Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°9 (à distance)


Proposition n°1 : Haikus 


Règles du haiku adapté à la langue française:
- 17 syllabes en trois lignes : 5/7/5.
- Le haïku traditionnel porte sur les saisons, la nature, le temps qui passe...
- On peut aussi utiliser la forme du haiku pour écrire un texte décalé, terre-à-terre, humoristique...

Proposition n°2 : Bouts rimés 


On met en commun des paires de rimes.
Chacun écrit un poème avec ces rimes en choisissant la disposition des rimes et le mètre (nombre de pieds par vers).

Proposition n°3 : À partir d’un inducteur


« Dans le noir »

Quelques textes du 9e mercredi


Bouts rimés



Un jour j’aurai un château et une piscine,
Songeait Alberto, allongé dans son grenier
Où il vivait au-dessus d’un escalier,
Attendant le succès en fumant des glycines.

Poète et musicien, il combattait l’écueil
De la rim’ capricieuse et des rifs de guitare,
Des méchants éditeurs, cette band’ de bâtards,
Et des producteurs qui rejetaient ses recueils.

Ô destinée cruelle ! J’en ai plein les mollets,
Gémissait Alberto en mangeant du poulet
Sous le regard envieux de son vieil épagneul.

Mais si ça continue, cette vie de marmite,
Je changerai de voie, je me ferai ermite
Et je partirai vivre avec mon chien aïlleul.

Vanessa

À partir d'un inducteur: "Dans le noir"


Les plombs avaient sauté, comme on disait dans l’temps
Le frigo s’était tu, l’ordi perdait espoir,
Et, avec ou sans plombs elle était dans le noir.
Plus d’électricité, un suspense haletant :

Comment se débrouiller dans un monde si sombre,
Comment envisager la vie sans EDF ?
D’un paquet de bougies elle devint la cheffe
Et dans son studio se déplaça comme une ombre.

Un peu d’obscurité l’aidait à réfléchir,
À retrouver en elle ses peines et plaisirs.
Elle en profita pour prendre une décision :

À la lueur de la bougie il parut clair
Qu’elle allait partir, tout quitter en un éclair,
Abandonner d’un coup son mec et son patron.

Vanessa

Atelier n°8 (à distance)


Proposition n°1 : Traductions antonymiques


Dans un énoncé donné, remplacer chaque mot important (substantif, verbe, adjectif, adverbe) par son antonyme.
Exemple : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » (Proust)
→ « Une fois, l’autre fit la grasse matinée. » (Perec)

Citations :
- « Je pense, donc je suis » (Descartes)
- « Pas besoin de gril : l’enfer, c’est les Autres. » (Sartre)
- « L’éternité c’est long, surtout vers la fin » (W. Allen)
Proverbes :
- Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
- Les chiens aboient, la caravane passe.
- On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.

Proposition n°2 : Écrire une fable avec morale


Pour l’inspiration, partir de la morale, tirée de proverbes, dictons, sagesse populaire, voire de fables de La Fontaine. On peut utiliser une sentence de l'exercice précédent, ou en choisir une autre.

Proposition n°3 : Scriptoclip


sapin, photo, souris, lumière, rideau

Quelques textes du 8e mercredi

Texte avec morale


Jean-Eudes avait un faible pour les œufs. Il les aimait très frais, sans aucune cuisson ; aussi avait-il pris l’habitude d’en prélever un chaque matin au cul de la poule, comme on dit, pour le gober tout cru. Et comme il n’avait pas de poule, il se servait chez sa voisine Alberta, qu’on surnommait affectueusement la grosse Bertha dans le village.
Alberta avait vingt-cinq poules, mais chaque matin, quand elle faisait le tour du poulailler avec son panier, elle ne ramassait que vingt-quatre œufs. Ce c’est pas rien vingt-quatre œufs, mais enfin ça ne coïncidait pas, et ça lui faisait quand même sept œufs en moins chaque semaine à vendre au marché. À la longue, ça représentait une perte, et la grosse Bertha n’appréciait pas de perdre de l’argent. Elle avait l’esprit un peu lent, mais quand elle eut enfin compris qu’il se passait quelque chose de pas net dans son poulailler, elle décida de redresser la situation. 
Elle se rappelait vaguement un adage à propos d’un œuf et d’un bœuf, selon lequel un voleur se faisait coincer à cause du bœuf, à moins que ce ne soit l’œuf qui attrapait le bœuf, à moins que le voleur ne les mange tous les deux à la fin de l’histoire, elle ne savait plus très bien. Quoi qu’il en soit, il lui fallait un bœuf. Elle alla donc voir sa voisine Mme Fourmi, qui lui expliqua en long et en large la nécessité de faire des économies pour être parée à toute éventualité, ce qui n’avait rien à voir avec la question, mais c’était son sujet de conversation favori. Quand elle eut fini de lui faire la morale, Mme Fourmi accepta enfin de lui prêter son bœuf, en échange de trois matinées de ménage, car elle ne prêtait jamais rien gratuitement. Alberta repartir avec l’animal et le plaça dans le poulailler. Les poules ne furent pas très heureuses de voir cet intrus, mais le bœuf les regarda placidement et s’endormit ; et au bout d’un moment elles l’oublièrent.
Le lendemain matin, Jean-Eudes, en venant voler son œuf quotidien, découvrit un bœuf au milieu du poulailler.
— Tiens, se dit-il, ça tombe bien, je commence à me lasser des œufs, et à force je risque de développer du cholestérol. La grosse Bertha a sans doute laissé ce bœuf à mon intention. Mais quand même, ça me gêne de repartir comme ça sans remercier.
Il attendit donc la venue d’Alberta avec son panier.
— Ha ha, cria-t-elle, je t'y prends à me voler mes œufs ! C’était donc vrai qu’on attrape les voleurs avec un bœuf.
— Mais non, je suis resté exprès pour vous remercier, autant pour le bœuf que pour les œufs, ils étaient vraiment très bons.
Elle dut lui expliquer qu’il ne pouvait pas repartir avec le bœuf, à cause de Madame Fourmi qui n’était pas prêteuse et encore moins donneuse ; mais ils continuèrent à parler, et de fil en aiguille ils sentirent une complicité se nouer entre eux. Ce fut le début d’une belle aventure, sans grand rapport avec le fait que « qui vole un œuf vole un bœuf », mais un peu quand même.

Vanessa

Scriptoclip


sapin, photo, souris, lumière, rideau

 Ça sent le sapin, dit Julien.
Et tout le monde baissa la tête, car en effet c'était mal parti. Même l'ancêtre, sur la photo en noir et blanc accrochée au mur faisait la gueule. 
 On va bientôt nourrir les souris, dit Loriane.
 Tu veux dire les asticots, répliqua Julien.
Bref, c'était la fin, on n'en reviendrait pas. On allait voir la lumière au bout du tunnel. Et ce serait la fin des haricots. Rideau!

Vanessa