. J’ai fait grincer la porte de l’immeuble et j’ai vu la gardienne Madame Limagne qui discutait avec sa collègue de l’immeuble voisin. Elles regardaient leurs montres à tour de rôle, l’air inquiet. Il pleuvait à grosses gouttes. L’eau ruisselait dans leurs cheveux mais elles semblaient ne pas s’en soucier. Le clochard de la rue était allongé par terre, face contre terre, les bras en croix comme s’il était tombé brusquement. Ses vêtements étaient trempés, le contenu de son sac à dos s’était répandu sur le trottoir. J’ai senti une goutte froide descendre le long de mon visage. Madame Limagne m’a dit qu’il semblait mort et qu’elles attendaient les pompiers.
Sabine


1) Mon chat s'est levé plusieurs fois cette nuit pour manger des croquettes. J'ai entendu le bruit de ses pattes sur le parquet et celui des croquettes dans le bol, alors que je dormais à moitié.

2) Cette nuit, je dormais paisiblement dans mon lit douillet, quand mon rêve paisible et coloré se nimba d'une atmosphère inquiétante. Un bruit léger mais lourd de menace me faisant pressentir un danger imminent. Je tressaillis et m'éveillai. Rien, le silence. Je me rendormis. Alors le bruit recommença. Je m'éveillai en sueur. A la troisième fois seulement, je compris la provenance de ce bruit atroce; c'était mon chat, qui, tel un tigre assoiffé de sang, se gavait de croquettes.
Vanessa


Ecriture à partir d'une image

Ils sont combien ces hommes ?
4+1=5, mais quand on est petit, ça fait un demi.
Ils sont 4 et demi, ces hommes, avec le petit, à regarder sur le port, les jambes qui dansent au muret, d’autres vies passer au loin. Des vies rêvées, certaines, comme celle du capitaine, et d’autres pas. Des bateaux qu’on montre du doigt.
Et le petit qui partira un jour. Il le sait. Déjà.

C’est par où qu’il va partir ? S’accrochera à un rafiot, à une baleine et viendra s’échouer de sable, sur une côte hostile. A moins qu’il ne soit ce Capitaine.

C’est par où la mer ? C’est devant toi, loin devant, à la tombée de la nuit. On ne voit presque plus rien mais on devine. Les allées venues de la marée qui se déchausse à nos pieds.

C’est par où la répétition ? C’est sous tes pieds, le sable qui se dérobe. C’est dans ton cœur, l’arme automatique de la vie, ses heures, ses saisons.

C’est par où la misère ? C’est par là, à gauche, à droite et à toutes les portes auxquelles tu frappes comme à un tombeau. Tout le monde te regarde.

Et la guerre, c’est par où la guerre ? Le corps en avant, c’est rester vivant. C’est lutter contre l’ennui, tu sais, quand on ne sent plus rien. C’est être loin mais dedans. C’est mourir en exil, mais dedans, avec peut-être un chat pour veiller sur soi.
Elizabeth

« Il est midi. Je meurs de faim. Je suis debout depuis huit heures et jamais mon bâton ne m’a paru aussi utile. Sous mon poids il va d’ailleurs finir par s’enfoncer dans la terre et je vais m’étaler de tout mon long sur la route. Georges va crier et exiger que l’on fasse une nouvelle prise. Ce ne sera que la vingtième ! Le soleil m’éblouit. Je m’ennuis à mourir. Je pense à Marie. Si elle me voyait dans cet accoutrement de berger dandy, perdu dans les Pyrénées au milieu d’un troupeau de moutons ressemblant à des caniches de luxe et regardant passer la dernière Renault, elle s’affolerait. La voiture ne cesse d’avancer, de s’arrêter pour laisser passer les caniches, de reculer, de recommencer. Georges crie dès qu’un mouton s’écarte du droit chemin et demande que l’on recommence la scène. C’est la même chose quand la voiture cale, que le bruit du moteur couvre les cris des animaux, que mon chien aboie quand on ne le lui a pas demandé ou qu’un nuage cache le soleil. N’en parlons pas du nuage qui cache le soleil…Et Frédéric que fait-il ? J’espère qu’il aura pensé à me rapporter mon ordinateur. Peut-être aurais-je dû lui dire que les photos se trouvaient dans deux fichiers. Où que je regarde je ne cesse de voir des tâches blanches sur des collines vertes. J’ai chaud. Vivement la pause-déjeuner. Mais à l’idée de recommencer la même scène cette après-midi, je meurs d’épuisement. Et je suis sûr que ce soir, seul dans ma chambre d’hôtel, j’entendrai encore le bêlement des caniches. »
Sabine