Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°4

Proposition n°1 : Acrostiches 


Chaque participant choisit un mot sur le thème de la fête et l’inscrit verticalement sur sa feuille ; puis écrit un texte évoquant cet objet, chaque ligne commençant par la lettre du mot choisi. 
Chaque ligne peut être constituée d’un mot, morceau de phrase ou phrase entière. 


Proposition n°2 : À partir de petite annonces locales 


Chacun choisit un événement (foire, concours, exposition) et en fait un descriptif plus attirant, pour la plaquette de l’association organisatrice ou un journal local.


Proposition n°3 : Réponse au texte précédent


Un journaliste a assisté à l’événement et en fait un compte-rendu , ou bien un participant écrit au comité des fêtes…


Proposition bonus : scriptoclip 


On écrit très vite en intégrant à chaque phrase un mot lancé par un participant.

Quelques textes du 4e lundi


Acrostiches sur le thème de la fête 



Préparation. C’est la grande question : comment préparer tout ça ? 
Oignons. En tout cas, je n’imagine pas la poularde sans faire revenir les oignons.
Uppercut. C’est ce que je vais recevoir dans la figure si je rate mon plat.
Lentilles. La poularde n’étant pas du petit salé, les lentilles….pas terrible ! 
Accompagnement. On cuisine seul mais c’est l’accompagnement qui compte.
Riesling. L’idée de préparer ma poularde au riesling me fait déjà saliver.
Digestion. A priori, la viande blanche se digère mieux que le gibier, mais…
Ecœurement. Après avoir subtilisé les deux cuisses et les deux ailes, j’avoue en être arrivé à un point d’écœurement qui m’a guéri de la poularde pour les prochaines années/

Patrice 


À partir d'une petite annonce locale 


Foire d’Automne à Domont. 29 et 30 septembre 2018 


Comme chaque année, notre bien chère ville de Domont prend le taureau par les cornes et fait honneur à la saison des pluies et du froid qui arrive. Vive l’automne !

- Bien sûr, vous allez pouvoir monter au grenier chercher les objets que vous voudriez vendre. Et, comme chaque année, cette manifestation connait un franc succès. Nous avons dû augmenter la superficie de la brocante, car 400 exposants se sont déclarés. Belle opération en perspective. 
- Cette année, nous tentons une expérience que nous nommerons « Salon de l’Auto » mais qui vous permettra en fait de sortir vos voitures de collection calfeutrées dans vos garages. Il ne s’agit pas de vendre mais de montrer les beaux véhicules d’antan. 
- Comme les années précédentes, nous organisons notre Festival International du Cirque du Val d’Oise avec un thème principal : le clown conjugué à toutes les nationalités européennes. Seules la Hongrie, la Pologne et l’Italie n’ont envoyé aucun clown cette année.
- Et nos amis forains, nombreux dans notre département pourront nous faire revivre les joies et l’énergie de le fête foraine traditionnelle. 
- 2e innovation de notre Foire d’Automne : nous allons organiser un « parc nature » où seront présents la plupart des animaux des fermes du Val d’Oise, de la poule au cheval, en passant par les cochons… et même les autruches dont les élevages se développent dans la région.

Venez nombreux ! Vous trouverez à manger, à boire, à jouer à danser et vous pourrez même faire des rencontres de nouveaux amis ou, qui sait de l’amour de votre vie…. 

Patrice


Réponse au texte précédent 


Un visiteur de l’Atelier danse-thérapie à Saint Valery en Caux raconte son expérience


Je ne sais pas ce qui m’a conduit à me rendre à cet « atelier danse-thérapie ». A priori, cela n’éveille pas forcément une quelconque méfiance. 
Et pourtant...
Dans un monde, une époque où l’être humain est pris de doute sur sa vie, sur l’avenir du monde dans lequel il est à la fois victime et bourreau, il n’est pas rare de se poser des questions vitales sur ce que nous sommes, ce que nous voulons, où nous allons. 
Et nous souffrons de ne pas bouger assez, de ne pas en faire suffisamment pour la planète, de ne pas aimer et respecter son prochain, de ne pas avoir de certitudes au sujet de ce que nous trouverons - ou pas - après la vie, de croire ou de ne pas croire en un être supérieur. 
Dans ce contexte, quand on nous propose une thérapie associée à une activité artistique et sportive, il se peut que nous soyons attirés.
Je me suis donc rendu à cet atelier de danse-thérapie. Presque immédiatement, je me suis rendu compte qu’il devait s’agir d’une des multiples activités des sectes. En effet, l’organisateur m’est apparu comme une personnalité souhaitant attirer les brebis perdues vers sa chapelle. Son regard perçant, son discours péremptoire, sûr de lui, ne faisait penser ni à un danseur ni à quelque thérapeute que ce soit. Il voulait juste subjuguer des adeptes pour leur laver le cerveau. La société est toxique. Pas de réflexion, pas de méditation, pas de recul devant les choses. 
Mon intuition m’a conduit à fuir ce lieu dès la 1e demi-heure.
Danser, oui, pourquoi pas ? Me soigner si je suis malade, bien sûr ! Mais entrer dans une croyance sous la magie d’un gourou, non merci !
Patrice



Écrire en casant des mots imposés au fur et à mesure


ergonomie, baron, baleine, âne, cacophonie, chat, plumeau

J’ai une collègue, spécialiste d’ergonomie qui travaille beaucoup. 
Mon ami le Marquis D…D…… est bien plus noble que ton baron. 
Son épouse est une sorte de baleine et lui un requin de la finance. 
Il a tout d’un âne sauf l’intelligence. 
On ne s’entend plus, ça cause, ça crie, et la perceuse s’y met. Quelle cacophonie ! 
Même mon chat ne s’y retrouve pas et va se cacher sous le canapé. 
En plus des bruits évoqués plus haut, il y a un crétin qui a inventé le plumeau électrique et il participe à la cacophonie. 
Patrice

L'ergonomie pour tous

L'ergonomie permet à chacun d'avoir une bonne position en toute occasion, les barons de la finances sont les premiers à l'utiliser. Il faudrait être une baleine pour ne pas voir l'intérêt de protéger ainsi son corps contre les déformations. Seul un âne se buterait contre l'usage d'objets ergonomiques. Quelle cacophonie, en revanche, entre ergonomes dès qu'il s'agit de définir la bonne position face à l'ordinateur. Penché en avant ? Plus haut que l'écran ? Plus bas ? Mon chat s'en moque bien, qui dort sur le clavier! En tout cas, sans balayer d'un coup de plumeau toutes les discussions, rendez-vous au Salon de Versailles de l'ergonomie !

Muriel

Quelques textes du 4e mercredi

Acrostiches sur le thème de la fête 


Guilleret il était
Un soir de Noël
Illuminant sur son chemin
Rues, ruelles et petites voies sombres
Lançant des étincelles
A droite, à gauche, en tous sens.
Ni les réverbères, ni les lampadaires n’y échappèrent,
Dégageant peu à peu de petites lueurs
Eclatantes, telles des étoiles filantes…
Hélène


À partir d'une petite annonce locale



Le Millacois Républicain – Edition du 17 décembre 2018

« A la découverte des villages miniatures de Noël d’Alain Petit »

Par notre envoyé spécial Jules Legrand

Cette année, Milly-la-Forêt accueille un événement exceptionnel. Alain Petit, originaire de notre belle région du Gâtinais et célèbre fabricant de villages miniatures de Noël, viendra exposer ses dernières créations à l’office de tourisme à partir de demain, et ce jusqu’au 24 décembre.
Ce sera l’occasion, pour tous les curieux et amateurs de scènes hivernales de la vie quotidienne en modèle réduit, de venir découvrir ce que tous ces petits personnages feront cette année pour fêter Noël : course de rennes, saut à l’élastique depuis le traîneau du Père Noël flottant dans les airs (grâce à une astuce innovante trouvée par Alain Petit), jeu de saute-lutins acrobatique, ou encore concours du plus gros mangeur de papillotes.
L’imagination d’Alain Petit est sans limite, comme chacun pourra le constater après la visite de l’exposition. L’artiste explique en effet être lassé des traditionnels villages miniatures de Noël où l’on voit de trop charmants petits enfants tourner en rond sur une patinoire ou sur un carrousel. 
Il vous attend nombreux à l’office de tourisme. L’inauguration de l’exposition aura lieu le 18 décembre à 19 h. Le vin chaud est offert.

Hélène

*****

18 novembre 2018

Concours de belote : Germaine chute au pied du podium.

Après 7 années consécutives marquées par la victoire de Germaine, le concours de belote édition 2018 a connu un cruel rebondissement : celle que l’on croyait indétrônable a totalement perdu la main dans la dernière manche du tournoi, alors qu’elle et son équipier bénéficiaient d’une avance confortable. Interrogée par notre équipe, Germaine explique sa défaite par la survenue d’une violente migraine ophtalmique. « Je ne voyais plus rien, j’ai posé un as de pique au moment où j’aurais dû poser mon valet de cœur », nous avoue, très déçue, la grande perdante du jour. Cependant, elle n’a pas hésité à féliciter chaleureusement le gagnant du tournoi, Jean-Michel Ledoux, et a même tenu à lui remettre son titre en main propre, une magnifique coupe en acier poli confectionnée spécialement pour l’occasion par notre artisan local, Philippe Puchon (dont l’atelier se situe au 13 rue de la Division Leclerc, entrée libre et gratuite). 
Le comité des fêtes donne rendez-vous à tous les amoureux de la belote l’année prochaine, pour un nouveau tournoi haut en couleurs !

Hélène

Atelier n°3


Proposition n°1 : Petites annonces 


Chacun écrit une petite annonce où figure l’un des mots : « cherche », « à vendre », « rencontrerait », donne », « achète », etc.


Proposition n°2 : Nécrologie d’un personnage imaginaire


 - Chaque participant invente un personnage et la raison pour laquelle il serait célèbre.
- Puis rédaction de sa nécrologie pour un journal, ou bien discours à sa mémoire le jour de l'enterrement.


Proposition n°3 À partir d’une première phrase

La phrase sert de point de départ ou d'inspiration :

Il/Elle marchait seul(e) dans la rue, quand il/elle entendit une voix qui disait : « Salut, tu me reconnais ? »

Quelques textes du 3e lundi


Petites annonces


Gilet jaune déçu échangerait ce gilet contre un autre de n’importe quelle couleur afin de ne pas être confondu avec un beauf en cas de vraie panne sur l’autoroute.
Plaisantin s’abstenir SVP.
Patrice


Voudrais rencontrer chamelier pour échanger sur dressage dromadaires. Ecrire à Bertrand Duchêne, 2, Place de la Liberté, 34150 Saint-Guilhem-le-Désert.

Vends dromadaire bon état, sobre, ayant peu servi. Prix à débattre. Echange possible contre 4x4 d'occasion. Ecrire à Duchêne, annonce 83600.

Donne selle de dromadaire, cuir de l'Atlas, joli travail traditionnel, solide, peu usagée. Ecrire à Bertrand, annonce 83601.

Toute personne susceptible de donner des informations sur Cactus, dromadaire de 3 ans, échappé de mon mas il y a 2 j., est priée de tél. à Bertrand au 0606222324. Récompense.

Muriel


À vendre (suite à divorce): 1/2 canapé cuir beige, 1 fauteuil cuir beige, 2 chaises rotin, 1/2 tabouret rotin, 1 table bois forme demi-lune (table ronde sciée en 2), 1/2 meuble TV carré (meuble d'origine rectangulaire), qq assiettes et couverts de nombre et format variés. Prix à débattre.

Recherche homme 45-60 ans, beau, distingué, bon esprit, bien équipé en mobilier et objets usuels, partageur et pas du genre rancunier.

Vanessa

Nécrologie d’un personnage imaginaire 


Dimanche 18 novembre 2018 

Nous venons d’apprendre la mort du poète Abel El Habet à la suite d’une longue maladie. 
Né en 1938 à Paris d’un père libanais et d’une mère bretonne. Ses deux parents étaient professeurs de littérature à la Sorbonne. 
Abel grandit donc dans une famille très férue de littérature française et étrangère et eut donc rapidement la possibilité de fréquenter des célébrités comme Jean Cocteau, William Faulkner ou même Rafael Alberti. 
Ses proches purent remarquer que, dès l’âge de trois ans, Abel avait déjà une facilité à jouer avec les mots, alors qu’il était encore dans l’apprentissage de sa langue maternelle. 
Ses parents n’étant marqués ni sur le plan politique ni sur le plan ethno-racial, sa famille n’eut pas à souffrir de la deuxième guerre mondiale et put vivre sans trop de difficultés ni de souffrance. 
La grande chance d’Abel, pour le développement de ses capacités poétiques et littéraires en général fut d’avoir pour parrain Jean Cocteau avec lequel, dès son plus jeune âge, il put exercer ses dons en échangeant des lettres. Ainsi, dès l’âge de sept ans, peu de temps après la libération de Paris, il écrivit un sublime poème sur la noirceur de la guerre qui le mit déjà sur une sorte de piédestal. 
Elève surdoué, il fit son entrée en sixième à neuf ans et fut reçu au baccalauréat à quinze ans avec la mention Très Bien. Il entra en classe préparatoire au lycée Louis Le Grand. Sa production littéraire commença alors à devenir importante en quantité et en qualité. 
Il intégra Normal Sup et obtint l’agrégation à vingt ans. Malgré ses études brillantes, il ne put jamais se résoudre à enseigner, même à l’université. 
Sa vie était la poésie et il s’y accrocha avec une volonté indestructible. Il ne devint jamais riche mais fut reconnu dans le monde comme un des grands poètes du vingtième siècle. 
Cocteau utilisa son nom pour le titre d’une de ses œuvres majeures. 
Œuvres principales : Poèmes d’enfance, le Monde des Monstres, Poèmes Epicuriens.

Patrice 

À partir d'une première phrase 


Angélique 

Je marchais tranquillement dans la rue quand une voix me dit : «Salut! Tu me reconnais ? Je dévisageai l'adolescent boutonneux qui se tenait devant moi. Ces cheveux bouclés, ce nez et cette bouche fines, ces traits réguliers... Un autre visage se superposa soudain sur celui-ci, plus enfantin, aux joues de pêche. Je le vis donner un coup de coude au jeune type à ses côtés. Pas de doute, le même sourire narquois ! Instantanément leurs noms me revinrent. Jean-Marie et Paul-Marie les-inséparables ! Les anges blonds de l'école Saint-Joseph à Issoudun. 
Salut, dis-je, en esquissant un pseudo-sourire pour masquer la peur qui remontait de mes dix ans à mes genoux. Un an d'humiliations que ces deux pervers, idolâtrés de tous les adultes de l'institution avec leur gueules d'angelots raphaëliques, m'avaient fait subir, en gardant toujours leur sourire de nazillons en herbe. Celui-là même qu'ils arboraient à présent sous un duvet de moustache naissante. Je respirai profondément. 
Des années passées à ressasser que je tendrais la joue gauche quand on me frapperait sur la droite comme notre Seigneur. 
Je m'élançai. 
À terre gisaient deux anges blonds terrassés par deux coups de boule foudroyants. 

Muriel Pill

*

Cela fait 36 heures que je n’ai pas mis le nez dehors. 
Mes membres sont ankylosés. 
Je ne veux rester une minute de plus sur mon canapé.
Je vais faire une balade dans le quartier. 
Je descends sans prendre l’ascenseur et décide de partir à gauche dans ma rue généralement presque déserte. 
Je marche tranquillement mais quand même d’un pas alerte en regardant le sol quand j’entends : « Salut, tu me reconnais? » 
Je lève la tête et je vois un vieux mec barbu, les cheveux coiffés en queue de cheval, la bedaine proéminente, un grand sourire aux lèvres. 
Je le fixe, cherchant dans ma mémoire à une vitesse supersonique mais rien ne me vient. 
Je réponds alors : « Ecoutez, à priori je ne vois pas qui vous êtes. » Je me rends compte alors que je n’ai pas joué le jeu. Il m’a tutoyé et moi je le vouvoie. 
« Quoi ? me dit-il alors, tu ne me reconnais pas ? Je suis François ! » Et moi : « François qui ? » « Mais François Pottier ! » me lâche-t-il, l’air un peu déçu. 
« Non, ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible, je ne te reconnais pas » dis-je. C’est alors que je perçois quelque chose qui me met sur la voie : son œil droit est à moitié fermé. Le François Pottier que je n’avais pas vu depuis presque 40 ans avait perdu un œil dans un accident sur l’autoroute.
Et là, je crie : « Non, François, pas possible ! Je te cherche partout depuis des décennies et je te trouve, par hasard dans ma rue déserte ! Je vais croire en dieu si ça continue. » 
« Mais moi je t’avais trouvé » me dit-il. « Je venais justement chez toi… » 
La suite au prochain numéro. 
Patrice

Atelier n°2


Proposition n°1 : Cadavre exquis 


- Première phrase cachée ; le dernier mot est copié, apparent, en début de ligne suivante. 
- Poursuivre la phrase ou en commencer une autre avec le premier mot indiqué ; noter le dernier mot pour la personne suivante. 
- Etc !


Proposition n°2 : Logo-rallye 


- On constitue une liste de 12 mots avec des papiers pliés tirés au sort. 
- Écrire un texte incluant tous les mots dans l’ordre. 


Proposition n°3 : Journal de bord d’un voyage imaginaire 


- Imaginer un voyage imaginaire : dans l’espace, à l’intérieur de mon corps, dans le futur… 
- Si besoin, piocher une de ces pistes pour avoir un point de départ. 
- Rédiger le journal de l’explorateur : quelques heures ou quelques jours.

Quelques textes du 2e lundi


Cadavre exquis



Longtemps je me suis couchée de bonne heure sous les toits de Paris. Mais ce soir-là...
Ce soir-là, tous les misérables étaient de sortie.
De sortie. Toute sortie était définitive, il se retrouva dehors à jamais.
Jamais on n'a vu un enfant se laisser mourir de faim.
Faim nous avions, aussitôt nous nous rassasions.
Rassasions. Nous avons bien bu et bien mangé, nous sommes en pleine forme.
Forme passive ? Ou active ? Cela importe peu. Il faut juste éviter les fautes de français.

*

Le rouleau de sopalin est tombé de l'armoire.
L'armoire contenait le cadavre de son amant qu'elle y avait caché il y a un an, mais qu'elle avait oublié.
Oubliées les promesses, les serments au clair de lune, les baisers volés...
Volés. Il faudrait songer à la sécurité, se disait l'inspecteur...
L'inspecteur des travaux finis était arrivé très en avance pour mieux détecter les failles.
Les failles de l'être humain le rendent attachant.
Attachant il était, attachant il restera.

*

Aujourd’hui, à mon petit déjeuner, j’ai avalé un clown. C’est dur à digérer.
Digérer cette chose infâme, jamais ! La vengeance est un plat qui se mange froid comme...
Comme la plupart s’amusait avec les enfants.
Enfants et adultes étaient rassemblés autour du feu.
Feu, tout brûle, tout n’est que désastre, ruines, larmes, sang mais je t’aime.
Aime, aimons, aimez-vous tous !
Tous unis contre les injustices, la vie chère et les poux dans la tête ! 


Logo-rallye


emberlificoter, curieux, impossible, désopilant, camion, irradier, balayette, maison, souris, lumière

Dan a le don pour tout emberlificoter. C'est curieux de voir comme rien n'est jamais simple en sa compagnie.
Vous en voulez un exemple ? On décide avec les copains d'une rando à vélo en baie de Somme. Rien d'impossible à organiser, pas vrai, surtout pour des vieux potes comme nous. Nous voilà donc rendus au camping de Cayeux le temps d'un week-end. Direction la plage, pour un bon pique-nique, on a la table, les chaises, les glacières, les bières, rien oublié, tout baigne.
Mais Dan a une idée. Comme toujours. C'est notre Gaston Lagaffe en quelque sorte. Il décrète qu'on n'est pas venus jusque-là pour voir les phoques de loin, juste avec les jumelles. Pas fun ! Alors nous voilà tous à nager jusqu'au rocher où ils se prélassent au soleil comme des nababs. Mais les phoques ne l'entendent pas de cette ouïe ! Le plus gros, le chef certainement, belle moustache, donne le signal de l'attaque !
Ils nous chargent, les cons ! On ne fait pas le poids, c'est la débandade ! De voir ces malins de Parigots filer devant ces grosses bestioles, désopilant, hein,ça a dû les faire marrer, sur la plage. Un camion a même ralenti et le type au volant a crié, Alors les gars, on s'entraîne pour le Téléthon ? Je ne dirais pas qu'on irradiait de joie à ce moment-là. Plutôt péteux, oui. On n'a pas traîné sur le sable.
À peine arrivé devant la tente, Frédo a commencé à bombarder Dan de tout ce qui lui tombait sous la main. Vlam, la balayette lui a fendu l'arcade sourcilière. On a fini aux urgences, ça pissait le sang, l'interne l'a recousu. Il était piteux. Nous aussi.
Le dimanche soir de retour à la maison, quand j'ai raconté ça à ma Souris, elle a bien ri, Vous ne changerez jamais, encore tous des gamins à cinquante balais ! J'ai levé les yeux au plafond. L'effet cinétique de la boule-miroir à facettes m'a aveuglé de lumière. J'avais oublié qu'il ne faut pas la regarder en face.

Muriel


Cette nuit-là, Tom, qui devait, dès le matin, rencontrer le responsable de l’agence immobilière, afin de finaliser l’achat de la maison de ses rêves, ne put dormir. 
Il avait tellement peur de se faire emberlificoter le lendemain qu’il se tourna et se retourna dans son lit, tant et si bien que, chose curieuse, il lui fut impossible de détourner son esprit de cette idée fixe.
Afin de s’en débarrasser, il se raconta à lui-même des blagues qui eussent été désopilantes en temps normal. Malheureusement, la silhouette menaçante de l’agent immobilier bloquait son esprit comme un camion-poubelle dans une ruelle étroite.
Ne voulant pas se faire irradier par cette image aveuglante qui tuait son sommeil, il se leva, prit une éponge et une balayette et se mit en tête de nettoyer la maison.
Il voulut commencer par la salle de bains, mais quelle ne fut pas sa surprise de déceler par une sorte de cinquième sens un léger bruit fuyant autour de la baignoire. Il se baissa et aperçut un couple de souris qui tournait autour de la baignoire en cercles concentriques. Afin de mieux saisir l’irrationnel de la situation, il alluma la lumière et vit, non pas deux, mais une dizaine de souris. 
Sa nuit était décidément fichue. 
La suite ne dit pas ce qu’il advint de l’entrevue avec l’agent immobilier.

Patrice 


Journal de bord


Voyage d’une balle de tennis

Je suis un être peu commun. Vous n’allez pas me croire si je vous le dis. Allez, je me lance : 
J’étais une mouche dans une vie antérieure. 
C’était le début de l’été. Je me trouvais non loin du Bois de Boulogne. Je me déplaçais sur une terre entre le roux et le rouge. 
Il y avait de très nombreux êtres humains autour de moi, dans des gradins. Sur la terre, seules quelques personnes s’affairaient, courant à gauche, à droite, presque sans arrêt. 
Après avoir voleté et couru sur quelques bras et quelques épaules ruisselant de sueur, et échappé de justesse aux claques destinées à m’écraser, je m’étais posée sur cette terre rouge qui semblait tellement plus rassurante. 
Subitement, alors que je trottinais tranquillement, la foudre s’abattit sur moi et, pendant un millième de secondes, je disparus de la vie. 
Et me voilà devenue partie intégrante d’un ensemble jaune citron, incrustée dans un nom écrit en noir : DUNLOP. J’étais dans le O de Dunlop.
Et, d’un seul coup, je me retrouve dans la main d’un garçonnet qui me lance en direction d’une sorte de géant. Le géant me saisit au vol, m’enfouit dans la poche de son short où je reste quelques secondes. Puis il me saisit sans aménité, s’avance, s’arrête, me lance en l’air à quatre mètres et me balance une baffe d’une force herculéenne qui me propulse à plus de 200 km/h sur un filet où je m’écrase, complètement évanouie. 
Au bout de trois secondes, je renais à la vie et me retrouve encore dans la main d’un adolescent qui me relance au même géant. 
Celui-ci, cette fois, ne me met pas dans sa poche mais me lance en l’air tout de suite, me colle une torgnole pas piquée des hannetons et me voilà à trente mètres, tout de suite agressée par une gifle décochée par un autre géant qui me renvoie vers le premier, lequel me tape, certes moins fort, mais me fait tourner autour de moi-même. Je rebondis mais vers l’arrière, et par la grâce du dieu des balles de tennis, l’autre géant, qui voulait encore me taper, me rate et je tombe mollement à terre. A ce rythme je crois que je ne vais plus vivre longtemps. 
Comme mouche, j’étais libre même si la vie pouvait être courte mais, comme balle de tennis, je vais devoir supporter des claques toute ma vie. Et ça, il n’en est pas question. Je vais « crever » et puis ce sera fini.

Patrice

***** 

Journal de bord d'une exploratrice 

1e minute. Nuit 
Je suis tombée de mon nid douillet ce matin. Plus exactement, je me suis laissée tomber. Depuis le temps qu'on dérivait toutes ensemble, j'avais pu mûrir mon projet. J'en avais assez de cette promiscuité, toujours collées les unes aux autres comme des moisissures. J'ai pris soin de me métamorphoser en m'extrayant lentement du magma gris. J'ai adopté une forme harmonieuse très jolie. Une pointe au sommet, deux courbes s'évasant se rejoignant dans un bel arrondi ventral. Du plus bel effet. Et le tout léger comme une plume. 
Adieu, Goutte d'eau, bon voyage ! ont crié mes compagnes. Une voisine s'est exclamée, attends-moi ! Mais il m'était impossible d'attendre, ma pointe s'était déjà détachée, un vent doux m'emportait. Je volais ! 

20e minute. 
Aube J'ai dérivé un certain temps. Au début tout était sombre et confus. Mais au lever du jour j'ai aperçu une grande tache verte qui se balançait mollement dans le vent, très attirante. Qu'est-ce que cela pouvait être ? Par chance, j'ai atterri en plein coeur, je ne pouvais mieux espérer. C'était étrange. Je percevais des vibrations inconnues, qui me traversaient. Et plus merveilleux encore, ces vibrations, je les ai comprises, aussi bien que les voix de mes compagnes du nuage. Regarde, comme c'est joli, cette goutte de rosée sur la feuille de bananier ! a dit une petite voix. Viens, ne traîne pas, a dit une voix plus rêche, il faut rentrer au village, ce n'est pas la rosée, c'est une grosse goutte de pluie, regarde les nuages qui se rapprochent ! 
J'ai regardé le ciel. C'était vrai. Mes compagne se pressaient pour me rejoindre. Pas moyen de rester seule longtemps ! 

25e minute. 
Soudain elles se sont abattues sur la feuille comme des sauterelles. Quel tintamarre ! Un martèlement comme je n'en avais pas entendu là-haut. Toutes nous nous sommes mises à rebondir joyeusement ! Certaines tombaient de la feuille. Venez, venez, criaient-elles, c'est amusant ici aussi ! J'ai glissé à mon tour, vexée de n'être pas la première. C'était mon voyage ! 
Il y avait des choses bizarres en effet. Une tache claire miroitait qui reflétait ce qui restait de notre nuage. Les autres gouttes y tombaient, rebondissaient puis disparaissaient. Soudain une espèce de monstre vert a surgi. Il sautait sur ses appendices verts qui se détendaient puis se repliaient sous lui. J'ai eu un frisson en sentant sur moi le regard globuleux de ce monstre répugnant. 

26e minute 
Je faiblis. Je m'enfonce dans le miroir. Je redeviens informe. Je me perds dans le magma plus humide encore que mon nuage. Déjà...

Muriel

Quelques textes du 2e mercredi


Cadavres exquis 


Les fleurs d’ail commençaient à flétrir avec la canicule
canicule dont le bilan fut horrible en cet horrible été
été c’était son nom, elle avait les cheveux blonds
blonds et ronds, ils sont revolver
revolver, ah les yeux revolver, le regard qui tue
tue le moustique qui a gâché ta nuit 
nuit avec ses ténèbres emplies de fantômes grimaçants
grimaçants d’angoisse à l’idée que la grognasse puisse séduire son mari.

*

Les infusions d’hibiscus sont réellement exquises
exquises, c’était bien le mot
mot qui s’écrit sur un cube 
cube lumineux tournant sur lui-même en haut du building new-yorkais
new-yorkais qui était arrivé par avion
avion, j’ai mis mon portable en mode avion et j’ai raté son coup de fil
fil de soie qui se brisait sans cesse sur le métier de
de Taillac, ça y est, elle se rappelait enfin du nom de son voisin.

*

La maison d’Albert était envahie par les souris
souris saute de sa cage
cage en jonc ou cage en fer, ne croyez pas que la seconde soit plus douce
douce France, cher pays de mon enfance
enfance, un âge compliqué mais heureusement de courte durée
durée du trajet variant de 2 à 7 ans si par TGV ou TER
TER n°3467 va entrer en gare, éloignez-vous de la bordure du quai
quai des Orfèvres, Maxime planchait sur son enquête.

Logo rallye 


vraisemblable ; glouton ; ravager ; avancer ; gâter ; Tartuffe ; jambon ; sycomore ; roulade ; pied

Les récriminations d'Igor semblaient vraisemblables. Elena savait son fils glouton, mais pas au point de ravager le garde-manger. Elle s'avança dans la pièce pour constater les dégâts. Curieusement, le malfaiteur semblait avoir goûté une à une les denrées rangées sur les étagères. Tout était éventré. Seules les pommes gâtées, oubliées depuis trop longtemps derrière le paquet de cornflakes, semblaient épargnées par le gouteur compulsif. Même le bocal de tartufflette de papy, pourtant peu ragoûtant, avait été honoré. Du jambon fumé au bois de sycomore, il ne restait que l'os. Un oignon croqué tomba d'une étagère et vint en roulade se cogner contre le pied d'Elena. Mais qui ou quoi avait bien pu faire cela ?

Laurine

Jean-Pierre descendait la rue Taine l’air hagard - certains diraient même les yeux un peu fous - et se fiait à son seul instinct pour rentrer chez lui. Il était vraisemblable que la terrible nouvelle l’attendait bien tranquillement tapie dans la boîte aux lettres, au fond d’une enveloppe à fenêtre. Sur son chemin, tout semblait flou, presque irréel. C’est à peine s’il aperçut, attablé à la boulangerie, un tout petit enfant, sorte de glouton miniature, en train de ravager ce qui avait été un magnifique Saint-Honoré. Il continuait d’avancer, sans réfléchir davantage à ce qu’avait été sa vie jusque-là. Il avait été pourtant largement gâté par celle-ci mais ne s’en rendait finalement compte qu’à cet instant. Instant tragique où tout bascule, où en une seconde vous avez l’impression que vous êtes au bord d’un gouffre et que, si un Tartuffe vous intimait l’ordre de sauter au nom d’une quelconque foi, vous le feriez. Jean-Pierre en était là, cheveux hirsutes et cravate desserrée, n’éprouvant aucun désir, aucune envie, pas même pour le délicieux jambon persillé du boucher auquel d’habitude il ne pouvait résister. Soudain, il se mit à penser à l’immense sycomore qui trônait au fond du jardin de la maison de son enfance, et aux roulades qu’il faisait dans l’herbe. Sa mère le grondait systématiquement car il rentrait chez lui les vêtements maculés de taches de terre et d’herbe. Une larme se mit à couler sur sa joue. Il avait mal aux pieds. 

Hélène


Journal de bord


04h02. Oups ! Ça y est, je viens de jaillir de son esprit. Tiens, il est un peu plus tard que d’habitude, des copines m’ont raconté que, pour leur part, elles émergeaient plutôt vers 3h – 3h30 du matin.

04h37. Ah la la, j’ai le mal de mer, je me sens mal… Voilà plus d’une demi-heure qu’elle me balade dans sa tête, de haut en bas, de droite à gauche…. Stop ! J’veux sortir de là, qu’on m’expulse, qu’on m’accouche !

04h56. Ah, enfin, elle se décide à se lever. Je crois que c’est l’effet psychologique de l’heure pile approchant qui la pousse à s’extirper de son lit. De toute façon, TU NE DORMIRAS PLUS ! JE T’EN EMPECHERAI ! HA HA HA ! 

05h03. Après un rapide passage aux toilettes, elle se dirige vers son bureau. Je sens que mon heure approche… 

05h04. Elle a pris un stylo, sort une feuille de papier d’un tiroir et… attention… oui, voilà ! Je suis enfin couchée sur le papier. Quelle exquise délivrance ! 

05h05. Bon, et bien, je n’ai plus qu’à attendre… 

05h30. …. 

07h30. …. 

09h00. J’ai bien cru qu’elle m’avait oubliée, mais non. Juste avant de partir au travail, elle a plié ma feuille hôte en quatre et l’a glissée dans son sac. 

09h44. C’est ici qu’elle travaille ? Drôlement beau ce bureau. Tiens, ce ne sont pas des petits couinements de souris que j’entends s’échapper de ce tiroir ? Elle ne va quand même pas m’y ranger !! 

09h57. Heureusement, elle m’a offert une place d’honneur au milieu des dossiers qui envahissent son bureau. Une fois encore, je dois me résoudre à attendre. 

10h22. Un homme est entré dans le bureau il y a quelques instants. A peine assis en face d’elle, il s’est emparé brusquement de la feuille de papier où je m’étais plus ou moins assoupie. Un peu de douceur quand même ! 

10h24. Mais que m’arrive-t-il ? Voilà que je décolle de la feuille et me dirige vers sa tête à lui !

10h32. Je monte maintenant des escaliers. Majestueux eux aussi. Finalement, j’aurais pu connaître pire destin… 

10h35. Mon nouvel hôte s’installe dans un superbe fauteuil dans ce que je devine être un hémicycle. Mais, que fait-il ?? 

10h36. Je suis comme aspirée, la sensation est horrible, je passe par les méandres de son cerveau pour me retrouver, je ne sais par quel miracle, au bord de ses lèvres. 

10H37. Je comprends tout ! Ah le lâche ! Ah le traître ! Il va m’utiliser pour se faire valoir, alors que je ne suis pas née dans son cerveau étriqué ! Imposteur !! 

10h38. Je m’accroche tant bien que mal à une couronne posée sur une prémolaire, mais je sais que je ne tiendrai pas longtemps. 

10h39. Il sort l’arme ultime : la toux. Après quelques hoquets, il réussit enfin à m’expulser.

10h40. Je me sens partir. Dans un dernier souffle, je perçois les applaudissements de ses pairs, toutefois quelque peu étonnés que cet homme ait eu une si brillante idée… 

Hélène
*


1er septembre 2018 : Je ne peux pas rester ici, avec ses nouveaux humains. Trop de passage. Trop d'odeurs et de bruits. Le petit me torture. Je dois fuir. Où aller? 
2 septembre 2018 : J'ai fait le tour du pâté de maison tapis sous les voitures. J'avais pas senti les chiens depuis la maison. La rue est leur domaine. Je vais devoir explorer plus loin les quartiers sans me faire repérer des humains. Plusieurs petits ont tenté de m'attraper aujourd'hui. Bien que j'ai fait attention, l'un d'eux m'a tiré la queue. 
3 septembre 2018 : Je suis partie toute la journée. je suis exténuée. À quatre secteurs vers le soleil levant, les maisons sont plus anciennes et plus imposantes. Elles fourmillent de cachettes sécurisées et de trous de souris. Les jardins sont plus vastes et arborés. J'y ai repéré des nichés d'oiseaux aussi. 
9 septembre 2018 : J'ai quadrillé et planqué le quartier envisagé pour repérer les éventuels ennemis. A part deux teckels âgés, il y a peu de présence féline. J'ai répertorié seulement deux congénères. Des mâles. L'un est obèse et limite ses déplacements au jardin de sa résidence. Le second est athlétique et chasseur mais il zone essentiellement à l'est. Il serait en mesure de me pister si je me fixe à l'ouest du secteur, mais l'abondance de jasmins odorants pourra masquer mes traces et mes chaleurs quand elles reviendront. J'ai aussi repéré une vieille humaine à l'ouest qui passe de long moments au jardin chaque jour. Sa maison est ouverte en permanence et il ne paraît pas y vivre d'enfants. Est-elle apprivoisable ? 
12 septembre 2018 : La vieille humaine m'a remarquée. Elle m'a offert du lait et laissé explorer la maison. Celle-ci ne semble pas avoir été habitée par des quadrupèdes. J'ai senti des mulots au grenier. Je vais pouvoir me rendre utile à l'humaine. Mais je vais attendre un peu avant de la laisser me flatter le col. Le temps pour elle d'apprécier ma présence. 
27 septembre 2018 : Je crains de ne pas avoir choisi un secteur assez loin. Mes humains actuels pourraient me chercher et me trouver si je pars définitivement. Mais je n'ai plus le temps d'attendre.  À plus forte raison, que mes découchages de plus en plus fréquents ont été remarqués. L'humain femelle commence à m'enfermer. Je dois partir définitivement. À la prochaine occasion. 
3 octobre 2018 : Plusieurs humains sont venus me voir chez la vieille humaine. Ils paraissaient plutôt accueillir ma présence ici. Ils se déplacent lentement et me dérangent peu. Je dors de plus en plus. Parfois sur les genoux de la vieille humaine. J'ai quand même peur d'être renvoyée chez les précédents humains. Plus que quelques jours et j'aviserai ensuite. 
17 octobre 2018 : Ils sont nés il y a deux nuits. La vieille dame et un humain qui sentait le blanc m'ont aidé. J'ai cru qu'il prendrait mes petits. Mais ma vieille humaine a adopté mes petits. Elle prend soin de nous et je peux compter sur elle pour les garder en mon absence. Il faudra que je lui rapporte un cadeau. J'ai l'impression qu'elle aime les mésanges. Finalement le félin obèse est sympa. Il s'est mis a quadriller le périmètre pour assurer ma tranquillité. Je peux dormir sur mes deux oreilles. Enfin.

Laurine

Atelier n°1


Proposition n°1 : Inventaire  


"Mes petites manies..."


Proposition n°2 « Avis de recherche » 


À partir de petites annonces parues dans la rubrique « À la rencontre de, Avis de recherche » d’un magazine pour personnes âgées. 

Texte 1
Chaque participant choisit une annonce et y répond par lettre. 

Texte 2
À partir du texte d'un autre participant, chacun rédige la réponse de la personne qui a mis l’annonce.

Quelques textes du premier lundi


Inventaire : mes petites manies 


1) Au réveil, le matin : allumer la radio avant ou après la machine à café ? 
2) Souvent, lorsqu’on me parle, j’essaie de trouver le calembour que je pourrais faire (jeu de mots ou contrepèterie) 
3) Arriver à l’heure à un rendez-vous. Si j’arrive avant, j’attends l’heure exacte pour me présenter. Je n’arrive jamais en retard. 
Patrice 


Courrier en réponse à une petite annonce 


J’ai effectué mon service militaire de 1959 à 1962 à Trèves (RFA) au 11e RCC Berlin, puis au 2ème dragon 5e peloton à Besseriani-Rmilane (Algérie). Je souhaiterais reprendre contact avec Roger Durand, Jean-Pierre Suire, Etienne Verneau, ainsi que ceux dont j’ai oublié le nom.
Maurice Pouillon

Oh, salut Maurice ! Tu ne peux pas savoir combien je suis heureux d’avoir lu ton annonce. 
J’ai moi-même essayé de te retrouver dès 1963, un an après que nous nous sommes quittés à la fin du service militaire. 
Ce que je peux constater d’emblée, c’est que tu es fidèle à la Bretagne et en particulier à ton département tant aimé du Morbihan. En revanche, je vois que tu n’es plus à Lorient qui est, si je me souviens bien ta ville de naissance. Après les mois difficiles que nous avons vécus en 1962 en Algérie, malheureusement nous n’avons pas été démobilisés en même temps et du coup, nous n’avons pas pu organiser nos retrouvailles dans des conditions sereines. 
Que deviens-tu ? Es-tu marié ? As-tu des enfants ? As-tu finalement continué dans la boucherie ? Si mes souvenirs ne me trompent pas, ton père, boucher voulait faire de toi son successeur. 
J’attends de tes nouvelles avec impatience. Voici d’ailleurs mon numéro de téléphone : 00 49 22 32 73 98 69. 
Si tu as bien lu ce numéro, tu constateras donc que je ne suis pas en France mais en Allemagne, du côté de Cologne. 
Quand nous étions à Trèves, j’ai rencontré une fille, Beate. Je ne t’en avais pas parlé car j’avais peur qu’avec ton charme dévastateur elle tombe amoureuse de toi. Je sais, je suis un petit salopard.
Toujours est-il que pendant des années et surtout pendant la période de la guerre d’Algérie, je l’avais perdue de vue. Heureusement, après mon retour à Strasbourg chez mes parents, j’ai pu la retrouver.
Après deux ans de vie commune à Strasbourg, nous avons quitté la France et nous sommes installés à Brühl, près de Cologne où je travaille chez Renault Allemagne comme ingénieur commercial. Beate, elle, est avocate. 
Si tu peux, appelle-moi cette semaine. Je serais tellement heureux non seulement de te parler mais aussi de te revoir au plus vite.
A bientôt mon poteau ! 

Roger Durand (Patrice)

PS : Ah oui, j’ai deux enfants, Mathias et Frédéric de 15 et 12 ans 


*

Salut Roger,

Je suis content d'avoir de tes nouvelles.
Tu as bien mené ta barque avec la petite Beate ; mais tu sais, j'avais bien remarqué vos regards et vos sourires quand on la croisait dans le bar, votre relation n'était pas vraiment un secret. Quoi qu'il en soit, tu as une belle vie de famille aujourd'hui, c'est le principal.
De mon côté, j'ai beaucoup évolué depuis l'époque du service militaire ; ou plutôt, j'assume qui je suis vraiment. Je n'ai pas repris la boucherie de Papa, j'ai toujours détesté la viande ; je suis devenu acteur de théâtre, et je me suis installé avec mon compagnon Jean-Noël. Mon père a eu du mal à s'y faire, mais je ne voulais plus faire semblant. Ce n'est pas simple d'être homosexuel dans le milieu des petits commerçants ; et encore moins à l'armée, c'est pour ça que je faisais semblant de draguer les filles à l'époque du régiment. Mais tu vois, tu n'avais rien à craindre, je ne t'aurais pas piqué Beate. Je préférais son frère Helmut.
Si tu repasses en France, tu pourras me voir sur scène dans une de nos petites villes de Bretagne, je joue avec une compagnie itinérante, en ce moment nous montons La Puce à l'oreille de Feydeau.
Je te téléphonerai dès que possible, mais comme j'habite dans une "zone blanche" je dois attendre d'aller à Lorient pour cela. C'est pourquoi je te réponds par écrit, comme au bon vieux temps !

Ton poteau, Maurice Pouillon (Vanessa)


*******


Réponse à Christophe 

Christophe,

Peux-tu imaginer une seconde combien ta lettre m’a comblé de joie ?
Tu es d’ailleurs le premier à me répondre.
Oui, bien sûr, je me souviens de Brigitte mais je ne savais pas que tu en étais amoureux. Certes, comme tu l’écris, elle nous avait tourné la tête par sa beauté et son charme, mais en revanche, je n’avais pas le souvenir qu’elle avait choisi Jean-Pierre.
Que cela t’ait conduit à demander à tes parents de t’envoyer en pension à Caen me laisse pantois. Je veux croire que le choix de Brigitte n’était pas ta seule motivation pour quitter l’Immaculée Conception.
Il est vrai que l’ambiance de ce bahut était quand même spéciale.
J’y suis resté quant à moi jusqu’en terminale, avec, bien sûr des hauts et des bas. La prof de français dont tu parles dans ta lettre, je l’ai eue en seconde et en première. Au bout du compte, même avec sa voix nasillarde, je trouve qu’elle était une très bonne pédagogue. D’ailleurs, grâce à son apport, j’ai eu 17 au bac de français en première. Je suis tombé à l’oral sur un texte de Montherlant que nous avions étudié sous toutes les coutures. Son analyse m’a permis de sortir des arguments qui ont passionné l’examinateur. Enfin, tout cela est, bien sûr subjectif.
Je me rends compte à quel point Brigitte a influencé et même conditionné ta perception de ta vie sentimentale. Tu n’avais que 15 ans à l’époque. Il eut fallu que tu libères ton esprit de cette quasi-frustration.
Pour ce qui me concerne, je me suis marié. Je ne voudrais pas que ce que je vais t’avouer puisse ternir nos rapports : j’ai épousé….. Brigitte, et nous avons quatre enfants.
Je n’ai ni chien ni chat et je voyage souvent puisque je représente une boîte suédoise en France, Belgique et Pays-Bas.
Je suis toujours dingue de rugby et toujours catholique. Pas pratiquant mais fidèle à mes croyances, mais au fond, je serais plutôt athée.
Bon, à bientôt. J’espère te revoir malgré mon aveu.

Patrice

Bonus






Quelques textes du premier mercredi

Inventaire : mes petites manies 


- Faire mon lit tous les matins
- Enfiler mon chausson droit avant mon chausson gauche les jours impairs, et inversement les jours pairs
- Mettre la table du petit déjeuner la veille
- Compter les personnes assises dans ma voiture de RER
- Essuyer les traces d’eau sur mon évier en inox
- Collectionner les pièces de 1 centime
Hélène

Courrier en réponse à une petite annonce 


Divorcée depuis fin octobre 2015, je souhaiterais avoir des ami(e)s pour rompre la solitude. J’aime beaucoup écrire et faire de nouvelles connaissances. Je suis dynamique, âgée de 73 ans, et j’aimerais échanger des idées. N’hésitez pas à me contacter, je répondrai à tous les courriers. Dans l’attente de vous lire. 
Jeannine Pontmoineau


Fernand Pontcorbeau 
6 rue du chant des oiseaux 
94120 Brie-sur-Marne ; fernandcuicui94@gmail.com

Chère Jeannine Pontmoineau,

C’est avec un grand intérêt que je découvre ton annonce. 
Je m’appelle Fernand Pontcorbeau, j’ai 74 ans et suis veuf depuis deux mois. 
J’ai lu que tu habites Champs-sur-Marne et moi, je vis à Brie-sur-Marne. 
Aussi, je pourrais te rendre visite facilement lorsque les policiers me rendront ma voiture sans permis qu’ils m’ont confisquée prétendant que ne buvais pas que du café au lait. 
Moi aussi, j’aime beaucoup écrire. D’ailleurs, j’avais pris l’habitude d’adresser à mes voisins des lettres anonymes un petit peu calomnieuses ou osées, juste pour rire. 
Malheureusement, ils m’ont découvert et je te prie de croire qu’ils n’ont aucun sens de l’humour. Depuis, je me sens isolé et, tout comme toi, j’ai besoin de rompre la solitude. 
Je serais très heureux d’échanger des idées avec toi, car figure-toi que j’ai des opinions sur tout et que je n’hésite jamais, ni à les exprimer, ni à les défendre lorsque mon contradicteur n’est pas d’accord avec moi. 
D’ailleurs, feu mon épouse, paix à son âme, me disait toujours : « il faut toujours que tu la ramènes Fernand, même quand tu as tort, et moi, j’ai honte mais j’ai honte ! » Voilà, je suis impatient d’avoir de tes nouvelles.


Fernand (Éric) 
 * 

Bonjour Fernand, 

Quelle joie de trouver ta lettre ce matin dans ma boîte aux lettres ! 
Pauvre Fernand, veuf depuis deux mois, comme cela doit être dur pour toi. 
Je comprends bien que tu aies eu besoin de boire un petit coup dans ces circonstances. 
Pourquoi ne pas avoir parlé aux gendarmes ? Je suis sûre qu’ils t’auraient rendu ton auto. 
Quant aux lettres anonymes, tu n’auras plus besoin d’en envoyer maintenant que nous nous connaissons. Ah ! Les gens manquent singulièrement d’humour. 
Je viens juste de quitter mon groupe de prière. 
Mes compagnons sont adorables et généreux et nous rions beaucoup en partageant du thé et des gâteaux. 
Je suis sûre que tu aimerais échanger des idées avec eux. 
Deux d’entre eux rentrent d’Inde où ils ont passé plusieurs mois dans un ashram. 
Je n’ai jamais osé voyager aussi loin et mon ex-mari ne se plaisait que dans notre maison de famille au bord de mer. 
Nous l’avons vendue et je compte bien profiter de ma liberté pour découvrir le monde en voyage organisé. 
Dans l’attente de te lire, cher Fernand, je te souhaite de belles journées d’été. 

Jeannine (Roselyne)

******* 


Réponse à un "avis de recherche" de Suzette Pichon

Chère Suzette, 

C’est avec bonheur que je suis tombée, par hasard, sur votre avis de recherche paru dans Notre Temps. En effet, je suis la nièce de Nadia Pourriot, et je me réjouis de constater que d’anciennes amies pensent encore à elle après de si nombreuses années. 
Ma tante a quitté le sud de la France avec beaucoup de tristesse, mais afin de ne pas assombrir l’enthousiasme de son père - qui était si fier d’avoir obtenu une mutation au bureau de poste de Fort Mahon (il est devenu receveur en chef) - elle lui cacha ses sentiments et noya son désespoir dans la musique : elle qui aimait particulièrement Salvatore Adamo - comme vous le notez dans votre avis de recherche -, elle se mit à vouer à ce chanteur un véritable culte, l’écoutant sans cesse sur son tourne-disque puis grâce à un walkman lorsque cet appareil fit son apparition. Elle lui écrivait même des poèmes - combien en a-t-elle envoyé à sa maison de disques, je ne saurais vous dire ! -, collectionnait revues, magazines et posters de lui, en gardant constamment sur ses oreilles ses précieux écouteurs d’où s’échappait la musique salvatrice. 
C’est ainsi qu’un jour de novembre, jour de forte tempête, alors qu’elle se promenait sur la jetée avec son casque sur les oreilles, elle n’entendit pas l’immense vague arriver. Celle-ci l’emporta et la projeta avec fracas contre les rochers se trouvant en contre-bas de la jetée. Par miracle, un passant assista à la scène et parvint à la secourir avant que les flots ne l’emportent au large.
Malheureusement, elle garda de ce terrible accident de graves séquelles, aussi bien physiques que psychologiques, et attend depuis que les journées passent à l’hôpital de Berck-sur-Mer, où les soignants, particulièrement attentionnés, lui permettent d’écouter Adamo sur un lecteur MP3 qu’elle ne quitte pas, tandis qu’elle regarde la mer assise dans son fauteuil roulant. 
Je suis certaine qu’une visite de votre part lui ferait le plus grand bien, alors n’hésitez pas à passer la voir.

Bien à vous, 

Francesca Pourriot (Hélène) 

*******

Réponse à la lettre envoyée à Jeannot, dit Lapin 

Mon cher Yourick,

Quelle joie de te lire après toutes ces années ! Il est vrai que nous avons passé d’agréables moments durant cet hiver 1974. Il faut dire aussi que les enfants, à cette époque, n’étaient pas encore les sauvageons que la France allait connaître plus tard ! 
Lorsque nous étions animateurs au village d’enfants de la Bourgoule, j’ai toujours essayé de me positionner en tant que passeur : de valeurs, d’histoire, mais aussi, comme je l’ai fait avec toi, de connaissances sur les origines de l’humanité. Je vois que tu n’as pas oublié nos discussions autour du feu de camp sur l’homme de Cro-Magnon : lui aussi était un passeur, il nous a transmis des éléments de sa vie quotidienne et spirituelle par les objets et les dessins qu’il nous a laissés. Nous avons tous notre place dans cet univers et je constate que tu as su trouver la tienne après ton expérience auprès des enfants. 
Moi-même je jouis d’une retraite apaisée dans le Maine-et-Loire, où je vis seul, avec, toutefois, deux ânes (Félix et Alfred) qui me tiennent compagnie. Je n’ai jamais eu d’enfants, je crois que j’ai eu ma dose durant les dix années passées avec ces sales garnements de la Bourgoule. J’ai essayé de ne jamais le montrer, mais qu’est-ce qu’ils ont pu me casser les pieds ces gosses, de vrais démons ! Je comprends pourquoi les parents nous les confiaient, ils devaient en baver à la maison… Et, bien sûr, c’était à nous de les supporter pendant un mois ! Enfin, je digresse, et j’oublie de te dire que je serai ravi de te rendre visite dans la Sarthe.

À bientôt donc, 

Jeannot (Hélène)

Mercredi atelier n°10


Écriture d'une courte nouvelle policière 

- Brainstorming et constitution de papiers pliés pour se donner des idées :
noms de personnages, lieux, armes du crime...

- Temps d'écriture personnelle.

Mercredi atelier n°9


Proposition n°1 : Texte à trous 


On choisit une lettre en commun, puis on remplit un texte à trous avec des mots commençant tous par cette lettre. 

__________ s’était toujours demandé si les __________ avaient des __________. Pour le savoir il __________ un __________. Le résultat fut __________, quoique un peu __________. « __________ ! s’écria-t-il, j’en suis tout __________. ». Et il __________ . 


Proposition n°2 : Critique de film 


Chacun choisit une photo montrant des personnages en action, en imaginant que c’est une photo de tournage. On fait la critique de ce film fictif. 


Proposition n°3 : À partir du mot d’un autre


Chaque participant écrit sur un papier un mot ou expression qui servira d’inducteur. 
Tirage au sort : chacun écrit à partir du mot pioché.

Mercredi atelier n°8


Proposition n°1 : Jeu du verbe à l’infinitif


Sur le modèle du cadavre exquis :
- Chacun écrit en haut de sa feuille un verbe à l’infinitif avec quelque chose en plus
(exemple : « manger une pomme », « enfiler son maillot de bain »).
- On replie et on passe au voisin : « c’est » + autre verbe à l’infinitif+ quelques mots.
- « C’est aussi… »
- « C’est encore… »
- « C’est enfin… ».

Proposition n°2 : Bouts rimés 


- Chacun prépare deux mots rimant entre eux ; on met ces rimes en commun.
- Chacun écrit un poème utilisant ces rims dans l’ordre... ou à peu près.
- Au choix, on peut ajouter des contraintes métriques :
          - écrire en alexandrins, en octosyllabes...
          - rimes plates, croisées, embrassées...
          - écrire un sonnet...


Proposition n°3 : À partir d’un inducteur


Comme un ballon flottant dans le ciel…

Quelques textes du 8e mercredi


Jeu du verbe à l'infinitif 


Risquer sa vie 
c'est justifier un geste déplacé 
c'est aussi faire de la balançoire 
c'est encore se donner en spectacle 
c'est enfin râler sans cesse. 

Creuser la terre 
c'est emprunter des chemins tortueux 
c'est aussi déléguer un pouvoir 
c'est encore faire chauffer l'eau pour les pâtes 
c'est enfin boire son thé trop chaud. 

Trouver un trésor 
c'est offrir un diamant 
c'est aussi vivre avec passion 
c'est encore mieux la deuxième fois 
c'est enfin déplier une carte routière. 

Picoler en silence 
c'est pisser dans un violon 
c'est aussi devenir riche 
c'est encore partager un bon repas 
c'est enfin rêver de tarte tatin. 

Râper une carotte verte 
c'est réfléchir en se grattant la tête 
c'est aussi voyager dans l'espace 
c'est encore briller dans le noir 
c'est enfin être heureux.

Casser les pieds
c'est avoir de la chance
c'est aussi refuser l'oubli
c'est encore rire avec ses amis
c'est enfin la conclusion de ce discours bien ennuyeux.

Bouts rimés


fleur/beurre ; moisissure/éclaboussure ; picole/caracole ; pétale/dédale ; prunelle/sentinelle ; chocolat/falbala ; délicieux/malicieux. 

La robe de Rose ornée de falbala, 
Est toute tachée de chocolat, 
Elle est recouverte d’éclaboussures, 
Mais aussi de maintes moisissures. 

Car Rose, elle s’y connait en picole, 
Ah ! pour le pinard, là elle caracole, 
Elle trouve tous les vins délicieux. 
Quand avinée, on contemple ses prunelles, 
Son regard n’a plus rien de malicieux, 
Et son gros nez rouge sert de sentinelle.

Même si Rose porte un prénom de fleur, 
Son haleine rance et chargée sent le beurre, 
On préfèrerait même se perdre dans un dédale, 
Plutôt que de caresser ses pétales. 
Eric 

*******


Nuit de garde avec Shéhérazade 

Il faut, si l’on est sentinelle 
Bien utiliser ses prunelles 
Se retrouver dans ce dédale 
De tours en forme de pétales

Pas être adepte de la picole 
Tel un poivrot qui caracole 
Qui nuit de ses éclaboussures 
Qui finiront en moisissure 

Et puis, à l’heure de la relève 
Comme Sinbad partir en rêve 
Accompagné d’une jolie fleur 
Un peu typée comme une beur 

En lui offrant des chocolats 
Bijoux et autres falbalas 
Espérer instants délicieux 
Le coquin pense malicieux 
Pierre 

Inducteur : "comme un ballon flottant dans le ciel" 


Comme un ballon flottant dans le ciel,
Il se sentait léger et enfin libre, 
Il venait de claquer la porte avec fracas, 
De belle-maman prostrée sur son sofa. 
Il avait enfin osé lui dire, 
Qu’elle pouvait reprendre sa fille, 
Qu’en échange, il reprenait sa liberté, 
Après tant d’années, il l’avait bien mérité. 
Elle l’avait poussé à bout, 
Lui avait piqué tous ses sous, 
Avait jeté sa collection de hiboux, 
Et mis son cœur sans dessus-dessous. 
Il avait aujourd’hui la certitude, 
Qu’ils n’étaient restés ensemble que pas habitude, 
Qu’il n’aurait pas dû perdre sa jeunesse, 
A s’entêter de vivre avec cette bougresse. 
La notion de couple ne l’intéressait plus, 
Il comparait une promise à de la glu, 
Et quitte à subir un pot de colle godiche, 
Il préféra adopter un caniche. 
Je le croise désormais tous les matins, 
En train de promener son chien, 
Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il grelotte, 
Au bout de sa main, son sac de crottes, 
C’est sa nouvelle vie, rien de démentiel, 
Juste un ballon flottant dans le ciel. 
Eric 

*******

Motivation 

José n’avait jamais vraiment eu de chance depuis sa naissance. Son enfance ne fut ni heureuse ni malheureuse et sa scolarité, quelque peu médiocre, ne lui permit pas de trouver un emploi stable et intéressant. D’un tempérament plutôt lymphatique, il vivait seul et sans ambitions, à la merci du chômage et de la précarité, à la merci des aléas de l’existence, des courants de la vie, comme un ballon flottant dans le ciel. 

Un mardi, lors d’une période sans emploi, il fit une promenade au parc Montsouris. Il aimait flâner dans cet endroit où, gamin, il venait jouer. Vu le jour de la semaine, les allées étaient quasiment désertes. Là-bas, un vieil homme à chapeau, sur un banc, lisait son journal et, plus loin, une femme sans âge donnait des morceaux de vieux pain à quelques canards. José allait d’un pas tranquille dans les premières chaleurs du printemps, l’esprit vagabond, insouciant comme à son habitude, lorsque, au détour du plan d’eau, il la vit. Elle était là, admirant la grâce d’un cygne glissant sur le lac, immobile dans ce halo de lumière que les arbres en fleurs laissaient passer. Elle lui sembla si belle qu’il en resta figé. C’était comme un rêve d’enfant, comme un ballon flottant dans le ciel. 

Désormais il n’eut plus qu’un seul but : Réussir ! Oui, Réussir !!!... Oh, pas comme quelques médiocres qui veulent briller et satisfaire leur égo, mais dans un but beaucoup plus noble : Conquérir sa Belle et lui donner une jolie vie. Une vie calme, harmonieuse et souriante. Et puis… Et puis avoir de beaux enfants, les promener au parc Montsouris, leur acheter des ballons, pour, comme dans une chanson de son enfance*, leur apprendre à casser leurs ficelles. José au bras de sa compagne, pourra alors savourer le regard éblouis de leurs bambins, admirant, là-haut, les ballons flottant dans le ciel.

*Hommage à Michel Legrand https://www.youtube.com/watch?v=pWq4J_5PhA0&list=RDpWq4J_5PhA0 

Pierre


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Les gens, quand ils voient un ballon qui vole tout seul au-dessus d'eux, avec sa ficelle qui pendouille, ils disent toujours : "Oh, un enfant a perdu son ballon, le pauvre..." Ou alors ils disent : "C'est un lâcher de ballons, pour un mariage, ou pour fêter quelque chose..." Ou alors ils disent juste : "Oh, un ballon". Et c'est tout. Parce qu'ils ne savent pas. Moi, je sais. Je connais la vérité. Les ballons qui flottent tout seuls, ce sont les âmes des gens qui sont morts. 
Ils flottent, ils essaient de monter, mais c'est pas facile, il y en a qui s'éclatent contre un mur, qui roulent sous une voiture, ou qui se dégonflent bêtement et qui deviennent un petit tas de caoutchouc avec un noeud. Ceux-là, ils n'ont pas trop d'espoir. Et puis il y en a qui montent, qui montent, et qui disparaissent au loin ; ceux-là, peut-être, ils sont sauvés. Moi, ceux qui me font pitié, ce sont les sacs en plastique qui volent et qui s'accrochent aux branches des arbres. Qu'est-ce qu'ils ont dû mener comme vie, ceux-là, pour avoir une âme en forme de sac plastique ! 
C'est pour ça que moi, quand je vois passer un ballon ou un sac en plastique dans le ciel, je lui fais toujours un petit signe de la main, pour lui dire: "Courage, petite âme ! Je te soutiens." Un jour, moi aussi je flotterai dans les airs. J'espère juste que je ne serai pas un sac en plastique. Plutôt crever.

Vanessa

Mercredi atelier n°7


Proposition n°1 : Définitions de mots inventés 


- Chacun prépare deux syllabes.
- On les associe trois par trois, pour former des mots inventés.
- Chacun prépare une définition des ces mots inventés, comme pour un dictionnaire.


Proposition n°2 : Écrire un dialogue 


- Inventer deux personnages ne se connaissent pas du tout.
- Créer une situation où ils se rencontrent et sont obligés de se parler et révéler qui ils sont.
Exemple : blind date, voisins de train ou d’avion, île déserte...
- Écrire un dialogue entre ces deux personnages.

Proposition n°3 : À partir de photos d’art

Quelques textes du 7e mercredi


À partir de photos d'art



Sabine Weiss, 
Prêtre devant une trattoria, Rome, Italie, 1957


Monsieur le curé pèche par gourmandise

Vient chaque jour dans cette même trattoria
Où, goulu, il peut manger tout à sa guise
Ces bâfreries que, sans complexes, il nomme repas

Ah, ce défaut ! Vie éternelle compromise
Il lui faudra bien plus qu’un grand mea-culpa
Pour parvenir au Paradis, sa convoitise

Pour le moment, honteux, il fait profil bas
Il se punit, en se privant de friandise
Tout repentant, il ne regarde que son pas

Pierre

Mercredi atelier n°6


Proposition n°1 : Baobab (bas-haut-bab)


Écrire un texte saturé en syllabes "haut" et "bas", comme dans le mot baobab (bas-haut-bab).


Proposition n°2 : Portrait de personnage


- On prépare des papiers pliés avec des noms de personnages (nom et prénom).
- Chacun pioche un nom et remplit une fiche de renseignements sur ce personnage.
(Le personnage peut être imaginaire, fantastique... mais cohérent.)
- À partir de ces éléments, rédaction d’un texte qui nous présente ce personnage. 


Proposition n°3 : Faire vivre le personnage


À partir du premier texte, raconter un moment, important ou anecdotique, de la vie de ce personnage. 

Mercredi atelier n°5


Proposition n°1 : Onomatopées 


Écrire une ou plusieurs phrases contenant des onomatopée de façon naturelle.


Proposition n°2 : Écrire du point de vue d'un objet 


1er texte :
Un objet du quotidien se raconte. Ex : ouvre-boîte, marteau, livre sur une étagère, écharpe…

2e texte :
À partir du texte d’un autre participant, écrire la réponse d’un objet proche (même placard ou étagère, autre outil ou vêtement ou bibelot…), qui a un autre point de vue.


Proposition n°3 : À partir d’un titre imposé


"Le vagabond des étoiles"
(Jack London, The star rover, 1915)

Quelques textes du 5e mercredi

Onomatopées 


Ploc... ploc... ploc... Lucie se réveille en sursaut avec une impression étrange. Ploc... ! Qu'est-ce que ce bruit vient faire dans sa chambre à trois heures du matin ? Brr... elle a un frisson, se lève et ses pieds font craquer le plancher. Crr... ploc ! Elle allume la lumière. Arrgh ! des gouttes de sang tombent du plafond... ploc ! ploc ! Il y a un cadavre à l'étage du dessus. Paf ! Lucie est tombée dans les pommes. 

Vanessa