Proposition n°1 : Rédaction d'une liste
Atelier d'écriture
L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.
Atelier n°4
Proposition n°1 : Rédaction d'une liste
Quelques textes du 4e atelier
Liste : "J'aime / J'aime pas"
Je te souhaite une année 2013 pleine d’aventures exquises, comme tu as su m’en procurer tout au long de cette année écoulée.
Tu sais que tu n’es pas le seul, c’est vrai que la liste de mes amants est plus longue que le code pénal, mais je dois te dire que tu es de loin le plus inventif, et le plus endurant.
Pour cette année à venir, j’espère que nous continuerons nos petits jeux, et peut-être même pourront nous nous rencontrer en dehors de la chambre à coucher.
J’aimerais connaître ton âme aussi bien que ton corps, et ainsi, qui sait, vieillirons-nous ensemble…
Mais bien sûr, nous resterons libres, car je compte écrire très prochainement une encyclopédie du libertinage en dix volumes, et j’ai besoin de matière.
Très bonne année mon gros loup,
Un astronaute envoie ses vœux depuis sa fusée à son banquier
Quelque part entre la terre et la lune
Cher monsieur Bernard,
Veuillez recevoir je vous prie mes bien meilleurs vœux.
Quels que soient vos rêves… qu’ils se réalisent.
Je sais que nous avons eu quelques différends l’année passée. Vous trouviez déraisonnables mes projets de vacances sur la lune : « Quel besoin avez-vous d’aller si loin ? » m’avez-vous dit. « Allez donc en Bretagne comme tout le monde ! ».
En Bretagne. Quelle idée absurde et quel conformiste vous faites.
Bref. Je suis ravi que nous ayons finalement trouvé un terrain d’entente, et vous promet de libérer votre femme et votre chien dès mon retour.
Bien à vous,
Monsieur Ralph,
Je vous renvoie vos voeux, je ne veux rien recevoir de vous. Plutôt mourir qu'être votre débiteur. J'en ai vu, des paniers percés; mais un puit sans fond tel que vous, jamais. Et voilà qu'après 34 dépassements de votre découvert autorisé, 25 mises en demeure et trois chèques sans provision, Monsieur le mauvais payeur monte sur ses grands chevaux, déboule à l'agence avec un couteau à fromage, menace la standardiste, et pour finir, m'envoie une demande de rançon ridicule. Je sais pertinemment, Monsieur Ralph, que vous n'avez pas enlevé ma femme. Elle vous a suivi de tout son coeur d'artichaut après que vous lui ayiez promis la lune. Quant à mon chien, c'est un vaurien; je vous le laisse.
Pour finir, sachez, Monsieur Ralph, que vous n'êtes plus client de la Supreme Banque Hyperactive. Je vous raie. Oui, Monsieur Ralph, je vous raie. C'est peut-être conformiste, comme vous dîtes, mais quel plaisir de voir votre nom disparaître de mon écran.
Un dernier détail : quand vous descendrez de votre fusée, vous serez reçu en grande pompe par une équipe d'huissiers.
Joyeux Noël, Monsieur Ralph.
Il se trouve que les avais moi-même « empruntés », du temps où je jouais petit, et où ce genre de larcin m’apportait encore de l’adrénaline.
À présent, je m’occupe essentiellement de braquage de banques ou de joailleries, je me suis récemment « produit » place Vendôme, avec une totale réussite, c’est pourquoi, voyant mon activité florissante, je souhaiterais embaucher un associé, et j’ai naturellement pensé à vous.
Si vous êtes intéressé, vous savez où j’habite.
Écrire à partir d'une photo
Jenny et Jenny sont en présence l'une de l'autre, elles se sentent en communion mais ne se perçoivent que par le biais du tableau, un tableau qui représente précisément la scène que Jenny est en train de vivre, une scène en abîme, qui se reproduit à l'infini, comme un tourbillon séduisant dans lequel l'esprit s'engouffre avec délice au point ou l'on se demande si le tableau existe réellement, ou si tout n'est qu'illusion d'artiste.
Au Musée d'Art Moderne de ma ville, il y a une salle consacrée aux aquarelles. Et parmi ces aquarelles, il y en a une qui représente une maison exactement comme la mienne, avec un jardin comme le mien, des murs en pierre, des volets verts aux fenêtres, un toit de chaume, tout comme chez moi. Et à l'étage, derrière la deuxième vitre en partant de la gauche, on aperçoit une petite fille qui me ressemble.
Au Musée d'Art Moderne, où se trouve ma maison dans la salle des aquarelles, il y a une petite fille qui vient me voir tous les jours. Elle me ressemble, et elle dit que chez elle c'est tout comme chez moi.
La petite fille du tableau a les cheveux bruns; c'est la seule différence entre nous. À part ça, on pourrait nous confondre.
La petite fille du musée est blonde, comme sa mère. Je me demande si elle saurait nous distinguer.
À force que je vienne la voir au musée, la petite fille du tableau a eu la même idée que moi. Nous allons échanger nos vies.
Tiens, c'est bizarre, j'aurais juré que la petite fille sur ce tableau était brune. Un effet de la lumière, sans doute.