Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°2


Proposition n°1 : Cadavre exquis

Un participant pose une assertion commençant par « je »; le deuxième fournit une explication en commençant par « C’est parce que tu… », etc.


Proposition n°2 : Portrait cubiste

Chacun imagine un personnage et en fait plusieurs descriptions, de quelques lignes chacune, selon plusieurs points de vue :
- d’abord dans le style objectif d’un narrateur omniscient ;
- puis quatre ou cinq autres points de vue plus subjectifs, par des gens qui connaissent plus ou moins le personnage : conjoint, enfant, parent, prof, élève, gardienne, commerçant, voisin de métro, animal de compagnie…


Proposition n°3 : Ecriture à partir de mots

Texte de forme libre à partir d’une liste de 9 mots, sélectionnés au hasard dans un livre.

Quelques textes du 2e atelier



Portrait cubiste

Simon Delavigne est un homme de quarante-cinq ans, grand et mince, avec un début d'embonpoint qu'il dissimule sous des habits bien coupés. Il travaille à un poste élevé dans une entreprise de cables électriques. Il vit à Paris avec sa femme, leurs deux enfants et leur cien.

Monsieur Delavigne, il est du genre discret, il ne pose pas de problèmes dans l'immeuble; avec lui, pas de tapage ni de mégots dans l'escalier. Il est poli, il me dit bonjour quand il passe devant ma loge, et il n'oublie jamais les étrennes.

Ce Delavigne, c'est le genre qui se croit au-dessus de tout le monde parce qu'il a un grand bureau et une secrétaire. La vérité, c'est que c'est moi qui aurais dû avoir ce poste. Delavigne est un lèche-botte et un hypocrite.

Papa n'est pas méchant, mais quand il regarde la match à la télé il faut le laisser tranquille. Sinon il s'énerve et il m'envoie dans ma chambre. Après, Maman est obligée d'intervenir pour lever la punition.

Il n'est pas mal, le type sur le siège en face. Et plutôt classe, bien habillé, tout ça. Je me demande ce qu'il fait dans le métro. Il est plutôt du genre à avoir sa voiture. Il m'a regardée... Ca me dérangerait pas qu'il insiste un peu. Ah, il a une alliance. Ca n'empêche pas de chercher ailleurs. Mais il a pas l'air d'un séducteur... Tant pis!

Simon, c'est un bon client, et sympa en plus. Il vient souvent à la droguerie, pour acheter une ampoule ou ce genre de choses; et quand il n'y a pas de clients on en profite pour faire un 421 derrière le comptoir.

Vanessa
*

Pierre Martin est mon collègue depuis 2 ans, il a son bureau en face du mien. Pierre est très attaché à certains rituels du matin, en particulier son café avec 3 morceaux de sucre. Malgré ses petites manies de tout ranger dans le bureau, on s'entend bien sur le plan professionnel.

Pierre Martin passe devant ma loge chaque jour de la semaine, vous croyez qu'il me dirait bonjour!mais non ! Il ouvre la porte d'entrée et la claque violemment en sortant, il sait que cela m'énerve, c'est certain.

Tiens, j'ai rencontré M. MARTIN samedi matin dans le parc. Il portait un jogging bleu ciel et une écharpe blanche, une véritable allure de sportif. Son sourire éclatant me donne envie de chanter.

Mon maître, c'est Pierre MARTIN, c'est lui qui prépare mon repas chaque jour, des croquettes bien croquantes et une tasse d'eau. Je l'aime bien même s'il s'obstine à m'envoyer chercher une balle qu'il vient de lancer au loin. J'ai plus 2 ans ! Je m’essouffle à présent, je crois bien que j'ai de l'asthme.
Il oublie que j'ai 10 ans et x 7, voyez ce que cela fait.

Pierre a grandi dans le village de Tréfaunel dans le Morbihan. Élève studieux, appliqué et très calme. Pierre, après la classe, m'aidait un peu à remettre de l'ordre. Il chantait également à l'église le dimanche matin. Quel bon souvenir j'ai conservé de cet enfant.

Si un jour, je retrouve sur mon chemin Pierre Martin, je lui fais avaler des vers de terre tout crus comme il l'a fait pour moi il y a 30 ans. C'était un méchant, un dur qui faisait peur à tous.
Gigi


Ecriture à partir d'une liste de mots

disparu ; radio ; élément ; écouter ; fluide ; énorme ; statue ; semble

Ce matin, j'écoutais à la radio un concert de Schubert en direct de Pleyel et brusquement un flash info a interrompu la retransmission. Le journaliste a annoncé que les statues du jardin du Luxembourg avaient toutes disparues dans la nuit. Le gardien s'en était rendu compte en faisant sa tournée habituelle. Ce dernier interrogé semblait tenir des propos incohérents, comme l'apparition d'un objet volant non identifié au-dessus du parc et qui apparaissait et disparaissait dans les arbres, tout cela sans aucun bruit. Le journaliste intrigué par son discours l'incita à poursuivre son récit. Le gardien précisa que l'engin volant lançait des fluides électriques de haut en bas, comme des éclairs, pendant de longues minutes, c'est alors que dans son discours, je relevais un élément important qui m'incita à augmenter le son du poste radio.
« A la place de chaque statue, d'énormes masses roses étaient placées ». Le gardien en s'approchant au plus près constata qu'il s'agissait de gros porcs roses en forme de tirelire.
Alors le gardien désemparé et démuni saisit son sifflet accroché à sa ceinture et siffla aussi fort qu'il put, siffla siffla encore......
J'ouvris un œil, puis l'autre et appuya sur l'alarme du réveil, déjà 7 h.
Gigi