Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°3


Proposition n°1 : Texte à trous 

On remplit un texte à trous avec des mots qui commencent tous par la même lettre choisie en commun. Et tant pis pour le sens !
Aujourd'hui, on teste le E puis le G.


Proposition n°2 : Écrire à partir de slogans publicitaires 

On constitue une liste de slogans publicitaires. Puis chacun en choisit une dizaine et les intègre à un texte, de façon aussi naturelle que possible.


Proposition n°3 : Écrire partir d’œuvres d’art

Quelques textes du 3e atelier


Texte à trous


Les éléphants sont souvent esthètes. Un jour, un de ces énergumènes décida d'étancher un étang. Ce n'était pas évident, mais il faut savoir épater. Aussi, plein d'élan, il se lança dans cette entreprise. Ce fut élégant. Toutes les eaux disparurent dans l'étrangeté.

Les gymnastes sont souvent gourmands. Un jour, un de ces gourdots décida de griller un géranium. Ce n'était pas gagné, mais il faut savoir gruger. Aussi, plein de gravité, il se lança dans ce gateau. Ce fut grandiose. Tous les grumeaux disparurent dans le gratin.


Écrire à partir de slogans publicitaires



Margot a beaucoup hésité avant de s'inscrire sur un site de rencontres. Mais elle se sent très seule depuis sa rupture, et au boulot elle ne rencontre que des esprits bornés, tous unis contre la vie chère mais pas contre l'ennui. Au moins, sur internet, elle pourra élargir son horizon, et peut-être, qui sait, rencontrer la perfection au masculin.
Elle vient à peine de déposer son annonce : « jeune femme 27 ans, drôle, sympa, cherche jeune homme même tranche d'âge, bon esprit, assurément humain, ayant le goût des choses simples, pour relation durable », et déjà les réponses affluent. Elle ne pensait pas avoir tant de profils à éplucher ! Kevin, Marcello, Lucas... à qui le tour ?
Ce site est vraiment fantastique, songe Margot. Vous avez juste à exprimer une demande, et vos envies prennent vie. Elle déchante un peu en lisant des messages machos ou mielleux, parfois bourrés de fautes d'orthographe. Mais certains de ses admirateurs valent le détour. Le plus beau est sans conteste Lucas, qui pose en marcel pour montrer sa musculature engageante et sa peau de miel. De plus il écrit bien, il a de l'humour et n'est pas prétentieux. Le poids des mots, le choc des photos, réunis en un seul homme ; que demander de plus ?
Margot lui répond, et de fil en aiguille ils décident de se rencontrer. On verra bien, se dit Margot. Au pire je m'aperçois que nous n'avons pas les mêmes valeurs, et l'histoire s'arrête là. Et au mieux... qui sait ? Nous ferons notre voyage de noces à Tahiti, parce que je le vaux bien !
Vanessa


Écrire partir d’œuvres d’art 


Bonnard, La Toilette 


Peau nue. Chair fraîche. Abandonnée à tout regard, à toute caresse, à toute violence. 

Corps offert, esseulé, assoiffé d'amour et de tendresse, condamné à la sécheresse, à la pauvreté, à la vieillesse. 

Bientôt cette peau juvénile se couvrira de ridules, minuscules puis de plus en plus marquées. Empreintes d'une vie si personnelle, si intime, si secrète. Qui disent nos peines et nos joies, nos craintes et nos espoirs. 

Matière éphémère qui tisse nos jours et nos nuits. 

Marine


Camille Claudel, La valse



La femme d’abord. Elle est fine et musclée. L’inclinaison de son buste, de sa tête, la font supposer étourdie par la musique, le mouvement. Mais la musculature de son dos, tendue, crispée, contraste avec le haut du buste : elle est en attente, pas tout à fait abandonnée. D’ailleurs sa main, comme hésitante, ne repose pas totalement dans celle de l’homme. Sa robe froissée suggère un tourbillon. Mais elle n’est pas achevée, et de fait suspendue dans le temps et l’espace. 

L’homme, lui, est sûr, dominateur, protecteur. Il la retient de tomber, il ne doute pas de lui. II semble accentuer sa chute pour mieux la retenir, ne lui laissant pas d’autre choix que de se soumettre. 

Véronique