Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°3



Proposition n°1 : Animaux en acrostiches

Chaque participant choisit un nom d’animal et l’inscrit verticalement sur sa feuille. Puis il écrit un texte évoquant cet animal, chaque ligne commençant par une lettre du mot choisi.


Proposition n°2 : Écriture publicitaire

Chacun a quelque chose à vendre (objet matériel ou non), et « fait l’article » pour convaincre le lecteur ou l'auditeur. Ça peut être un discours oral dans un lieu de vente, un texte envoyé par la poste, ou une page dans un magazine.


Proposition n°3 : Écriture à partir d'un titre

Texte de forme libre à partir du titre : « Qui frappe à ma porte ? »

Quelques textes du 3e atelier



Animaux en acrostiches

Très, très, très lente.
Ou plus rapide que l’escargot.
Réfléchie, elle prend son temps pour chercher son chemin.
Timide, quand elle se cache dans sa carapace.
Universelle, il y en a partout.
Energique, non, absolument pas, jamais.
                     Sabine

Rien que des poils pour défenses
Hippopotame encorné
Indolent, mal embouché
Nonchalant en apparence
Odorat fort, vision basse
Chargeant sans vraiment y voir
Épié par les hommes en chasse
Rhinocéros blanc ou noir
Oublié souvent, hélas!
Sauvons-le. Est-il trop tard?
                     Pascal

Pelisse qui lui donne l'air
Intellectuel,
Noir costume sur le dos;
Gros ventre blanc à l'avant;
Oiseau en couple fidèle,
Un bébé par an,
Initié au régime sushi sur son
Nid de cailloux.
                    Vanessa


Écriture publicitaire

Vous êtes un jeune professionnel et vous aimez faire la fête, vous souhaitez être élégant en toutes circonstances, mais vous n'avez pas de garde-robe adaptée... Chic-Réversible est fait pour vous.

Le costume Chic-Réversible, c'est un ensemble veste-pantalon bleu marine d'un côté, gris pailleté de l'autre. Après une journée de travail, il vous suffit de quelques minutes pour vous changer, par un simple retournement de votre costume. Pas de gros sac à transporter, pas besoin de repasser chez vous. Chic-Réversible, c'est la possibilité de passer en un clin d'oeil du bureau au bar à cocktails.

Chic-Réversible, c'est aussi une large gamme de chemises sobres d'un côté, fantaisie de l'autre, avec un grand choix de couleurs et de motifs.

Et comme vous voulez être stylé aussi bien en boîte de nuit qu'en réunion de travail, Chic-Réversible vous propose des cravates b-faces assorties à vos costumes: rayures classiques d'un côté, fleurs ou couleurs pétaradantes de l'autre.

Grâce à Chic-Réversible, même en début de carrière vous en imposerez partout où vous irez. Chic-Réversible, la solution du jeune homme ambitieux.
Vanessa
                                                                      ***

Henri Callet et associés
Commissaires-priseurs, 15 rue Balzac 75008 Paris
Ventes volontaires et ventes judiciaires

Ventes du samedi 17 décembre 2011 à 15 heures.

N°1 : Vierge noire à l’enfant – fin 14e siècle – rare.

Magnifique vierge à l’enfant sculptée dans l’ébène.

La vierge est vêtue d’une robe rouge et d’un voile bleu mettant en évidence son visage et ses mains noirs. Elle tient à bout de bras un enfant blond et nu. On peut admirer la finesse de ses traits, le drapé des tissus et les boucles de la chevelure de l’enfant régulièrement ciselées.

L’artiste est inconnu. L’ensemble est daté de la fin du 14e siècle. Il a été retrouvé dans les vestiges d’une église de la ville du Puy en Velay (Haute-Loire) à la fin du 18e siècle.

Excellent état.

Ce chef d’œuvre a appartenu successivement à l’archevêché de la ville du Puy en Velay, à Monsieur Paul DUBORD, antiquaire à Lyon (France), à Monsieur et Madame Albert BARNES, collectionneurs réputés à Philadelphie (Etats-Unis d’Amérique), au Docteur Jacques-Antoine VIDAL, chirurgien orthopédique à Grasse (France), à Monsieur le Comte Henri DU BREUIL DE LA CHAIX, industriel à Paris (France), à Monsieur Mick JAGGER (artiste de variétés à Londres (Grande Bretagne).

Il est célèbre pour le secret qu’il recèlerait mais que personne n’a découvert, pour l’instant, avec certitude.

Pour l’archevêché de la ville du Puy en Velay, cette statue aurait des vertus bénéfiques pour celui qui saurait lui parler.
Pour Monsieur et Madame Albert BARNES, elle abrite une magnifique pierre précieuse, d’une valeur inestimable et que nul ne verra jamais car nul n’aura le courage d’ouvrir et d’abimer cette œuvre splendide.
Quant à Monsieur Mick JAGGER, il a déclaré qu’elle lui avait permis de décupler son énergie sur scène et qu’elle était beaucoup plus efficace que toutes les substances nocives qu’il ingurgitait habituellement.

Mise à prix : 500 000 euros
Sabine

                                                                      ***

Téléshopping

SLIMB'LESS : Enfin LA méthode miracle pour maigrir à vue d'oeil !

Madame, depuis des années vous tentez en vain de perdre tous vos kilos superflus. Vous perdez confiance en vous et craignez de ne plus jamais pouvoir séduire. Vous vous sentez déprimée et commencez même à perdre espoir. "Peut-être devrais-je me accepter ma surcharge pondérale", vous dites-vous tristement résignée.
Vous avez bien sûr testé tous les régimes de la terre qui, malgré vos efforts et vos privations douloureuses, sont tous restés sans effet durable. Chaque kilo perdu a été repris et parfois même d'autres kilos sont venus s'y ajouter. Vous avez très certainement porté ces séduisantes gaines chauffantes et amincissantes qui se sont révélées inconfortables voire irritantes pour votre peau déjà distendue et abîmée par les vergetures. De toute façon, ces gaines à effet purement esthétique ne vous ont pas permis de perdre un seul gramme. Et la perte de poids reste votre objectif.
Vous souhaiteriez continuer de mener une vie normale. Vous en avez assez de plus vous priver quand vous sortez au restaurant et de vous montrer asociale en refusant des invitations simplement pour ne pas être exposée à la tentation de la nourriture et échapper ainsi à l'anxiété générée par l'obsession de limiter le nombre de calories ingurgitées. Vous voulez vivre sereine et vous sentir légère. Et vous avez raison. La vie est trop courte pour en faire une vie de souffrance.
J'ai la solution pour vous SLIMB'LESS. Avec SLIMB'LESS, dites adieu non seulement aux privations alimentaires mais également aux kilos superflus.
Avec SLIMB'LESS, nous vous amputons du membre de votre choix, celui correspondant à votre objectif de perte de poids. Grâce à cette méthode révolutionnaire, non seulement vous obtiendrez une perte de poids immédiate mais le regard des autres sera tellement focalisé sur le membre manquant que personne ne parlera plus de votre surpoids.
Pour les femmes exigeantes, nous proposons également SLIMB'LESS PLUS, qui vous propose une prothèse de remplacement ultra légère en carbone.
Alors n'hésitez plus: perdez vos kilos, perdez un membre. SLIMB'LESS, c'est la formule gagnante.
Pascal

Qui frappe à ma porte?

Trois coups. Qui frappe à ma porte ?
Etrange! Je n'attendais personne.
Nul ne sait que je suis là. Ce doit être une erreur.
Je croyais la ville entièrement déserte. Je pensais être seul.
Est-ce un rêve éveillé, les poutres qui travaillent ?
Trois coups à nouveau. On insiste.
Peut-être un voyageur perdu, ou serait-ce un esprit ?
C'est dans la nuit que les fantômes évoluent.
Le lieu n'est pas hanté mais des histoires circulent.
Le vent hurle dehors et couvre le bruit du feu dans la cheminée.
Trois autres coups. Qui vient troubler ma solitude ?
Il finiront bien par se lasser. On se lasse de tout.
On se résigne, on abandonne. Je l'ai bien fait. Pourquoi pas eux ?
Trois coups. Qui frappe à ma porte ?
Est-ce le destin qui m'appelle ? Et si j'ouvrais ? Et si je le suivais, ce destin ?
J'hésite. Je doute. J'ai peur.
Silence. Je n'entends plus rien.
Ai-je manqué quelque chose ?
Dois-je regretter de n'avoir pas répondu ?
Peut-être que demain, les trois coups retentiront à nouveau.
Peut-être que demain je ne demanderai pas : "Qui frappe à ma porte ?"
Peut-être que demain je répondrai : "Entrez dans ma vie, je vous attendais."
Trois coups et le rideau se lèvera enfin.
Pascal


Lisa se dressa sur son lit, scrutant la porte dans l'obscurité. Elle était sûre d'avoir entendu frapper, trois petits coups secs qui l'avaient réveillée brusquement; et elle se tenait droite, l'esprit clair, sans aucune trace de la douleur qui était devenue sa compagne de tous les instants.
- Qui est là? Demanda Lisa à voix haute.
Il n'y eut pas de réponse; mais au bout d'un moment on frappa de nouveau.
"C'est l'heure, déjà? songea Lisa. C'est un peu tôt. Mais j'en ai assez de souffrir, clouée sur ce lit..."
Quand elle entendit frapper pour la troisième fois, elle dit: "Entrez!" et la porte s'ouvrit. Elle distingua une silhouette qui s'avançait lentement vers le lit. C'était un jeune homme au visage grave, enveloppé d'un manteau qui tombait sur ses chevilles.
- Tu es venu me chercher? demanda Lisa.
- Oui, fit le jeune homme. Ton heure est venue.
- Tu es tel que je t'imaginais, dit Lisa.
- Je prends forme dans le regard des humains. Je leur apparais tel qu'ils m'envisagent, homme, femme, enfant, squelette à la faux, souffle de vent... Peu importe mon apparence, quand il est temps, je viens.
- Je ne souffre plus, dit Lisa.
- C'est fini, dit le jeune homme. Viens avec moi.
Il ouvrit son manteau, enveloppa Lisa de son obscurité, et elle ne sentit plus rien.
Vanessa


Qui frappe à ma porte ? Je regarde l’heure. Minuit et quart. Il est tard. Cela m’a réveillé. Une succession de petits coups, de petits coups qui se veulent discrets peut-être parce qu’il est tard et peut-être parce que mon visiteur ne veut pas que l’on sache qu’il vient me rendre visite.

Qui frappe à ma porte ? Il faudrait que j’allume la lumière, que je me lève, que je traverse la chambre, que j’ouvre la porte, non, que je demande d’abord qui est là puis que j’ouvre la porte, c’est plus prudent.

Qui frappe à ma porte ? Encore cette succession de petits coups timides. Je n’entends rien hormis ces petits coups. Pas un bruit de pas. Pas de paroles. Pas de mouvements.

Qui frappe à ma porte ? Au dîner j’étais seule dans la salle à manger. Immobile, le serveur attendait près de la porte de la cuisine que je termine le plat. Puis, silencieux ; il venait prendre mon assiette ainsi que les couverts et revenait m’apporter le plat suivant. Sa présence me gênait. L’air de rien il m’observait bien entendu. Il n’avait que ça à faire. Je priais pour que les autres clients arrivent. J’hésitais entre manger rapidement pour quitter au plus vite cette salle vide et ce regard obsédant, ou prendre mon temps et mâcher lentement chaque bouchée en attendant que les autres arrivent.

Qui frappe à ma porte ? Quand je suis arrivée cette après-midi, l’hôtelier m’a regardée comme si je le dérangeais. Pourtant j’avais réservé et je l’avais prévenu que j’arriverais aux environs de quatre heures le temps de venir à pied de la gare en traînant ma valise. Il savait que je venais. Il m’a tendu la clef de mauvaise grâce en marmonnant le numéro de la chambre, l’étage et l’heure du dîner.

Qui frappe à ma porte ? Le train est arrivé à l’heure. Un voyage long et tranquille. J’étais seule dans un compartiment. A mon aise. J’ai lu. A chaque arrêt je regardais par la fenêtre mais personne ne descendait dans ces gares perdues de campagne. Je pense que j’étais la seule dans ce train. La seule à monter au départ et la seule à descendre au terminus. J’ai traversé le hall désert de la gare puis la ville jusqu’à l’hôtel. Un léger brouillard la survolait. Le temps était froid et gris. Les rues étaient vides.
Qui frappe à ma porte ? Toujours ces petits coups lancinants. J’étais seule dans ce train. Je suis seule dans cette ville. Je suis seule dans cet hôtel. Je suis seule dans cette chambre.

Qui frappe à ma porte ? Je ne répondrai pas. Je n’ouvrirai pas ? Je suis seule.
Sabine