Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°7


Proposition n°1 : Composer un centon


Forme poétique consistant à prélever des vers dans divers poèmes et à les mixer pour constituer un nouvel ensemble.
⇨ Des recueils de poèmes sont à disposition sur la table ;
⇨ Chacun constitue un nouveau poème d’une dizaine de vers.

Proposition n°2 : Écrire un poème en vers


- On prépare des bouts rimés dans lesquels on pourra piocher ou non.
- Chacun choisit le mètre, la forme et le thème de son poème.

Proposition n°3 Écrire un texte poétique en prose


Amorces possibles :
- À la belle étoile
- Nuit de pleine lune

Quelques textes du 7e lundi


Centons


Elle passa la nuit sainte dans des latrines
Les disciples dormaient au pied de la colline
Je vous connais, couleur des arbres et des villes
Cela grouille, reluit, vole, rampe et sautille
Patrice
(Arthur Rimbaud, Alfred de Vigny, Paul Eluard, Théophile Gautier)

Une seule vertu, tant soit parfaite et belle
La vieille empreinte y reste auprès de la nouvelle
Tels que l’on vit jadis les enfants de la terre 
Rayonnent à travers les cils de sa paupière
Patrice
(Pierre de Ronsard, Victor Hugo, Joachim Du Bellay, Paul Verlaine) 

Quand je me téléphone un autre me répond
Soupir d'harmonica qui pourrait délirer
Précédé des tambours et suivi des clairons
Des fleurs maladives la phalène envolée.
Agréments naturels éléments en musique
Que jettent à tout vent les ondes téléfiques.

Vanessa
(Claude Roy, Arthur Rimbaud, Victor Hugo, Valérie Rouzeau, Paul Eluard, Raymond Queneau)


Poèmes en vers


Il partit un matin poussé par une haine 
Que seuls ses ennemis pouvaient comprendre à peine. 
Il courut sans rêver, hargneux, déterminé 
À punir ces mutins qui l’avaient détrôné. 
Après une heure de course il accepta une pause, 
Convaincu qu’en buvant il verrait mieux les choses. 
Il entra au café, se fit servir une bière 
Et s’assit à une table un p’tit peu en arrière 
Tous ses sens en éveil il vit et écouta 
Les mouvements et les mots que chacun prononça 
Ainsi il put comprendre qu’une bande de gueux 
Avait fait irruption dans une salle de jeux 
Attenante au café où il se reposait. 
Comment les estourbir cela il le savait 
Patrice

Texte poétique

À la belle étoile


Tout dort. Seule éveillée elle marche à pas doux vers le lac silencieux. Pas un bruit dans les montagnes endormies. Elle s’assoit sous la voûte étoilée d'été. La surface sombre du lac est calme comme au premier jour du monde. Au-dessus d'elle, ce n'est plus le ciel, c'est le cosmos tout entier, noir, traversé de myriades d'étoiles intenses. Infini. Elle s'y fond. L'éternité de l'instant la baigne d'une paix indicible, d'une joie inconnue.

Muriel

Cette nuit-là, dans sa demeure, au milieu du passage du Bateau Ivre, il eut envie, brusquement, de se lever et d’aller respirer dans le grand parc sauvage, en contrebas. Il se vêtit légèrement, en silence, désireux de ne pas troubler le sommeil de C.
Il descendit d’un pas alerte, ouvrit la porte et se dirigea vers le parc qu’il atteignit en deux minutes.
Tout était calme, presque toutes les lumières environnantes étant éteintes, il put voir dans le ciel une infinité d’étoiles. L’air était d’une grande douceur. Il s’assit sur un banc et partit dans une rêverie éveillée.
Ce n’est qu’après quelques minutes qu’il perçut un mouvement silencieux mais répétitif et n’en comprit la cause que lorsqu’il décela la course de plusieurs petits lapins que sa présence, même discrète avait dérangés.
Fasciné par la beauté de cette sorte de ronde, il vécut ce moment magique, un grand sourire aux lèvres et ressentit une joie profonde. Il était heureux.

Patrice

Quelques textes du 7e mercredi


Poèmes en vers


Au troquet du boulevard Saint-Martin je l'attends
Sur un tabouret rouge assis, nonchalamment
Songeant pour un instant que peut-être demain
Je pourrais m'attarder à l'ombre des jardins
Me sentant tout puissant comme chevauchant Pégase
Mes pupilles embuées et mon âme en extase
Mais un message arrive et mes rêves tombent à l'eau
Quand j'apprends que Christian ne vend plus son vélo

Élisa