Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°4


Proposition n°1 : Rédaction d'une liste 

Chacun fait une liste détaillée de 4 ou 5 "J'aime / J'aime pas". 


Proposition n°2 : Meilleurs voeux 

- Chaque participant pioche un papier plié indiquant une personne qui envoie ses vœux et le destinataire. 
- Il écrit une lettre de vœux, puis la passe (sans le petit papier) à son voisin. 
- Le destinataire écrit sa réponse à la lettre reçue. 

Proposition n°3 : Texte libre à partir d’une photo

Quelques textes du 4e atelier


Liste : "J'aime / J'aime pas" 

J'aime ne pas trop réfléchir et ça tombe bien puisqu'il ne faut pas trop réfléchir pour cet exercice. 
J'aime réfléchir. Oui, je sais j'ai dit le contraire précédemment mais j'aime l'esprit de contradiction. 
Je n'aime pas les poèmes que je ne comprends pas. 
J'aime le boudin noir et je n'aime pas le boudin blanc mais ça n'a rien de raciste. 
Je n'aime pas ne pas aimer mais j'aime assez détester sans nuance. 
J'aime peindre mais je n'aime pas laver les pinceaux. 
Je n'aime pas les journalistes français. 
Pascal 

J'aime les marrons grillés.
J'aime pas la soupe au potiron. 
J'aime les fauteuils club en cuir noir.
J'aime pas les chaises en plastique qui collent. 
J'aime les chats. 
J'aime pas les petits rongeurs idiots. 
J'aime recevoir de amis. 
J'aime pas faire la vaisselle quand ils sont partis. 
J'aime aller à la mer, même en hiver. 
J'aime pas avoir froid aux pieds. 
Vanessa 

Lettre de voeux 

Dieu envoie ses vœux à un couvent de bénédictines 

Mes très chères brebis,

Je vous souhaite une saison des fêtes magique, apaisante, et, pour tout dire, benoite. Ha ha ha! Elle n'est pas neuve, mais je ne peux pas résister, je la ressors tous les ans; et elle fait toujours rire notre ami Benoît. Il vous embrasse, d'ailleurs. 
J'espère que votre messe de Minuit sera aussi émouvante que celle de l'an dernier. Je sais que ce n'est pas à moi d'organiser mon anniversaire, mais si je peux faire une petite suggestion, que diriez-vous de décorer les murs du couvent avec des guirlandes électriques? C'est tellement festif, et puis ça se voit de loin. 
Je vous souhaite un joyeux Noël, et comme ça me met toujours de bonne humeur, je vous offre à chacune un voeu pour la nouvelle année. Mais n'abusez pas, je ne suis pas tout-puissant! Allons, trêve de plaisanteries. 
Je vous embrasse, mes brebis bien-aimées. 
Dieu (Vanessa) 

Le patron d'un bar envoie ses vœux à un de ses piliers 

Mon cher Dédé,

Je suis heureux de te présenter mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Qui aurait pu imaginer qu'après tous ces décilitres de gros rouge dont tu t'es imbibé tout au long de cette année de crise, tu serais toujours en vie en décembre? Je dois dire que j'admire ta résistance physique et ton engagement sans faille dans l'alcoolisme. Pour ce qui est de l'aspect physique, c'est bien la seule chose que je puisse admirer vu ton aspect globalement diminué, avec ton surpoids et tes yeux vitreux. Je souhaite donc que ton foie tienne encore cette année. En ce qui concerne ton implication dans l'alcoolisme, je sais que c'est pour toi un travail de chaque instant auquel tu t'attelles sans jamais rechigner.
J'espère que 2013 sera une année placée sous le signe de la volonté et que tu iras aussi loin dans l'alcoolisme que tu le pourras, comme tu sembles le désirer. Bien sûr, j'aurais aimé te souhaiter bonne santé et bonheur mais ce n'est pas ce que tu sembles rechercher. Sache cependant que je serai toujours là pour toi et que, si un jour il te prenait d'entrer dans mon café pour y commander un Perrier citron, je ne te regarderais pas de travers et je viendrai même trinquer avec toi au Perrier citron.
Que 2013 réponde à tes attentes !
Ton ami, Jean-Paul (Pascal) 

Jean-Paul , mon cher ami,

Tes vœux me touchent et m’émeuvent. Je mesure, en les lisant, la force du lien qui nous unit. Un lien emprunt de respect, d’empathie et de sollicitude. 
C’est vrai que tu m’as toujours encouragé, entouré et poussé vers l’épanouissement de moi-même. Tout ce qui vient de toi est une bénédiction. 
Il y a 5 ans … ma femme qui me quittait pour te rejoindre. Depuis 2 ans … ma voiture, dont tu crevais les pneus et rayais la carrosserie. Et puis toute cette année, les courriers que tu envoyais à mon patron pour lui dénoncer de soi-disant malversations. 
Quand je repense à tout cela, je brûle d’impatience à l’idée de partager un perrier citron avec toi. Je te souhaite que 2013 ne réponde pas à mes attentes, elles te seraient fatales.
Dédé (Raphaëlle)

Une femme légère envoie ses vœux à un de ses nombreux amants 

Mon cher Jules
Je te souhaite une année 2013 pleine d’aventures exquises, comme tu as su m’en procurer tout au long de cette année écoulée.
Tu sais que tu n’es pas le seul, c’est vrai que la liste de mes amants est plus longue que le code pénal, mais je dois te dire que tu es de loin le plus inventif, et le plus endurant.
Pour cette année à venir, j’espère que nous continuerons nos petits jeux, et peut-être même pourront nous nous rencontrer en dehors de la chambre à coucher.
J’aimerais connaître ton âme aussi bien que ton corps, et ainsi, qui sait, vieillirons-nous ensemble…
Mais bien sûr, nous resterons libres, car je compte écrire très prochainement une encyclopédie du libertinage en dix volumes, et j’ai besoin de matière.
Très bonne année mon gros loup,
Ton agneau qui t’aime. (Mathilde)

Mon cher « agneau qui m'aime »,

À mon tour, je te souhaite une délicieuse année 2013. 
Si la liste de tes amants est « plus longue que le code pénal », l'énumération des noms de mes maîtresses prendrait plus longtemps que la lecture à haute voix de toute l'œuvre de Proust. C'est pourquoi il m'est difficile de visualiser ton visage, d'autant que j'imagine que ce n'est pas la partie de ton corps sur laquelle mes yeux se sont posés le plus longuement. 
Je suis bien sûr tout à fait partant pour que nous poursuivions nos ébats mais je dois malheureusement te décevoir. Je comprends que tu cherches à découvrir mon âme en dehors de la chambre à coucher mais ce que je fais en extérieur est strictement identique à ce que je fais en intérieur : seul le décor change. 
L'idée de vieillir « ensemble » est charmante. J'imagine que par « ensemble » tu entends toi, moi et les centaines de partenaires que nous avons. Nous vieillirons donc « en communauté ». Ceci te donnera de quoi remplir les pages de ton encyclopédie, ne serait-ce qu'en photos. Cela pourra également ajouter une dimension culturelle à notre relation. 
Dans l'attente de me souvenir de qui tu es, tous mes vœux ! 
« Ton gros loup » (Pascal) 


Un astronaute envoie ses vœux depuis sa fusée à son banquier

Quelque part entre la terre et la lune

Cher monsieur Bernard,

Veuillez recevoir je vous prie mes bien meilleurs vœux.
Quels que soient vos rêves… qu’ils se réalisent.
Je sais que nous avons eu quelques différends l’année passée. Vous trouviez déraisonnables mes projets de vacances sur la lune : « Quel besoin avez-vous d’aller si loin ? » m’avez-vous dit. « Allez donc en Bretagne comme tout le monde ! ».
En Bretagne. Quelle idée absurde et quel conformiste vous faites.
Bref. Je suis ravi que nous ayons finalement trouvé un terrain d’entente, et vous promet de libérer votre femme et votre chien dès mon retour.
Bien à vous,
Ralph (Raphaëlle) 

Monsieur Ralph,

Je vous renvoie vos voeux, je ne veux rien recevoir de vous. Plutôt mourir qu'être votre débiteur. J'en ai vu, des paniers percés; mais un puit sans fond tel que vous, jamais. Et voilà qu'après 34 dépassements de votre découvert autorisé, 25 mises en demeure et trois chèques sans provision, Monsieur le mauvais payeur monte sur ses grands chevaux, déboule à l'agence avec un couteau à fromage, menace la standardiste, et pour finir, m'envoie une demande de rançon ridicule. Je sais pertinemment, Monsieur Ralph, que vous n'avez pas enlevé ma femme. Elle vous a suivi de tout son coeur d'artichaut après que vous lui ayiez promis la lune. Quant à mon chien, c'est un vaurien; je vous le laisse.
Pour finir, sachez, Monsieur Ralph, que vous n'êtes plus client de la Supreme Banque Hyperactive. Je vous raie. Oui, Monsieur Ralph, je vous raie. C'est peut-être conformiste, comme vous dîtes, mais quel plaisir de voir votre nom disparaître de mon écran.
Un dernier détail : quand vous descendrez de votre fusée, vous serez reçu en grande pompe par une équipe d'huissiers.
Joyeux Noël, Monsieur Ralph.
Monsieur Bernard, 
Conseiller clientèle à la Supreme Banque Hyperactive (Vanessa)


Un cambrioleur envoie ses vœux à une personne qu’il a cambriolée 

(réponse)

Très cher Chat sur les toits,

Je vous souhaite aussi une très belle année, et sachez que j’ai été ravi d’apprendre que vous ferez bon usage du fruit de la vente des objets subtilisés dans ma maison.
Il se trouve que les avais moi-même « empruntés », du temps où je jouais petit, et où ce genre de larcin m’apportait encore de l’adrénaline.
À présent, je m’occupe essentiellement de braquage de banques ou de joailleries, je me suis récemment « produit » place Vendôme, avec une totale réussite, c’est pourquoi, voyant mon activité florissante, je souhaiterais embaucher un associé, et j’ai naturellement pensé à vous.
Si vous êtes intéressé, vous savez où j’habite.

Cambriolement votre, 
M. Hering (Mathilde)


Écrire à partir d'une photo 



Hypnose prophétique

Jenny regarde le tableau intensément. Toute son attention est absorbée par l'œuvre. Progressivement les couleurs se mettent à couler, à déborder, les formes à se mélanger et Jenny se sent rapidement projetée dans un monde irréel. Elle a la sensation de se tenir en suspension au dessus du temps. Elle peut maintenant sans effort s'extraire de l'instant présent et parcourir sa vie passée et future. Elle s'envole, légère puis doucement réintègre son corps tout en continuant de se laisser envoûter par l'hypnotisme du tableau. Elle sent derrière elle une présence pourtant elle ne la craint pas. Elle la connaît bien : c'est son avenir. Elle sait instinctivement que dans vingt ans elle sera ici, dans ce musée, devant ce même tableau et qu'elle se plongera dans l'œuvre pour revivre cette expérience extraordinaire. À nouveau elle sera projetée en dehors du temps et se contemplera, petite fille, telle qu'elle est maintenant.

Jenny et Jenny sont en présence l'une de l'autre, elles se sentent en communion mais ne se perçoivent que par le biais du tableau, un tableau qui représente précisément la scène que Jenny est en train de vivre, une scène en abîme, qui se reproduit à l'infini, comme un tourbillon séduisant dans lequel l'esprit s'engouffre avec délice au point ou l'on se demande si le tableau existe réellement, ou si tout n'est qu'illusion d'artiste.
Pascal 


Au Musée d'Art Moderne de ma ville, il y a une salle consacrée aux aquarelles. Et parmi ces aquarelles, il y en a une qui représente une maison exactement comme la mienne, avec un jardin comme le mien, des murs en pierre, des volets verts aux fenêtres, un toit de chaume, tout comme chez moi. Et à l'étage, derrière la deuxième vitre en partant de la gauche, on aperçoit une petite fille qui me ressemble.

Au Musée d'Art Moderne, où se trouve ma maison dans la salle des aquarelles, il y a une petite fille qui vient me voir tous les jours. Elle me ressemble, et elle dit que chez elle c'est tout comme chez moi.

La petite fille du tableau a les cheveux bruns; c'est la seule différence entre nous. À part ça, on pourrait nous confondre.

La petite fille du musée est blonde, comme sa mère. Je me demande si elle saurait nous distinguer.

À force que je vienne la voir au musée, la petite fille du tableau a eu la même idée que moi. Nous allons échanger nos vies.

Tiens, c'est bizarre, j'aurais juré que la petite fille sur ce tableau était brune. Un effet de la lumière, sans doute.
Vanessa

Atelier n°3


Proposition n°1 : Le mot d'excuse 

Un parent écrit à l'enseignant de son enfant qui :
- a manqué un cours;
- a triché à un contrôle ;
- trouve le programme trop difficile.


Proposition n°2 : Description d'un lieu 

Deux descriptions subjectives d'un même lieu à partir d'une photo:
- 1er texte: description très positive extraite par exemple d'une brochure touristique, allant du plus large au plus précis (région, bâtiment, chambre à louer...).
- 2e texte: description négative du même lieu, par le client qui a loué la chambre ou la maison. 


Proposition n°3 : À partir d’une première phrase 

Chacun commence son texte par la phrase: « En plein mois d’août, un beau jour, il advint qu’un homme s’évanouit sans laisser de traces. »
(Il s'agit de l'incipit de La Femme des sables de Kôbô Abé)

Quelques textes du 3e atelier


Le mot d'excuse 

Madame Dubreuille, 
je vous prie d’excuser mon Matthieu pour la dernière semaine de février, notre budget étant serré nous avons préféré économiser sur le chalet.

Monsieur le président de la ligue, je m’insurge ! Mon fils a été disqualifié pour avoir mordu l’oreille de son adversaire. Mais enfin, c’est gagner qui compte ! Espérant votre sportive coopération.

Madame la directrice, 
ma fille sur décision de ses professeurs est invitée à redoubler sa seconde. Je me permet de contester cette décision, le programme est beaucoup trop dur, il me rappelle celui de ma terminale. Aussi je pense qu’elle peut aisément passer l’an prochain en première de son choix. 
Loïc 

Monsieur,
Veuillez excuser mon fils pour son absence hier à votre cours de maths. Il avait oublié son lire et son cahier chez sa grand-mère ce week-end, et il n'a pas osé venir sans ses affaires. Nous sommes très polis dans la famille. En comptant sur votre compréhension, je vous prie d'agréer mes salutations distinguées.

Madame,
Vous dîtes que ma Julie a triché à son contrôle de français. Or, qui vous dit que c'est elle qui a copié? C'et peut-être sa voisine. En toute justice, vous devriez lui laisser le bénéfice du doute. Je compte sur vous pour être un Salomon.

Madame,
Mon petit Lucien a pleuré hier en me montrant le 5/20 qu'i a eu en biologie. Quand j'ai lu les questions que vous avez posées en contrôle, j'ai été outrée. Comment voulez-vous qu'ils retiennent tout ça, avec tout ce qu'ils ont déjà dans la tête, en pleine adolescence? Les pauvres enfants ont déjà bien assez à faire avec leurs hormones. Ne pourriez-vous pas les laisser respirer un peu?
Vanessa

À partir d’une photo: deux descriptions subjectives 

1/ advertising 

« L’hôtel du Dôme » 

A quatre heures de Paris, dans un village paisible de la côte atlantique, venez vous ressourcer du bruit des flots. 

Toutes les chambres de notre hôtel donnent sur l’océan et sont équipées de bains à remous et d’air conditionné. Aux sous sol se trouve notre salle de remise en forme où Michael, notre coach, vous préparera un training spécialement adapté. 

Vous gouterez au bonheur de notre petit déjeuner continental servit les pieds dans le sable sur l’extension de notre terrasse. Vous adorerez le charme romantique des soirées paisibles au clair de lune de nos restaurants sur quai. Prolongé par une nuit torride au « twist turning » où se déroule des soirées inoubliables, fameuse dans la contrée. 

N’attendez plus, venez vite vous ressourcer dans la quiétude d’Ipalon les galets, un havre de paix que vous n’oublierez jamais. 

2/ après expérience 


À la rédaction en chef du Figaro, Paris le 21/11/12. 

Messieurs, 

Je vous écris suite à la parution dans votre hebdomadaire du 15/07 dernier, concernant la promotion de l’hôtel du Dôme situé à Ipalon les galets. 
Je suis d’habitude très satisfait de votre choix d’annonce et reviens à chaque fois enchanté de mes séjours prodiguant leurs bienfaits escomptés. Mais l’hôtel du Dôme à Ipalon les galets je n’y remettrai plus les pieds ! 
De toute façon, il ne m’y sera plus possible puisqu’il va être détruit. Le saviez-vous ça messieurs ? 
À la grue et la pelle grappin que nous étions réveillés tous les matins ! Sans compter les secousses dues aux vibrations induites par les destructions mitoyennes… 

Le petit déjeuner les pieds dans le sable : oui. Mais entourés des supporters de foot de l’équipe locale, croquant des croissants sablés par les ricochets de sable de joueurs incompétents et les rixes des manants nous entourant. 

Michael est bien gentil et se plie en quatre pour nous faire oublier le plâtre qui coule du plafond à chaque coup de démolition sous une musique à tue tête.

Pour clore le tout, en rebondissant sur la musique, parlons du fameux et départementalement renommé torride « twist turning ». Parler vous anglais messieurs ?... Parce que le twist turning porte bien son nom… Twist, turning, répétez tout haut s’il vous plait. Nous y avons croisé Michael d’ailleurs dans une tentative infructueuse d'échange de nos épouses, notez que sur ce point c’est la sienne qui a refusé. 

Pour votre gouverne Ipalon les galets va être rasé et cela messieurs ne peut être que du meilleur effet pour un plus beau littoral français. 
Loïc

À partir d’une première phrase

En plein mois d’août, un beau jour, il advint qu’un homme s’évanouit sans laisser de traces. Les hommes sont coutumiers de ces disparitions.

Au début ils sont là.
On les croque et on les craque,
On les rit et on les pleure,
On les marie, on les divorce,
On leur plie leurs chemises, on déchire leurs lettres,
On partage une bouteille, on la jette contre un mur,
On les écoute, on les console, on les agace, on les énerve,
On se met en ménage, le ménage n'est pas fait,
On les harcèle, on les menace, on les oublie,
On les amuse, on les éblouit, on leur fait pitié, On les aime, on les méprise, on les déteste.

Au début, ils sont là, les hommes, et eux aussi
Ils nous croquent et nous craquent,
Ils nous rient et nous pleurent,
Ils nous marient et nous divorcent,
Ils nous plient une chemise, ils déchirent nos lettres,
Ils partagent une bouteille et la jettent contre un mur,
Ils nous écoutent, nous consolent, nous agacent, nous énervent,
Ils se mettent en ménage, le ménage n'est pas fait,
Ils nous harcèlent, nous menacent, nous oublient,
Ils nous amusent, nous éblouissent, nous font pitié,
Ils nous aiment, nous méprisent, nous détestent.
Et puis, lassés, ils disparaissent.

Et c'est ainsi qu'en plein mois d'août, un beau jour, il advint qu'un homme s'évanouit sans laisser de traces.
Vanessa


En plein mois d’août, un beau jour, il advint qu’un homme s’évanouit sans laisser de trace. 

Une odeur oui, de trace point. C’est une trace olfactive précisa l’inspecteur Rissey fraichement débarqué dans la contrée en remplacement de Jack Riton, maintenant paisible retraité mais n’ayant pu s’empêcher de suivre et apporter ses lumières à la résolution de cette affaire. 

Pas de trace de cet homme pressé, mais qui était-il ? Un homme de la ville, ajouta l’employée de l’hôtel, un homme d’affaire qui passait toujours quelques jours d’été dans ce coin reculé. Il y avait de la famille jadis, on dit qu’il y serait né, mais il ne reste personne de vivant pour l’affirmer. Un fort bel homme enchérit la mégère, pas une ressemblance avec nos ivrognes de chez nous. Un gentleman au physique élégant. Tous les matins il courrait, ne buvait que très peu et entre un flirt ou deux lisait face à la mer oscillant dans son rock-in-chair. 

Pas de trace, pas de trace, l’affaire de l’inspecteur Rissey s’enlisait. De plus cet homme devait être réputé en ville. Il aurait bientôt la presse nationale sur le dos et cela il préférait l’éviter. Déjà que le quotidien local l’avait bien embarrassé avec son titre à succès « la mise à l’épreuve de Rissey » en insistant bien sur le vide du dossier et ressortant noir sur blanc les seules paroles qu’il s’était autorisé « En plein mois d’août, un beau jour, il advint qu’un homme s’évanouit sans laisser de trace ». 

Pas de trace, pas de trace se répétait-il en humant son café… il me faut des traces et plus que des traces olfactives d’âcres fumées ! 

« Récapitulons : 
- il ne boit pas 
- est maigre et courtois 
- court tous les matins 
- et il n’a pas de chien ! 

Pas de chien ? 
Oui, il n’en a pas. 
Non.
Oui mais pourquoi ?... » 

Cet homme maigre et courtois n’a pas de chien et court tous les matins… il n’a pas de chien, il n’a pas de chien et cours tous les matins… 

Sous la chaleur de l’été, l’odeur âcre du brûlé se répand par dessus le café… Rissey se sent paumé… cet homme n’a pas de chien et il advint qu’il disparaît sans laisser de traces un matin d’été… le regard hagard de Jack lui renvoie sa propre image de paumé. 

Puis il songe et à haute voix : «le coup le plus rusé que le diable n’ai jamais réalisé à été de faire croire à tout le monde qu’il n’existait pas. »
« Kaiser Sose, dans Usual Suspects » dit-il en souriant à Jack effondré. 
« ou alors le gars s’est enflammé en auto-combustion instantané, il ne boit pas lors d’une course en été… » renchérit-il élargissant son sourire. 

Voilà comment est née la légende de Paradise city, où le diable s’est enflammé sans laisser de trace un jour d ‘été. 
Loïc

Atelier n°2


Proposition n°1 : Petite annonce en cadavre exquis

en quatre étapes:
- auteur (« jeune femme sérieuse », « veuf », « étudiant anglophone »…) ;
- verbe (vend, recherche, offre, échange…) ;
- objet ;
- but de l’annonce (« afin de… », « pour… »).


Proposition n°2 : Évocation d’un personnage

Portrait cubiste : plusieurs évocations d’un même personnage, de quelques lignes chacune, selon plusieurs points de vue :
- d’abord description dans le style objectif d’un narrateur omniscient ;
- puis quatre ou cinq autres points de vue plus subjectifs, par des gens qui connaissent plus ou moins le personnage : conjoint, enfant, parent, prof, élève, gardienne, commerçant, voisin de métro, animal de compagnie…


Proposition n°3 : Dialogue entre deux personnages 

A partir d'un choix de photos de personnages.

Quelques textes du 2e atelier


Petite annonce en cadavre exquis 

Jeune homme célibataire vend vélocipède sans selle ni roue avec cadre rouillé d'origine pour déco hall d'entrée Hallween. 

Lilly notre hamster achète cours de chinoir en vue de pacifier les relations de voisinage. 

Jeune femme sérieuse recherche désespérément vieux balai afin de s'épanouir à la campagne. 

Troupe de danseurs amateurs souhaite rencontrer son hamster, Hector, compagnon fidèle, pour ballade en raquettes. 

Schizophrène espérantiste recherche un nouveau foyer et plus si affinités. 

Jeune femme élégante vend bel homme cultivé afin d'apprendre à plonger en apnée. 


Évocation d’un personnage 

Mademoiselle Hubert est une femme d'âge mûr, grande, mince, élégamment vêtue, qui vit seule au 35 avenue de la Grande Armée. Elle travaille à mi-temps à la bibliothèque municipale. Le soir, elle va souvent boire un verre au bar-tabac Le Bienvenue, où elle joue au 421 avec les habitués. 

Elle a une drôle de tête, cette Madame Hubert. Un visage carré, un regard dur, un gros cou; on dirait un travelo.Peut-être qu'elle était un homme, dans le passé; et si ça se trouve, Hubert, c'était son prénom avant l'opération. Ca expliquerait bien des choses. Mon mari lui sourit toujours d'un air crétin quand on la croise dans l'escalier. Il la trouve très classe. Ah, les hommes... 

J'aime bien lire des bandes dessinées à la bibliothèque. Le mardi et le jeudi il y a la grande femme blonde avec les yeux bleus, celle qui ressemble à ma mère en plus vieille. Elle me donne des conseils, elle a même commandé des nouvelles BD de science fiction parce que j'avais fini de lire tout le rayon. Elle est cool. 

Nous, au Bienvenue, on est une petite bande qui se retrouve le soir pour jouer au 421. On est que des hommes, sauf Mademoiselle Hubert; mais elle s'en laisse pas conter. Personne n'a jamais réussi à se faire inviter chez elle; c'est pas faute d'avoir essayé, pourtant. Et elle tient bien l'alcool. Une fois, elle m'a aidé à ramener le Patrick chez lui, quand il tenait plus debout. 

Je n'ai pas eu de chance, dans cet immeuble. Personne ne m'a ouvert la porte, sauf cette femme toute sèche au cinquième; et quand je lui ai demandé si elle avait rencontré Jésus-Christ elle ne m'a pas laissé finir. J'ai l'habitude des rebuffades, bien sûr, ça fait partie de mon sacerdoce. Mais cette femme, je ne sais pas comment elle a fait, elle n'a pas été impolie ni agressive, mais en une minute je me suis retrouvé derrière sa porte close. J'aurais bien aimé la sauver. 

Mademoiselle Hubert, je ne sais pas à quoi elle ressemble physiquement, mais j'ai l'impression de la connaître. Elle m'écrit toutes les semaines. Ca m'aide à tenir le coup. Sans elle, je me serais tué. Elle doit avoir quelque chose dans son passé pour me comprendre aussi bien. Peut-être qu'elle a fait de la taule, elle aussi. 
Vanessa 

*

Objectif : 
Sam, sdf, souriant, aimant parler, les gadgets électroniques et l’ivresse.

Assistante croix rouge : 
Ce Sam ! ha, je l’ai vu hier, sous le pont de Bercy, il cuisait son cassoulet sous le réchaud collectif de sa bande aux canapés ! Il fixait la flamme de son gaz et n’a même pas calculé !

Opticien du coin : 
Sam, je le croisais tous les jours, il passait devant mon bureau pour aller au café… ah ça faut dire qu’à dix heures, il était déjà fait !

Un éboueur : 
Une fois, il m’a interpelé. Qui ? Ben Sam, le sdf du quartier ! Je lui ai offert une cigarette puis il m’a causé, les flics sont sympas il dit mais dans ses congénères certains l’ont tabassés. 

Un policier : 
Sam ?! Le sdf connecté ! Faut dire que rien ne marchait, mais il avait toujours tout plein de gadget électroniques sur lui. Du Talkie au GSM en passant par son canon automatique, avec sa tête d’asiatique, il concurrençait Mongallet dans le quartier !

Un homme pressé : 
Il passait devant le bureau « elle est là » en désignant ma collègue, « toi là » en me pointant du doigt, « moi là » en restant devant la porte vitrée avant de nous saluer respectueusement à la japonaise et de nous lancer son « bonne journée les gars » !

Une gardienne d’immeuble : 
Sam ?! Quand je suis arrivé il y a 5 ans, j’ai tout de suite sympathisé. Gentil, aimable, poli, effacé quand il fallait. Il disait bonjour et c’est nous qui allions vers lui. Il devait être reloger, la mairie lui avait trouvé un toit… Il a dû trop le fêter, il nous a quitté juste avant ça… ah Sam, je vais le regretter !

La cafetière : 
Il passait tous les matins, à l’heure où les gens prennent le café… ah ben il avait une petite ardoise ici mais s’en acquittait… il aimait parier, ah ça il aimait parier… et le tiercé m’a bien remboursé !

La boulangère :
Une fois je l’ai retrouvé au matin devant l’entrée, débraillé et lourd comme un mort, à peine s’il pouvait me regarder… avec un seau d’eau que je l’ai réveillé ! Non mais vous comprenez des gens comme ça je veux bien mais plus loin, ça tue les petits commerces ! Oui, oui celui avec le talkie. Sam vous dites ? ah oui peut-être… un dix pour la baguette.
Loïc




Albert Sanchez était, au dire de ses voisins, un homme sympathique. Petit et rondelet, il déambulait dans la vie tel un bidibule exalté. Ses petits yeux noirs pétillants semblaient à chaque instant découvrir le monde avec une curiosité amusée. Sa chevelure avaient depuis longtemps délaissé son crâne et pourtant Albert Sanchez n'avait pas encore atteint la barrière symbolique des 40 ans ans, du moins, c'est ce que déclarait sa mère à qui voulait bien l'écouter, c'est à dire presque personne. Albert Sanchez avait été marié mais il considérait cette période de sa vie comme une malencontreuse erreur. Son ex-femme était tout à fait d'accord. C'était bien le seul point qui les rassemblait. Albert Sanchez avait un seul regret. Il aurait voulu devenir une star du rock mais la place était déjà prise, du moins c'est ce que son ami Raoul ne cessait de lui répéter. 

Ses voisins : C'est un homme sympathique et sans histoire. C'est tout ce qu'on peut dire. Nous ne voulons pas de problèmes avec sa mère. 

Sa mère : Je sais que toutes les mères disent la même chose mais dans mon cas, c'est particulièrement vrai. Mon fils est extraordinaire. Il a un charme fou. La raison pour laquelle il n'est pas marié, c'est qu'il ne sait pas qui choisir entre toutes ces femmes qui sont folles de lui. Il est craquant, mon petit bout de chou. Pour moi ce sera toujours mon fils. C'est moi qui lui fais sa lessive et qui lui repasse son linge. Je suis sa mère. C'est normal. Et je suis si contente qu'il vive chez moi. Je suis veuve, vous comprenez. C'est important d'avoir une présence à la maison. 

Son ex-femme : J'étais bien jeune et bien stupide. C'est la seule raison qui m'ait poussé à épouser ce nul. Ce n'était certainement pas l'attirance physique. Il est bien gentil mais avec son physique de crapaud, vous imaginez la tête qu'aurait eu notre enfant ! Et puis, moi, franchement, vivre avec sa mère, je ne l'ai pas supporté longtemps. Je suis certaine que le KGB avait des méthodes d'inquisition plus subtiles qu'elle. Albert est tel qu'il apparaît: c'est un gros bébé. Moi, je cherchais un mari, pas un enfant. 

Son ami Raoul : Albert me fait rire. Il n'y en à pas deux comme lui. Sa dégaine est unique... Dieu merci ! J'ai un peu pitié de lui. C'est aussi pour ça que je le fréquente. Toujours sans emploi à 45 ans ! Je pense que c'est dû à son manque de maturité (merci maman !) et au fait qu'il se soit mis en tête de devenir star du rock. Vous imaginez le bibendum Michelin en concert ? Il ne se rend pas compte... C'est mon rôle de lui mettre les yeux en face des trous. Et simplet comme il est, je dois le lui rappeler tous les jours. Je lui dis que Johnny a déjà le poste. Il me croit, cette andouille. Il me fait rire, le pauvre. 

Albert : C'est fou la vie. J'ai un talent dingue (et ça, ma mère me le dit tous les jours) mais je dois rester les bras croisés parce que Johnny Halliday reste à son poste alors qu'il a passé l'âge de la retraite. J'essaie de faire comprendre à Raoul que c'est injuste mais il ne comprend pas. Il n'est pas bien fin, Raoul, mais je l'aime bien. Je l'ai rencontré à un stage au Pôle emploi. Je ne me rappelle plus du stage . Je crois que c'était même lui qui animait la formation. Ah oui, c'était un stage sur l'image de soi. Je n'ai rien compris au stage mais je suis resté ami avec Raoul. Il me fait rire.
Pascal



Dialogue entre deux personnages 


Dialogue entre Inge von Strödel, célèbre actrice et le jeune Mark Spencer-Jones . 
L'occasion : l'anniversaire de l'actrice qui fête ses 80 ans. 

- Miss von Strödel, je suis honoré de faire votre connaissance. Je vous admire beaucoup.
- Oui, mon petit, comment pourrait-il en être autrement ? Je suis une star, après tout. Mais est-ce votre admiration pour moi ou votre intérêt personnel qui vous amène à me faire ce compliment néanmoins parfaitement mérité ? 
- Ne vous méprenez pas sur mes intentions. J'ai certes de l'ambition mais j'ai aussi du savoir-vivre. En l'occurrence, je suis sincère dans mes propos. 
- La sincérité ne vous mènera pas bien loin dans cette industrie impitoyablement hypocrite qu'est le monde merveilleux du cinéma. J'en ai vu défiler des petits mignons qui se voulaient sincères. Ils ne sont pas arrivés bien loin en tant qu'acteurs. En revanche, ils ont tous fait de superbes carrières en politique.
- La politique, ce n'est pas ma tasse de thé. 
- Détrompez-vous jeune homme. La politique, c'est notre tasse de thé quotidienne et il faut savoir la boire avec intelligence, faute de quoi on se noie dedans. 
- J'aime beaucoup vos aphorismes, madame von Strödel. Ils sont profonds. 
- Pas aussi profonds que la tasse de thé dans laquelle vous êtes en train de vous noyer. Mais passons. Quoi qu'il en soit, je tenais à vous dire combien je vous admire. 
- L'admiration, c'est ce qui remplace souvent le désir : on le réserve aux actrices vieillissantes... ou laides. Cela tient plus de l'offense que du compliment. 
- Quel cynisme ! J'imagine que vous ne croyez plus à rien.
- Mais bien au contraire, jeune homme. Plus je vieillis et plus je crois. Je crois que les relations sont toujours intéressées, je crois que la vieillesse suscite toujours une forme de pitié, je crois que le succès attire l'envie et je crois que les jeunes loups comme vous sont toujours prêts à faire croire aux femmes qu'elles sont désirables ou merveilleuses dans le seul but de promouvoir leur propre carrière. Et enfin, je crois qu'il est temps pour vous d'aller parler à d'autres personnes. 
- Avant de partir, je "crois" qu'il est temps pour moi de vous dire qui je suis. Je suis votre petit fils, le fils de votre fille Anna, celle que vous avez délaissée pour promouvoir votre carrière, une carrière qui se termine pathétiquement avec cette fête d'anniversaire où ne sont venus que quelques acteurs dépassés et séniles. Mais je suis sincère. Je vous admire. J'admire votre égoïsme, votre insensibilité, votre volonté de fer. Je vous admire mais je ne vous envie pas ! Bon anniversaire et au revoir, grand-mère ! 
Pascal



    
   
Salut toi ! Tu sais que t’es beau, tu sais que t’es BEAU !... attends, attends pousse le béret en arrière, boutonne le bouton… hé hé beau comme un camion de quinze tonnes ! Bon cache tes dents quand tu souris sinon elle verra qu’elles ont pourries, enlève la bague, t’es célibataire mon gars… on t’as prévenu la Mercier elle aime consommer, alors pour ce contrat si il faut y passer, t’es prêt ! 

Toc toc !

« Entrez. » 
« Bonjour madame Mercier, je… » 
« Oui, oui je sais, installez vous je finis mon entretien avec… mais installez vous. Vous voulez un café ? »
« Je… » 
« Mélanie, deux cafés s’il vous plait. 
Oui Thierry, mon chinois est arrivé… hmm… chais pas, on verra c’est pas gagné… bon écoute je vois ça et je te rappelle, oui moi aussi, oui très fort, oui… hihihi, t’es coquin… je te rejoins à midi, allez. 
Monsieur Wang je suppose ? Je parlais avec votre concurrent pour l’export de denrée, il va falloir vous accrocher… vous voulez ce marché n’est-ce pas monsieur Wuang ? » 
« hmm… bonjour madame Mercier je suis Brice Bonvoisin pour la présentation du buffet de vos convives jeudi en huit… » 
« haaa… » 
« Oui » 
« Je vois » 
« Oui ? » 
« Oui. » 
« Bien » 
« Non en fait » 
« Ha ? » 
« Et oui ! » 
« Le buffet, jeudi, vos invités… » 
« Vaguement… » 
« Le buffet d’orient autant qu’en emporte gros vent, recommandé par Bocuse et les 3 gros » 
« Ah oui j’y suis, en parlant de gros… » 
« C’est que j’aime gouter mes plats… » 
« Ça se voit… vous devriez vous reconvertir à mi-temps… » 
« Madame ma devise est celle de Caradoc : le gras c’est la vie ! » 
« Caradoc ? » 
« Oui, le preux chevalier qui dépose sur la tenture derrière vous gibiers et victuailles aux pieds de sa bien aimée » 
« Gibiers et victuailles ? Sa bien aimée ? Sachez monsieur qu’il s’agit d’une tête que cet homme dépose aux pieds sacrés de son impératrice. La tête de son ex-amant infidèle et écervelé. » 
« C’est à s’y méprendre madame avec notre mythe de Caradoc, l’incarnation de Bacchus dans notre civilisation orientale… La même tenture traits pour traits… je l’aime beaucoup, vous avez beaucoup de goût ! » 
« Oui, vous trouvez ? » 
« Ah oui, si votre esprit s’inspire de telle beauté vous devez sans conteste être la plus majestueuse du palais de l’Elysée » 
« Oui ?... » 
« Oui !... » 
« Mélanie ? Monsieur est retenu, veuillez lui montrer les salles et régler les détails financiers. Monsieur, enchantée… » 
Loïc