Centons
Elle passa la nuit sainte dans des latrines
Les disciples dormaient au pied de la colline
Je vous connais, couleur des arbres et des villes
Cela grouille, reluit, vole, rampe et sautille
Patrice
(Arthur Rimbaud, Alfred de Vigny, Paul Eluard, Théophile Gautier)
Une seule vertu, tant soit parfaite et belle
La vieille empreinte y reste auprès de la nouvelle
Tels que l’on vit jadis les enfants de la terre
Rayonnent à travers les cils de sa paupière
Patrice
(Pierre de Ronsard, Victor Hugo, Joachim Du Bellay, Paul Verlaine)
Quand je me téléphone un autre me répond
Soupir d'harmonica qui pourrait délirer
Précédé des tambours et suivi des clairons
Des fleurs maladives la phalène envolée.
Agréments naturels éléments en musique
Que jettent à tout vent les ondes téléfiques.
Vanessa
(Claude Roy, Arthur Rimbaud, Victor Hugo, Valérie Rouzeau, Paul Eluard, Raymond Queneau)
Poèmes en vers
Il partit un matin poussé par une haine
Que seuls ses ennemis pouvaient comprendre à peine.
Il courut sans rêver, hargneux, déterminé
À punir ces mutins qui l’avaient détrôné.
Après une heure de course il accepta une pause,
Convaincu qu’en buvant il verrait mieux les choses.
Il entra au café, se fit servir une bière
Et s’assit à une table un p’tit peu en arrière
Tous ses sens en éveil il vit et écouta
Les mouvements et les mots que chacun prononça
Ainsi il put comprendre qu’une bande de gueux
Avait fait irruption dans une salle de jeux
Attenante au café où il se reposait.
Comment les estourbir cela il le savait
Patrice
Texte poétique
À la belle étoile
Tout dort.
Seule éveillée elle marche à pas doux vers le lac silencieux. Pas un bruit dans les montagnes endormies.
Elle s’assoit sous la voûte étoilée d'été. La surface sombre du lac est calme comme au premier jour du monde. Au-dessus d'elle, ce n'est plus le ciel, c'est le cosmos tout entier, noir, traversé de myriades d'étoiles intenses.
Infini. Elle s'y fond. L'éternité de l'instant la baigne d'une paix indicible, d'une joie inconnue.
Muriel
Cette nuit-là, dans sa demeure, au milieu du passage du Bateau Ivre, il eut envie, brusquement, de se lever et d’aller respirer dans le grand parc sauvage, en contrebas. Il se vêtit légèrement, en silence, désireux de ne pas troubler le sommeil de C.
Il descendit d’un pas alerte, ouvrit la porte et se dirigea vers le parc qu’il atteignit en deux minutes.
Tout était calme, presque toutes les lumières environnantes étant éteintes, il put voir dans le ciel une infinité d’étoiles. L’air était d’une grande douceur. Il s’assit sur un banc et partit dans une rêverie éveillée.
Ce n’est qu’après quelques minutes qu’il perçut un mouvement silencieux mais répétitif et n’en comprit la cause que lorsqu’il décela la course de plusieurs petits lapins que sa présence, même discrète avait dérangés.
Fasciné par la beauté de cette sorte de ronde, il vécut ce moment magique, un grand sourire aux lèvres et ressentit une joie profonde. Il était heureux.
Patrice