Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°3


Proposition n°1 : Définitions de mots inventés

- Chaque participant prépare deux syllabes. On les associe trois par trois pour former des mots inventés. 
- Chacun prépare une définition de ces mots inventés, comme pour un dictionnaire : définition brève, neutre, avec éventuellement l'étymologie du mot, un exemple, une citation... 

Les mots créés aujourd'hui sont : vrécarchou ; sekugli ; orgazol ; blousursti ; préperkad ; polmintra.


Proposition n°2 : Description d'un personnage 

À partir d’une photo, chacun fait le portrait physique du personnage, imaginer sa vie, son caractère, etc. Le texte est à la troisième personne, avec un narrateur omniscient (qui sait tout du personnage, qui le surplombe).


Proposition n°3 : Le personnage s'exprime à la première personne 

Le personnage décrit précédemment prend la plume pour parler de lui, dire ce qu’il aime, ce qu’il pense… Le texte est à la première personne. Il peut commencer par exemple par « Moi, dans la vie… »

Quelques textes du 3e atelier


Définitions de mots inventés 

vrécarchou : capacité d'un champion sportif à se reconvertir dans la musique. 
Exemple : faire preuve de vrécarchou. Antonyme : fauchoucar. 

sekugli : action exceptionnelle. Par extension, oeuvre d'une vie. 
"Avant de mourir, Javers eut juste le temps de réaliser son sekugli" (Victor Hugo, Les Misérables). 

orzasol : plante à fleur originaire de l'Amérique Latine, utilisée sous forme de poudre comme condiment. Exemple : Tu peux me passer l'orzasol ? 

blousursti : impression de déjà-vu, d'inquiétante étrangeté. 
"En passant devant le store fermé d'une boutique, il fut saisi d'un blousursti" (Patrick Modiano, Au fil des ruelles sombres). 

preperkad : fatigue légère en début d'hiver, coup de mou. 
Être preperkad. Prendre des vitamines pour éviter le preperkad. 

polmintra : lieu de culte des Polmins dans la Rome antique (voir Polmins). 
Faire la tournée des polmintras. 


Description d'un personnage 


Sir John Mac Logan décida de s’installer à Paris dans les années 80, lorsqu’on lui proposa de devenir le directeur de la célèbre maison d’édition franco-britannique « Le Roi Lire ». A 73 ans, il n’avait rien perdu de son charme qu’il pensait irrésistible auprès des femmes : une chevelure argentée élégamment coiffée et un sourire éclatant mis en valeur par un léger bouc savamment taillé étaient, selon lui, ses principaux atouts. Il avait pour principe vestimentaire d’assortir sa veste, son polo et son pantalon, et les choisissaient tous trois systématiquement de couleur identique. Il avait une prédilection pour le bleu saphir et, lorsqu’il devait apparaître en public, il affectionnait de porter son ensemble en laine et soie qui, il en était persuadé, le faisait rajeunir de vingt ans.
Anobli par la reine d’Angleterre en 1967, il portait, en signe de la reconnaissance éternelle qu’il lui vouait, des chaussons sur lesquels était brodée une couronne royale dorée. Il arborait fièrement ces chaussons quelles que soient les circonstances et malgré les railleries de certains de ces vulgaires amateurs de cuisses de grenouilles.
Francophile averti, il n’était pas peu fier de posséder une bibliothèque référençant quelque mille ouvrages, dont certains aussi illustres que « La philosophie pour les nuls ».

Mais sa passion pour les livres n’était rien comparée à celle qu’il vouait au tarot de Marseille. Une fois par semaine, il réunissait ses amis les plus intimes et prenait un plaisir infini à lire leur avenir dans les cartes. Il avait d’ailleurs lu, lors d’une fascinante séance nocturne et alors qu’il n’était qu’un jeune cartomancien inexpérimenté, que les chats seraient ses « âmes sœurs ». Or, ces derniers éprouvaient une véritable répulsion pour Sir John Mac Logan, détestant être dans ses bras, ce qu’il persistait pourtant à nier avec charme et élégance. So British !
Hélène




Olivier Lenormand est né en Chine il y a 27 ans, dans une famille très pauvre. Il s'appelait alors Cheng Li. Il a changé son nom quand il est arrivé en France avec un oncle, à l'âge de 14 ans. 

Aujourd'hui, Olivier est un homme grand, mince, plutôt beau gosse de l'avis général. Il a les cheveux étonnamment bouclés pour un asiatique ; comme pour son nom, il a décidé de ne pas se soumettre à la fatalité capillaire et se rend régulièrement chez le coiffeur. Été comme hiver, il est vêtu de cuir noir des pieds à la tête, à l'exception de sa chemise. Il connaît son pouvoir de séduction et prend souvent des poses avantageuses. 
À le voir, on ne soupçonnerait pas qu'il travaille comme coursier chez Pizza-Minute s'il ne tenait à la main, d'un geste négligent, un casque orange. Il livre des pizzas toutes la soirée, et grâce à son physique il accumule les pourboires, qu'il stocke dans un oreiller. 
Derrière son attitude superficielle, il est en réalité ambitieux et volontaire. Il a le projet de racheter Pizza-Minute à son patron pour en faire un restaurant à la mode. Il compte s'associer à sa petite amie, Lisa, qu'il a rencontrée lorsqu'il lui a livré une quatre-saisons. Lisa est d'origine ukrainienne. Ainsi, à eux deux, ils lanceront le premier restaurant sino-ukrainien de Paris. Si le succès est au rendez-vous, ce dont il ne doute pas, Olivier fera venir en France ses parents et sa petite soeur. 
Vanessa 

Le personnage s'exprime



Mon nom est Sir John Mac Logan, mais vous pouvez m’appeler John, en toute simplicité… car, oui, malgré les apparences, et je sais qu’elles peuvent être trompeuses, j’aime la simplicité. Pourquoi, sinon, recevrais-je mes invités et poserais-je pour les photographes en chaussons ?
Je pense que les Parisiens ont perdu le sens de cette notion de simplicité. C’est une des raisons qui m’a conduit à associer ma maison d’édition, dont la réputation est internationale, à celle éditant la collection « Pour les nuls ». J’ai d’ailleurs en projet de présenter, dans quelques mois, deux ouvrages qui feront date dans le domaine de la littérature : « Rajeunir en vieillissant pour les nuls » et « Vivre en harmonie avec les chats pour les nuls ». J’aime tellement les chats. Je pense qu’ils ont une véritable philosophie à nous transmettre. Très tôt, j’ai su que les chats seraient mes compagnons de vie, et que nous partagerions des émotions bien plus fortes que la plupart des humains sont incapables d’éprouver et de transmettre. Mon chat me le démontre tous les jours : l’effusion de tendresse qu’il me prodigue me touche bien plus que l’amour de ma propre mère.

Hélène



Encore 31 euros de gagnés ce soir, comme ça, au black, juste pour mes yeux. Et hop! dans l'oreiller. C'est ça qui me plaît dans ce métier. Les à-côtés. La miss qui me fait de l'oeil sur le seuil de la porte pendant que Monsieur emporte les pizza, le billet qu'elle me glisse avec un sourire, "gardez la monnaie". C'est bon pour mes projets, et puis ça me plaît, faut dire ce qui est. Je suis fidèle mais j'aime plaire, c'est mon kif. Je me verrais bien faire le mannequin dans les catalogues. Des fois je prends la pose dans la rue, je me dis que peut-être quelqu'un va me repérer. Et si ça ne marche pas, pour les photos, ça sera toujours utiles pour faire venir les clients dans mon restau. alors je m'exerce. 
Vanessa