Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Jeudi atelier n°7


Proposition n°1 : Acrostiche 


Chacun choisit un nom d'animal et l'écrit verticalement sur une feuille. Chaque majuscule sera le début d'un mot ou prédicat évoquant cet animal. 


Proposition n°2 : Quatrième de couverture d’un livre fictif 

Chaque participant imagine un livre fictif avec son titre, son auteur, son thème... et rédige la quatrième de couverture. 


Proposition n°3 : Critique du livre fictif  


On mélange les textes. Puis chacun rédige la critique d'un des livres fictifs pour un journal ou magazine.


Proposition n°4 : Écrire sans réfléchir 

Une personne lance un mot à haute voix, et on l'inclut dans une première phrase. On fait de même avec un 2e mot, etc. Le texte final doit avoir une cohérence.

Quelques textes du 7e jeudi


Acrostiche 



Lui seul sait profiter de la vie
Élégamment allongé au soleil
Zen avec sang-froid
Altier port de tête
Rigide peau écailleuse
Dinosaure minuscule des temps modernes
Vanessa


Quatrième de couverture d'un livre fictif


Alfred LUTIN, Le Collégien masqué - enquête sur la vie scolaire des pré-adolescents 
2017 ; 413 pages ; éditions "Le monde comme il va" 

Ce livre de recherche, qui se lit comme un roman, est le fruit de quinze ans de travail par Alfred Lutin, grand reporter au Monde Diplomatique et à La Lettre du Chasseur. Pour les besoins de son enquête, il s'est fait passer pour un collégien et a intégré successivement plus de 500 établissements. Son récit commence par la description de ses déguisements et maquillages de plus en plus élaborés, afin de toujours ressembler à un garçon de 14 ans. De collège en collège, il multiplie les expériences drôles ou inquiétantes, tour à tour élève timide, chouchou des professeurs, dur à cuire, meneur de bande, rappeur de cour de récré, souffre-douleur, perturbateur, fumeur de shit, tricheur ou redresseur de torts. Avec lui on redécouvre les affres de l'adolescence et de la vie au collège. Un livre à conseiller à tous, petits et grands. 

"Un livre indispensable pour tous les parents d'élèves" (Télérama) 
"Un bel effort de vulgarisation des concepts" (Le Monde de l'Éducation) 
"Cool" (La Gazette du collège Jacques Prévert de Gif-sur-Yvettes). 

Un mot sur l'auteur : 
Alfred Lutin est le spécialiste en France de l'enquête de terrain par imprégnation. Il s'est déguisé en hippopotame pour explorer la vie dans les zoos, en vieille dame pour vérifier comment on traite les aînés dans le magasins, en chanteur dans le métro, en camionneur, en gigolo, en trapéziste. Le Collégien masqué a été primé au festival "Reporters du Bizarre".

Vanessa



Critique d'un livre imaginaire


Dans la page culture de Belle et Rebelle (hebdomadaire féminin), critique du livre :
Les amours de Cynthia et Gaetan de Gaspard Lapidus, paru aux éditions Plon 

Gaspard Lapidus nous a habitués à des intrigues policières rondement menées, parfois sanglantes, dans lesquelles l'inspecteur Legros se trouve aux prises avec les criminels les plus retords. Dans son dernier opus, il s'essaie pour la première fois au roman d'amour. Le résultat est mitigé. 
Si le couple de héros est sympathique et bien campé, les personnages secondaires manquent d'épaisseur, et l'intrigue de mordant. On retrouve le Gaspard Lapidus qu'on aime à la moitié du livre, quand l'histoire prend un tour mystérieux avec la disparition de la belle-mère et les soupçons qui pèsent sur la jeune épouse. 
Malgré ces réserves, nous vous conseillons de lire jusqu'au bout Les amours de Cynthia et Gaetan, car le retournement final vous fera reconsidérer l'ensemble du récit. 

Marjorie Dutilleul (Vanessa) 


Écrire sans réfléchir


basket ; autobus ; caramel ; chat ; botanique 

Elle enfila ses baskets, sa veste k-way et prépara ses écouteurs. Pour éviter de se fatiguer trop vite elle prit l'autobus pour rejoindre les coureurs du Marathon des Peupliers. Dans la poche de son blouson imperméable, elle avait des caramels au beurre salé, afin d'éviter les coups de pompe. Elle s'étira comme un chat, fit quelques petits foulées sur place, prit de profondes inspirations. Au signal, elle s'élança sur la ligne de départ, au coin du café des sports et de l'institut de botanique. 
Vanessa

Mercredi atelier n°7


Proposition n°1 : Haïku 


Après un rappel des règles de composition, chacun écrit un ou plusieurs haïkus.


Proposition n°2 : Quatrième de couverture d’un livre fictif 


Chaque participant imagine un livre fictif avec son titre, son auteur, son thème... et rédige la quatrième de couverture.


Proposition n°3 : Écrire un texte menant à une phrase de fin imposée 


« Elle prit son manteau, éteignit la lumière et ferma la porte. »

Quelques textes du 7e mercredi


Quatrième de couverture d'un livre fictif 


Tentacules en salle 312B 
J.H. Fords, éditions Chocottes 

Pour sa rentrée, Jenny est un peu anxieuse et pour cause : c’est son 3e lycée de l’année. Cette fois, elle a bien l’intention de s’intégrer à Hill Town pour faire comprendre à ses parents qu’elle en a assez de déménager sans arrêt. Le club de science du lycée lui ouvre ses portes, mais ses manœuvres dangereuses pour se faire accepter de ses nouveaux camarades risque de lui coûter cher. Le secret est bien gardé jusqu’à ce que Tom soit porté disparu, la bande de copains se rend alors compte qu’ils ne pourront pas cacher le contenu de la réserve très longtemps, surtout s’il continue à grandir… 

J.H. Fords est connue pour ses romans d’épouvante. Auteure de L’Ascenseur avait des dents et La bouilloire maudite vendu à plus de 500000 exemplaires et traduite en 18 langues, elle vit et continue à écrire dans sa résidence de la côte californienne 

Elisa 



Edmond DUMIRAIL, Ma Vie dans les limbes 
2017, 347 pages, éditions de l'Au-delà 

"Brouillardeuse, fantomatique, hésitante, à peine esquissée et pourtant bien réelle, telle est ma vie, depuis ce 18 septembre 1827 où je suis mort à l'âge de trois jours." Ainsi commence le récit autobiographique d'Edmond Dumiral, septième d'une fratrie de douze, qui mourut avant d'être baptisé et alla rejoindre dans les limbes deux soeurs, un frère, et une multitude d'autres bébés. 
Dans une langue simple mais non dépourvue de poésie, Edmond nous fait découvrir le monde mal connu des limbes, dans lesquelles il erre depuis deux siècles et demie. Ce témoignage rare est le fruit d'une collaboration entre Edmond, le bébé sans voix, et la célèbre medium Gina Loreleï. 

L'auteur : Gina Loreleï a découvert très tôt ses dons de medium. Elle a exercé en roulotte, par téléphone, par minitel puis sur internet, ainsi que dans l'émission "Néo-réalités sur NRJ 29". Elle est l'auteur de nombreuses autobiographies posthumes, dont Ma Vie de vestale romaine, lauréat du prix "Ecritures mediumniques". 

Vanessa 


Vers une phrase de fin 



Elle se revoyait vingt ans plus tôt accrocher ce portrait de ses enfants sur le mur. Ils ne voulaient pas poser, le plus grand faisait des grimaces exprès et les deux petits n’avaient qu’une envie, c’était de retourner faire de la balançoire. Elle avait dû miser pour les faire asseoir sur le banc derrière la maison, le temps que son mari enclenche le retardateur et vienne les rejoindre en vitesse. Ce portrait de famille elle l’avait accroché fièrement au mur au tout début de sa carrière à l’atelier. Vingt ans passés ici. Il y a encore quelques semaines elle était sûre que ce cadre, elle le décrocherait seulement quand elle partirait en retraite. Quand Sylvain a annoncé à tout le monde qu’ils étaient obligés de fermer l’atelier avant la fin de l’année, elle ne fut pas très surprise. Après tout, depuis quelques mois tout le monde sentait que ça tournait mal. Bizarrement, décrocher ce portrait du mur fut plus dur que tout le reste. Elle essuya un peu le cadre, autant pour chasser la poussière que pour caresser le visage de ses enfants. Une fois bien emballé, elle le rangea dans son carton. Jetant un dernière regard à son bureau, elle prit son manteau, éteignit la lumière et ferma la porte. 

Elisa 


C'en était trop. Une mère qui la rabaissant depuis l'enfance, un père sans consistance, un mari volage, une belle-mère agressive, des enfants gavés de télé et de jeux vidéo... Elle en avait ras la casquette. Plein les bottes. Ras le cul. Ça n'était plus tenable. Elle leur promit un bon dîner, les réunit tous autour de la table du salon - pour faire bonne mesure, elle invita également la maîtresse de son mari - et leur sertit un poulet au curry agrémenté d'arsenic. L'un après l'autre, ils tombèrent la tête dans leur assiette. Olivia alla chercher sous le lit sa valise qu'elle avait préparée à l'avance, imprima son billet d'avion et le glissa dans son sac à main. Sans un regard pour ses convives, elle prit son manteau, éteignit la lumière et ferma la porte. 

Vanessa