Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°6


Proposition n°1 : Acronymes revisités 

On trouve de nouvelles significations à des acronymes connus (EDF, PACS...) 


Proposition n°2 : Un discours pour convaincre 

On choisit ensemble une cause à défendre ; aujourd'hui ce sera :
                 "pour ou contre les chiens dans les musées". 
Chaque participant développe un discours pour défendre son point de vue sur le sujet. 


Proposition n°3 : Écrire à partir d’un inducteur 

« Merci qui ? »

Quelques textes du 6e atelier


Acronymes revisités


EDF
Education Délibérément folichonne
Enclave Définitive des Familles
Evadé De Fleury
Energumène Douteux et Farfelu
Ecartons Donc la Finance

RATP
Raccourci A Travers Pré
Retour Agréable de la Tarte aux Pignons
Ris à Toute Plaisanterie
Rotation Aérobique sur tremplin en Plastique
Reste Avec Tes Proches

SNCF
Sans Nouille, Carbonara Foutue
Société Nouvelle des Cracheurs de Feu
Sans Noeud-pap, Cravate ni Fanfreluche
Sans Nulle Certitude Fondée

MEDEF
Maîtrise de l’Ennui, de la Décadence Entière des Fifrelins
Meilleur Exploiteur Des Employés de France
Mouvement Eternel Des Entourloupes Financières
Méthode d'Endiguement des Ennuis et Frivolités
Meilleur Entraîneur Dispose des Equipiers Fantastiques

PACS
Pourquoi Attendre de Convoler Sérieusement ?
Pour Avoir des Certitudes Sentimentales
Pseudo-Anarchisme Communautariste des Siamois
Philosophie aux Aspirations Confucéennes et Socratiques
Poivrot Au Col Sale 

CFDT
Crème Fouettée pour Desserts et Tartes
Chanter Faux Du Trénet
Ce Fut Démontré Tardivement
Cerveau Fait De Troubles

OVNI 
Objet Vulgaire pour Noel Improbable
Obscur Votant Non Informé
Osons Vomir ces Nouilles Indigestes
Omnipotent Vitupérant Négligé et Irascible


Un discours pour convaincrePour ou contre les chiens dans les musées ?



Le Musée pour tous, tous au musée ! 

Chers Collaborateurs, 

Nous sommes ici pour vous présenter tous les avantages à amener vos amis les chiens dans les musées. 
Vos, Nos amis les chiens, comme nous les aimons tous, doivent aussi faire leur éducation. 
Avez-vous déjà observé comme leurs oreilles se dressent et leurs museaux brillent, par exemple, s’ils de trouvent devant les momies égyptiennes des chats ? 
Avez-vous vu avec quelle tendresse ils fixent leurs pairs, quelle vive émotion ils portent sur leurs aïeux devant des peintures de scène de chasse par exemple ? 
Eux aussi ont droit à la culture. 
Nos amis les chiens existaient au temps des Etrusques, au temps de Babylone. Aucun ou presque aucun ne les a oubliés : de Bonnard à Van Dongen en passant par Velasquez ! Sans oublier Picasso !
Eux aussi (nos amis les chiens) ont droit à se reconnaitre, à s’apprécier au fil des époques, au fil du temps universel qui s’écoule, dans ces salons, qu’ils soient anciens ou modernes. 
Nous, les êtres humains, ne sommes plus les mêmes depuis que nous avons la chance de pouvoir nous cultiver à loisir. Nous devenons meilleurs grâce à l’art. 
Entrainons donc nos amis les chiens dans cette même voie. Partageons nos valeurs ! 
Un toutou averti en vaut deux ! 
Aussi, avez-vous pensé à retrouver votre chemin dans les allées du Louvre ? Et dans les allées du Prado ? Votre animal de compagnie préféré est là pour que vous puissiez ne pas vous égarer. Plus averti que vous, il saurait vous guider et vous entraîner vers les œuvres de son choix. Cela vous aiderait à mieux comprendre son âme. Vous ne deviendriez que meilleur. 
Ne soyez plus Cabotin ! 
Venez au musée avec votre ami canin ! Vous irez ainsi dans tous les recoins, recoins du monde, recoins de tout poil pour vos bestioles à poils ! 
Agnès 


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La culture, c'est pas pour les chiens 

LA PRÉSIDENTE DE L’ASSEMBLÉE 
La parole est maintenant à l’opposition 

[Le député de Bretagne se rassoit sur les bancs de la Majorité. Le député du Maine descend les escaliers.] 

LE DÉPUTÉ DU MAINE 
Mes chers collègues, madame la Présidente, Je vous remercie de me donner la parole. Nous avons pu écouter le représentant de la Bretagne défendre les épagneuls bretons. Chez d'autres orateurs, c'étaient les dogues de Bordeaux et les vins de cette province qui s'exprimaient. 

[Agitation dans les rangs de la majorité. Le député de Bordeaux, tiré de sa sieste, demande à voix haute des excuses.] 

Si je prends la parole aujourd'hui, c'est pour faire prendre conscience à la Représentation Nationale de l'erreur monumentale que représente cette loi inique. Placée dans son attendu sous le signe du partage, son adoption apportera en fait exclusion et coût insupportable pour la collectivité. Tout d'abord, le rapporteur a oublié de prévoir les dépenses d'aménagement que nos musées vont supporter. Combien de toilettes canines, combien de recoins va-t-il falloir aménager dans nos temples de la culture, voilà bien encore une chose dont le gouvernement ne parle pas. 

[Interruption par des sifflements du côté de la majorité. Des bancs de l’opposition, des applaudissements éclatent.] 

Car le législateur a oublié qu'un chien dans un musée, c'est une patte levée ; c'est autant de crottes qui sont des dangers pour les pas des visiteurs. Nos concitoyens, qui goûtent tant la Culture auraient tout le temps la tête baissée pour éviter d'attacher à leurs chaussures ces paquets canins et malodorants. Imaginez, mes chers collègues, la consternation des touristes ramenant dans leur pays d'origine au lieu de clichés par centaines ces déjections par dizaine. C'est impensable ! 

[L'opposition reprend « c'est impensable ». Au banc des ministres, le ministre du tourisme assure que « Pas du tout ! »] 

Évidemment, les députés de la majorité vont me parler de culture pour tous. Appliquons déjà à nos amis canidés ce que nous proposons aux franges les moins favorisées de la population : les chiens ont le droit à des chaînes de télévision dédiées, pourquoi pas. Mais ce serait une erreur de croire que ces animaux sont sensibles aux arts. Il reste d'autres désagréments subit par les visiteurs à deux pattes du fait de la présence de visiteurs à quatre pattes. Comment supporter toute l'après-midi les hurlements de chien parce que son maître l'a abandonné devant un tableau représentant un cimetière ? A-t-on pensé à l'affolement d'un Saint-Bernard qui passerait devant les désespérés du "Radeau de la Méduse" ? La pauvre bête déploierait des efforts incroyables pour aller secourir ces malheureux. D'autres collections par contre deviendraient invisitables : imaginez le capharnaüm dans les ossuaires. Nous devrions cacher tout nos squelettes dans des placards ? N'oubliez pas, chers collègues faire rentrer les chiens dans les musées, c'est dégarnir autant de niches où de robustes mastards surveillent les biens de nos concitoyens. 

[Des bancs de la majorité, on entend « Vous cherchez à affoler les Français » « Avec nous, la délinquance est en baisse ». L'opposition réplique « Vous ouvrez la porte au crime »... Enfin, après plusieurs rappels à l'ordre, la présidente ramène le calme.] 

LA PRÉSIDENTE DE L’ASSEMBLÉE 
Poursuivez votre intervention, monsieur le Député du Maine. 

LE DÉPUTÉ DU MAINE 
Merci, Madame la présidente d'avoir calmé la meute. Hum … J'entends bien l'argument que cela relancerait la peinture de scène de chasse et les natures mortes avec du gibier. C'est vrai. Mais mes collègues de la majorité, qui soutiennent le texte uniquement pour reprendre du poil de la bête, ont négligé ceci : si au bout de la laisse il y a un chien, à l'autre bout, il y a un citoyen qui cherche à élever son esprit devant les œuvres qui font la grandeur de notre pays. Si la bête reste à l'arrêt devant les tableaux animaliers, comment nos infortunés compatriotes pourraient goûter les tableaux impressionnistes, en particulier ceux de l'école du Maine, qui font notre fierté ? Non, messieurs les députés, ne soyons pas chien, renvoyons cette proposition de loi à la niche ! 

[Applaudissements dans les rangs de l'opposition. La majorité hue l'orateur et couvre les applaudissements. L'opposition fait claquer les pupitres. Des aboiements s'élèvent, poussés par des députés. On scande « Au pied, le ministre ! » Après avoir vainement essayé de ramener le calme, la présidente lève la séance.] 
Manuel 


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Oui, le plus fidèle ami de l’homme a droit à la culture !


Après qu’une politique volontariste a été menée avec succès afin d’ouvrir les musées au plus grand nombre de nos concitoyens, il est temps de mettre un terme à une situation des plus discriminantes pour nos fidèles compagnons à quatre pattes. En effet, alors qu’ils partagent nos vies, nos amours, nos angoisses ou encore nos assiettes, les chiens se trouvent injustement contraints d’être vulgairement attachés à un poteau lorsque nous décidons d’aller admirer un tableau de Botticelli ou une sculpture de Rodin. Pitoyablement assis devant les portes d’un musée qui resteront irrémédiablement closes, ces malheureux canidés ne connaîtront jamais les délicieux frissons qui courent le long de l’échine lorsque nous admirons les tableaux des grands maîtres de la Renaissance flamande. 
Il leur est ainsi injustement dénié le droit de s’extasier devant un reliquaire du XIIIème siècle, une Vierge à l’enfant du XVème ou encore émettre un avis éclairé sur la période bleue de Picasso. Mais qui sommes-nous pour leur ôter ce droit fondamental ? L’accès de tous à la culture, que l’on se déplace sur deux ou quatre pattes, doit être garanti au XXIème siècle. La sensibilité des chiens n’a plus à être démontrée. Ne sont-ils pas les premiers à japper de plaisir à l’idée d’enrichir la nature –muse inspirant les artistes depuis la nuit des temps- de leurs délicates offrandes corporelles ? Aujourd’hui, ils doivent pouvoir apprécier des paysages si remarquablement peints sur une toile par Corot. Pour les chiens dans les musées, le changement, c’est maintenant.
Hélène 

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Bah voyons !!!... Des chiens dans les musées !!!...

Belle proposition de loi d’un député qui pense comme une oie ou qui a une araignée dans le plafond.

Et pourquoi pas des petits rats à l’Opéra, des grenouilles dans le bénitier, des éléphants dans les magasins de porcelaine et même un tigre dans le moteur ???

Ce Monsieur peut bien noyer le poisson en nous affirmant que les inconvénients ne casseront pas trois pattes à un canard, il est sûr que tous les visiteurs de musées vont monter sur leurs grands chevaux, avant de détaler comme des lièvres, ayant le sentiment d’être de bons pigeons, voir les dindons de la farce.

Avec si peu de clairvoyance, ne croyez pas que cet homme soit myope comme une taupe ou pratique la politique de l’autruche. Il essaie juste de se faufiler comme une anguille dans ce monde de la politique des requins, dans le but dérisoire et mégalo de s’immortaliser avec une loi portant son nom.

Nul besoin d’avoir la puce à l’oreille, la chose est connue comme le loup blanc et Monsieur le député peut être fier comme un coq d’avoir fait une proposition pareille.

Après tout, pourquoi pas des chiens dans les musées puisqu’on a bien un âne au parlement.

Pierre


A partir d'un inducteur : « Merci qui ? » 



« Merci qui ? »…. Euh, oui, pardon, merci à toi, Vanessa, de nous avoir proposé ce sujet comme ultime exercice de l’atelier, ce soir. Il m’a immédiatement plongé dans une rêverie incontrôlée mêlée d’une certaine angoisse de la page blanche. Allais-je imaginer des remerciements entre un chien fidèle et son maître après que celui-ci l’a emmené, soigneusement caché dans son sac, au musée du Louvre ? Ou encore entre un célèbre patron d’une organisation financière internationale et un douteux proxénète belge pour lui avoir fourni du matériel sexuellement compatible ? J’ai bien des idées et des images troublantes qui me viennent en tête quand, soudain, toi, Vanessa, tu nous lances sournoisement ton terrifiant « Le temps est écoulé ! ». Tant pis… 
Hélène


Que dit-on au Monsieur qui t’a bien éduqué ? Qui t’a inculqué les vraies valeurs du travail, de la famille, de la patrie et de l’église ? Qui feront de toi un homme prêt à servir son pays et son patron, sans jamais manifester la moindre opposition. Hein ! Que dit-on ??? 
Merci. 
Merci qui ??? 
Merci Monsieur le chroniqueur, recordman du best-seller le plus populiste et le plus écœurant qui soit… 
Pour faire passer tout ça, vous prendrez bien une petite pastille Vichy en souvenir du Maréchal. Vous avez l’aval de Pierre … 
Pierre


Tu n'as pas dit le mot magique.
Merci !
Merci Maman, merci Papa !
Merci pour mon cadeau, mon goûter d'anniversaire, mon séjour au ski, mes cours de chinois.
Merci, merci, merci !
Faut dire merci, faut faire une bise, faut écrire une lettre, faut téléphoner à la grand-mère et lui dire merci, merci, merci pour mon cadeau, merci grand-mère, merci grand-père, parce que c'est pas gratuit un cadeau, faut toujours dire merci.
Merci merci merci.
Et merci Mamie Nova, merci la Mère Denis, merci Papi Brossard,
Merci pour ce monde merveilleux de la télé et du supermarché.
Merci, merci, merci !
Merci les amis !
Ah y est, je l'ai dit le mot magique.
Vanessa