Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Mercredi atelier n°4


Proposition n°1: Liste, inventaire : 


Cadeaux de Noël
- que j’ai aimés ;
- que je n’ai pas aimés ;
- que j’aimerais recevoir ;
- que je n’aimerais pas recevoir…

Proposition n°2 : Un discours pour convaincre 


1er texte : Chacun choisit un sujet et développe une position tranchée (pour ou contre).

2e texte : À partir du tete d'un autre participant, écrire le point de vue inverse.


Proposition n°3 : À partir d’une photo.


Mercredi atelier n°3


Proposition n°1 : Cadavre exquis 


- Chacun écrit une phrase, la cache et recopie le dernier mot qui reste visible.
- 2e tour : à partir de ce mot on poursuit le texte et on recopie le dernier mot pour le suivant.
- Etc.

Proposition n°2 : Écriture objective, écriture subjective


À partir d’une photo de lieu, écrire trois textes courts (1§ chacun) :

- description objective ;
- 1e description subjective : point de vue positif ;
- 2e description subjective : point de vue négatif.

Proposition n°3 : Aboutir à une phrase finale imposée


« Depuis, je ne suis plus tout à fait le/la même. »

Quelques textes du 3e atelier


Cadavre exquis semi-caché


J'ai toujours pensé qu'il fallait se méfier des crétins alpins ou pyrénéens, débilous en tous genres, demeurés, bas de plafond, bébés bercés trop près du mur, dont les fils se touchent et qui n'ont pas la lumière à tous les étages. En effet, l'ascenseur est en panne depuis que le gosse du deuxième a arraché les boutons d'or qui parsèment les champs à brouter paisiblement des vaches alanguies. Elles étaient tombées sous son charme auquel il n'était pas insensible, malgré les yeux de travers.

C'était l'automne, sombre et pluvieux, qui lui pesait sur le ciboulot, ciboulot déjà bien vide par temps de grands vents violents, les vagues se hissent et se fracassent sur la jetée. Longtemps il avait rêvé au moment où il se retrouverait seul, au port d'Etel, face à l'océan. Les soirs de pleine lune il était déchaîné. Si bien que les lumières de la jetée se mettaient dangereusement à clignoter, comme les yeux de enfants devant l'arbre de Noël. 

J'ai horreur des framboises. J'étais ravie de les voir pousser cette année car elles sont dans un endroit trop ensoleillé du jardin et elles ont tendance à cramer. C'est quand on a les pieds dans la braise que l'on sait comment ça brûle, comme le feu sous la glace - Ouille ! ouille ! ouille ! J'ai une cloque au bout du doigt, doigt que je me suis coincé dans le pressoir où le raisin accomplira sa première transformation avant son apogée vers un cru inoubliable. 

Ce soir il fait un temps trop doux pour un mois de novembre. Et en plus j'ai oublié mon bonnet ! Avec ce froid ! Il déteste les bonnets, mais depuis qu'il est chauve il n'a plus le choix. Mais le choix, l'a-t-on toujours? Amour toujours, j'ai toujours été poète, amateur de rimes simples et riches en émotions et fort en chocolat ! 

Je suis le pont entre la victime et la justice que le roi Salomon rendait si bien, beau comme un camion, la grâce incarnée. En parlant d'incarné, je mangerais bien une bonne bavette à l'échalote grillée dans la poêle, quel bonheur, les papilles se régalent à l'avance. Merde, plus d'essence. 

Mon coiffeur m'a coupé l'oreille. L'oreille se bouche quand le TGV prend de la vitesse. Ce n'est pas vraiment ma faute, je me suis calée sur le rythme de la musique, on ne peut pas rouler lentement sur du death metal. L'épée jetait des reflets violets et bleus. Elle était joliment ciselée de motifs de dragons chinois. Un chinois qui chinoise, qui vous cherche des poux dans la tête. Tête de noeud ! hurle le cycliste au scooter qui a failli le renverser.


Phrase finale imposée 


J'ai senti en me réveillant un matin que quelque chose me gênait. Je n'étais pas bien dans ma peau, je me sentais à l'étroit ; mon corps n'avait plus sa souplesse habituelle. À dire vrai je ressentais cette gêne depuis plusieurs jours déjà, mais ce matin-là j'ai commencé à craquer. Littéralement. Ma peau se fendillait, je ressentais une étrange compulsion à m'en départir. Je n'avais jamais vécu une expérience aussi bouleversante ; mais instinctivement j'ai su que cela devait se faire. Ma peau a continué à craquer, et soudain mon corps a comme explosé ses limites. Je suis sorti de ma peau, et je me suis senti prendre enfin tout mon espace, car sous ma vieille peau j'avais beaucoup grossi. J'ai laissé derrière moi mon ancienne parure, et j'ai attendu que ma nouvelle peau durcisse avant de ramper vers de nouvelles aventures. 
Je venais de vivre ma première mue. Depuis, je ne suis plus tout à fait le même. 

Vanessa

Mercredi atelier n°2


Proposition n°1 : Inventaire 


Mots que j’aime... Mots que je n’aime pas…


Proposition n°2 : À partir de 4 éléments imposés 


On prépare 4 tas de papiers, parmi lesquels chacun pioche :
- un lieu
- un moment
- un objet
- un personnage
Raconter une scène, un événement, comprenant ces éléments.


Proposition n°3 : À partir d’une première phrase 


« C’est toujours la même chose avec lui/elle. »

Mercredi atelier n°1


Proposition n°1 : Lipogramme 


Définition : un texte dans lequel l’auteur s’impose de ne jamais employer une ou plusieurs lettres.
Exemple : Le roman de Georges Perec La Disparition, entièrement écrit sans la lettre e. 

On écrit quelques phrases sans O ni R.  


Proposition n°2 : Logo-rallye 


Écrire un texte contenant une liste de mots préparée par le groupe.


Proposition n°3 : Échange de lettres 


• Texte 1 : 

Écrire une lettre à un personnage fictif, issu de la littérature, d'un film ou série télévisée, d'une publicité, du folklore...


• Texte 2 : 

À partir du texte d’un autre participant, rédiger la réponse du personnage fictif. Le narrateur peut être lui-même un personnage, pas forcément l’auteur du texte.

Quelques textes du 1er mercredi


Lipogramme 


Sans aucune idée amusante, il puisait sans cesse dans sa tête vide, un semblant de blague salace, un semblant de gag bêta, qu’il contait à ses amis ébahis de si peu de finesse.... 
Pierre 


Logo-rallye 


réunion ; ardoise ; toboggan ; armoire ; loi ; mur ; feuille ; sanglier 

Une réunion est programmée entre les associés au sujet de l’ardoise laissée par le précédent mandataire. Pour éviter un effet toboggan des dettes et d’avoir à dépenser prochainement l’équivalent d’une armoire normande remplie de billets de cinq-cents euros, il faut utiliser les ressources offertes par la dernière loi bancaire afin de construire un mur entre le patrimoine de chaque associé et les dettes de l’entreprise si étanche que même une feuille ne pourrait se glisser entre ses briques, et si solide que même un sanglier qui le percuterait au plus fort de sa course ne pourrait l’ébranler.

Christophe


Afin de continuer à assister aux réunions des anciens du club de bilboquet, il avait du régler son ardoise au patron du troquet, qui menaçait de l’éjecter façon toboggan s’il ne payait pas son dû illico-presto.
Vu le monument, bien obligé, il s’était exécuté devant cette armoire à glace menaçante. Comme disait Michel Audiard : “Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent’’… Telle est la loi… 
José n’était pas un obstiné, toute sa vie il avait su, vu son gabarit, contourner les obstacles et éviter les murs. Mais ceci ne l’empêchait pas de penser, en récupérant sa note, chiffres bien alignés sur la feuille que lui tendait méchamment le primate, que, tout petit, lui aussi aurait bien aimé tomber dans la marmite de potion magique. Il aurait pu, alors, distribuer quelques baffes à loisir et, accessoirement ,se gaver de sangliers aux frais d’un bistrotier. 

Pierre

Échange de lettres 


Cher Clark! 

Je vous écris pour vous dire combien j'aime vos articles dans le journal le "Daily Planet" auquel je suis abonnée depuis si longtemps. Je guette chaque jour l'arrivée du facteur, je me pose tranquillement dans mon fauteuil, avec une bonne tasse de chocolat chaud et je vous lis.

Mais aussi j'ai une demande très spéciale à vous faire, je sais qu'avec votre collègue Loïs vous entretenez des rapports privilégiés avec Superman que tous les habitants de la ville voient passer plusieurs fois par jour au-dessus de leur tête! Je suis âgée maintenant et ma vie bien tranquille fait que je n'aurai sans doute jamais besoin des services de ce grand héros. Mais avant de quitter cette vie, je serais tellement ravie si vous veniez me rendre visite avec lui, oh, pas longtemps bien sûr, je sais que tous les trois vous avez beaucoup de choses tellement plus importantes à faire que de venir tenir compagnie à une vieille dame comme moi, mais juste le temps de prendre un chocolat ou un thé ou un café, et aussi de poser pour une petite photo de nous quatre que je pourrais laisser à mes petits neveux qui sont si loin.

J'espère que ma demande ne vous paraitra pas trop audacieuse, mais je sais aussi que vous avez du cœur et que vous trouverez un peu de temps pour me répondre.

MISS MARPLE (Odile) 

PS: Même si vous ne venez que tous les deux, Loïs et vous, vous serez les bienvenus.

*

Dear Miss Marple,

Je suis très touché par votre lettre pleine de sincérité et si bienveillante. Il est toujours réconfortant pour les journalistes que nous sommes, Loïs et moi, de savoir que des lecteurs prennent plaisir à lire nos articles et partagent avec nous un peu de leur intimité. Cette complicité à distance, c’est au fond notre récompense pour les longues heures de solitude passées à peaufiner nos formules et à polir notre style.
Je suis également très flatté de votre admiration pour Superman. Je lui en ai fait part, comme de votre aimable invitation à boire un thé ou un chocolat dans le confort douillet de votre salon.
Cependant, notre héros ne pourra s’y rendre. Les tâches si nombreuses auxquelles il doit faire face ne lui autorisent malheureusement pas ces instants de relâchement. L’humanité pourrait en souffrir ! Cette servitude est la contrepartie de sa grandeur et je ne doute pas que vous le comprendrez. Néanmoins, parce qu’il a effectivement du cœur, Superman a dédicacé à votre intention une photo de lui que j’aurai le plaisir de vous remettre avec Loïs chez vous autour d’un bon chocolat. Dans l’attente de vous rencontrer,

Sincerely Yours, 
Clark (Christophe)



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Ma chère sorcière bien-aimée,

Demain, je dois organiser une fête pour le mariage de ma fille Angeline. Pfffff, cela va être difficile car ma belle-fille n'a pas assez travaillé pour que la maison soit "clean". Il y a encore pleins de poussière à la cave, au RDC .... ; tu l'auras bien compris, dans toutes les pièces du château !
Son père ne lui dit jamais rien, il faut toujours que je sévisse. Malgré que je l'ai obligée à travailler la nuit, rien n'y fait, elle est lente, bête et frivole à chanter à tue-tête avec les oiseaux du grenier.
Oui, donc, demain nous recevons 150 personnes de la plus haute sphère et même le repas gargantuesque est en train de devenir un repas de lapin où feuilles de salade, carottes, olives et je ne sais quoi d'autres, au fil des heures dans les cuisines.
Tu comprendras que je suis dans le pétrin !
Pourrais-tu venir faire trémousser ton nez, si efficace, pour remettre de l'ordre dans cet infini "bordel".
Avec plein d'espoir, je t'ai fait préparer la chambre bleue, ta préférée !!!!

La belle mère de Cendrillon (Carine)


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Dieu,

J’ai beau aller chaque semaine à la messe, prier assidument tous les jours, tenter de faire le bien autour de moi et j’ai l’impression que rien ne vient en retour.

Je commence à douter de ton existence. Depuis Jésus, plus aucun signe de toi !
Il n’y a qu’à voir l’actualité pour se demander ce que tu branles ?
Pourquoi cette tempête ? Pourquoi ces guerres ? Pourquoi la famine ? Et je ne parle pas des autres religions ! Pourquoi il en existe plusieurs ? Je ne comprends pas. Je suis perdue.

Je t’en prie, fais-moi un signe. J’ai joué au loto pour vendredi. 153 millions à gagner.
Si tu me fais gagner, je te promets de faire le bien autour de moi et de te construire une église !

Amen.
Ophélie WINTER (Laurine)

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Ophélie, ma fille,

Je prends ma plume, c’est très rare comme tu le soulignes. Mea culpa.
En préambule, ne me parle pas de mon Fils, tu as vu comme Il a fini, celui-là !
En revanche, toi, je te regarde d’en haut, chaque dimanche quand tu viens me voir à la messe.
Un vrai plaisir.
J’avoue que j’admire toujours tes décolletés…ça me change de ces vieilles bigotes endimanchées.
Tu vois, je crois que même Eve, je l’ai bien moins réussie que toi à l’époque de la Genèse. Oui, Eve était un brouillon à comparer de tes charmes.
Alors, ne me reproche pas les guerres, ni la famine, ni les tempêtes. Si je ne stoppe pas ces fléaux, c’est que mon regard est trop souvent accaparé par ta personne.
Pendant ce temps, le diable s’en donne à cœur joie. Tu sais ce que c’est, dès que tu as le dos tourné, le Malin en profite !
Quant à la question du loto, je suis au regret de t’informer que je ne vais pas interférer. Non pour te décevoir, mais pour ton bien.
Car ma fille, je connais ta vanité et je sais que tu gaspilleras tes 153 millions d’euros en opérations chirurgicales dispendieuses. Or, tu sais que ce genre d’interventions présente des risques. Parles-en à Emmanuelle Béart pour t’en convaincre.
Je suis conscient qu’avec une telle réponse, tu ne chanteras plus jamais « Dieu m’a donné la foi », ton unique tube.
Le public t’oubliera donc définitivement. Tu ne seras enfin plus qu’à moi quand tu viendras à ma rencontre le dimanche.
Allez, sans rancune.

Dieu (Eric) 

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Monsieur le Comte, 
Ou devrais-je vous appeler Edmond ???... 

Je viens, par la présente, vous exprimer mon plus profond mépris. La fortune vous serait-elle montée à la tête, que, sous prétexte d’une vague trahison, vous vous permettiez de régler vos comptes avec vos anciens amis, allant même jusqu’à convoiter la Mercédès de l’un d’eux. 
Il semblerait que vous soyez devenu quelque peu austère, voir rancunier. Vous faites penser à un homme un tantinet frustré en amour. À votre place, je consulterais. Cela vous permettrait de voir les choses sous un angle différent et, qui sait, peut-être un jour, de remercier ceux qui vous ont permis de faire un si long séjour dans un relais-château en pleine mer. 
Rappelez-vous, Edmond, dans nos longues discussions, je pensais vous avoir enseigné que le pardon est la meilleure des choses sous peine de devenir aussi méprisable que ceux que vous avez condamnés… 

Abbé Faria (Pierre)
*
Cher Abbé Faria 

Permettez-moi de revenir sur vos propos et d’y répondre. En effet, votre lettre m’a profondément désolé… pour vous.
Tout d’abord, vous me dites ressentir à mon égard un mépris dont je ne comprends pas l’origine. 
Si vous me conseillez d’expérimenter le pardon, je peux imaginer que vous en êtes empli, que vous le revendiquez comme une qualité supérieure. 
D’où vient alors ce mépris ? 
Ne devriez-vous pas plutôt me comprendre et m’absoudre ? 
D’autre part, je ne partage pas votre vision des choses. 
Pourquoi serait-il mieux de pardonner que d’exprimer une saine agressivité à l’égard de ceux qui m’ont tant malmené ? 
Je me sens beaucoup mieux à présent, et nettement moins frustré sur un plan sexuel depuis que je partage la couche de celle qui m’avait été volée. 
Je n’apprécie pas votre humour. J’ai appris à explorer mon ressenti sans le banaliser, ni le sous-estimer. Votre bon mot sur le relais château ne me fait pas rire. J’y ai été si malheureux. Seule la haine m’a aidé à tenir. Une belle défense. 
Je vous conseillerai donc à mon tour de consulter. Un stage de développement personnel vous ferait le plus grand bien. Vous auriez l’occasion de vivre dans l’ici et maintenant et d’aller expérimenter d’autres réactions, peut-être plus compatibles avec ce que vous ressentez réellement. 
Croyez-moi, cher Abbé, vous me remercierez. 
Quoiqu’il en soit je vous pardonne. 

Votre comte de Monte Cristo (Ines)

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Cher Client,

Tout d'abord merci pour votre fidélité sans faille et pour la belle confiance que vous accordez à tous nos produits. Je vous félicite pour cette connaissance et cette description si fine et si détaillée que vous en avez et qui récompense largement tous les soins que nous apportons à satisfaire notre clientèle.

Depuis de nombreuses années nous cherchons à aller de l'avant pour répondre aux nouvelles exigences d'une société qui, vous le savez, a besoin d'aller toujours plus loin, plus vite, et demande à la fois de se laisser surprendre et à être accompagné au mieux dans la réussite des projets de chacun.

Quant à votre demande sur l'arrêt de la fabrication des I phones jaunes, elle est légitime et doit être examinée avec tout le soin nécessaire.

C'est pourquoi je transmets votre requête à mon équipe d'ingénieurs qui séjourne en ce moment dans un stage de développement personnel au Népal. Dès leur retour je suis sûr qu'ils auront à cœur de mettre cette question des I phones jaunes à l'ordre du jour dès que leur programme très chargé le leur permettra.
Avec toute ma reconnaissance pour votre fidélité et la pertinence de vos remarques.

Tim Cook (Odile)  
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Dieu,
Je sais bien que tu n’existes pas. Je ne me fais aucune illusion.
Ce n’est même pas l’histoire du pari de Pascal, au cas où…non !
C’est comme une catharsis.
Ça va peut-être me faire du bien de l’écrire.
Quand je pense à toutes ces horreurs commises en ton nom, je rage, j’enrage.
Il parait que c’est profondément humain, la foi.
Nous aurions tous, tapi au fond du cerveau, une zone du mysticisme qui nous pousserait à croire.
Les contraintes existentielles (angoisse de la mort, absurdité de la vie, liberté difficile à gérer, engendrant lourde responsabilité) font le reste.
Le problème c’est que cette zone n’a pas été activée lors de ma conception. Et j’en viens à le regretter.
Si j’ai grandi à une époque ou il était de bon ton de se moquer gentiment de toi et de tes fidèles, tu es beaucoup mieux protégé aujourd’hui.
Je commence à avoir peur de donner mon avis sur toi de peur de déclencher des réactions hostiles. Tu prends trop de place.
Et j’ai beau comprendre les mécanismes qui expliquent ton invention, je souffre de voir tant de personnes agir en ton nom.
J’ai relu dernièrement le pamphlet de Bertrand Russel à ton propos.
J’ai passé un bon moment. Je suis d’accord avec lui :
Si tu existais vraiment, tu devrais avoir le cran de démissionner, de t’effacer, de disparaitre.
Je ne te remercie pas.
Je ne suis pas cordiale.

Ines 
*
Chère Inès,  

Merci pour ta franchise ! Elle me blesse malgré tout ! Et oui ! tu viens frotter tes lignes sur mon coeur déjà en sang !!! 
Est-ce une question de période ? Cela fait longtemps que je me pose la question !!! Est-ce que cette belle création qu'est la vie, a connu une erreur d'aiguillage sur les cellules dites "neurones" !! 
Je ne sais toujours point !!! J'ai essayé de me montrer à vous tous, sous différentes formes mais, à chaque fois, j'ai été l'objet du rejet ! 
Et pourtant, les fidèles parlent en mon nom, ils savent tout ou rien, peu importe, du moment que cela leur serve !! 
Ne regrette pas, ma chère Inès, de ne pas avoir la zone de la croyance en Dieu activée car le principal est que tu crois en toi : cela est ma plus grande joie !!! 
Et c'est pour cela, malgré mes grands moments de désespoir face à la violence faite en mon nom sans ma permission, que je ne démissionnerai pas, car oui, chaque moment où tu crois en toi est une bataille de paix et d'amour gagnée qui envahit tous les êtres à l'infini. 

A bientôt,

Dieu infiniment petit (Carine)


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Jeanne de "Jeanne et Serge" répond à une lettre de fan

Ma Chère Caroline,

Je ne pense pas avoir des idées rétrogrades et en ce qui concerne le mariage, cette institution me semblant tellement désuète, je puis t’affirmer que je ne suis ni pour ni contre celui que l’on dit ‘’Pour Tous’’… J’ajouterais même, que je m’en fous et contrefous. Chacun fait ce qu’il veut avec sa vie et, quel que soit son orientation, a le droit de se rassurer comme il peut… 
Cela dit, si j’avais eu un peu plus de respect pour nos institutions, j’aurais quand même dit non à ta gentille proposition et ceci pour deux autres raisons. La première, c’est que je vis aujourd’hui avec Georges, un libertaire qui me rend parfaitement heureuse. La seconde, c’est que je pense qu’il faut être doté d’un certain courage pour vivre avec une personne aussi fantasque que Toi. 
Vraiment désolée. Avec tous mes regrets. 
Tendrement 

Jeanne (Pierre)

Lundi atelier n°1


Proposition n°1 : Lipogramme 


Définition : un texte dans lequel l’auteur s’impose de ne jamais employer une ou plusieurs lettres.
Exemple : Le roman de Georges Perec La Disparition, entièrement écrit sans la lettre e. 

On écrit quelques phrases sans O ni R. 

Proposition n°2 : Échange de lettres


• Texte 1 : 
Écrire une lettre à un personnage fictif, issu de la littérature, d'un film ou série télévisée, d'une publicité, du folklore... 

• Texte 2 : 
À partir du texte d’un autre participant, rédiger la réponse du personnage fictif. Le narrateur peut être lui-même un personnage, pas forcément l’auteur du texte. 


Proposition n°3 : À partir d'une photo 


Proposition n°4 : Logo-rallye 


Écrire un texte contenant une liste de mots préparée par le groupe.

Quelques textes du 1er lundi


Lipogramme sans R ni O 


Une ellipse, s’agit-il de cela ? Je ne sais… N’essayez pas, cela est quasiment inenvisageable. Là-dessus, le mieux est l’ennemi du bien.
Patrice 


Échange de lettres 


Bonjour, Toi la Petite Fille Modèle dont j’ai lu l’histoire dans ma petite enfance ! 

Sais-tu que, quand j’y repense, cela serait complètement impossible à envisager de nos jours ? Un garçon de 10 ans qui lit un livre de la Comtesse de Ségur et qui plus est, sur une fille sage ? 
Et pourtant, n’est ce pas cela la vraie beauté des choses de ne pas cantonner les garçons à Star Wars et les filles à Barbie ? 
Bien sûr, il y eut le Club des Cinq, les illustrés sur la guerre comme Battler Britton etc… mais la vraie vie n’est-elle pas faite de mélanges et d’harmonie ? Et n’est ce pas ainsi qu’on apprend à connaitre l’autre, à respecter son prochain (presque) comme soi-même et à vivre le mieux possible en société ? 
À vrai dire, je ne ressens aucun doute sur cette question et je me prends à rêver d’un monde où l’amour, l’art, la poésie, la musique seraient nos motivations premières. 

Olivier (Patrice) 

*

Cher Olivier,

Cher ami de coeur dont je découvre l'existence après un siècle et demi passé en compagnie exclusivement féminine... 

Quel plaisir de rencontrer un garçon sensible et pur, capable de comprendre la délicatesse de mon âme ! J'ai été élevée avec des principes tellement stricts que je pensais ne jamais avoir une vraie conversation avec un garçon, excepté le petit Paul, mai sil n'est pas très drôle, et de plus il est toujours avec sa cousine Sophie. Ces deux-là vont finir ensemble, c'est écrit d'avance. Les autres garçons ne semblent pas apprécier ma compagnie ni celle de ma soeur ; ils nous trouvent trop sentencieuses et ennuyeuses ! Ce qui est la définition même d'une petite fille modèle ; je ne peux pas aller contre ma nature. 

Vous parlez de notions qui me sont inconnues, comme Barbie et un certain Club des Cinq (j'espère qu'il ne s'agit pas de franc-maçonnerie, Dieu nous en préservé !), et vous employez des mot anglais qui, je l'avoue, m'inquiètent un peu. N'oubliez pas, quelle que soit la guerre à mener, que l'Anglais est notre ennemi héréditaire et qu'il est de votre devoir de servir votre Roi, jusqu'au sacrifice suprême s'il le faut. Mais je m'égare. Vous me paraissez être un honnête garçon, à l'âme pure et droite. Vous n'avez pas besoin de mes conseils, mais de mon amitié que je vous donne bien volontiers. 

Si vous le voulez, prenons ensemble le temps d'adresser un prière en l'honneur de notre sainte patronne la Comtesse de Ségur. 

Avec toute mon amitié, 

Madeleine, Petite Fille Modèle (Vanessa) 

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Réponse du Comte de Monte Cristo à André 

Mon bien cher André,

Sache tout d’abord que je viens juste de recevoir ta lettre alors que, d’après la date, tu l’as écrite il y a 3 mois déjà. 
Je te remercie infiniment pour tes pensées. 
Pour te répondre, dire que je ne m’ennuie pas serait tout de même exagéré. Disons que la solitude forcée m’a poussé à regarder à l’intérieur de moi-même afin d’y rechercher un sens à la vie et aussi et surtout un espoir de m’extirper de ce trou noir. 
De plus, heureusement, j’ai pu trouver une solution dont je te parlerai quand nous nous retrouverons enfin. 
Pour ce qui est de la vue, non, je dois le reconnaitre, je n’ai aucune vue vers l’extérieur, cloitré que je suis dans cette satanée cellule sans fenêtre. 
Une bibliothèque ? Mais tu plaisantes, mon Dédé! Rien du tout ! Et comment lirais-je ? Il fait noir dans ce trou. 
Comme je le mentionnais un peu plus haut, j’ai beaucoup à lire et à déchiffrer dans mes pensées sur moi-même. Et puis, disons le tout net, certains projets m’animent et gonflent ma motivation mais je ne puis t’en parler aujourd’hui. Tout ce que je peux en dire, c’est qu’il y a du boulot… 
Je suis tellement heureux de lire que tu es devenu papa et le prénom que vous avez choisi est si beau !
Embrasse-la ainsi que sa maman que, malheureusement je ne connais pas, mais qui sait….. ? 

MC (Patrice) 

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Paris, jardin du Luxembourg, 
le 18 septembre 2017 

Cher Bonhomme Cetelem, 

Nous ne nous sommes jamais rencontrés, mais vous êtes pour moi une figure familière grâce à vos apparitions régulières sur les panneaux publicitaires de la ville. J'ai toujours été attiré par votre tête ronde et verte et votre sourire espiègle ; pour un peu, je prendrais un "crédit revolving" à 18,12 %, rien que dans l'espoir de vous rencontrer. Mais dans ma famille on ne s'endette pas pour acheter un toit ; on le construit et on le reconstruit, c'est une de nos activités principales au printemps. 

Vous l'aurez compris, je suis un pigeon. Je réside en ce moment au jardin du Luxembourg, face au Sénat ; l'adresse st prestigieuse, mais depuis quelques années nous sommes envahis par des familles de ramiers venus du sud de la France. tous nos arbres sont occupés. Il y a tellement de nids que certains tombent par terre avec les petits dedans, et ça piaille à n'en plus finir. j'aime le calme ; je n'en peux plus de cette situation. 

J'ai donc eu l'idée, en contemplant votre magnifique tête de gazon, de m'y installer, si vous en êtes d'accord. Pour moi ce serait enfin un endroit tranquille où construire mon nid et pondre des oeuf. Pour vous, ce serait l'assurance ("assurance", hi hi, jeu de mots !) d'avoir de la compagnie, et des conversations intéressantes car je sui sun pigeon cultivé et ouvert d'esprit... 

Dans l'espoir que ma proposition vous intéressera, veuillez agréer, cher Bonhomme Cetelem, mes salutations distinguées. 

Cui cui ! 

Pijou le pigeon (Vanessa) 



À partir d'une photo 




Cette image présente de nombreuses facettes presque antinomiques. 
Si on jette un regard rapide, que perçoit-on ? Une jeune femme avec des lunettes de soleil, tenant de la main gauche un tambourin et entourant de la main droite les épaules de son petit garçon chéri.
Ainsi donc, on peut les imaginer sur une plage, dans le sud de l’Espagne. 
La chaleur étant à son comble, elle ne va pas tarder à emmener son petit au bord de l’eau afin qu’ils se trempent tous deux dans la belle eau claire de la Méditerranée. 
L’artiste qui a conçu cette sculpture a donné à cette dame un aspect assez sensuel. Les lunettes sont-elles d’origine ? Son habillement accentue encore l’ambigüité. Il s’agit, semble-t-il d’une vraie robe dont on a habillé la statue. Et le motif visible sur le haut représente des squelettes. 
Qu’a cherché le sculpteur, voire même le photographe ? 
Last but not least, on aurait pu à priori envisager que cette sculpture représente une vierge à l’enfant comme on a pu les voir sur de multiples tableaux ou statues à travers les siècles. 
Cette image, alliant donc la sensualité à la ferveur religieuse du christianisme ne serait-elle pas là pour choquer certains ? Toutes religions confondues ? 
Allez, optons pour cette interprétation très ambigüe, voire même choquante pour de nombreuses personnes.

Patrice 


Logo-rallye 


montagne, chat, bolognaise, pingouin, vague, Champs Elysées, rideau 

Il y a un an, j’étais dans la montagne, plus exactement dans les Alpes de Haute Provence. J’étais chez des amis qui adorent les chats. Ils en possèdent huit. Un jour, pour le déjeuner, il était prévu des spaghettis à la bolognaise. Tout était prêt, nous étions juste en train de finir une partie de pétanque dans la cour ombrée. Soudain, mon ami arrive, les bras le long du corps, comme un vrai pingouin, un chat sur l’épaule et nous annonce, comme ça, sans même paraitre étonné, qu’une vague de 10 mètres avait englouti les Champs Elysées à Paris. D’où cela pouvait-il venir, nul ne le sut jamais, mais des rumeurs persistantes affirment que le phénomène a pris corps à Azay Le Rideau.

Patrice

Mercredi atelier n°10


Proposition n°1 : Tautogramme 


On écrit une ou plusieurs phrases dont tous les mots commencent par la même lettre. 

Proposition n°2 : Écriture subjective - le témoignage 


1er texte 

À partir de la phrase : « j’étais là M’sieur l’agent, j’ai tout vu. » 


2e texte

Chacun pioche un texte et écrit le témoignage d’une deuxième personne.
Texte commençant par « Ça ne s’est pas du tout passé comme ça ; en fait… »

Quelques textes du 10e mercredi


Tautogramme 


Ton tiramisu totalise tous les travers ténébreux et tendancieux des tomates, et tous les trépidants trucs des tulipes tropicales. 


Le témoignage 


Un témoignage

J'étais là, M'sieurs l'agent, j'ai tout vu. Je viens souvent ici, j'aime bien la Poste ; les gens critiquent, mais en fait c'est très bien, on achète des timbres, on retire ses colis, on discute avec les employés. Moi ça m'occupe, je viens presque tous les jours. Et donc j'étais dans le coin des machines, près de la porte ; je comptais mes pièces rouges pour voir si je pouvais m'offrir un carnet de timbres au tarif économique, j'avais fait un tas de pièces de 1 centime, un tas de 2 centimes et un tas de 5 centimes, je suis quelqu'un de très organisé. On me le dit souvent. 
Ah, oui, vous voulez savoir ce qui s'est passé avec la petite vieille (je dis "petite vieille", ce n'est pas méchant, je ne suis plus tout jeune moi-même), eh bien, je vais vous le dire. Oui, je vous le dis, ne vous énervez pas, on n'est pas aux pièces. 
Donc j'étais là, tranquille, il y avait trois clients à part moi, le jeudi matin c'est calme à la Poste. Et alors la petite vieille est entrée, toute petite avec son sac à main genre reine Elizabeth, elle a monté les trois marches clopin-clopant, elle était très vieille, vous comprenez, elle s'est approchée du guichet "banque postale des pros", et elle a sorti un flingue de son sac et elle a dit : "Donne-moi cent euros, pouffiasse !" C'est comme je vous dis. Et là c'est devenu complètement fou. Je ne sais pas ce que la postière lui a répondu, mais la vieille a crié : "Eh bien si c'est comme ça..." et elle a tiré dans tous les sens. J'ai eu la peur de ma vie. 
Voilà ce qui s'est passé, M'sieur l'agent. C'est la petite vieille qui a fait le coup. Elle a même tiré une balle sur la photocopieuse, et c'est dommage, parce que des fois, quand je n'ai pas besoin de timbre, je fais des photocopies... 

Vanessa 

 *** 

Un contre-témoignage


Ça ne s'est pas du tout passé comme ça ; je peux vous le dire parce que j'habite en face du père Bernard, la fenêtre de ma cuisine donne sur son potager. Je n'espionne pas les gens, moi, pas du tout, mais là j'avais lancé la cuisson du boeuf bourguignon, il y en avait pour une heure, il faut bien s'occuper. Donc pour passer le temps je regardais ce qui se passait dehors, à travers les voilages, par discrétion. 
Et là, effectivement, j'ai vu passer les gamins, les petits Berger et Boulains, mais ils n'ont pas pissé, ils ont juste cueilli quelques tomates pour les manger ; je ne dis pas que c'est bien, mais enfin, ce n'est pas la fin du monde. Non, le vrai problème est venu après, quand le Bernard est sorti tout nu en agitant un torchon, pour chasser les gamins de son potager. Je ne suis pas plus coincée qu'une autre, mais enfin, est-ce que c'est un spectacle, je vous le demande ? Il était donc tout nu avec son torchon ; les gamins sont partis en courant, ils riaient mais ils étaient un peu inquiets aussi. Et c'est vrai que le Bernard est de plus en plus bizarre. Ce n'est pas la première fois que je le vois tout nu, et franchement, je ne cherche pas du tout à le voir, mais que voulez-vous, je regarde parfois par la fenêtre. 
Et ce matin, non seulement il est sorti à poil, mais en plus, quand il a vu qu'il ne rattraperait pas les enfants, il a pris son... enfin sa... enfin, bref, il a arrosé ses tomates sans arrosoir ! Voilà ce qui s'est vraiment passé.

Vanessa

Mercredi atelier n°9


Proposition n°1 : Inventaire de vos sens 


Je voudrais goûter…
Je voudrais entendre…
Je voudrais toucher…
Je voudrais voir…
Je voudrais sentir…


Proposition n°2 : Bouts rimés 


Chacun crée un ou plusieurs groupes de deux mots qui riment entre eux. On les mélange et on les tire au sort pour déterminer l'ordre, puis on écrit un poème avec ces rimes imposées.


Proposition n°3 : À partir de reproductions d’œuvres d’art

Quelques textes du 9e mercredi


Inventaire de mes sens 


Je voudrais goûter un cadavre exquis, car si on dit que c’est exquis, c’est que ça doit être bon. 
Je voudrais entendre le coq chanter tous les matins sous mes fenêtres. 
Je voudrais voir décoller une fusée emportant Marine Le Pen, Donald Trump et Kim Jong-un* très loin dans l’espace. 
Je voudrais toucher la fourrure d’un koala. 
Je voudrais sentir bon, tout le temps, en toutes circonstances, notamment dans le bus par forte chaleur… 

* liste non exhaustive… 

Hélène 


Bouts rimés 


lunette/paupiette, polisson/bon, fumeur/chômeur, chanter/gouter, échelle/poubelle, chant/méchant, fleur/effleure, panthère/frère, renoncule/pellicule, bateau/gâteau, oiseau/roseau, pelage/orage.


Ajustant sur mon nez mes lunettes 
J'ai parcouru le menu et choisi des paupiettes. 
Je connaissais le cuistot, c'était un rigolo, un polisson, 
Mais tout ce qu'il cuisinait était très bon. 
Il interdisait son restaurant aux fumeurs. 
Bourru, intransigeant, il voulait un respect absolu de son travail, mais il était généreux envers les chômeurs, 
Il leur faisait un petit prix, en échange il leur demandait de chanter 
En coeur à la fin du repas, et de goûter 
Ses nouvelles créations, comme le gâteau en forme d'échelle, 
Et tout ce qui n'était pas parfait passait à la poubelle. 
Moi-même un peu chômeur, après avoir mangé j'ai entonné un chant. 
Ça m'a demandé un effort, mais ce n'était pas bien méchant. 
J'ai une assez belle voix de ténor, sans vouloir me lancer des fleurs, 
J'aime bien chanter dans un groupe, quand chaque voix effleure 
Celle des autres, comme une panthère 
Qui frôle en passant le pelage de son frère, 
Ou une renoncule 
Qui reçoit le pollen des autres fleurs en fine pellicule... 
Dans ma chorale on est tous dans le même bateau, 
On partage souvent un gâteau, 
On va voir les oiseaux, 
Dans les jardins, on se promène entre les roseaux, 
Et on caresse le pelage 
Des chats qui passent entre les orages. 
Vanessa


Sur la plage, je crus voir des coquillages, 
Hélas, ce n’était que des mirages, 
Contrairement à ce petit lapin, 
Qui s’avança vers moi pour me faire un câlin. 
« Je ne suis pas un ornithorynque ! », 
Me dit-il, « partageons un canon sur le zinc ». 
J’avais plutôt envie de partir en balade, 
Voire de m’essayer à l’escalade. 
« Et pourquoi ne pas déguster des coquillettes ? », 
Proposai-je au lapin assis sur une serviette. 
Il me semblait bien paresseux, 
Et, sans pour autant ressembler à un gueux, 
N’avait pas l’air d’être une lumière. 
« As-tu déjà lu Molière ? », 
Me lança-t-il, et, grignotant du romarin, 
Il m’expliqua qu’il devait aller au théâtre demain. 
J’en avais assez de ce lapin et pensais à ce thé, 
Oui, ce fameux thé qui débarrassait le corps de ses saletés, 
Et je me dis que j’aurais préféré rencontrer un cacatoès, 
Cela m’aurait évité ce pataquès. 
Je l’interrompis en levant un doigt, 
Et lui expliquai que j’étais attendu par le roi. 
« Le roi de la saucisse ? »,
S’exclama-t-il. « Mais non, celui-ci est en coulisse. 
Celui qui m’attend est né dans un couffin, 
Et ne ressemble en rien à un pantin. 
Après des rêves de jeunesse brisés, 
Il décida de se marier, 
Mais pas avant d’avoir vu des kangourous, 
Ce qu’il fit en se cachant dans un trou. 
Après cela, il revêtit des habits de velours, 
Fit allumer tous les abat-jours, 
Adopta la vie d’aristocrate, 
Et s’entoura de technocrates. 
Certains l’ont traité de sauvage, 
Quand d’autres ont vu en lui un sage ». 
Hélène 



À partir d'un tableau 


 BOTERO, Le rapt d'Europe


Allez, mon beau taureau, montre-moi qui est la plus belle, la plus svelte, la plus brillante ! Avoue que tu rêvais de m’enlever depuis longtemps ! Avoue que je hante tes jours et tes nuits depuis ce jour où, alors que j’étais totalement nue comme aujourd’hui, tu m’aperçus baigner mon corps de déesse dans la rivière divine ! Alors, oui, depuis, tu grattes la terre de ton sabot puissant, tu bandes virilement tes muscles, et de tes naseaux s’échappe un souffle moite et odorant… Enfin tu m’as trouvée ! Enfin je t’appartiens ! Oui, mon beau taureau, emmène-moi, moi qui te suis maintenant soumise, nos destins sont liés. Oui, porte-moi, telle une reine de beauté, vers ce Palais que l’on nomme Bourbon, et auquel appartient désormais ma destinée. 

Hélène

Jeudi atelier n°8


Proposition n°1 : Monosyllabes 


Écrire une ou plusieurs phrases dont tous les mots ne comportent qu’une syllabe. 

Proposition n°2 : À partir d’un fait divers 

On part d'un fait divers impliquant plusieurs personnages :
« Chambéry : la coiffeuse course son voleur et le maîtrise » (Le Dauphiné) 
Chaque participant écrit le point de vue d’un des personnages sur l’événement. 


Proposition n°3 : Récit d'une première fois 


Exemples : la première fois que j'ai commis un délit... Le récit peut être autobiographique ou fictionnel. 

Proposition n°4 : À partir d'une photo

Mercredi atelier n°8


Proposition n°1 : Monosyllabes 


Écrire une ou plusieurs phrases dont tous les mots ne comportent qu’une syllabe. 

Proposition n°2 : À partir d’un fait divers 


On part d'un fait divers impliquant plusieurs personnages :
"Rennes : deux enfants s'échappent du centre de loisirs et prennent le métro" (Ouest France) 
Chaque participant écrit le point de vue d’un des personnages sur l’événement. 

Proposition n°3 : Récit d'une première fois 


La première fois que je me suis senti libre.

Quelques textes du 8e mercredi


Monosyllabes 


Il a bu le thé de sa chère tante Eve. Elle a dit "Non ! Ne fais pas ça !". Mais il a tout bu puis il a ri et dit "Et puis c'est tout". 
Vanessa

À partir d'un fait divers


La première fois que je me suis senti libre 


La première fois que je me suis sentie libre, c'était dans l'avion, direction les États-Unis, où je partais pour un an alors que je n'y avais jamais mis les pieds. J'étais encore étudiante. J'avais trouvé un poste de teaching assistant dans une université à Chicago.  J'avais enregistré les deux grosses valises prêtées par mon père - à l'époque on avait le droit d'emporter deux fois trente kilos. J'avais dit au revoir à ma famille et à la France. 
Après une courte escale à Londres, j'étais enfin dans l'avion pour Chicago. Une hôtesse de British Airways m'avait donné un jeu de cartes, comme aux enfants voyageant seuls, malgré mes 21 ans. Et là, en voyant les nuages par les hublots, je me suis sentie légère, légère... À Chicago j'ai appris que mes deux valises étaient restées à Londres. Je me suis sentie encore plus légère. 
Quelques jours plus tard je me suis présentée pour la première fois comme professeur devant une classe. Mais c'est une autre histoire. 
Vanessa

Jeudi atelier n°7


Proposition n°1 : Acrostiche 


Chacun choisit un nom d'animal et l'écrit verticalement sur une feuille. Chaque majuscule sera le début d'un mot ou prédicat évoquant cet animal. 


Proposition n°2 : Quatrième de couverture d’un livre fictif 

Chaque participant imagine un livre fictif avec son titre, son auteur, son thème... et rédige la quatrième de couverture. 


Proposition n°3 : Critique du livre fictif  


On mélange les textes. Puis chacun rédige la critique d'un des livres fictifs pour un journal ou magazine.


Proposition n°4 : Écrire sans réfléchir 

Une personne lance un mot à haute voix, et on l'inclut dans une première phrase. On fait de même avec un 2e mot, etc. Le texte final doit avoir une cohérence.

Quelques textes du 7e jeudi


Acrostiche 



Lui seul sait profiter de la vie
Élégamment allongé au soleil
Zen avec sang-froid
Altier port de tête
Rigide peau écailleuse
Dinosaure minuscule des temps modernes
Vanessa


Quatrième de couverture d'un livre fictif


Alfred LUTIN, Le Collégien masqué - enquête sur la vie scolaire des pré-adolescents 
2017 ; 413 pages ; éditions "Le monde comme il va" 

Ce livre de recherche, qui se lit comme un roman, est le fruit de quinze ans de travail par Alfred Lutin, grand reporter au Monde Diplomatique et à La Lettre du Chasseur. Pour les besoins de son enquête, il s'est fait passer pour un collégien et a intégré successivement plus de 500 établissements. Son récit commence par la description de ses déguisements et maquillages de plus en plus élaborés, afin de toujours ressembler à un garçon de 14 ans. De collège en collège, il multiplie les expériences drôles ou inquiétantes, tour à tour élève timide, chouchou des professeurs, dur à cuire, meneur de bande, rappeur de cour de récré, souffre-douleur, perturbateur, fumeur de shit, tricheur ou redresseur de torts. Avec lui on redécouvre les affres de l'adolescence et de la vie au collège. Un livre à conseiller à tous, petits et grands. 

"Un livre indispensable pour tous les parents d'élèves" (Télérama) 
"Un bel effort de vulgarisation des concepts" (Le Monde de l'Éducation) 
"Cool" (La Gazette du collège Jacques Prévert de Gif-sur-Yvettes). 

Un mot sur l'auteur : 
Alfred Lutin est le spécialiste en France de l'enquête de terrain par imprégnation. Il s'est déguisé en hippopotame pour explorer la vie dans les zoos, en vieille dame pour vérifier comment on traite les aînés dans le magasins, en chanteur dans le métro, en camionneur, en gigolo, en trapéziste. Le Collégien masqué a été primé au festival "Reporters du Bizarre".

Vanessa



Critique d'un livre imaginaire


Dans la page culture de Belle et Rebelle (hebdomadaire féminin), critique du livre :
Les amours de Cynthia et Gaetan de Gaspard Lapidus, paru aux éditions Plon 

Gaspard Lapidus nous a habitués à des intrigues policières rondement menées, parfois sanglantes, dans lesquelles l'inspecteur Legros se trouve aux prises avec les criminels les plus retords. Dans son dernier opus, il s'essaie pour la première fois au roman d'amour. Le résultat est mitigé. 
Si le couple de héros est sympathique et bien campé, les personnages secondaires manquent d'épaisseur, et l'intrigue de mordant. On retrouve le Gaspard Lapidus qu'on aime à la moitié du livre, quand l'histoire prend un tour mystérieux avec la disparition de la belle-mère et les soupçons qui pèsent sur la jeune épouse. 
Malgré ces réserves, nous vous conseillons de lire jusqu'au bout Les amours de Cynthia et Gaetan, car le retournement final vous fera reconsidérer l'ensemble du récit. 

Marjorie Dutilleul (Vanessa) 


Écrire sans réfléchir


basket ; autobus ; caramel ; chat ; botanique 

Elle enfila ses baskets, sa veste k-way et prépara ses écouteurs. Pour éviter de se fatiguer trop vite elle prit l'autobus pour rejoindre les coureurs du Marathon des Peupliers. Dans la poche de son blouson imperméable, elle avait des caramels au beurre salé, afin d'éviter les coups de pompe. Elle s'étira comme un chat, fit quelques petits foulées sur place, prit de profondes inspirations. Au signal, elle s'élança sur la ligne de départ, au coin du café des sports et de l'institut de botanique. 
Vanessa

Mercredi atelier n°7


Proposition n°1 : Haïku 


Après un rappel des règles de composition, chacun écrit un ou plusieurs haïkus.


Proposition n°2 : Quatrième de couverture d’un livre fictif 


Chaque participant imagine un livre fictif avec son titre, son auteur, son thème... et rédige la quatrième de couverture.


Proposition n°3 : Écrire un texte menant à une phrase de fin imposée 


« Elle prit son manteau, éteignit la lumière et ferma la porte. »

Quelques textes du 7e mercredi


Quatrième de couverture d'un livre fictif 


Tentacules en salle 312B 
J.H. Fords, éditions Chocottes 

Pour sa rentrée, Jenny est un peu anxieuse et pour cause : c’est son 3e lycée de l’année. Cette fois, elle a bien l’intention de s’intégrer à Hill Town pour faire comprendre à ses parents qu’elle en a assez de déménager sans arrêt. Le club de science du lycée lui ouvre ses portes, mais ses manœuvres dangereuses pour se faire accepter de ses nouveaux camarades risque de lui coûter cher. Le secret est bien gardé jusqu’à ce que Tom soit porté disparu, la bande de copains se rend alors compte qu’ils ne pourront pas cacher le contenu de la réserve très longtemps, surtout s’il continue à grandir… 

J.H. Fords est connue pour ses romans d’épouvante. Auteure de L’Ascenseur avait des dents et La bouilloire maudite vendu à plus de 500000 exemplaires et traduite en 18 langues, elle vit et continue à écrire dans sa résidence de la côte californienne 

Elisa 



Edmond DUMIRAIL, Ma Vie dans les limbes 
2017, 347 pages, éditions de l'Au-delà 

"Brouillardeuse, fantomatique, hésitante, à peine esquissée et pourtant bien réelle, telle est ma vie, depuis ce 18 septembre 1827 où je suis mort à l'âge de trois jours." Ainsi commence le récit autobiographique d'Edmond Dumiral, septième d'une fratrie de douze, qui mourut avant d'être baptisé et alla rejoindre dans les limbes deux soeurs, un frère, et une multitude d'autres bébés. 
Dans une langue simple mais non dépourvue de poésie, Edmond nous fait découvrir le monde mal connu des limbes, dans lesquelles il erre depuis deux siècles et demie. Ce témoignage rare est le fruit d'une collaboration entre Edmond, le bébé sans voix, et la célèbre medium Gina Loreleï. 

L'auteur : Gina Loreleï a découvert très tôt ses dons de medium. Elle a exercé en roulotte, par téléphone, par minitel puis sur internet, ainsi que dans l'émission "Néo-réalités sur NRJ 29". Elle est l'auteur de nombreuses autobiographies posthumes, dont Ma Vie de vestale romaine, lauréat du prix "Ecritures mediumniques". 

Vanessa 


Vers une phrase de fin 



Elle se revoyait vingt ans plus tôt accrocher ce portrait de ses enfants sur le mur. Ils ne voulaient pas poser, le plus grand faisait des grimaces exprès et les deux petits n’avaient qu’une envie, c’était de retourner faire de la balançoire. Elle avait dû miser pour les faire asseoir sur le banc derrière la maison, le temps que son mari enclenche le retardateur et vienne les rejoindre en vitesse. Ce portrait de famille elle l’avait accroché fièrement au mur au tout début de sa carrière à l’atelier. Vingt ans passés ici. Il y a encore quelques semaines elle était sûre que ce cadre, elle le décrocherait seulement quand elle partirait en retraite. Quand Sylvain a annoncé à tout le monde qu’ils étaient obligés de fermer l’atelier avant la fin de l’année, elle ne fut pas très surprise. Après tout, depuis quelques mois tout le monde sentait que ça tournait mal. Bizarrement, décrocher ce portrait du mur fut plus dur que tout le reste. Elle essuya un peu le cadre, autant pour chasser la poussière que pour caresser le visage de ses enfants. Une fois bien emballé, elle le rangea dans son carton. Jetant un dernière regard à son bureau, elle prit son manteau, éteignit la lumière et ferma la porte. 

Elisa 


C'en était trop. Une mère qui la rabaissant depuis l'enfance, un père sans consistance, un mari volage, une belle-mère agressive, des enfants gavés de télé et de jeux vidéo... Elle en avait ras la casquette. Plein les bottes. Ras le cul. Ça n'était plus tenable. Elle leur promit un bon dîner, les réunit tous autour de la table du salon - pour faire bonne mesure, elle invita également la maîtresse de son mari - et leur sertit un poulet au curry agrémenté d'arsenic. L'un après l'autre, ils tombèrent la tête dans leur assiette. Olivia alla chercher sous le lit sa valise qu'elle avait préparée à l'avance, imprima son billet d'avion et le glissa dans son sac à main. Sans un regard pour ses convives, elle prit son manteau, éteignit la lumière et ferma la porte. 

Vanessa


Jeudi atelier n°6


Proposition n°1 Inventaire 


Choses qui me font peur.


Proposition n°2 : Description d'un objet 


Vous avez trouvé un sac (une sacoche, un attaché-case, un sac à dos…). Décrivez ce sac et son contenu.

Proposition n°3 : Création d'un personnage 


Chacun pioche au hasard le texte d'un autre participant.
À partir de sa description, imaginez à qui ce sac appartient.

Proposition n°4 : À partir d'une première phrase 


« Il/Elle passait chaque matin devant cette porte qui était toujours fermée. Ce jour-là, elle était entrouverte... »

Quelques textes du 6e jeudi


Description d'un sac, puis du personnage auquel il appartient 


Oomani Alima

La porte de l’ascenseur s’est ouverte au 5e étage d’où je l’avais appelé : un sac était posé à l’intérieur mais pas de trace de sa propriétaire. Car c’était à mon sentiment un sac de femme : assez gros, un peu mou, dans une de ces matières modernes qui ressemblent à du cuir, de couleur mauve décoré de petites tresses jaunes. Deux solides poignées et un fermoir à l’air rebutant. 
Malgré le battement de cœur que m’a provoqué cette découverte insolite, je suis entré dans l’ascenseur et j’ai appuyé sur le bouton Rdch. Insensible à cela, l’ascenseur a continué sa course ascendante jusqu’au 21e étage. La porte s’ouvre et inexplicablement je m’attends à voir apparaitre sur le palier la propriétaire du sac, ce qui aurait remis les choses en ordre, pensais-je. Quoique un autre pan de mon cerveau me susurrait au même moment que c’était curieux et imprudent de faire voyager un tel sac tout seul dans l’ascenseur d’un immeuble de grande hauteur. 
Mais personne sur le palier et l’ascenseur en profite pour repartir à toute allure vers le rez-de-chaussée.
Ma curiosité aiguillonnée, j’essaie d’ouvrir ce fichu sac pendant la descente, avec toutefois un brin d’appréhension. Quid si la propriétaire faisait subitement irruption dans cet ascenseur ? Pour me rassurer ou me justifier, j’imagine que j’y trouverai un papier donnant le nom de cette propriétaire : il me suffira de vérifier sur l’interphone pour trouver son étage et je pourrai lui rapporter son bien. 
Le fermoir est plus sympathique qu’il n’y paraissait et il s’ouvre dès ma première sollicitation. Le sac est rempli de packs de lait d’amande : j’en compte six litres. Tout au fond, un petit portefeuille porte-monnaie. Je l’ouvre avidement, fais tomber sur le sol une pluie de petite monnaie et j’y déniche une sorte de carte de crédit, ou de carte de fidélité car le nom de l’organisme ne ressemble à aucun nom de banque. 
Au moment où je déchiffre le nom de la titulaire, OOMANI ALIMA, l’ascenseur s’arrête subitement à un étage intermédiaire. 

Jean-Marie 

*****

La réponse de l’américain 

Cher(e) inconnu(e),

Je remercie vous d’avoir mon sac ramené aux Lost and Found de Paris, surtout pour la petite clé. Je sommes William Burger, de l’Etat du Colorado aux States, et je suis venu étudiant à Paris un an d’ici. Ah Paris, la ville la plus romantique du monde ! Et bien sûr je suis tombé raide en amour d’une jeune femme brune qui disait s’appeler Jeanne. Nous avons rencontrés au Luxembourg Jardin et comme elle venait de se fâcher avec sa famille elle venue tout de suite habiter avec moi dans le petit loft que je loua boulevard Saint Germain. 
Mais comme dans vos chansons d’Edith Piaf, la belle s’est envolée d’un coup, un matin avant le breakfast. Elle a emporté quelques affaires qu’elle avait amenées et un peu d‘argent à moi, mais cela n’a pas d’importance que son départ. En fouillant sous le lit j’ai retrouvé l’ours en peluche et la bougie à la vanille qu’elle avait amenée chez moi le 2e jour. J’ai cherché à l’adresse de ses parents que j’avais notée mais le numéro n’existe pas dans cette rue. 
Alors j’ai ouvert le livre de poésie de Verlaine que mon professeur de français me fait étudier et j’ai relu celui qui commence par « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant ». J’ai pris la clé du cadenas d’amour que nous avions locké sur le Pont des Arts pour aller retirer et jeter lui dans la Seine : il parait que cela fait partir la douleur. 
Mais juste avant j’ai voulu revenir au Luxembourg Jardin une dernière fois voir le banc où nous rencontrâmes. J’ai pas faire attention qu’un méchant homme me suit dans le soir et me frappe violemment pour prendre sac à moi. Je suis réveillé à l’hôpital, Urgences vous dites. Grâce à vous je retrouve ce sac et maintenant je peux enfin partir pour jeter ce bloody cadenas dans la Seine. Ensuite je passerai chez mon pote Johnny pour ramener tableau et balance de cuisine qu’il m’avait prêtés. Vous savez tout.

Merci toujours.

Jean-Marie

Mercredi atelier n°6


Proposition n°1 : Inventaire 


Choses qui me font peur.


Proposition n°2 : Description d'un objet

Vous avez trouvé un sac (une sacoche, un attaché-case, un sac à dos…).
Décrivez ce sac et son contenu.


Proposition n°3 : Création d'un personnage 


Chacun pioche au hasard le texte d'un autre participant.
À partir de sa description, imaginez la personne à qui ce sac appartient.

Quelques textes du 6e mercredi


Choses qui me font peur 


Privilégié, né cinq ans, jours pour jour après Yalta, fils de personnes ayant vécu une guerre, petit-fils d’une autre en ayant vécu deux et arrière-petit-fils de pauvres gens en ayant vécu trois, je ne pense pas savoir ce qu’est réellement la peur.
Alors, pour ce qui est de mes vraies peurs…
- Les fascistes
- La guerre
- Donc, la connerie humaine.
Et pour ce qui est des de la vie de tous les jours…
- Peur de rencontrer la voisine du 5ème lorsque je suis pressé
- Peur que ma Chérie rencontre un homme plus beau, plus riche et plus intelligent que moi… Mais je dors tranquille, ça n’est pas pour demain… Elle adore ma modestie…
Pierre

Description d'un sac, puis du personnage à qui il appartient



Je suis toujours agacée quand dans des toilettes publiques on ne trouve aucun porte-manteau où accrocher son sac, mais pour une fois je comprends en quoi ça peut être utile de le laisser par terre plutôt que suspendu à une patère. Cette femme a oublié le sien ! Un sac entrouvert c’est une invitation… D’ailleurs, sans même y toucher je vois déjà la moitié de son contenu, alors allons-y.
Une longue étole rouge en cachemire qui a l’air d’avoir coûté encore plus cher que le sac, un étui à lunettes Dior (rien que ça), une trousse à maquillage Givenchy, une liasse de feuilles agrafées entre elles remplie de caractère d’une langue inconnue. Un flacon de parfum à l’effigie de Paris Hilton (je reconnais l’odeur de l’étole, beurk), des tickets de carte bancaire à n’en plus finir et un portefeuille. Rien moins qu’un Gucci doré de très mauvais goût, probablement acheté au Bon Marché par l’une des nombreuses cartes de crédit qu’il renferme toutes gravées de cette même langue inconnue. 
Qui d’autre que Google pourrait me dire de quelle langue il s’agit ? Ok Google, une petite photo pour assouvir ma curiosité avant d’aller déposer le sac à l’accueil. Tiens, ben alors Google, comment ça « aucune correspondance, langue non reconnue » ?

Elisa


Svetlana est furieuse. Comment a-t-elle fait pour égarer son sac à main. Elle n'arrive même pas à savoir à quel moment de la journée cela s'est produit. Arrivée à Paris depuis seulement 6 mois, elle ne parle guère français et ne fait pour ainsi dire aucun effort pour l'apprendre. 
Sa vie se résume à des voyages en jets privés, des dîners dans des restaurants prisés et des nuits à la rémunération très attractive dans des hôtels 5 étoiles. Son allure est féline, 1,80 m, une taille fine et des fesses rebondies. Tous les mois, Svetlana ravive sa couleur de cheveux chez Alexandre de Paris, la teinte "Blond glamour" qui fait tant ressortir le vert de ses yeux. Toujours trop parfumée, trop maquillée, trop manucurée, elle respire l'excès et le vice. 
Bien qu'elle n'ait que 20 ans, elle en parait 10 de plus. La faute au rythme infernal de sa vie d'escort girl. Son visage se creuse plus vite qu'il ne le faudrait. Alors pour rester belle, Svetlana s'offre des séances de botox mensuelles grâce à la générosité de ses clients fortunés. 
Sa Russie natale ne lui manque absolument pas. Pas plus que son ancienne vie là-bas. Dédaigneuse et hautaine, elle ne trouve son bonheur (croit-elle) qu'à travers l'argent. Son passe-temps favori est d'arpenter l'avenue Montaigne juchée sur des stilettos de 12 cm, au bras d'un riche homme d'affaires.
Svetlana sors de sa rêverie, le taxi est arrivé à destination. N'ayant pas de quoi se remaquiller, elle réajuste à la va-vite sa coiffure en jetant un regard furtif dans le rétroviseur et ouvre la porte. 
Un homme à l'allure étrange semble l'attendre sur le parvis de l'hôtel. Un sourire se fige mécaniquement sur son visage. Svetlana s'approche de l'homme, se penche vers son oreille et lui chuchote des mots incompréhensibles tout en l'embrassant. 

Justine


******* 



En me promenant à l’arrière de l’Elysée, j’ai trébuché sur les poubelles. 
Un sac poubelle est tombé du container. 
Je m’en suis emparé discrètement en faisant attention de n’être pas repéré par les policiers en faction devant le bâtiment. 

Arrivé chez moi, j’ai ouvert le sac et y ai découvert : 
- des talonnettes qui devaient appartenir au précédent résident, 
- des boîtes de caviar et de foie gras vides mélangées avec des bouteilles de champagne. Visiblement, le tri sélectif n’est pas respecté, 
- des tracts et affiches de campagne électorale qui ne serviront pas à l’actuel président, 
- un discours froissé qui commençait par « Mes chers compatriotes », 
- une capsule vide Nespresso, 
- et quelques rumeurs nauséabondes… 
Eric

******* 


Étonnant, en général, les femmes qui s’offrent ce genre de sac ne l’oublient n’importe où. 
Voilà ce que je me suis dit lorsque je me suis assis sur ce banc du parc Montsouris. Un Le Tanneur !
Ah, avec un sac pareil, la garniture devrait être en rapport avec l’emballage. Quelques billets de cinquante euros m’arrangeraient bien en ce moment. 
Horrible personnage !!!... ‘’ N’as-tu pas honte ???...’’ 
J’ouvre le sac, et : téléphone, trousseau de clefs, chéquier, trousse de maquillage, tout-en-un, vernis à ongles. 
L’attirail normal de la gente féminine, avec en plus, les éternelles babioles absolument indispensables: Un bout de ruban, une fève de galette bleue, bleu, pas la galette, le schtroumpf, quelques photos et un bout de ficelle usagé. 
Bon ! J’ouvre le tout-en-un : carte d’identité avec adresse, un calepin avec numéro du fixe de Madame, les multiples cartes de fidélité, Printemps, Galeries La Fayette, Chantale Rosner et autres Un Deux Trois, et, tiens, une carte de membre d’un club d’arts martiaux… 
Allez !! Vite !!! J’appelle avant que l’envie de chaparder ne me reprenne… 
Dissuasifs les arts martiaux… Non ???... 

Pierre


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Nul doute que ce sac appartenait à une courageuse adolescente qui faisait du baby-sitting. 

Elle devait se rendre chez les parents d’un charmant bambin qu’elle avait décidé d’occuper avec le puzzle de 45 pièces et avec le petit hérisson en peluche tout mignon. 
Mais elle n’avait pas dû trouver une famille facile, la pauvre, car il y avait de toute évidence un grand frère dont il fallait qu’elle s’occupe également puisqu’elle avait acheté Auto-moto magazine. Parents radins, deux enfants à garder pour le prix d’un. 

L’appartement devait être mal chauffé de surcroît. Aussi avait-elle pensé à emmener deux paires de chaussettes et du thé pour se réchauffer. 

Prévoyant qu’elle n’arriverait pas à leur faire avaler leur purée insipide et qu’ils s’énerveraient pendant le repas, elle avait décidé de les amadouer en commandant chez le traiteur japonais. En attendant d’être livrée, elle leur passerait à la télé le DVD du documentaire « La marche de l’empereur ». 

Et si malgré cela, les enfants étaient insupportables, elle pourrait prendre du doliprane pour calmer son mal de tête. 

Elle essaierait de les endormir en lisant les plus belles pages du dictionnaires en commençant par le lettre Z. 

Si elle y parvenait enfin, elle aurait bien mérité de se reposer. Elle s’allongerait à son tour sur le canapé, et le chat de la maison, repu du lait qu’elle lui aurait gentiment servi dans sa petite gamelle, grimperait sur ses genoux en ronronnant tendrement pour la remercier. 

Elle attendrait que le chat soit endormi pour jouer à son tour…au thanatopracteur. 

D’un coup sec, elle transpercerait le cœur de l’animal avec son stylo vert puis elle arracherait les yeux avec le trombone et elle le ferait bouillir dans sa bouilloire en plastique noir. 

Elle prendrait alors son téléphone portable pour faire un « selfie » qu’elle adresserait au gourou de la secte satanique qu’elle fréquente assidument et dont elle avait noté le numéro de téléphone sur la serviette sur laquelle elle avait dessiné la tête de mort. 

J’eus alors un grand frisson dans le dos et plutôt que de rapporter le sac au conducteur du bus, je décidai de pousser la porte du commissariat pour faire part de ma découverte.

Eric

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Sous un banc, près de la plage, un sac de cuir marron, un cuir patiné et mou, de taille moyenne, semble avoir été abandonné. Une grande anse, en cuir elle aussi, plus rigide cependant, permet de porter ce sac à l'épaule. Un crissement sec se fait entendre quand je tire sur le zip de la fermeture éclair.
L'intérieur est sombre et imprégné d'une odeur forte, un peu animale. Ces effluves de peau et de tabac me font penser aux souks marocains que j'aime tant. Je tire alors sur un bout de tissu coloré, bordé de franges se terminant par de gros pompons. J'extirpe l'immense pashmina du sac, faisant tomber par la même occasion une pochette noire. Ou plutôt un carnet. Un carnet de route sans doute. Je le mets de côté et le lirai plus tard.
Continuant mon exploration, mes doigts effleurent un objet coupant. Aïe! C'est une sorte de long couteau au manche gravé, parsemé de verroteries aux milles couleurs.
Je continue de fouiller. Des lunettes de soleil cassées, un livre écrit en hébreu, des sachets contenants ce qui ressemble à des feuilles séchées, et la photo d'une femme. J'observe de plus près ce tirage noir et blanc. C'est une femme très belle, à la peau brune et aux yeux en amande. Son regard paraît mélancolique, les lèvres légèrement entrouvertes forment un semblant de sourire. Elle à l'air triste.
Au fond du sac, d'autres photos de cette même personne se trouvent mêlées à la poussière. Je tâtonne le flanc intérieur du sac, sens une poche secrète. Je l'ouvre, regarde, et pousse un cri.

Justine 



C’est une grande femme, une très grande femme même, et forte. La veste vert-de-gris rapiécée qu’elle porte été comme hiver a l’air d’avoir vu du pays, autant que sa paire de botte sale et râpée qui racle le macadam de la jetée. De ses voyages elle a rapporté des tas de breloques, certaines qu’elle porte sur elle : sur ses vêtements des broches et des écussons, dans ses cheveux des fils tressés, des plumes, des perles. Ses ongles semblent à jamais noircis et ses dents jaunies par le tabac qu’elle chique. Si on s’aventure à regarder dans ses yeux, c’est une rage froide qu’on y trouve et on frissonne rien qu’à imaginer toutes les choses qu’ont pu voir ses yeux pour en arriver là. 
Avec son allure on pourrait croire que c’est une sans-abri, et on n’aurait pas tort de le penser, mais son histoire à elle n’est pas sous une tente ou sous un pont, son histoire, elle est sur les routes. Elle ne sent pas mauvais. Elle sent l’encens et les épices, elle sent la route et tous les endroits qu’elle a visités, mais elle y cherchait quoi ? Dans sa poche gauche il y a des pièces et du sable parce qu’elle a dormi sur la plage. Dans sa poche droite il y a des miettes, des papiers, des allumettes. Dans la poche arrière de son vieux jeans délavé il y a une photo, de temps en temps elle la sort et la fixe pendant longtemps avec toujours ce regard dur. Sur sa photo, un groupe de jeunes gens souriants pose en noir et blanc, l’un d’entre eux n’a plus de tête : son visage a été coupé aux ciseaux. Dans la poche avant, un morceau de tissu sale et humide dont la couleur ne peut faire penser qu’à une chose : du sang. 

Elisa


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J’ai trouvé un sac à dos en cuir marron aujourd’hui. Je l’ai ouvert par curiosité. 
Il y avait une montre, un petit bloc-notes presque rempli de croquis et un appareil photo. 
Ah, il s’y trouvait aussi un paquet de mouchoirs et un baume à lèvres. 
- La montre était en plastique orange au niveau du bracelet. Elle n’était même pas à l’heure. Il doit s’agir d’un souvenir. 
- Le bloc-notes était gris et contenait des pages à petits carreaux. Les croquis à l’intérieur représentaient des personnes au quotidien. Il y avait, par exemple, un serveur, une femme sous la pluie et aussi un enfant au parc. 
- L’appareil photo était jetable, un peu rayé sur l’avant. 
- Le paquet de mouchoir était entamé. Il restait deux mouchoirs verts, senteur menthe. 
- Le baume à lèvres était neuf.

Cynthia


Il a perdu son sac 
Non mais quelle crève ! 
Trois jours avec le nez qui coule, les lèvres sèches et un mal de crâne carabiné. 
Trois jours ! Et ça le rendait moitié abruti. A tel point que Paul en avait perdu son sac et il se demandait bien où.
À question idiote, réponse idiote, si je savais où, je ne l’aurais pas perdu, et ce n’est pas avec ce genre de philosophie que je vais terminer mon bouquin, pensa-t-il. 
Il lui restait huit jours, il avait promis à l’éditeur et il ne s’en sortait pas. Empêtré dans ses personnages, un serveur célibataire, une femme divorcée sous la pluie et un enfant dans un parc, il entrevoyait un retard bien plus important que celui de sa montre de premier communiant, perdue avec le sac. 
Et son bloc-notes, le bloc-notes gris à petits carreaux avec ses personnages qu’il avait griffé en attendant l’inspiration, envolé le bloc-notes. Pour illustrer ses livres, Paul n’aimait pas beaucoup les photographies. L’instantané de celles-ci ne laissait pas son esprit voyager et il se moquait bien de cet appareil photo jetable, acheté il y a bien longtemps et perdu, lui aussi. 
Il se remit à cogiter. 
Bon ! Je reprends ! L’enfant, c’est forcément celui de la dame, la dame, elle, est seule depuis bien trop longtemps et le serveur s’ennuie ferme dans son célibat. Ah, non, mais quelle crève !!!... 
Attablé devant son grog, dans le troquet face au square, Paul cherchait vainement l’inspiration dans son cerveau empêtré et un mouchoir dans le fond de sa poche, lorsque, ruisselante de la pluie qui tombait abondamment, une femme surgit, un gamin à la main. 
Souriante, elle expliqua au garçon, soudain très attentif, que son fils qui jouait au parc avait trouvé ce sac en cuir marron et qu’elle désirait le déposer ici, au cas où, quelqu’un essaya de le récupérer…
Paul bondit de sa chaise…

Pierre