Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°2


Proposition n°1 : Cadavre exquis 


- Première phrase cachée ; le dernier mot est copié, apparent, en début de ligne suivante. 
- Poursuivre la phrase ou en commencer une autre avec le premier mot indiqué ; noter le dernier mot pour la personne suivante. 
- Etc !


Proposition n°2 : Logo-rallye 


- On constitue une liste de 12 mots avec des papiers pliés tirés au sort. 
- Écrire un texte incluant tous les mots dans l’ordre. 


Proposition n°3 : Journal de bord d’un voyage imaginaire 


- Imaginer un voyage imaginaire : dans l’espace, à l’intérieur de mon corps, dans le futur… 
- Si besoin, piocher une de ces pistes pour avoir un point de départ. 
- Rédiger le journal de l’explorateur : quelques heures ou quelques jours.

Quelques textes du 2e lundi


Cadavre exquis



Longtemps je me suis couchée de bonne heure sous les toits de Paris. Mais ce soir-là...
Ce soir-là, tous les misérables étaient de sortie.
De sortie. Toute sortie était définitive, il se retrouva dehors à jamais.
Jamais on n'a vu un enfant se laisser mourir de faim.
Faim nous avions, aussitôt nous nous rassasions.
Rassasions. Nous avons bien bu et bien mangé, nous sommes en pleine forme.
Forme passive ? Ou active ? Cela importe peu. Il faut juste éviter les fautes de français.

*

Le rouleau de sopalin est tombé de l'armoire.
L'armoire contenait le cadavre de son amant qu'elle y avait caché il y a un an, mais qu'elle avait oublié.
Oubliées les promesses, les serments au clair de lune, les baisers volés...
Volés. Il faudrait songer à la sécurité, se disait l'inspecteur...
L'inspecteur des travaux finis était arrivé très en avance pour mieux détecter les failles.
Les failles de l'être humain le rendent attachant.
Attachant il était, attachant il restera.

*

Aujourd’hui, à mon petit déjeuner, j’ai avalé un clown. C’est dur à digérer.
Digérer cette chose infâme, jamais ! La vengeance est un plat qui se mange froid comme...
Comme la plupart s’amusait avec les enfants.
Enfants et adultes étaient rassemblés autour du feu.
Feu, tout brûle, tout n’est que désastre, ruines, larmes, sang mais je t’aime.
Aime, aimons, aimez-vous tous !
Tous unis contre les injustices, la vie chère et les poux dans la tête ! 


Logo-rallye


emberlificoter, curieux, impossible, désopilant, camion, irradier, balayette, maison, souris, lumière

Dan a le don pour tout emberlificoter. C'est curieux de voir comme rien n'est jamais simple en sa compagnie.
Vous en voulez un exemple ? On décide avec les copains d'une rando à vélo en baie de Somme. Rien d'impossible à organiser, pas vrai, surtout pour des vieux potes comme nous. Nous voilà donc rendus au camping de Cayeux le temps d'un week-end. Direction la plage, pour un bon pique-nique, on a la table, les chaises, les glacières, les bières, rien oublié, tout baigne.
Mais Dan a une idée. Comme toujours. C'est notre Gaston Lagaffe en quelque sorte. Il décrète qu'on n'est pas venus jusque-là pour voir les phoques de loin, juste avec les jumelles. Pas fun ! Alors nous voilà tous à nager jusqu'au rocher où ils se prélassent au soleil comme des nababs. Mais les phoques ne l'entendent pas de cette ouïe ! Le plus gros, le chef certainement, belle moustache, donne le signal de l'attaque !
Ils nous chargent, les cons ! On ne fait pas le poids, c'est la débandade ! De voir ces malins de Parigots filer devant ces grosses bestioles, désopilant, hein,ça a dû les faire marrer, sur la plage. Un camion a même ralenti et le type au volant a crié, Alors les gars, on s'entraîne pour le Téléthon ? Je ne dirais pas qu'on irradiait de joie à ce moment-là. Plutôt péteux, oui. On n'a pas traîné sur le sable.
À peine arrivé devant la tente, Frédo a commencé à bombarder Dan de tout ce qui lui tombait sous la main. Vlam, la balayette lui a fendu l'arcade sourcilière. On a fini aux urgences, ça pissait le sang, l'interne l'a recousu. Il était piteux. Nous aussi.
Le dimanche soir de retour à la maison, quand j'ai raconté ça à ma Souris, elle a bien ri, Vous ne changerez jamais, encore tous des gamins à cinquante balais ! J'ai levé les yeux au plafond. L'effet cinétique de la boule-miroir à facettes m'a aveuglé de lumière. J'avais oublié qu'il ne faut pas la regarder en face.

Muriel


Cette nuit-là, Tom, qui devait, dès le matin, rencontrer le responsable de l’agence immobilière, afin de finaliser l’achat de la maison de ses rêves, ne put dormir. 
Il avait tellement peur de se faire emberlificoter le lendemain qu’il se tourna et se retourna dans son lit, tant et si bien que, chose curieuse, il lui fut impossible de détourner son esprit de cette idée fixe.
Afin de s’en débarrasser, il se raconta à lui-même des blagues qui eussent été désopilantes en temps normal. Malheureusement, la silhouette menaçante de l’agent immobilier bloquait son esprit comme un camion-poubelle dans une ruelle étroite.
Ne voulant pas se faire irradier par cette image aveuglante qui tuait son sommeil, il se leva, prit une éponge et une balayette et se mit en tête de nettoyer la maison.
Il voulut commencer par la salle de bains, mais quelle ne fut pas sa surprise de déceler par une sorte de cinquième sens un léger bruit fuyant autour de la baignoire. Il se baissa et aperçut un couple de souris qui tournait autour de la baignoire en cercles concentriques. Afin de mieux saisir l’irrationnel de la situation, il alluma la lumière et vit, non pas deux, mais une dizaine de souris. 
Sa nuit était décidément fichue. 
La suite ne dit pas ce qu’il advint de l’entrevue avec l’agent immobilier.

Patrice 


Journal de bord


Voyage d’une balle de tennis

Je suis un être peu commun. Vous n’allez pas me croire si je vous le dis. Allez, je me lance : 
J’étais une mouche dans une vie antérieure. 
C’était le début de l’été. Je me trouvais non loin du Bois de Boulogne. Je me déplaçais sur une terre entre le roux et le rouge. 
Il y avait de très nombreux êtres humains autour de moi, dans des gradins. Sur la terre, seules quelques personnes s’affairaient, courant à gauche, à droite, presque sans arrêt. 
Après avoir voleté et couru sur quelques bras et quelques épaules ruisselant de sueur, et échappé de justesse aux claques destinées à m’écraser, je m’étais posée sur cette terre rouge qui semblait tellement plus rassurante. 
Subitement, alors que je trottinais tranquillement, la foudre s’abattit sur moi et, pendant un millième de secondes, je disparus de la vie. 
Et me voilà devenue partie intégrante d’un ensemble jaune citron, incrustée dans un nom écrit en noir : DUNLOP. J’étais dans le O de Dunlop.
Et, d’un seul coup, je me retrouve dans la main d’un garçonnet qui me lance en direction d’une sorte de géant. Le géant me saisit au vol, m’enfouit dans la poche de son short où je reste quelques secondes. Puis il me saisit sans aménité, s’avance, s’arrête, me lance en l’air à quatre mètres et me balance une baffe d’une force herculéenne qui me propulse à plus de 200 km/h sur un filet où je m’écrase, complètement évanouie. 
Au bout de trois secondes, je renais à la vie et me retrouve encore dans la main d’un adolescent qui me relance au même géant. 
Celui-ci, cette fois, ne me met pas dans sa poche mais me lance en l’air tout de suite, me colle une torgnole pas piquée des hannetons et me voilà à trente mètres, tout de suite agressée par une gifle décochée par un autre géant qui me renvoie vers le premier, lequel me tape, certes moins fort, mais me fait tourner autour de moi-même. Je rebondis mais vers l’arrière, et par la grâce du dieu des balles de tennis, l’autre géant, qui voulait encore me taper, me rate et je tombe mollement à terre. A ce rythme je crois que je ne vais plus vivre longtemps. 
Comme mouche, j’étais libre même si la vie pouvait être courte mais, comme balle de tennis, je vais devoir supporter des claques toute ma vie. Et ça, il n’en est pas question. Je vais « crever » et puis ce sera fini.

Patrice

***** 

Journal de bord d'une exploratrice 

1e minute. Nuit 
Je suis tombée de mon nid douillet ce matin. Plus exactement, je me suis laissée tomber. Depuis le temps qu'on dérivait toutes ensemble, j'avais pu mûrir mon projet. J'en avais assez de cette promiscuité, toujours collées les unes aux autres comme des moisissures. J'ai pris soin de me métamorphoser en m'extrayant lentement du magma gris. J'ai adopté une forme harmonieuse très jolie. Une pointe au sommet, deux courbes s'évasant se rejoignant dans un bel arrondi ventral. Du plus bel effet. Et le tout léger comme une plume. 
Adieu, Goutte d'eau, bon voyage ! ont crié mes compagnes. Une voisine s'est exclamée, attends-moi ! Mais il m'était impossible d'attendre, ma pointe s'était déjà détachée, un vent doux m'emportait. Je volais ! 

20e minute. 
Aube J'ai dérivé un certain temps. Au début tout était sombre et confus. Mais au lever du jour j'ai aperçu une grande tache verte qui se balançait mollement dans le vent, très attirante. Qu'est-ce que cela pouvait être ? Par chance, j'ai atterri en plein coeur, je ne pouvais mieux espérer. C'était étrange. Je percevais des vibrations inconnues, qui me traversaient. Et plus merveilleux encore, ces vibrations, je les ai comprises, aussi bien que les voix de mes compagnes du nuage. Regarde, comme c'est joli, cette goutte de rosée sur la feuille de bananier ! a dit une petite voix. Viens, ne traîne pas, a dit une voix plus rêche, il faut rentrer au village, ce n'est pas la rosée, c'est une grosse goutte de pluie, regarde les nuages qui se rapprochent ! 
J'ai regardé le ciel. C'était vrai. Mes compagne se pressaient pour me rejoindre. Pas moyen de rester seule longtemps ! 

25e minute. 
Soudain elles se sont abattues sur la feuille comme des sauterelles. Quel tintamarre ! Un martèlement comme je n'en avais pas entendu là-haut. Toutes nous nous sommes mises à rebondir joyeusement ! Certaines tombaient de la feuille. Venez, venez, criaient-elles, c'est amusant ici aussi ! J'ai glissé à mon tour, vexée de n'être pas la première. C'était mon voyage ! 
Il y avait des choses bizarres en effet. Une tache claire miroitait qui reflétait ce qui restait de notre nuage. Les autres gouttes y tombaient, rebondissaient puis disparaissaient. Soudain une espèce de monstre vert a surgi. Il sautait sur ses appendices verts qui se détendaient puis se repliaient sous lui. J'ai eu un frisson en sentant sur moi le regard globuleux de ce monstre répugnant. 

26e minute 
Je faiblis. Je m'enfonce dans le miroir. Je redeviens informe. Je me perds dans le magma plus humide encore que mon nuage. Déjà...

Muriel

Quelques textes du 2e mercredi


Cadavres exquis 


Les fleurs d’ail commençaient à flétrir avec la canicule
canicule dont le bilan fut horrible en cet horrible été
été c’était son nom, elle avait les cheveux blonds
blonds et ronds, ils sont revolver
revolver, ah les yeux revolver, le regard qui tue
tue le moustique qui a gâché ta nuit 
nuit avec ses ténèbres emplies de fantômes grimaçants
grimaçants d’angoisse à l’idée que la grognasse puisse séduire son mari.

*

Les infusions d’hibiscus sont réellement exquises
exquises, c’était bien le mot
mot qui s’écrit sur un cube 
cube lumineux tournant sur lui-même en haut du building new-yorkais
new-yorkais qui était arrivé par avion
avion, j’ai mis mon portable en mode avion et j’ai raté son coup de fil
fil de soie qui se brisait sans cesse sur le métier de
de Taillac, ça y est, elle se rappelait enfin du nom de son voisin.

*

La maison d’Albert était envahie par les souris
souris saute de sa cage
cage en jonc ou cage en fer, ne croyez pas que la seconde soit plus douce
douce France, cher pays de mon enfance
enfance, un âge compliqué mais heureusement de courte durée
durée du trajet variant de 2 à 7 ans si par TGV ou TER
TER n°3467 va entrer en gare, éloignez-vous de la bordure du quai
quai des Orfèvres, Maxime planchait sur son enquête.

Logo rallye 


vraisemblable ; glouton ; ravager ; avancer ; gâter ; Tartuffe ; jambon ; sycomore ; roulade ; pied

Les récriminations d'Igor semblaient vraisemblables. Elena savait son fils glouton, mais pas au point de ravager le garde-manger. Elle s'avança dans la pièce pour constater les dégâts. Curieusement, le malfaiteur semblait avoir goûté une à une les denrées rangées sur les étagères. Tout était éventré. Seules les pommes gâtées, oubliées depuis trop longtemps derrière le paquet de cornflakes, semblaient épargnées par le gouteur compulsif. Même le bocal de tartufflette de papy, pourtant peu ragoûtant, avait été honoré. Du jambon fumé au bois de sycomore, il ne restait que l'os. Un oignon croqué tomba d'une étagère et vint en roulade se cogner contre le pied d'Elena. Mais qui ou quoi avait bien pu faire cela ?

Laurine

Jean-Pierre descendait la rue Taine l’air hagard - certains diraient même les yeux un peu fous - et se fiait à son seul instinct pour rentrer chez lui. Il était vraisemblable que la terrible nouvelle l’attendait bien tranquillement tapie dans la boîte aux lettres, au fond d’une enveloppe à fenêtre. Sur son chemin, tout semblait flou, presque irréel. C’est à peine s’il aperçut, attablé à la boulangerie, un tout petit enfant, sorte de glouton miniature, en train de ravager ce qui avait été un magnifique Saint-Honoré. Il continuait d’avancer, sans réfléchir davantage à ce qu’avait été sa vie jusque-là. Il avait été pourtant largement gâté par celle-ci mais ne s’en rendait finalement compte qu’à cet instant. Instant tragique où tout bascule, où en une seconde vous avez l’impression que vous êtes au bord d’un gouffre et que, si un Tartuffe vous intimait l’ordre de sauter au nom d’une quelconque foi, vous le feriez. Jean-Pierre en était là, cheveux hirsutes et cravate desserrée, n’éprouvant aucun désir, aucune envie, pas même pour le délicieux jambon persillé du boucher auquel d’habitude il ne pouvait résister. Soudain, il se mit à penser à l’immense sycomore qui trônait au fond du jardin de la maison de son enfance, et aux roulades qu’il faisait dans l’herbe. Sa mère le grondait systématiquement car il rentrait chez lui les vêtements maculés de taches de terre et d’herbe. Une larme se mit à couler sur sa joue. Il avait mal aux pieds. 

Hélène


Journal de bord


04h02. Oups ! Ça y est, je viens de jaillir de son esprit. Tiens, il est un peu plus tard que d’habitude, des copines m’ont raconté que, pour leur part, elles émergeaient plutôt vers 3h – 3h30 du matin.

04h37. Ah la la, j’ai le mal de mer, je me sens mal… Voilà plus d’une demi-heure qu’elle me balade dans sa tête, de haut en bas, de droite à gauche…. Stop ! J’veux sortir de là, qu’on m’expulse, qu’on m’accouche !

04h56. Ah, enfin, elle se décide à se lever. Je crois que c’est l’effet psychologique de l’heure pile approchant qui la pousse à s’extirper de son lit. De toute façon, TU NE DORMIRAS PLUS ! JE T’EN EMPECHERAI ! HA HA HA ! 

05h03. Après un rapide passage aux toilettes, elle se dirige vers son bureau. Je sens que mon heure approche… 

05h04. Elle a pris un stylo, sort une feuille de papier d’un tiroir et… attention… oui, voilà ! Je suis enfin couchée sur le papier. Quelle exquise délivrance ! 

05h05. Bon, et bien, je n’ai plus qu’à attendre… 

05h30. …. 

07h30. …. 

09h00. J’ai bien cru qu’elle m’avait oubliée, mais non. Juste avant de partir au travail, elle a plié ma feuille hôte en quatre et l’a glissée dans son sac. 

09h44. C’est ici qu’elle travaille ? Drôlement beau ce bureau. Tiens, ce ne sont pas des petits couinements de souris que j’entends s’échapper de ce tiroir ? Elle ne va quand même pas m’y ranger !! 

09h57. Heureusement, elle m’a offert une place d’honneur au milieu des dossiers qui envahissent son bureau. Une fois encore, je dois me résoudre à attendre. 

10h22. Un homme est entré dans le bureau il y a quelques instants. A peine assis en face d’elle, il s’est emparé brusquement de la feuille de papier où je m’étais plus ou moins assoupie. Un peu de douceur quand même ! 

10h24. Mais que m’arrive-t-il ? Voilà que je décolle de la feuille et me dirige vers sa tête à lui !

10h32. Je monte maintenant des escaliers. Majestueux eux aussi. Finalement, j’aurais pu connaître pire destin… 

10h35. Mon nouvel hôte s’installe dans un superbe fauteuil dans ce que je devine être un hémicycle. Mais, que fait-il ?? 

10h36. Je suis comme aspirée, la sensation est horrible, je passe par les méandres de son cerveau pour me retrouver, je ne sais par quel miracle, au bord de ses lèvres. 

10H37. Je comprends tout ! Ah le lâche ! Ah le traître ! Il va m’utiliser pour se faire valoir, alors que je ne suis pas née dans son cerveau étriqué ! Imposteur !! 

10h38. Je m’accroche tant bien que mal à une couronne posée sur une prémolaire, mais je sais que je ne tiendrai pas longtemps. 

10h39. Il sort l’arme ultime : la toux. Après quelques hoquets, il réussit enfin à m’expulser.

10h40. Je me sens partir. Dans un dernier souffle, je perçois les applaudissements de ses pairs, toutefois quelque peu étonnés que cet homme ait eu une si brillante idée… 

Hélène
*


1er septembre 2018 : Je ne peux pas rester ici, avec ses nouveaux humains. Trop de passage. Trop d'odeurs et de bruits. Le petit me torture. Je dois fuir. Où aller? 
2 septembre 2018 : J'ai fait le tour du pâté de maison tapis sous les voitures. J'avais pas senti les chiens depuis la maison. La rue est leur domaine. Je vais devoir explorer plus loin les quartiers sans me faire repérer des humains. Plusieurs petits ont tenté de m'attraper aujourd'hui. Bien que j'ai fait attention, l'un d'eux m'a tiré la queue. 
3 septembre 2018 : Je suis partie toute la journée. je suis exténuée. À quatre secteurs vers le soleil levant, les maisons sont plus anciennes et plus imposantes. Elles fourmillent de cachettes sécurisées et de trous de souris. Les jardins sont plus vastes et arborés. J'y ai repéré des nichés d'oiseaux aussi. 
9 septembre 2018 : J'ai quadrillé et planqué le quartier envisagé pour repérer les éventuels ennemis. A part deux teckels âgés, il y a peu de présence féline. J'ai répertorié seulement deux congénères. Des mâles. L'un est obèse et limite ses déplacements au jardin de sa résidence. Le second est athlétique et chasseur mais il zone essentiellement à l'est. Il serait en mesure de me pister si je me fixe à l'ouest du secteur, mais l'abondance de jasmins odorants pourra masquer mes traces et mes chaleurs quand elles reviendront. J'ai aussi repéré une vieille humaine à l'ouest qui passe de long moments au jardin chaque jour. Sa maison est ouverte en permanence et il ne paraît pas y vivre d'enfants. Est-elle apprivoisable ? 
12 septembre 2018 : La vieille humaine m'a remarquée. Elle m'a offert du lait et laissé explorer la maison. Celle-ci ne semble pas avoir été habitée par des quadrupèdes. J'ai senti des mulots au grenier. Je vais pouvoir me rendre utile à l'humaine. Mais je vais attendre un peu avant de la laisser me flatter le col. Le temps pour elle d'apprécier ma présence. 
27 septembre 2018 : Je crains de ne pas avoir choisi un secteur assez loin. Mes humains actuels pourraient me chercher et me trouver si je pars définitivement. Mais je n'ai plus le temps d'attendre.  À plus forte raison, que mes découchages de plus en plus fréquents ont été remarqués. L'humain femelle commence à m'enfermer. Je dois partir définitivement. À la prochaine occasion. 
3 octobre 2018 : Plusieurs humains sont venus me voir chez la vieille humaine. Ils paraissaient plutôt accueillir ma présence ici. Ils se déplacent lentement et me dérangent peu. Je dors de plus en plus. Parfois sur les genoux de la vieille humaine. J'ai quand même peur d'être renvoyée chez les précédents humains. Plus que quelques jours et j'aviserai ensuite. 
17 octobre 2018 : Ils sont nés il y a deux nuits. La vieille dame et un humain qui sentait le blanc m'ont aidé. J'ai cru qu'il prendrait mes petits. Mais ma vieille humaine a adopté mes petits. Elle prend soin de nous et je peux compter sur elle pour les garder en mon absence. Il faudra que je lui rapporte un cadeau. J'ai l'impression qu'elle aime les mésanges. Finalement le félin obèse est sympa. Il s'est mis a quadriller le périmètre pour assurer ma tranquillité. Je peux dormir sur mes deux oreilles. Enfin.

Laurine