Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°6


Proposition n°1 : Texte à trous 


Un court texte avec des mots manquant, à remplir avec une contrainte: tous les mots doivent commencer par une lettre imposée.


Proposition n°2 : Critique de film


Chacun choisit une photo montrant un ou des personnages en action, en imaginant que c’est une photo de tournage ou tirée d’un film. Chacun rédige la critique de ce film fictif : son titre, son sujet, ce qu’on pense de la réalisation, de acteurs, du scénario...


Proposition n°3 : L’avis d’un spectateur 


En réponse au texte d’un autre participant, un spectateur qui a vu le film donne son point de vue : article de blog, courrier des lecteurs, intervention au Masque et la Plume…


Bonus: Écrire à toute vitesse


Une personne lance un mot, et tout le monde écrit une phrase incluant ce mot. Puis une autre lance un 2e mot et chacun écrit la suite du texte en incluant ce mot. Etc.

Quelques texte du 6e atelier


Critique d'un film fictif et réponse d'un spectateur






« Le vieux et le chien », joué par Jean Darmanin qui met en scène le film


Jean Darmanin joue avec le chien Hannibal, ils ont été très complices pendant ce tournage. Jean Darmanin joue très bien et dirige très mal les autres acteurs.
L’histoire : un vieil homme et son chien. Le vieil homme est parti de sa maison de retraite pour rejoindre son chien Hannibal. Hannibal était dans un chenil où son maître Gaspard est venu le chercher. Gaspard a donné rendez-vous à ses copains qu’il a prévenus qu’il faisait une fugue.
Et tout le film se passe au bord de la mer. Une équipe de choix a tourné le film avec les plus grands acteurs de leur génération.
Hannibal accompagne son maitre avec tous ses copains en Normandie. C’est une journée d’hiver où il fait très beau. Jean Darmanin joue très bien, mais il aurait pu s’abstenir de faire la mise en scène. La photographie est géniale, avec les paysages formidables de la Normandie. La musique est formidable, mais elle ne va pas avec le sujet.
On est passionnés par les aventures de Hannibal qui joue à merveille son rôle de chien.

Sylvie

***

Bonjour,
Je tiens à réagir à la critique du film « Le vieux et le chien » parue la semaine dernière dans votre journal. Je vous trouve sévères envers les acteurs, à mon avis ils se débrouillent très bien malgré le scénario indigent et la mise en scène prétentieuse.
Je suis d’accord avec vous sur le fait que Jean Darmanin est un mauvais metteur en scène. Mais comme acteur il est encore pire ! Dans le rôle du vieux sympa et touchant qu’il s’est attribué, il en fait des caisses. Il grimace comme un acteur du cinéma muet, chaque émotion est surjouée et encore soulignée pas une musique larmoyante, c’est insupportable. Je suis partie avant la fin, j’ai sans doute manqué un grand moment de tension dramatique (non, je plaisante !).
Le seul point sur lequel je vous rejoins est la qualité de jeu du chien ; de plus il est très beau et donne envie de courir avec lui au Parc de Sceau au lieu de perdre son temps dans une salle obscure à éplucher un navet.

Kelly Graphie (Vanessa),
Bourg-la-Reine 







Panique chez les aristos


On s’attendait au pire en recevant le dossier de presse de « Nos chères têtes blondes », la dernière comédie de Kévin Durillon.
Il nous avait affligés avec son buddy movie scatologique « Prout et Pétard », et ne s’était pas rattrapé avec sa comédie romantique « Quand Bichon rencontre Triton ». Son dernier film est donc une belle surprise. Le sujet n’est pas nouveau, mais il est traité avec une certaine finesse.
Une famille d’aristocrates voit son quotidien bouleversé par l’arrivée d’un nouvel enfant. Le bébé, blanc et blond comme ses sœurs à la naissance, devient de pus en plus basané au fil des jours. Les premiers cheveux tombent et sont remplacés par une chevelure brune et frisée. Les parents horrifiés voient leur enfant développer des traits typiquement maghrébins.
Évidemment le père soupçonne la mère, jouée de façon magistrale par Isabelle Huppert. L’aristocrate parfaite, maîtresse de maison accomplie et mère dévouée, a-t-elle trompé son mari ? Ou bien un gène plus ancien, entré illégalement dans la famille, est-il en train de ressurgir ? Le mélange de suspense et de comédie nous accompagne agréablement pendant une heure quarante, jusqu’au retournement final.
Pour la première fois je recommande un film de Kévin Durillon, qui semble avoir enfin dépassé les provocations adolescentes pour entrer dans l’âge adulte. « Nos chères têtes blondes » vaut le déplacement, dans le désert artistique de nos salles de cinéma en période de vacances scolaires.

Jean-Charles Mérinos (Vanessa), L’Obs







Rencontre au bout du monde


En voyant ce couple tenant, semble-t-il un bar, qui pourrait imaginer leurs histoires respectives de ces dix dernières années ?
Lui, Alfred était SDF à Paris depuis une dizaine d’années et passait son temps à mendier, assis en permanence devant une banque en buvant des bières à longueur de journée. Il interpellait les passants en leur racontant des histoires à dormir debout. La plupart des passants passaient devant lui sans lui adresser la parole ni même le regarder et à fortiori lui donner la moindre obole. 
C’était à se demander comment il parvenait à se payer les nombreuses bières qu’il consommait. Mystère…
Un jour pourtant, une dame généreuse lui remit un billet de 50 euros. Il se confondit en remerciements en des termes inhabituels et même un peu poétiques.
Sitôt la brave dame partie, il se leva d’un bond et courut au café-tabac du coin pour s’offrir un whisky et se payer un Cash. Lorsqu’il gratta le Cash, il n’en crut pas ses yeux : il venait de gagner 500 000 euros ! Une folle joie l’envahit. Dès qu’il eût perçu sa petite fortune, il décida de prendre un billet d’avion pour le pays de ses rêves, l’Australie
Dès son arrivée à Sydney il alla boire un verre dans un pub. Il vit une jeune femme assise seule à une table. Il lui demanda poliment en français s’il pouvait s’asseoir à sa table. Elle lui répondit dans la même langue : « mais avec grand plaisir cher monsieur ». Il fut surpris et enchanté. Ils entamèrent une longue discussion. En fait, elle était française, se nommait Alice et était seule dans la vie depuis qu’elle s’était installée en Australie.
Ils tombèrent très vite amoureux et décidèrent de retourner en France une semaine après leur rencontre. Ils ouvrirent un bar à Paris.
Voici donc Alice et Alfred au Sydney Club.

Patrice

***


J'ai vu Rencontre au bout du monde après y avoir été incité par la critique très exhaustive de Jules Cafard dans Le Provençal.
Je n'ai pas été déçu même si je ne crois pas avoir vu le même film que le critique. Au lieu d'un conte à l'eau de rose, j'y ai vu , moi, une analyse anthropologique du petit peuple.
L'addiction à l'alcool d'Alfred renvoie au désespoir éprouvé par les victimes de la mondialisation. Les illusions entretenues par un billet de loterie ne doivent pas faire oublier leur condition. 
Le tableau n'est pas aussi noir qu'il y paraît, et tend d'ailleurs vers le rose comme l'eau du même tonneau. Alfred et Alice ouvrent un bar, le Sydney Club, et servent beaucoup de petits canons, alors même qu'Alfred a décidé de n'en plus boire un seul.
C'est là une sortie par le haut de ces destins parfois tragiques, interprétés ici par deux acteurs totalement inconnus mais tellement vrais.

Jacques-André








"Le Réverbère", critique du film

Alexis Galuchon nous avait habitués à des films intimistes se passant à la campagne. Son dernier film, "Le Réverbère", change d'angle de vue pour nous projeter dans un univers urbain. Le choix du noir et blanc sied particulièrement bien à l'histoire.
Son titre ne laisse d'étonner étant donné que ledit Réverbère – pourtant présent sur l'affiche du film – n'apparaît que sur un seul plan. L'on aurait pu s'attendre à ce que l'objet en question nous éclaire d'une façon ou d'une autre sur l'action du film. Il n'en est rien.
Au contraire, Alexis Galuchon s'évertue à brouiller les pistes, à l'image de l'affiche où l'arrière-plan est nimbé de brouillard. L'action se situe au milieu des années 50 dans un pays jamais nommé mais que le spectateur reconnaîtra aisément.
Passées les premières images dénuées de toute action sinon la chute de neige continuelle, deux individus en grande conversation deviennent centraux au point que le plan se rapproche au plus près de chacun d'eux. C'est l'occasion de voir Hippolyte Girardot dans le rôle d'un espion de l'Est de haut vol. Son protagoniste, interprété par Bruno Podalydès, nous surprend tant par son jeu décalé que par ses prises de position proprement inscrites dans la ligne du Parti.
Ainsi donc, "le Réverbère" serait un film politique en écho à certains Costa Gavras ? Pas le moins du monde, car Alexis Galuchon saute entretemps d'une époque à l'autre, d'un destin à l'autre. Le spectateur, perdu en chemin, est récupéré in extremis vers la fin du film dont la chute ne peut être déflorée, car elle demeure tout l'intérêt du film que nous recommandons vivement.

Jacques-André





Réponse à la critique du film


Manifestement ce film qui met en scène des animaux en laine tricotée est, à mon humble avis un peu gnangnan.
Vision édulcorée d’un monde qui voudrait nous décrire une cohabitation pacifiée entre de nombreux animaux. Les êtres humains en sont absents.
Et, de plus, de manière étonnante et presque choquante, on trouve, accrochées au mur à gauche et à droite, deux têtes de cerf empaillées. Ces cerfs ont-ils été chassés par un ou plusieurs des animaux présents ou par l’homme ? Le doute existe en tout cas, semble-t-il.
La question : ce film est-il destiné aux enfants ? Pour ce qui me concerne, je n’amènerais jamais un de mes petits-enfants voir un tel film.

Patrice



Écrire à toute vitesse


Mots choisis par le groupe : lumière, chien, bouchon, lierre, dispute, disque, ile déserte


Et la lumière fut. Le chien de la maison, habitué à vivre dans l’obscurité, se mit à aboyer comme un fou. C’est sûrement un hasard mais le bouchon de la bouteille de champagne ne résista pas à ce bruit et explosa. Devant ces évènements le pot de lierre se fractura et la terre se répandit sur la moquette. Du coup, le couple qui vivait dans cet appartement entama une dispute violente sans raison apparente. Pour calmer tout ce petit monde, l’épouse mit le disque de Lucia Di Lammermoor et l’air de la folie calma l’atmosphère. De ce fait, l’intention de chacun d’aller s’isoler sur une ile déserte pour fuir cette dispute disparut comme par enchantement.

Patrice


Malgré son prénom, Stella n'était pas une lumière. Son chien bouledogue croisé chihuahua était beaucoup plus éveillé qu'elle. Il se nommait Bouchon, et c'est lui qui triait le courrier, répondait au téléphone et faisait la cuisine. Il avait aussi planté du lierre pour décorer la salle de bains et faisait pousser des plantes aromatiques dans la cuisine. Il n'y avait jamais de dispute entre Bouchon et Stella, grâce à une bonne répartition des tâches. La jeune femme était chargée de passer les disques lors des soirées, pendant que Bouchon réalisait les cocktails. Ils étaient tellement bien ensemble qu'ils auraient pu vivre tous les deux sur une île déserte.

Vanessa