Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°4


Proposition n°1 : Monosyllabes


Écrire une phrase ou deux avec des mots constitués d’une seule syllabe.

Proposition n°2 : Logo-rallye


On utilise des petits papiers pour préparer une quinzaine de mots, on pioche pour constituer une liste à utiliser dans l'ordre.

Proposition n°3 : Vers une dernière phrase


« Dans une grande ville comme Paris, on ne risque pas de manquer ». (Romain GARY, Gros-Câlin)

Proposition n°4 : Cadavre exquis avec dernier mot apparent

Quelques textes du 4e lundi


Monosyllabes


Cent jours que je vais au bal des gueux.
Six mecs sont là ce soir pour la fée Tah

Patrice

Oh la la la la la la la ! Quel beau temps ce jour… On pèle et on craint le froid mais le ciel est bleu, on est bien.

Vanessa

Logo-Rallye


Borborygme, valise, phacochère, neige, siphon, menthe, pierre, blanche, jambon, nuit, merci, yoga, souris, Arthur

Un borborygme s’est caché dans la valise. De ce fait, quand le phacochère l’a entendu, il a couru se cacher sous la neige pour se protéger du siphon qui pourrait en être la conséquence. Un diabolo- menthe commande Pierre au Café Lenoir à la station de métro Blanche. Et aussi un jambon pour que je puisse me nourrir cette nuit. Merci ! À présent je dois me rendre à mon cours de yoga car je suis très tendu ce matin. Cette nuit j’ai dû poursuivre une souris qui s’est planquée sous le lit de mon fils Arthur. Je n’ai pas pu la massacrer car elle a traversé le mur de manière inexplicable. Je suis sûr qu’elle va revenir cette nuit. C’est pour cette raison que je vais veiller avec mon sandwich.

Patrice


Il émet un borborygme sonore qui fait se retourner les voyageurs alentour. Il décide de prendre sa valise à main gauche et John, le phacochère, à main droite.
Il a la surprise en sortant de la gare de voir le sol couvert d'une neige épaisse. Il se dit qu'il faudrait un siphon géant pour absorber toute cette mousse très blanche et pas du tout couleur menthe à l'eau. Cela permettrait, pense-t-il, de découvrir les murs des immeubles et les branches du sapin de Noël qui trône devant la gare. Ah Noël, les repas somptueux sans jambon ni camembert !, les chants de Noël. Ô douce nuit... A tout cela il adresse un grand merci et John l'approuve d'un grognement léger.
D'un coup, il se met en position du lotus, tel que son professeur de yoga le lui a appris. Voilà que John l'imite à merveille, ce qui lui attire un franc succès. Il sourit. Il ne pense à rien. Il se dit « Ne rien faire, faire rien ». Une image s'impose à lui : c'est Arthur au désert.

Jacques-André


Plus que des murmures, c’étaient des borborygmes qui s’échappaient de la gorge de ces pauvres hères. Contre toute attente, il s’en trouva un, assez valide, pour soulever sa couverture et exhiber ses jambes pâles. Pour se donner du courage, il saisit sa peluche, surnommée phaco, chère à son cœur et, péniblement, se mit debout. A pas lents, il atteignit la grande fenêtre à barreaux et s’émut de voir tomber les blancs flocons de neige.
« Ainsi font font font les petites marionnettes », son enfance remontait. Il se rappela la cueillette de la menthe parmi les pierres blanches, l’escalade des arbres. Assis sur une branche, il dévorait le sandwich au jambon préparé par sa Mère. Et puis la nuit tombait et il murmurait « Merci ». Il se mit à rire soudain pensant à son acolyte qui, exceptionnellement, l’avait abandonné pour un cours de yoga. 
 — Yoga ! yoga ! Quel mot étrange… Jamais entendu !
Son ami sourit. Arthur se lança alors dans le détail de toutes les postures qu’il exécuterait pendant une heure.

Nicole


— Ça va pas être facile, ma p’tite dame ! s’écrie le plombier entre deux borborygmes. C’est qu’ils sont bien encombrés vos tuyaux, plus qu’une valise aux vacances d’été !
Accroupi sous l’évier, son corps de phacochère ne laisse rien ignorer de sa chute de rein. Il a le sourire du plombier, songe Neige.
— Et regardez-moi tous ces cheveux dans le siphon, pas étonnant qu’il soit bouché.
Neige n’apprécie pas cette attaque sournoise contre sa longue chevelure. Pour alléger l’atmosphère elle propose un thé à la menthe. Pierre se relève et accepte la tasse qu’on lui offre. Il préfère le café mais il ne dit rien, même quand une branche de menthe vient se coincer entre ses dents. Il se demande si la petite dame aura l’obligeance de lui acheter un sandwich au jambon ce midi. Avec tout ce qu’il y a à faire dans cette cuisine, il aura besoin de forces pour ne pas y passer la nuit. Mais ses craintes sont justifiées. Après le thé à la menthe il se voit proposer une salade de tofu.
— Merci bien, je vais m’acheter quelque chose, répond le travailleur.
Neige, qui est habituée aux professeurs de yoga et aux joueurs de luth, lui sourit sans malice.
— Dans ce cas allez chez Arthur au coin de la rue, c’est une grès bonne boulangerie vegan.
Le plombier soupire. Cette journée va être longue.

Vanessa


Vers une dernière phrase


Paris
Des lumières
Des jardins
Des fontaines
Des gens pressés
Des bâtisses onctueuses
Des bus dans un couloir
Des métros sous la terre
Et par-dessus tout ça
Une haute Dame de fer
Des nuages un ciel un avion

Paris
Des terrasses
Des cafés
Des musées
Des arcs de triomphe
Des théâtres bondés
Un opéra Garnier classique
Un opéra Bastille moderne
Et par-dessus tout ça
Le fantôme des batailles livrées
Les petites histoires et la Grande

Paris
Un fleuve
Des ponts
Des berges
Des péniches chargées
Des bouquinistes assis
Des livres du passé
Des images anciennes
Et par-dessus tout ça
La flèche de Notre-Dame
Les hautes statues d’airain

Dans une ville comme Paris on ne risque pas de manquer.

Nicole


Élise a toujours eu un tempérament d’entrepreneuse. Exaltée par les discours d’Emmanuel Macron avant sa première élection, elle a décidé de suivre ses exportations à devenir millionaire par la force de son travail.
— Quel genre de travail? lui ont demandé ses parents, des socialistes sceptiques. Une start-up?
— Quelque chose comme ça, a répondu Élise d’un ton vague.
Sans plus d’explications, elle a arrêté ses études de philo à peine entamées et a monté un plan d’action sur un cahier grand format à petits carreaux, le genre de cahier que sa prof de maths en terminale affectionnait. Merci à Madame Bachot de lui avoir appris à organiser sa pensée! Quand son plan a été suffisamment mûr, Élise a réuni ses trois meilleurs amies et leur a proposé de les embaucher.
— Nous embaucher pour faire quoi?
— C’est très simple. Nous allons cambrioler des bijouteries de taille moyenne, celles qui n’ont pas un super système de sécurité mais quand même de belles choses à emporter. Je pense qu’on pourrait aussi s’intéresser aux magasins de télévisions, ordinateurs et matériel, audio, ce genre de choses.
— On pourrait attaquer le Darty de Nation, a suggéré une des copines.
— Et en profiter pour emporter quelques sacs du Printemps, a dit une autre, c’est le même bâtiment.
Et c’est ainsi qu’Élise et ses amies sont devenue un gang de filles. Elles n’attaquent personne, elles ont pour seule arme une m-bombe lacrymogène au cas où quelqu’un les surprenne. Cela arrive parfois, mais pour l’instant elles ont toujours réussi à s’enfuir. Elles revendent leur butin sur internet. La police ne parvient pas à les reconnaître sur les caméras de surveillance, car elles savent se déguiser et elles changent de quarter à chaque nouveau coup.
Eh oui, l’entreprise individuelle est encore vivace en France, le président serait fier! Et les aventures du gang ne font que commencer. Comme le dit Élise à ses comparses pour les encourager:
— Dans une grande ville comme Paris, on ne risque pas de manquer.

Vanessa


Carolles est une petite commune de la Manche. Une de mes amies y possède une propriété somptueuse qu’elle a achetée il y a un an. De la maison on peut apercevoir la mer. En été, quand le soleil se couche, on aurait envie de se transformer en peintre impressionniste pour faire partager aux autres cette beauté de la nature. Le seul petit problème auquel mon amie doit faire face, c’est quand elle doit faire ses courses. Elle est obligée de prendre sa voiture pour se rendre à Granville où se trouve un hypermarché Casino.
Quand elle y va, elle revient avec une voiture pleine de nourriture et de boissons diverses. Récemment elle a rencontré un vrai problème en allant faire ses courses : les employés de Casino, inquiets de la fermeture probable de leur hypermarché, ont décidé de faire la grève en empêchant les clients d’entrer dans le magasin. Ces derniers ont alors dû subir un embouteillage historique. Ce jour-là, j’étais dans la voiture avec mon amie et nous avons attendu une heure et demie avant de pouvoir repartir et aller vers un autre hypermarché situé à 50 kilomètres de Granville. Toujours aussi peu diplomate, je grommelai :
« Dans une grande ville comme Paris, on ne risque pas de manquer » de nourriture, car même si Casino est en grève, on a plein d’autres possibilités.
Mon amie me dit alors
— Si t’es pas content, casse-toi et retourne à Paris ! Mais non, je plaisantais. Tu parles Charles !
Heureusement cet incident a été oublié et nous avons fait de belles courses que nous avons arrosées par un super apéro.

Patrice

Cadavre exquis avec dernier mot apparent


À bon entendeur, salut!
Salut les copains et les copines
Copines: Justine, Églantine, Martine
Martine au bord de la mer 
Mer qu’on voit danser le long des golfes clairs
Clairs matins de printemps et sombres soirs d’hiver
Hiver, saison froide de l’hémisphère nord.

Je ne sais quoi écrire, dit-elle
Elle se mit à pleurer, mais aurait été bien incapable de dire pourquoi.
Pourquoi, oui, pourquoi? Pour qui? Non, il faut s’y résoudre
Se résoudre à assassiner son voisin est une décision difficile
Il la prit quand même et l’exécuta…
…Puis pris d’un remord il prévint son entourage de son départ.
Départ, c’est le top final.

Après les embouteillages horribles provoqués par les travaux dans Paris, il décida de ne plus utiliser sa voiture
Voiture électrique et silence final, plaisir
Plaisir des yeux et des oreilles
Oreilles bouchées par l’eau de la piscine, sans parler de l’odeur du chlore dans les cheveux
Cheveux mon neveu, dit-il en zozotant
Zozotant, bégayant, suant à grosses gouttes, il se tordait les mains de désarrois
Désarroi, je suis pantois et reste coi.

Le phacochère guette sa proie dans la savane
Savane, le roi de la savane, c’est le lion
Lions, tigres et chatons, réunis pas un fort sentiment de supériorité féline
Féline, la marquise sortit à cinq heures
Heures légères du matin, heures laborieuses de la journée, heures graves du soir
Soir? C’est le soir qui tombe de haut
Haut les mains! s’écria-t-il en sortant un flingue.






Atelier n°3


Proposition n°1 : Inventaire


L’automne.

Proposition n°2 : Haïkus


Chacun crée un ou plusieurs haïkus On les lit deux fois, selon la tradition.

Proposition n°3 : Bouts rimés


Chacun prépare deux rimes (ou plusieurs fois deux rimes). On les met en commun, puis chaque participant écrit un poème avec ces rimes imposées.

Proposition n°4 : À partir de cartes du jeu Dixit


Forme libre.

Quelques textes du 3e lundi


Inventaire : L’automne


- Couleurs chaudes
- Craquements des feuilles sous les pieds
- Champignons
- Colchiques
- Récolte des pommes de terre
- Rentrée des classes
- Manifestation
Annie


- des bougies pour réchauffer l’ambiance
- un plaid pour réchauffer les corps 
- les agrumes (j’adore)
- les cucurbitacées (je n’adore point) 
- les feuilles qui rougissent et tombent 
- les feuilles qui restent vertes et refusent de tomber
- un nouveau manteau pour la rentrée 
- les flaques d’eau qu’on écrase avec ses nouvelles chaussures de la rentrée.

Vanessa

En bonus, un petit poème sur le thème de l’automne :

Ce vingt novembre en ce matin d’automne
Règne un temps de printemps qui souvent nous étonne
Les nuages sont partis vraiment à toute allure
Pour nous laisser un ciel d’un excellent augure
Et changer notre humeur qui était si obscure

Patrice

Haikus


Pluie pluie pluie pluie pluie
Fenêtres en pleurs sans fin
Ô Déluge, va-t-en !
Muriel

La bise de novembre
s'abat sur le Père Lachaise
un chat fait le guet
Marie-Claudine

Le champ labouré
L'alouette sur la branche
s'ébroue de plaisir.

Amitiés d'automne 
ouvertes sur la nuit bleue
Orages en suspens.

Sentier de vertu
mène loin du déplaisir
Plaisir d'automne.
Jacques-André

Flocons  de neige
Couvrent le sang des feuilles
Automne évanoui.

Libellule de verre
Plisse la vague grise
Le crapaud patiente.
Nicole

Un temps seulement
En cette journée solaire
M’a rempli de bonheur

Une joie intérieure
Souffle en cette soirée
De tristesse morne

Patrice

Colchiques violettes
Manif silencieuse
Eveil des sens.

Craquement des feuilles
Enfin l’école vivante
Premières gelées.
Annie

Basilic séché
Gaines éparpillées au sol
Espoir de printemps
Vanessa


Bouts rimés


morte/porte ; glycine/marine ; plafond/béton ; étang/cerf-volant ; rose/morose ; colchique/comique ; envergure/augure ; feuille/accueil.

En ce matin d’automne je vis une souris morte
Que le vent violent poussa devant ma porte
J’eus préféré sans doute y voir une glycine
Aux feuilles multicolores des beauté sous-marines

Et pendant ce temps-là courait sur mon plafond
Un cafard éclatant enrobé de béton
Écœuré par l’insecte je courus à l’étang
Certain de retrouver enfin mon cerf-volant

À côté d’une branche d’un joli laurier rose
Se promenait hagarde une grenouille morose
Et pourtant que penser de ces haies de colchiques
Qui donnaient à l’ensemble une apparence comique

Je me précipitai en courant vers les feuilles
Avant de retourner à mon bureau d’accueil
Cette journée incroyable prenait une envergure
Qui annonçait vraiment un vent de bon augure

Patrice

Quel spectacle, quel accueil,
Tous ces tapis dorés de feuilles
Non la nature n’est pas morte
Il suffit que j’ouvre ma porte
Je regarde la parure de la glycine
Courant sur les murs de mon amie Marine
En bordure de l’étang,
les enfants jouent au cerf-volant
Qui par sa grande envergure
Annonce des moments de meilleurs augures.
Toutes les tâches violettes des colchiques
Donnent au paysage un air comique
Dans le jardin les enfants cueilleront des roses
Pour oublier cette vie morose,
Quand du sol au plafond
On ne leur montre que du béton.

Annie

Doucement s’ouvre la porte
Sur la pâle et belle Morte.
Chevelure mêlée de glycine,
Yeux clos jadis marine,
Elle gît sur le béton,
L’âme prête à franchir le plafond, 
Pour s’accrocher au cerf-volant 
Qui frémit au-dessus de l’étang.
Il déploie son envergure
En signe de bon augure.
Alors applaudiront  les roses 
La fuite des jours moroses.
Déposée pour un ultime accueil 
Sur un linceul de fraîches feuilles,
Ce bouquet de colchiques 
Entre ses mains d’ivoire
Est tristement comique.

Nicole

Dans le jardin où toute chose semble morte,
Le beau violet d’une glycine
Se détache devant la porte,
Sophie accroche une fleur à son pull marine.

Elle voit le ciel sombre et gris comme un plafond,
Alors elle court à l’étang
Faire planer son cerf-volant
Pour oublier la ville et ses murs de béton.

Au bord de l’eau, pour l’égayer, des taches roses :
Asters, bégonias et colchiques.
Leur fraicheur est presque comique
Dans ce décor d’automne pluvieux et morose.

Le cerf-volant déploie toute son envergure
Au-dessus des fleurs et des feuilles,
On dirait un geste d’accueil
Pour l’année à venir. Sophie voit un augure !

Vanessa

Elle était morte
À ma porte.
Quoi ? …la glycine.
Je regardais le plafond
Morose.
Ô rendez-moi les rouges roses
Cachant le gris béton
Et le triste plafond.
Refleurissez, colchiques
Que les sentiers d'été accueillent,
Cachez les mortes feuilles !
Envolez-vous encore, cerfs-volants,
Loin du sombre étang.

Envoi :
Aucun clown comique
Hélas, n'est le bon augure
Du mol automne sans envergure.

Muriel


À partir d’une carte du jeu Dixit


Mais quel salmigondis !
Un arbre gigantesque se prend les pieds dans ses racines.
Et quoi de plus normal, pour l’énorme spécimen, que d’avoir sur sa branche un cerf généreux venu ajouter ses bois au bois d’arbre !
D’une autre ramure, un peu plus tôt, est tombé un poisson gros comme une carpe.
Cela a dérangé un manant, car voici le bonhomme sur ses jambes perché
Qui menace le tronc de sa hache rutilante.
Au-dessus de tout ce pataquès, folâtrent en ondulant satellites et planètes.
Un oiseau mirobolant, mais surtout vaniteux, tente de les éclater comme vulgaires baudruches.
Pong ! Qu’est-ce que c’est ?
Une pomme ronde et rouge vient assommer ma tête. « Il est l’hor mon segnor ! »
J’émerge en souriant de mon rêve cauchemardesque.

Nicole

 
Pourquoi veux-tu détruire notre nature ? dit le cerf à l’enfant
Pourquoi veux -tu tout assécher ? dit le poisson à l’enfant
Pourquoi créer la discorde entre les planètes ? dit la colombe à l’enfant
Mon ombre te protège, mes racines te nourrissent, dit l’arbre à l’enfant
Si tu me multiplies, je peux te nourrir, dit le poisson à l’enfant
Si tu me laisses prospérer, je peux aussi te nourrir, dit le cerf à l’enfant
Tu vois, reprend la colombe, c’est tout cela que l’on appelle Amour Harmonie et Solidarité

Annie


Le jeune homme incrédule aperçut dans un arbre
L’homonyme d’une chanteuse vivant au paradis
N’en croyant plus ses yeux et pour le protéger
Il saisit dans sa poche un petit drapeau blanc
Qu’il secoua très fort afin d’être bien vu
Des chasseurs violents armés de leurs fusils
Et qui voulaient tuer en ce sale jour de chasse
Ce cerf si merveilleux qui marchait sur les branches

Patrice


Le rêve s'éveille
tout en couleurs
Le rêve s'éveille
sans douleur.
Ses racines marines 
ui donnent apparence chagrine.
Heureux, le poisson
avec les racines se confond.
Il est bleu, le poisson
bleu comme une orange.
Qui cela dérange ?
Le lutin a consulté les astres.
Quel désastre !
Les planètes ne sont pas nettes.
Au fond
tout se confond.
C'est une fable anodine
à fendre à la hache

Dessiné au Caran d'Ache
le lutin la dessine.
C'est une fable moderne
que tout concerne.
Les astres, les oiseaux
fonds baptismaux
et confins astraux.
Tout se mêle
et tout s'emmêle.
Le lutin a-t-il sa place
dans le vaste espace ?

Jacques-André


Petit Pierre ne perdit pas un instant. Il se rua sur l'arbre maléfique. Vite, l'abattre à coups de hache magique ! L'aigle qui l'avait guidé au sommet de la montagne cachée ne cessait de plonger, les ailes déployées, pour chasser les planètes orange tourbillonnantes qui se rapprochaient. Aux racines de l'arbre, les immondes serpents à écailles gluantes grouillaient, se tordaient, sifflaient horriblement.
Le cerf, âme damnée de l'arbre, s'était réfugié sur une branche et bramait pour effrayer le jeune garçon. Mais, ni les sifflements aigus des serpents, ni les sons rauques du cerf aux cornes aiguisées ne firent reculer le brave Petit Pierre.
L'arbre s'est mis à saigner une sève verdâtre, une résine blanchâtre, de plus en plus fort sous la volée de coups. Soudain il s'abattit, écrasant le cerf à l'âme maudite. Les planètes dans un grondement de mer en furie s'éloignèrent d'un bond et devinrent minuscules. Petit Pierre avait sauvé le royaume de son vieux père.

Muriel


Le cosmos est une harmonie d’où émane, selon les Anciens, la musique des sphères. Tout se tient et se soutient, les planètes entre elles, les animaux et les plantes, chaque chose est reliée aux autres. Et puis quelque chose vient briser l’harmonie, un arbre tombe, une planète meurt ; instant de chaos vite compensé. Le cosmos retrouve son équilibre et la musique résonne à nouveau.

Vanessa

Atelier n°2


Proposition n°1 : Cadavre exquis


Sur le modèle :
- « Défense de » + verbe d’action
- « sur » ou « dans »  + nom commun
- « sous peine de… »

Proposition n°2 : Un personnage célèbre


À partir d’une photo, imaginer un personnage :
- sa vie personnelle
- et la raison (grande ou petite) pour laquelle il serait célèbre.

Proposition n°3 : À partir d’une première phrase


« Quand ils apprirent la nouvelle, ils sortirent des restaurants, des cafés et des hôtels et regardèrent le ciel. »
Ray BRADBURY, « comme on se retrouve » in L’Homme illustré


Quelques textes du 2e lundi


Cadavre exquis


Défense de mentir sur moi sous peine d'envoi aux Galeries Lafayette.
Défense d'enlever ses lunettes sur la table sous peine de délirer. 
Défense de penser sur sa vie privée sous peine d'expulsion. 
Défense de cuisiner sur le gazon sous peine d'atrophie des orteils. 
Défense d'uriner sur le toit-terrasse sous peine de finir sans argent.
Défense de chanter sur mes plates-bandes sous peine de devoir écouter en boucle la playlist de France Inter.
Défense de se disputer sur le 12e arrondissement sous peine d'indigestion.


Un personnage célèbre 





Je tenais à vous raconter l’histoire d’un personnage complètement inattendu. Vous allez voir, vous serez étonné car c’est un cas unique dans le domaine de l’art.
Parlons tout d’abord de la raison de sa nouvelle célébrité. C’est un peintre….. Pas un peintre en bâtiment mais une sorte de peintre impression….nant.
En effet, il décore des chaussures de couleurs inhabituelles et plus particulièrement des chaussures noires masculines qui deviennent multicolores après son intervention : bleues, rouges, orange, violettes, jaunes, etc. 
Ainsi on peut voir une vraie influence de Renoir sur le cuir au préalable. Des soleils, des prairies, des fleuves, des portraits, des matins pluvieux, des crépuscules grisâtres ou multicolores... sauf quand ce peintre se mêle de la vie privée de ses proches et dessine des scènes érotiques sur les semelles des chaussures choisies. 
Cela a au moins l’avantage de ne pas être immédiatement visible puisque caché sous les pas des personnes qui les portent et qui, surtout, ont les moyens de s’offrir de telles œuvres d’art. 
D’après les informations qui circulent, une paire de chaussures décorée par cet artiste couterait environ 5000 euros…
Très vite il a connu un succès fulgurant et a pu vendre des centaines d’œuvres. De ce fait il est devenu extrêmement riche et au bout de quelques mois a pu s’offrir un hôtel particulier… rue de la… Pompe.
Ce descendant d’un grand linguiste suisse très connu se nomme… Jérémie MAPER de SAUSSURE.

Patrice





Dès l'âge de dix ans, Marie-Hélène Lézennec s'est senti une âme de scientifique. Elle ignorait bien sûr que ses prédispositions l'amèneraient à remporter un prix Nobel ! 
Née dans les confins de Nord-Bretagne, en face de l'île de Batz, elle a toujours été attirée par les métamorphoses. Celles du paysage marin, bien sûr, avec le jeu des marées dont elle apprit vite l'influence lunaire. Métamorphoses du littoral érodé par la montée des eaux. Métamorphoses aussi des liquides sur lesquelles nous reviendrons.
Ses études menées à Rennes en chimie pure l'avaient confirmée dans certaines de ses intuitions. Elle avait rencontré son futur époux non sur les bancs de la faculté mais au Garage d'Ouessant. Ce nom l'avait intriguée du fait que tout véhicule automobile reste interdit sur l'île. Paul avait expliqué que rien ne l'empêchait d'appeler ainsi son garage sur le continent. Cela lui plut. Ils firent plus ample connaissance.
Marie-Hélène s'est dirigée vers la recherche pure, et c'est ainsi qu'elle s'est orientée vers la métamorphose et la transformation de l'eau de mer en vin ! S'appuyant sur la désalinisation de l'eau de mer, elle s'est ainsi rapprochée de ses origines et par là, de la consommation ancienne de vin en Haute et Basse-Bretagne. D'autant que les cours mondiaux du vin ont porté le prix de la bouteille à des niveaux tels que les Bretons avaient de plus en plus de mal à assouvir leurs besoins. C'est donc par esprit civique que Marie-Hélène a porté l'objet de son étude jusqu'à son aboutissement.
Le processus, selon elle, n'est pas si compliqué qu'il en a l'air. La désalinisation étant acquise, Marie-Hélène s'est concentrée sur le passage en vin grâce à l'adjonction « d'esprit de vin » comme elle appelle cela malicieusement pour ne pas déflorer le secret de sa découverte.
La photographie exposée au public montre un moment très particulier, celui où, à l'eau désalinisée, est adjoint un substrat de raisin jeune, encore vert, avant, phase ultime, l'adjonction de moût de raisin ancien. Il n'est pas montré le résultat final que Marie-Hélène avait réservé aux plus hautes autorités scientifiques.
Celles-ci, ayant apprécié le processus, mesuré le goût et validé l'expérience à grande échelle, l'ont proposée au Prix Nobel de chimie. Ainsi, le 4 juillet 2029, Marie-Hélène Lézennec est-elle devenue Prix Nobel, distinction qu'elle a reçue de sobre façon.
Deux grands groupes de vins et spiritueux se disputent actuellement auprès de la lauréate afin d'obtenir la commercialisation du vin nouveau au niveau mondial.

Jacques-André





Anastasia M. est modiste. Depuis son enfance, elle a la passion du couvre-chef. D’où cela lui vient-il ? Sans doute de sa Mère-grand qui ne sortait jamais sans chapeau, ni gants. Il faut dire que les coiffures de Grand Maman faisaient tourner les têtes. Elles étaient parfois larges de bord déployant toute une végétation, quand ce n’était pas une profusion d’ailes ou de plumets. Il y avait aussi les toques brillantes qu’elle portait en hiver, faites de doux animaux. Ses petits calots printaniers en velours, bordés d’une voilette avaient, eux aussi, leur succès.
Après des études où elle s’ennuya fort, tout en restant sage et excellant malgré tout dans les parties manuelles et cours de dessin, sa mère eut l’intuition d’un talent naissant et l’envoya dans une école de couture. Anastasia put s’y délayer les doigts et se familiariser avec les étoffes les plus belles. 
Elle eut son diplôme et la chance fit le reste. Elle entra, non pas dans une maison de couture, mais chez une modiste renommée. C’était ça ! Les capelines de Grand Maman revenaient en force. En quelques années, elle devint seconde, puis Madame C. C. prit sa retraite et lui confia les clés de la boutique. 
La vitrine changea et l’audace des modèles exposés fit que le Tout-Paris qui se veut en avance, vint bientôt faire la queue ou dut montrer grande patience pour obtenir un rendez-vous. 
Après le tourbillon de quelques années fastes, Anastasia fut gagnée par l’ennui, plus exactement, elle souhaita que tous les chapeaux qui sortiraient désormais de ses mains fussent encore plus excentriques, plus extra-ordinaires ! Elle repensa alors aux fourrures douces des toques, aux ailes d’oiseaux de son aïeule et soudain, l’idée lui vint d’exhiber sur la tête de ces dames des spécimens dans leur entier. Mais quelles bestioles pourraient bien se prêter à cette folie ? Elle pensa lézard, elle pensa crapaud, elle pensa iguane, bien sûr, n’en avait-elle pas domestiqué un après la lecture d’une nouvelle de son cher Tennessee. 
Dans les vitrines - elle s’était agrandie - on vit alors parmi les chapeaux délirants, un ou deux modèles plus délirants encore, telle cette coiffe de soie rouge ornée d’un caméléon beau comme un bijou. 
Elle fit la Une des couvertures les plus en vogue, et bien sûr celle de Vogue. Puis un jour, le secrétariat d’Alexander Mac Queen la contacta et débuta alors une collaboration des plus précieuses. 
Le bestiaire sur tête défila dans monde entier et Anastasia M. vint désormais saluer le public aux côtés du génial créateur.

Nicole H.





Dès sa plus tendre enfance, Guy Duchapau s'était passionné pour les champignons. Il était le seul enfant de sa classe à savoir les distinguer, grâce à son encyclopédie Tutti Fungui. Il apprit aussi très tôt à les cuisiner, il aidait sa mère à gratter les champis sans les noyer, à les faire sauter avec de l'ail, à composer des omelettes. Après le bac il intégra la célèbre Mushroom Global Science Academy à Cambridge, il écrivit une thèse sur un spécimen très rare des hauts plateaux, et il devint rapidement un spécialiste reconnu dans le milieu très fermé du fungus. Il rencontra sa future femme à l'université. Elle étudiait les orchidées, il lui cuisina une omelette à la truffe; ce fut le coup de foudre.
Malgré sa renommée parmi ses pairs, on ne peut pas dire que Guy Duchapeau était célèbre. La majorité des gens ne s'intéressent pas aux chercheurs, à moins d'une découverte spectaculaire; et il y en a peu dans le domaine du champignon. Non, ce qui rendit le nom de Guy Duchapeau connu de la France entière, ce fut un incident qui survint un dimanche en forêt de Fontainebleau. Guy et sa femme se promenaient sur un sentier quand ils sentirent une bonne odeur de viande grillée. En approchant, ils virent une petite famille réunie autour d'un barbecue. Ils dirent bonjour et commençaient à reprendre leur promenade, quand Guy s'arrêta soudain. Son nez entraîné venait de reconnaître une odeur très spécifique derrière celle du boeuf. Il demanda: 
— Vous avez mis des champignons sur vos grillades?
— Oui répondit un jeune homme, on les a cueillis ce matin, des énormes cèpes!
— Arrêtez tout! cria Guy. Ce sont des « faux-cépis-de-la-mort ». J'espère que personne n'en a encore mangé.
Mais quelqu'un était déjà à terre, tordu de douleur. Pendant que sa femme appelait le SAMU, Guy éteignit le barbecue, renversa la viande et les champis et les enterra rapidement. La victime fut sauvée in extremis, et Guy Duchapeau connut son moment de gloire. Il fut interviewé par plusieurs magazines et journaux, eut sa photo en couverture de Science et Vie, et pour finir on lui offrit une rubrique sur France 3 « Les champignons, amis ou ennemis? » le samedi matin à 4h55.
Merci à Guy Duchapeau qui a tant fait pour nous éclairer sur ces petites créatures!

Vanessa



À partir d'une première phrase



Quand ils apprirent la nouvelle, ils sortirent des restaurants, des cafés et des hôtels et regardèrent le ciel. Rien n'avait filtré dans les journaux ni les revues scientifiques. Le phénomène n'avait jamais été observé jusque là, nous apprirent pompeusement certains experts auto-désignés. 
Les gens n'en croyaient pas leurs yeux, expression d'autant plus appropriée que nombre d'eux, il faut bien le dire, étaient passablement avinés. 
Le ciel, dans l'ensemble de son hémisphère Nord, ont précisé les chaînes info, arborait un fond d'une couleur rosée comme une fin de coucher de soleil. Mais l'heure n'était pas crépusculaire. En soi cela n'avait rien d'extraordinaire sur le moment, excepté la fragmentation du fond d'où semblait se former un enchevêtrement proprement incroyable. Il semblait que, du fin fond de l'Univers, une fracture s'était opérée pour faire naître diverses formes qu'un enfant aurait pu prendre pour un jeu de construction géant.
Au septentrion, une matière de nuages bleue avait pris la forme d'un cheval de légendes, se cabrant. Les yeux écarquillés, les gens furent médusés de constater la transformation lente de l'animal en un écheveau de tresses stratosphériques. Le bleu initial avait pris un entrelacs de couleurs inconnues, se rapprochant du mauve et du marron. Gigantesque fresque d'aspect laineux où tout un chacun s'était mis à rêver de s'y projeter.
Mal leur en aurait pris car la tresse est devenue langues de feu liquides de couleur plutôt grise et rouge.
Les précipitations surnaturelles ont fait se précipiter les gens vers des abris de fortune, cafés et restaurants ayant d'ores et déjà fermé leurs portes.
Le phénomène a disparu comme il était arrivé.

Jacques-André


Quand ils apprirent la nouvelle, ils sortirent des restaurants, des cafés et des hôtels et regardèrent le ciel… et les parapluies commencèrent à s’ouvrir. 
Il pleuvait des étoiles fines, légères qui venaient mourir sur l’asphalte avec la douceur de la neige. Les enfants se baissaient pour les ramasser, mais aussitôt, elles s’évanouissaient entre leurs petits doigts. 
On sentit un souffle d’air, on ferma les boutons des manteaux, les cols furent remontés. Le ciel magnifique scintillait de plus en plus. Ce fut soudain presque un aveuglement. Les étoiles faisaient à présent un petit bruit très doux en retombant sur les corolles des parapluies. Elles avaient gagné en poids, en taille aussi, et les enfants pouvaient désormais les garder dans leurs mains et même les loger dans leurs poches pour en saisir d’autres. On vit des adultes en faire tout autant, puis les boutiquiers et les boutiquières en remplirent des sacs. 
Le merveilleux phénomène dura près d’une heure. Timidement, le bleu du ciel se fraya un chemin parmi les nuages. Le monde se dispersa non sans avoir échangé avec ses semblables, force yeux écarquillés et grands gestes qui leur faisaient monter les bras au ciel. 
Le reste de la journée se déroula malgré tout dans le calme. 
Le lendemain, nous étions le 24 décembre, on put admirer les plus belles vitrines qui soient. Dans les maisons, les sapins chargés d’étoiles étaient resplendissants. 
Le Père Noël pouvait venir, la petite ville et tous ses foyers étaient prêts pour l’accueillir.

Nicole H.


Quand ils apprirent la nouvelle, ils sortirent des restaurants, des cafés et des hôtels et regardèrent le ciel. Tous les téléphones portables avaient vibré simultanément, propageant l'avertissement: « Attention, notre fusée Ariane, lancée ce matin depuis la Guyane, a pris son indépendance. Elle ne suit pas le trajet prévu vers l'espace mais est partie à l'horizontale, elle semble avoir décidé d'explorer la terre. Elle survole en ce moment l'hexagone. Gardez votre calme. Ne tentez pas de l'intercepter, et si elle s'approche du sol, prenez vos distances. Les autorités compétentes s'occuperont de réceptionner la fusée. »
Et c'est ainsi que toute la rue avait le cou tordu et le visage tourné vers le ciel, pour observer une fusée horizontale. Elle semblait en fin de course, car elle avançait lentement. 
— Regardez! dit quelqu'un. Elle commence à pointer vers le bas. 
— Elle va tomber! dit quelqu'une. 
À ce moment surgirent du coin de la rue, sirènes hurlantes, six camions de gendarmerie. Les hommes en bleu qui en sortirent transportaient d'énormes sacs, un par camion, qui, une fois dépliés, se révélèrent être des filets métalliques. On les vit courir sous la fusée en tenant les filets, comme pour recueillir quelqu'un qui sauterait d'un immeuble, mais en beaucoup plus gros.
La fusée descendait toujours plus, les hommes courraient; un filet resta accroché à un réverbère et un autre s'entortilla dans les laisses d'un promeneur de chiens, il en restait quatre; le suspense était à son comble. Enfin, la fusée acheva sa chute dans l'un des filets d'acier. Tout le monde ressentit un mélange de soulagement et de déception discrète, car personne n'avait été écrabouillé. Un message fit vibrer les téléphones, l'incident était clos.
— Ce n'était pas notre plus glorieuse aventure spatiale, conclut sobrement le président de la République le soir au journal télévisé.

Vanessa


Quand ils apprirent la nouvelle, ils sortirent des restaurants, des cafés et des hôtels et regardèrent le ciel.
Un groupe de touristes français retraités se retrouvèrent dans deux cars pour aller visiter Berlin, la célèbre capitale de l’Allemagne. C’était encore l’époque avant la chute du mur. 
Ils eurent tout d’abord l’occasion d’aller visiter Berlin Est et furent étonnés de découvrir, sitôt la frontière franchie, une ville immense avec de grandes et larges avenues et des monuments très célèbres dont la majorité des retraités ne connaissaient pas l’existence. 
Dans le premier restaurant où ils allèrent déjeuner, ils purent constater avec étonnement les prix extrêmement bas de la nourriture. 
Ils se ruèrent dans les magasins de musique où les disques de musique classique étaient vendus à des prix défiant toute concurrence, et dans les librairies où les grandes œuvres littéraires et artistiques atteignaient des très bas prix. 
Pour mieux faire connaissance avec Berlin Est, les organisateurs du voyage avaient prévu d’y passer 24 heures et réservé plusieurs hôtels dans le centre de la ville. Étant très nombreux, ils ne pouvaient loger tous dans les mêmes hôtels ni même déjeuner dans les mêmes restaurants. 
Le soir même de leur arrivée ils apprirent qu’un homme avait décidé de sauter d’un avion et de se poser sur le toit de la Porte de Brandenburg. « Quand ils apprirent la nouvelle, ils sortirent des restaurants, des cafés et des hôtels et regardèrent le ciel… » Ils virent alors cette personne en parachute se poser sur le Brandenburger Tor.

Patrice



Atelier n°1

 

Proposition n°1 : Cadavre exquis


- Sujet
- Verbe
- Complément d’objet
- Complément circonstanciel ou autre précision.

Proposition n°2 : Une bouteille à la mer
Échange de lettres


Texte 1 :

Chacun choisit une petite annonce dans laquelle des gens recherchent d’anciens amis.
À partir des éléments fournis dans l’annonce, écrire une lettre en tant que :
- la personne recherchée ;
- ou quelqu’un qui l’a reconnue et peut donner des informations ;
- ou quelqu’un qui répond à l’annonce pour ses propres raisons…

Texte 2 :

Réponse de la personne qui a mis l’annonce.

Proposition n°3 : À partir d’un inducteur


« Adieu... »

Proposition n°4 : Écrire à toute vitesse


Une personne lance un mot, et tout le monde écrit une phrase incluant ce mot. Puis un autre lance un 2e mot et chacun écrit la suite du texte en incluant ce mot. Etc.

Quelques textes du 1er lundi


Cadavres exquis


La fée verte détruit une assiette en porcelaine en plein extase.
Le petit chaperon rouge/vert pratique une glace à la main sous le soleil l'automne.
L'oiseau s'emmêle les crayons les pavés de la rue nonobstant.
La cour d'école amuse le bruit des travaux merveilleux avec une cruauté impressionnante.
Le nouveau sujet de Charles III se reposait tranquillement dans le parc municipal dans le manoir.
Je m'ennuie de bon matin un sport inavouable de façon irrémédiable.
Mon père coud un piano dans le pré.
Le Pape François braillait l'envers du décor en fin de compte.
Un homme ronronne la balle avec acrimonie.


Bouteilles à la mer


Recherche Patrick né en 1954 (53 ou 55)

Cher Patrick,
Tout d’abord, un grand merci d’avoir jeté cette bouteille à la mer. 
Je suis Roland, le chanteur d’opéra. Tu vois, des cadavres, pas toujours exquis, que nous disséquions, je suis passé au rideau frangé d’or, à la scène, aux envolées lyriques.
Je suis heureux de renouer avec, au moins, un membre de cette fameuse équipe que nous formions à la fac de médecine. Plus exactement, avec un nouveau membre, car j’ai épousé Mireille, la « grande timide ». Il faut croire qu’un blues plus profond que les autres l’a émue et que moi-même, je n’ai plus voulu quitter ma consolatrice, notre consolatrice. Tout cela fait remonter bien des souvenirs…
As-tu des nouvelles des autres ? Ce serait merveilleux de se réunir un jour pour les évoquer.
Sache que tu es le bienvenu.
À te relire ou te revoir bientôt.

Roland (alias Nicole)

*****

Recherche Annick

Bonjour
La personne que vous recherchez a eu deux vies complètement différentes.
En effet, elle est bien née entre 1946 et 1954, plus précisément en 1949.
Je l’ai connue en 1980 mais elle ne travaillait pas aux PTT. Elle avait décidé de changer complètement d’orientation et avait commencé des études d’anglais à Paris en 1974. En 1978 elle avait été reçue au CAPES et avait commencé à enseigner l’anglais dans un collège de la banlieue parisienne.
C’est dans ce collège que j’ai fait sa connaissance et que nous sommes tombés amoureux. Nous avons décidé de vivre ensemble en 1980.
Nous avons vécu trois ans d’amour mais, malheureusement, en 1983 nous nous sommes séparés. Nous avons gardé d’excellentes relations pendant une vingtaine d’années puis nous nous sommes perdus de vue.
Manifestement elle était retournée dans sa région d’origine, à la Ferté Bernard près du Mans.
J’étais justement dans cette région en août dernier et y ai rencontré un ancien collègue. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu’il connaissait Annick. Malheureusement il m’apprit une mauvaise nouvelle : elle était décédée en août 2022 d’un arrêt cardiaque à l’âge de 73 ans.
J’en suis très triste et espère que cette mauvaise nouvelle n’affectera pas trop votre moral.
Désolé.

Patrice

*****

Réponse à Sandrine qui recherche Félix

Sandrine, 
Le Lion d'Or ! Ah le Lion d'Or ! Quelle ambiance il y avait. La période disco tenait encore la route, John Travolta, les Bee Gees, Patrick Hernandez, tout ça. 
Ah oui je me présente, je suis Raoul, l'ancien grand copain de ton Félix Curtil, pas Curty ou Curtis. Et toi, c'était Sandrine Poisson à l'époque. Ah ! Ce nom, ce que tu as pu en entendre avec ton nom. Poisson de Poissy, etc. Mais bon. 
J'ai vu Félix jusqu'en 2010. Après les années disco, les années Covid. Pas la même ambiance. Félix avait bourlingué toute sa vie. Moi j'étais resté vendeur au BHV, rayon articles de pêche, jusqu'à la rénovation du magasin, devenu tendance, ce qui m'a conduit à une retraite anticipée. Félix s'était engagé dans la Marine nationale. Étonnant, non ? 
Malgré la distance, nous avions toujours correspondu de loin en loin. Et régulièrement, il m'évoquait Poissy, la Cité Ronsard, le bar le Lion d'Or, bien sûr. Et une certaine Sandrine... 
C'est ainsi que j'ai compris l'idylle qui s'était nouée entre vous. Je ne l'ai compris qu'en 2020. Il m'avait toujours assuré du contraire. Moi qui n'avais jamais osé te dire l'attrait que je te portais. Lui avait osé. Il ne me l'a dit qu'il y a trois ans : après trente ans d'amitié profonde et entière.
Du coup j'ai rompu notre relation épistolaire et je ne saurais te dire sous quelles latitudes il navigue peut-être encore mais que m'importe ! Peut-être Félix lit-il les petites annonces de la Gazette des Vosges, lui aussi.

Raoul (alias Jacques-André)

*

Réponse à Raoul

Quelle surprise, ta lettre ! Je me souviens très bien de toi, bien sûr. Raoul, le grand brun timide, toujours dans le sillage du flamboyant Félix. Vos discussions passionnées sur les mérites respectifs des groupes des années 1960 et 1970. Je peux te le dire, maintenant que notre adolescence est loin, que les adolescents ce sont mes fils à présent, un autre style que notre jeunesse ! La vérité, c'est que tu me plaisais aussi. Vous n'étiez d'ailleurs pas les seuls. J'hésitais entre vous et Michel Berteaud. Selon les jours, l'ambiance au bar, la musique, mon cœur balançait. J'ai fini par croquer Félix, parce qu'il a fait le premier pas, du pied sous la table par-ci, un effleurement de main par-là, un regard appuyé... Et puis une franche invitation au Rex, sans toi pour lui coller aux basques. Mais après, je suis sortie avec Michel, j'ai perdu de vue Félix qui m'en voulait beaucoup. Il aura noyé son chagrin d'amour dans la Marine, tu me l'apprends. Ta lettre m'a donné envie de le revoir aussi. Ce serait sympa, des retrouvailles entre copains de jeunesse. Ça fait peur aussi. On va se trouver changé, vieilli, l'image qu'on a gardée de chacun sera floutée. 
J'habite à Rouen à présent, en famille, et si cela se fait, nous pourrons tous nous retrouver dans notre jardin.

Sandrine (alias Muriel)

*****

Perdue de vue Sylvie

Chère Madame,
Je fais suite à votre petite annonce parue dans le quotidien…, sous la rubrique « Bouteilles à la mer ».
Non pas que je sois, hélas ! la personne que vous recherchez, mais au début des années quatre-vingt, je me suis liée d’amitié avec sa petite sœur Catherine. Nous étions, à l’époque, jeunes filles et travaillions toutes les deux dans la même société de roulements à billes, elle au service comptable, moi au secrétariat. Sa grande gentillesse, une presque timidité m’ont très vite attirée vers elle. Nous avons assez rapidement passé du temps ensemble, nous livrant à des confidences, échangeant des anecdotes sur nos familles respectives. Elle se référait souvent à son grand frère Guy qu’elle admirait. « Il est si beau », disait-elle, « et pilote des avions, des avions à réaction ». 
Plus tardivement, elle m’a parlé de leur sœur Sylvie. J’avais d’ailleurs trouvé curieux qu’elle n’évoque pas la fratrie entière au même moment. Elle finit par m’avouer, si on peut parler d’aveu, que cette sœur de cinq années son aînée avait disparu la veille de ses trente-et-un ans. Ce fut un drame et un chagrin immense, partagés par toute la famille. Trois ans après ce jour fatal une lettre est arrivée, l’enveloppe était à l’en-tête du Ministère des Affaires étrangères du Guatemala et annonçait sa mort dans un accident d’avion.
Croyez que suis sincèrement et profondément désolée de mettre un terme si brutal à votre recherche.
Bien sûr, vous pouvez m’écrire et même, si vous le souhaitez, pourrions-nous nous rencontrer pour parler de votre chère soeur.
Bien à vous.

Nicole

*

Réponse à la disparition de Sylvie

Bonjour madame.
Je vous remercie pour votre réponse qui, certes a provoqué en moi un grand désespoir mais qui m’a permis de stopper mes recherches.
J’en suis arrivé à me demander s’il n’est finalement pas plus sain pour l’esprit de ne pas trop fouiller dans le passé. Quelquefois cela peut en effet raviver des souvenirs heureux mais aussi, malheureusement, réveiller des phases de grande souffrance.
C’est pourquoi je ne pourrai pas vous rencontrer pour évoquer la perte de Sylvie. Je vais essayer de classer cette belle et heureuse période de ma vie dans les souvenirs heureux en gommant la triste réalité que vous m’avez apprise.
Je me demande d’ailleurs si je n’aurais pas mieux fait de ne pas publier cette annonce de recherche de Sylvie.
Je vous remercie quand même

Patrice

*****

Réponse à Louis qui recherche un ami italien

Cher Louis,

Un grand merci pour la réponse à mon annonce. 
Vous évoquez le mariage et le divorce de notre ami commun. Il se trouve que j'avais assisté à son mariage avec mon amie Anne-Laure. Cette évocation me fait venir le sourire aux lèvres. Ce jour-là, le maire de la commune de Milan avait inversé les noms respectifs de famille et les dates de naissance des futurs mariés. Ayant voulu rectifier, la confusion était telle que la cérémonie avait failli être écourtée. Enfin, l'union avait pu être déclarée. 
Finalement, cela ressemble assez bien à notre ami Paolo. Les vacances avec lui ne pouvaient être banales. À côté de sa gentillesse et de son côté coureur italien, et je sais de quoi je parle, il faisait des bourde – peut-être vous en souvenez-vous? – parfois assez lourdes. 
Aviez-vous appris qu'il s'était rendu à Banyuls au lieu de Bayonne, par homophonie, pour se rendre à une réunion à laquelle j'avais participé ? Cela avait eu pour conséquence l'éloignement d'une partie de son cercle d'amis. Et un peu tout à l'avenant.
Votre lettre malheureusement ne m'aide guère pour retrouver notre Paolo. Aussi et si vous en convenez, nous pourrions décider de faire des recherches poussées en commun. Qu'en pensez-vous ? Je vous laisse mes coordonnées. Amicalement.

? (Jacques-André)

*****


Réponse à l'annonce de Viviane


Toulon, août 2023

Viviane, tu te démasques enfin, après tant d'années ! Tu crois que je ne soupçonnais pas tes manigances, à l'époque où tu te prétendais « ma meilleure amie » ? Que je ne voyais pas tes coups d'oeil furtifs, tes regards énamourés sur Jean-Marie ? Et ta manière de remettre vite fait du rouge à lèvres, quand on avait le dos tourné ? Il te plaisait bien, mon beau capitaine, surtout quand il venait en uniforme pimpant ! Oui, mais c'est moi qu'il avait choisie, au bal du 14 juillet, malgré tout le gringue que tu lui avais fait ! Et je vais te dire une bonne chose : laisse tomber ! Jean-Marie, ce n'est pas pour toi. Non, mais franchement, tu ne t'es jamais rendu compte qu'il te tolérait tout juste, par égard pour moi ? Il te trouvait ridicule, ma pauvre amie, avec tes mimiques de coquette, tes rires de complaisance à la moindre de ses blagues, tes cris d'admiration surjouée pour ses petites prouesses militaires de pas grand-chose. Parce qu'enfin, dans les bureaux de la caserne d'Épinal, un capitaine instructeur, ça ne risquait pas grand-chose. Vous auriez fait un beau couple, tiens. Et ça m'aurait évité de perdre dix ans de ma vie avec un homme que je ne n'aimais plus au bout de deux ans. Mais le plaisir de t'en priver, ça c'était réjouissant, « ma meilleure amie ».

Gervaise (alias Muriel)


Écrire à toute vitesse



perceuse, lune, peigne, lumière, pouvoir, bateau, cadre, œuf.

Mon voisin a acheté une perceuse. Elle est black et d'équerre. Il l'utilise jour et nuit. J'en perds ma contemplation de la lune. Ce voisin est déplaisant en plus du fait qu'il a toujours un peigne à la main. J'ai envie de couper la lumière de l'immeuble : au moins j'en ai le pouvoir. Il a voulu nous réunir afin de se disculper : il nous a menés en bateau. Cela cadre bien avec le personnage. J'ai proposé aux membres de la copropriété de lui balancer un oeuf à la figure.

Jacques-André


Je n'en peux plus de ce bruit de perceuse chez la voisine ! Ça fait des heures que ça dure, que fiche-t-elle ? Je suis obligé de peigner ma chienne tous les quarts d'heure pour la calmer, ce bruit la fait trembler. Si je coupais l'électricité de l'immeuble, elle n'aurait plus de courant. Oui mais moi, je n'aurais plus de lumière. Ah si j'avais le pouvoir d'arrêter ce maudit tintamarre ! Je te ficherais bien la voisine sur un bateau pour l'envoyer au diable ! Il faudra demander au syndic de fixer un cadre pour les horaires de travaux. Bon, je vais me faire cuire un œuf, ça me calme toujours les nerfs.

Muriel


- Perceuse ! J’eusse préféré « Berceuse », à une lettre près, que de douceur … 
- Lune, tu te lèves au-dessus de la mer et m’émerveilles. 
- Peigne tes longs cheveux et ravis-moi de ce spectacle. 
- Cette lumière m’éblouit et me fait mal. Elle me force à fermer les yeux et me plonge dans les ténèbres. - Mon pouvoir d’achat a diminué. 
- Tu me mènes en bateau mon brave Marius. Aucune sardine n’a bouché le Port de Marseille ! 
- Et surtout respectez le cadre ! Sinon, il vous en cuira. 
- Qui est le premier de l’œuf ou de la poule ?

Nicole qui a mangé la moitié de la consigne



Atelier n°10


Proposition n°1 : Cadavre exquis…

...avec dernier mot apparent 


- La première personne écrit une phrase et la cache en laissant apparaître le dernier mot.
- La personne suivante poursuit la phrase ou en écrit une autre. Etc. 


Proposition n°2 : Écrire une histoire à plusieurs


Quatre tours, une demi-page chacun.       


Proposition n°3 : À partir d’une situation


La clé tourne dans la serrure, la porte s’ouvre…      


Proposition n° 4 : À partir de cartes du jeu Dixit

Quelques textes du 10e lundi


Cadavre exquis... avec dernier mot apparent


J'ai été appelé à l'extérieur dans la rue,
une rue ancienne, pavée, bordée d'immeubles fissurés pleins de cachet.
Un cachet chaque matin et chaque soir, a dit le médecin. 
Le médecin alla passer des vacances à...
l'île de Sein. Il y passa des vacances mémorables.
Le temps est mémorable et beau
Beau comme un camion!

On entend par la fenêtre le bruit des travaux 
Ralentir travaux, il est écrit. Ralentissons! 
Pour ne pas accélérer la durée de vie, il faut prendre son temps.
Le temps n'est pas compressible,
compressible tel un K-way ou une tente Quechua
Quetzal et tutti quanti.

Écrire à plusieurs



Cendrillon était une belle jeune femme qui faisait tout dans la maison. Jadis elle était heureuse, jusqu’à ce que sa belle mère s’installe à la maison. Cendrillon était devenue la bonne à tout faire. La bonne à tout faire de sa belle mère et de ses sœurs. (Sylvie)

De plus, Cendrillon était taraudée par la peur que ses ennemies découvrent son secret. En effet, la belle jeune femme était en réalité un charmant jeune homme. Son père l’autorisait à porter des robes, et, pour préserver sa bonne entente avec sa nouvelle épouse, il ne lui avait rien dit. À part lui, tout le monde croyait que Sandro était Cendrillon, la plus malheureuse des trois sœurs. Mais l’approche du bal princier était pour Cendrillon un nouveau danger. (Vanessa)

En fait, le malheur pour lui était de porter les chaussures de Cendrillon. Certes, c’était du lézard de première qualité. D’un beau vert émeraude mais difficiles à enfiler. Trop difficiles du fait que 35 était la taille des dites chaussures. Huit pointures en moins ! Sandro prit son courage à deux pieds et s’exerça avec quelque succès à la marche. (Jacques-André)

Non seulement les chaussures étaient trop petites, mais en plus elles avaient des talons hauts. Néanmoins, à sa grande surprise, il parvint à donner le change malgré la douleur et le déséquilibre que ces chaussures provoquaient à ses grands pieds. Mais Sandro était d’un grand courage, capable d’endurer n’importe quelle souffrance pourvu qu’il puisse faire croire aux autres « qu’il était bien dans ses bottes ». Le lendemain de cette soirée mémorable il alla sans prendre rendez-vous chez le podologue de son quartier.  Avec force massages et coupures d’ongles de pied, ce dernier put apaiser un peu la douleur de Sandro. (Patrice)

***** 

Il existe, au coeur de la grande ville, des territoires secrets, où les règles de la civilisation n’ont pas cours… Des îlots avec leurs propres lois, leur hiérarchie, leurs règlements de compte en lien avec leur culture spécifique. On appelle ces enclaves des « cours de récréation ». Là, entre bandes d’enfants, se jouent des complots ignorés des adultes. Ainsi, à l’école élémentaire Jean Jaurès, trois gamins réunis sous un marronnier tiennent un conciliabule. (Vanessa)

Petit-Jean, auto-proclamé « le Chef », dit que cela ne serait possible qu’à une seule condition: il se réservera 60% des gains, Bert etAmédée se partageant les 40% restant. Tous deux se regardent et s’échangent muettement le message: comme d’hab, quoi! Ils acceptent la proposition du chef. Sur ce, Petit-Jean leur intima de le suivre vers le casino, à la fin des cours. (Jacques-André)

Ils longèrent donc la plage de Deauville d’un pas alerte et décidé en plaisantant, en se faisant des croche-pattes, en insultant les vacanciers en maillot de bain qui se dirigeaient vers la mer. Quand ils arrivèrent devant le casino de Deauville, ils se dirigèrent vers l’entrée et voulurent entrer. Le gardien se campa devant eux et leur dit d’un ton autoritaire: « Le casino est réservé aux personnes de plus de 18 ans, et vous semblez n’avoir que 10 ou 11 ans! » Ils rebroussèrent chemin et allèrent se baigner dans la mer froide. (Patrice) 

Ils se baignèrent jusqu’à la nuit tombée. Et dans la nuit ils faisaient peur aux passant. Ils faisaient tellement peur que certains joueurs du casino firent tomber leurs gains. Les chenapans ramassaient les gains, fiers d’eux. Le lendemain ils racontèrent leur aventure, trop fiers d’eux. Ceci tomba dans l’oreille d’un père de famille, père de l’un des gamins, et ils furent mis en prison. (Sylvie)

*****

Un petit chaperon vert alla voir sa grand-mère. elle lui apportait du faux-beurre. C’est un leurre, dira Mère-Grand. En chemin elle rencontra un jeune loup, bien fringué, tiré à quatre épingles. "Alors, mignonne, lui dit-il, où est-ce que je t’emmène dans ma Jaguar?" Un jeune loup en Jaguar, ce n’est pas banal, pensa-t-elle. "Menez-moi au parc zoologique", lui intima-t-elle. (Jaques-André)

Quand ils arrivèrent aux abords du parc, le jeune loup gara sa Jaguar à Saint Mandé et ils se présentèrent tous les deux à l’entrée du parc. Quand il les vit, le gardien prit son téléphone et dit: « Eh, les mecs, il est revenu avec une petite fille qui porte un truc bizarre vert ». Trente secondes après on vit arriver une petite camionnette d’où descendirent deux colosses qui embarquèrent le loup dans la cage à l’arrière du véhicule. (Patrice)

Les deux colosses descendirent, plus loin, de la camionnette, et mirent le loup à la fourrière de la S.P.A. Après dix jours de fourrière le loup fut mis avec les chiens à la S.P.A.  et personne ne voulait l’adopter, parce qu’il paraissait trop méchant. De plus il n’aboyait pas, il hurlait et faisait peur à tout le monde. Les agents de la S.P.A. faisaient en sorte d’en faire un bon toutou, mais les mois passaient et il n’était toujours pas choisi. À la fin les agents de la S.P.A. faisaient en sorte de le récompenser à chaque fois qu’il faisait le beau. (Sylvie)

Le loup finit par comprendre qu’il ne pourrait échapper à ses geôliers qu’en se montrant plus futé qu’eux. Il fit donc semblant. Il ne se vêtit pas d’une peau de mouton car il n’en avait pas sous la patte, alors il adopta les attitudes des chiens; il fit le coup des yeux attendrissants et se laissa caresser le museau sans mordre. Ses efforts portèrent leurs fruits. Une sympathique famille pavillonnaire, mari, femme et leurs trois enfants, accepta de l’adopter. Les yeux mouillés par l’émotion les employés de la S.P.A. regardèrent partir le jeune loup dans la Renault Espace de sa nouvelle famille. Encore une touchante histoire d’adoption! (Vanessa)

*****

Pris d'une soudaine et irrépressible inspiration, il alla chercher du papier et un stylo et se mit à écrire rapidement un poème incompréhensible, même pour lui-même. Quand il eut fini, il prit son smartphone, lut à haute voix le poème et s'enregistra. Quand il écouta l'enregistrement, il fut tout surpris et ne put s'empêcher de penser qu'il était aussi doué que Rimbaud. (Patrice)

Mais il n'était jamais content de lui. Il aurait préféré écrire comme Verlaine. Il était quand même content de lui et fier d'être un poète. Il allait se fixer à présent d'écrire comme Verlaine. (Sylvie) 

Il se lança donc dans une série de poèmes au rythme impair, sur des sujets verlainiens tels que les tableaux de Watteau ou la Ville de Paris pendant la révolution industrielle du 19ème siècle. Étrangement, son recueil intitulé « Variations vagues » fut refusé par tous les éditeurs. On lui reprochait un manque de modernité, on questionnait sa pertinence dans la société actuelle. Il en fut fort marri. (Vanessa)

Marri ! Il aimait ce terme et son assonance avec l'époux. Oui mais l'époux infernal avec qui il avait partagé une vie nomade entre Paris, Bruxelles et Londres, n'était pas l'idéal. Il gambergeait, consultait des cartes, échafaudait des plans avant de s'embarquer vers Java d'où il déserta et revint laborieusement au bercail chez la Mother tant aimée en dépit de tout. Adieu Verlaine, vaches, cochons et partir vers l'Ailleurs ! Enfin. (Jacques-André)


À partir d'une situation

La clé tourne dans la serrure, la porte s'ouvre... 


 La clé tourne dans la serrure, la porte s'ouvre. Le chien s'ébroue, émet un petit cri et s'en va. Adeline, la maîtresse de maison, tend posément ses lèvres qu'il accueille comme il se doit.
Quel plaisir de retrouver le calme, l'intimité et le rien-faire ! Il prend le temps d'échanger avec Adeline avant de regarder le tableau abstrait figurant néanmoins un bord de mer. Que dirais-tu d'une virée en Bretagne ? Adeline accueille la proposition avec joie. Le souvenir des rochers dans la mer, les vagues d'écume, le couchant sur le sémaphore lui reviennent instantanément.

La clé tourne dans la serrure, la porte s'ouvre. Là sont entreposés les cartes, les brochures et les livres de voyages. Allan saisit le guide Bretagne Nord qu'il consulte distraitement avant de se mettre à la préparation du repas. Demain, je passerai à la banque, annonce-t-il. Le lendemain, à la banque, il se fait conduire à la salle des coffres.

La clé tourne dans la serrure, la porte s'ouvre. Il est toujours émerveillé comme un enfant un soir de Noël lorsqu'il soupèse les liasses de billets contenues dans diverses enveloppes de papier kraft. Il extrait deux liasses et referme la porte du coffre. Le loueur de voitures accepte très naturellement le règlement en liquide.

La clé tourne dans la serrure, la porte s'ouvre. Le voilà à bord d'un véhicule Tesla qui le conduit jusque chez lui. Adeline a préparé quelques bagages, confié le chien au voisin et sourit devant les perspectives de petites vacances en amoureux. L'automobile a choisi l'itinéraire...et vogue le navire !

Jacques-André

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Quand Céleste sortit de l’ascenseur au sixième étage de l’immeuble, elle eut la mauvaise surprise de constater que la lumière était éteinte. Elle chercha l’interrupteur comme une aveugle car elle était dans le noir le plus total. 

Il lui fallut palper tous les murs de l’étage et aussi les portes des appartements.

Quand au bout de trois minutes elle trouva enfin la minuterie, elle eut la deuxième mauvaise surprise de la soirée : la minuterie semblait ne pas fonctionner.

Que faire ? Il lui fallait en plus trouver quelle était la bonne porte…

Le numéro de l’appartement était le 64. Comment le trouver ?

Elle se mit à parcourir les abords des différentes portes et eut enfin la chance de tomber sur le 64.

Elle sortit donc la clef de son sac et réussit du premier coup à l’introduire dans la serrure et ouvrit la porte de l’appartement. Ce fut alors qu’elle eut enfin la surprise la plus inattendue de la soirée : l’intérieur de l’appartement était éclairé et elle entendit un «bon anniversaire Céleste » d’au moins une trentaine de personnes qui rigolaient comme des fous. Son mari, ses trois enfants et tous ses amis étaient là.

Folle de joie, elle apprit quelques minutes plus tard que l’obscurité avait été volontairement organisée par son mari, histoire de rendre la surprise…. encore plus surprenante. 

Patrice


À partir de cartes du jeu Dixit


On lui reproche d'avoir la tête dans les nuages. L'escargot répond qu'il a un rêve: il veut gravir cet escalier en colimaçon à l'image de sa coquille, cette volée de marches menant on ne sait où; il veut la gravir jusqu'au-delà des nuages. Il y passera le temps nécessaire, sa vie entière, peut-être, et un jour il verra au-delà des nuages.
Pour commencer, il se hisse sur la première marche, admire la nouvelle perspective, et se repose un instant avant d'attaquer la deuxième marche. La-haut, les nuages l'attendent.

Vanessa

D’où ce monstre marin peut-il bien nous venir ?
D’une intense couleur verte son corps nous impressionne
Il se couche sur le sable à côté du menhir
Et ouvre sa grande gueule dès que la cloche sonne
Ses dents blanches acérées entourent ses mâchoires
D’où survient brusquement dans la douceur du soir
Un petit prince rose qui s’envole vers le ciel
Attiré par la vue d’une princesse très belle

Patrice

Dans le pays de Khorsand vit un enfant qui se prend pour un rongeur-artiste. Le petit palais dans lequel il passe ses journées ne laisse de l'impressionner. Les pièces tout autour sont immenses, peintes de couleurs vives. L'ouverture sur l'extérieur donne sur un ensemble de bâtisses propres à faire naître les contes.
L'enfant a un passe-temps : jouer de la flûte, mais cette flûte a pour originalité de se transformer en un gentil serpent !
Le gentil serpent patiente le temps qu'il faut avant de proposer une sortie. Pour l'occasion le serpent décore le cou de l'enfant. Ils vont au souk, y achètent qui un loukoum, qui une petite souris, enfin toutes choses à déguster en se promenant.
Par hasard ils rencontrent le Chef de Khorsand, richissime magnat magnanime.
Que désirez-vous par-dessus tout ? leur demande-t-il.
Ils se gardent bien d'émettre quelque souhait que ce soit car ils savent qu'une réponse qui ne conviendrait pas au magnat magnanime... leur assurerait la geôle. Ils sourient et se retirent tout en s'inclinant respectueusement et vont reprendre leurs activités au petit palais.

Jacques-André