Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°3



Proposition n°1 : Animaux en acrostiches

Chaque participant choisit un nom d’animal et l’inscrit verticalement sur sa feuille. Puis il écrit un texte évoquant cet animal, chaque ligne commençant par une lettre du mot choisi.


Proposition n°2 : Écriture publicitaire

Chacun a quelque chose à vendre (objet matériel ou non), et « fait l’article » pour convaincre le lecteur ou l'auditeur. Ça peut être un discours oral dans un lieu de vente, un texte envoyé par la poste, ou une page dans un magazine.


Proposition n°3 : Écriture à partir d'un titre

Texte de forme libre à partir du titre : « Qui frappe à ma porte ? »

Quelques textes du 3e atelier



Animaux en acrostiches

Très, très, très lente.
Ou plus rapide que l’escargot.
Réfléchie, elle prend son temps pour chercher son chemin.
Timide, quand elle se cache dans sa carapace.
Universelle, il y en a partout.
Energique, non, absolument pas, jamais.
                     Sabine

Rien que des poils pour défenses
Hippopotame encorné
Indolent, mal embouché
Nonchalant en apparence
Odorat fort, vision basse
Chargeant sans vraiment y voir
Épié par les hommes en chasse
Rhinocéros blanc ou noir
Oublié souvent, hélas!
Sauvons-le. Est-il trop tard?
                     Pascal

Pelisse qui lui donne l'air
Intellectuel,
Noir costume sur le dos;
Gros ventre blanc à l'avant;
Oiseau en couple fidèle,
Un bébé par an,
Initié au régime sushi sur son
Nid de cailloux.
                    Vanessa


Écriture publicitaire

Vous êtes un jeune professionnel et vous aimez faire la fête, vous souhaitez être élégant en toutes circonstances, mais vous n'avez pas de garde-robe adaptée... Chic-Réversible est fait pour vous.

Le costume Chic-Réversible, c'est un ensemble veste-pantalon bleu marine d'un côté, gris pailleté de l'autre. Après une journée de travail, il vous suffit de quelques minutes pour vous changer, par un simple retournement de votre costume. Pas de gros sac à transporter, pas besoin de repasser chez vous. Chic-Réversible, c'est la possibilité de passer en un clin d'oeil du bureau au bar à cocktails.

Chic-Réversible, c'est aussi une large gamme de chemises sobres d'un côté, fantaisie de l'autre, avec un grand choix de couleurs et de motifs.

Et comme vous voulez être stylé aussi bien en boîte de nuit qu'en réunion de travail, Chic-Réversible vous propose des cravates b-faces assorties à vos costumes: rayures classiques d'un côté, fleurs ou couleurs pétaradantes de l'autre.

Grâce à Chic-Réversible, même en début de carrière vous en imposerez partout où vous irez. Chic-Réversible, la solution du jeune homme ambitieux.
Vanessa
                                                                      ***

Henri Callet et associés
Commissaires-priseurs, 15 rue Balzac 75008 Paris
Ventes volontaires et ventes judiciaires

Ventes du samedi 17 décembre 2011 à 15 heures.

N°1 : Vierge noire à l’enfant – fin 14e siècle – rare.

Magnifique vierge à l’enfant sculptée dans l’ébène.

La vierge est vêtue d’une robe rouge et d’un voile bleu mettant en évidence son visage et ses mains noirs. Elle tient à bout de bras un enfant blond et nu. On peut admirer la finesse de ses traits, le drapé des tissus et les boucles de la chevelure de l’enfant régulièrement ciselées.

L’artiste est inconnu. L’ensemble est daté de la fin du 14e siècle. Il a été retrouvé dans les vestiges d’une église de la ville du Puy en Velay (Haute-Loire) à la fin du 18e siècle.

Excellent état.

Ce chef d’œuvre a appartenu successivement à l’archevêché de la ville du Puy en Velay, à Monsieur Paul DUBORD, antiquaire à Lyon (France), à Monsieur et Madame Albert BARNES, collectionneurs réputés à Philadelphie (Etats-Unis d’Amérique), au Docteur Jacques-Antoine VIDAL, chirurgien orthopédique à Grasse (France), à Monsieur le Comte Henri DU BREUIL DE LA CHAIX, industriel à Paris (France), à Monsieur Mick JAGGER (artiste de variétés à Londres (Grande Bretagne).

Il est célèbre pour le secret qu’il recèlerait mais que personne n’a découvert, pour l’instant, avec certitude.

Pour l’archevêché de la ville du Puy en Velay, cette statue aurait des vertus bénéfiques pour celui qui saurait lui parler.
Pour Monsieur et Madame Albert BARNES, elle abrite une magnifique pierre précieuse, d’une valeur inestimable et que nul ne verra jamais car nul n’aura le courage d’ouvrir et d’abimer cette œuvre splendide.
Quant à Monsieur Mick JAGGER, il a déclaré qu’elle lui avait permis de décupler son énergie sur scène et qu’elle était beaucoup plus efficace que toutes les substances nocives qu’il ingurgitait habituellement.

Mise à prix : 500 000 euros
Sabine

                                                                      ***

Téléshopping

SLIMB'LESS : Enfin LA méthode miracle pour maigrir à vue d'oeil !

Madame, depuis des années vous tentez en vain de perdre tous vos kilos superflus. Vous perdez confiance en vous et craignez de ne plus jamais pouvoir séduire. Vous vous sentez déprimée et commencez même à perdre espoir. "Peut-être devrais-je me accepter ma surcharge pondérale", vous dites-vous tristement résignée.
Vous avez bien sûr testé tous les régimes de la terre qui, malgré vos efforts et vos privations douloureuses, sont tous restés sans effet durable. Chaque kilo perdu a été repris et parfois même d'autres kilos sont venus s'y ajouter. Vous avez très certainement porté ces séduisantes gaines chauffantes et amincissantes qui se sont révélées inconfortables voire irritantes pour votre peau déjà distendue et abîmée par les vergetures. De toute façon, ces gaines à effet purement esthétique ne vous ont pas permis de perdre un seul gramme. Et la perte de poids reste votre objectif.
Vous souhaiteriez continuer de mener une vie normale. Vous en avez assez de plus vous priver quand vous sortez au restaurant et de vous montrer asociale en refusant des invitations simplement pour ne pas être exposée à la tentation de la nourriture et échapper ainsi à l'anxiété générée par l'obsession de limiter le nombre de calories ingurgitées. Vous voulez vivre sereine et vous sentir légère. Et vous avez raison. La vie est trop courte pour en faire une vie de souffrance.
J'ai la solution pour vous SLIMB'LESS. Avec SLIMB'LESS, dites adieu non seulement aux privations alimentaires mais également aux kilos superflus.
Avec SLIMB'LESS, nous vous amputons du membre de votre choix, celui correspondant à votre objectif de perte de poids. Grâce à cette méthode révolutionnaire, non seulement vous obtiendrez une perte de poids immédiate mais le regard des autres sera tellement focalisé sur le membre manquant que personne ne parlera plus de votre surpoids.
Pour les femmes exigeantes, nous proposons également SLIMB'LESS PLUS, qui vous propose une prothèse de remplacement ultra légère en carbone.
Alors n'hésitez plus: perdez vos kilos, perdez un membre. SLIMB'LESS, c'est la formule gagnante.
Pascal

Qui frappe à ma porte?

Trois coups. Qui frappe à ma porte ?
Etrange! Je n'attendais personne.
Nul ne sait que je suis là. Ce doit être une erreur.
Je croyais la ville entièrement déserte. Je pensais être seul.
Est-ce un rêve éveillé, les poutres qui travaillent ?
Trois coups à nouveau. On insiste.
Peut-être un voyageur perdu, ou serait-ce un esprit ?
C'est dans la nuit que les fantômes évoluent.
Le lieu n'est pas hanté mais des histoires circulent.
Le vent hurle dehors et couvre le bruit du feu dans la cheminée.
Trois autres coups. Qui vient troubler ma solitude ?
Il finiront bien par se lasser. On se lasse de tout.
On se résigne, on abandonne. Je l'ai bien fait. Pourquoi pas eux ?
Trois coups. Qui frappe à ma porte ?
Est-ce le destin qui m'appelle ? Et si j'ouvrais ? Et si je le suivais, ce destin ?
J'hésite. Je doute. J'ai peur.
Silence. Je n'entends plus rien.
Ai-je manqué quelque chose ?
Dois-je regretter de n'avoir pas répondu ?
Peut-être que demain, les trois coups retentiront à nouveau.
Peut-être que demain je ne demanderai pas : "Qui frappe à ma porte ?"
Peut-être que demain je répondrai : "Entrez dans ma vie, je vous attendais."
Trois coups et le rideau se lèvera enfin.
Pascal


Lisa se dressa sur son lit, scrutant la porte dans l'obscurité. Elle était sûre d'avoir entendu frapper, trois petits coups secs qui l'avaient réveillée brusquement; et elle se tenait droite, l'esprit clair, sans aucune trace de la douleur qui était devenue sa compagne de tous les instants.
- Qui est là? Demanda Lisa à voix haute.
Il n'y eut pas de réponse; mais au bout d'un moment on frappa de nouveau.
"C'est l'heure, déjà? songea Lisa. C'est un peu tôt. Mais j'en ai assez de souffrir, clouée sur ce lit..."
Quand elle entendit frapper pour la troisième fois, elle dit: "Entrez!" et la porte s'ouvrit. Elle distingua une silhouette qui s'avançait lentement vers le lit. C'était un jeune homme au visage grave, enveloppé d'un manteau qui tombait sur ses chevilles.
- Tu es venu me chercher? demanda Lisa.
- Oui, fit le jeune homme. Ton heure est venue.
- Tu es tel que je t'imaginais, dit Lisa.
- Je prends forme dans le regard des humains. Je leur apparais tel qu'ils m'envisagent, homme, femme, enfant, squelette à la faux, souffle de vent... Peu importe mon apparence, quand il est temps, je viens.
- Je ne souffre plus, dit Lisa.
- C'est fini, dit le jeune homme. Viens avec moi.
Il ouvrit son manteau, enveloppa Lisa de son obscurité, et elle ne sentit plus rien.
Vanessa


Qui frappe à ma porte ? Je regarde l’heure. Minuit et quart. Il est tard. Cela m’a réveillé. Une succession de petits coups, de petits coups qui se veulent discrets peut-être parce qu’il est tard et peut-être parce que mon visiteur ne veut pas que l’on sache qu’il vient me rendre visite.

Qui frappe à ma porte ? Il faudrait que j’allume la lumière, que je me lève, que je traverse la chambre, que j’ouvre la porte, non, que je demande d’abord qui est là puis que j’ouvre la porte, c’est plus prudent.

Qui frappe à ma porte ? Encore cette succession de petits coups timides. Je n’entends rien hormis ces petits coups. Pas un bruit de pas. Pas de paroles. Pas de mouvements.

Qui frappe à ma porte ? Au dîner j’étais seule dans la salle à manger. Immobile, le serveur attendait près de la porte de la cuisine que je termine le plat. Puis, silencieux ; il venait prendre mon assiette ainsi que les couverts et revenait m’apporter le plat suivant. Sa présence me gênait. L’air de rien il m’observait bien entendu. Il n’avait que ça à faire. Je priais pour que les autres clients arrivent. J’hésitais entre manger rapidement pour quitter au plus vite cette salle vide et ce regard obsédant, ou prendre mon temps et mâcher lentement chaque bouchée en attendant que les autres arrivent.

Qui frappe à ma porte ? Quand je suis arrivée cette après-midi, l’hôtelier m’a regardée comme si je le dérangeais. Pourtant j’avais réservé et je l’avais prévenu que j’arriverais aux environs de quatre heures le temps de venir à pied de la gare en traînant ma valise. Il savait que je venais. Il m’a tendu la clef de mauvaise grâce en marmonnant le numéro de la chambre, l’étage et l’heure du dîner.

Qui frappe à ma porte ? Le train est arrivé à l’heure. Un voyage long et tranquille. J’étais seule dans un compartiment. A mon aise. J’ai lu. A chaque arrêt je regardais par la fenêtre mais personne ne descendait dans ces gares perdues de campagne. Je pense que j’étais la seule dans ce train. La seule à monter au départ et la seule à descendre au terminus. J’ai traversé le hall désert de la gare puis la ville jusqu’à l’hôtel. Un léger brouillard la survolait. Le temps était froid et gris. Les rues étaient vides.
Qui frappe à ma porte ? Toujours ces petits coups lancinants. J’étais seule dans ce train. Je suis seule dans cette ville. Je suis seule dans cet hôtel. Je suis seule dans cette chambre.

Qui frappe à ma porte ? Je ne répondrai pas. Je n’ouvrirai pas ? Je suis seule.
Sabine

Atelier n°2


Proposition n°1 : Cadavre exquis

Un participant pose une assertion commençant par « je »; le deuxième fournit une explication en commençant par « C’est parce que tu… », etc.


Proposition n°2 : Portrait cubiste

Chacun imagine un personnage et en fait plusieurs descriptions, de quelques lignes chacune, selon plusieurs points de vue :
- d’abord dans le style objectif d’un narrateur omniscient ;
- puis quatre ou cinq autres points de vue plus subjectifs, par des gens qui connaissent plus ou moins le personnage : conjoint, enfant, parent, prof, élève, gardienne, commerçant, voisin de métro, animal de compagnie…


Proposition n°3 : Ecriture à partir de mots

Texte de forme libre à partir d’une liste de 9 mots, sélectionnés au hasard dans un livre.

Quelques textes du 2e atelier



Portrait cubiste

Simon Delavigne est un homme de quarante-cinq ans, grand et mince, avec un début d'embonpoint qu'il dissimule sous des habits bien coupés. Il travaille à un poste élevé dans une entreprise de cables électriques. Il vit à Paris avec sa femme, leurs deux enfants et leur cien.

Monsieur Delavigne, il est du genre discret, il ne pose pas de problèmes dans l'immeuble; avec lui, pas de tapage ni de mégots dans l'escalier. Il est poli, il me dit bonjour quand il passe devant ma loge, et il n'oublie jamais les étrennes.

Ce Delavigne, c'est le genre qui se croit au-dessus de tout le monde parce qu'il a un grand bureau et une secrétaire. La vérité, c'est que c'est moi qui aurais dû avoir ce poste. Delavigne est un lèche-botte et un hypocrite.

Papa n'est pas méchant, mais quand il regarde la match à la télé il faut le laisser tranquille. Sinon il s'énerve et il m'envoie dans ma chambre. Après, Maman est obligée d'intervenir pour lever la punition.

Il n'est pas mal, le type sur le siège en face. Et plutôt classe, bien habillé, tout ça. Je me demande ce qu'il fait dans le métro. Il est plutôt du genre à avoir sa voiture. Il m'a regardée... Ca me dérangerait pas qu'il insiste un peu. Ah, il a une alliance. Ca n'empêche pas de chercher ailleurs. Mais il a pas l'air d'un séducteur... Tant pis!

Simon, c'est un bon client, et sympa en plus. Il vient souvent à la droguerie, pour acheter une ampoule ou ce genre de choses; et quand il n'y a pas de clients on en profite pour faire un 421 derrière le comptoir.

Vanessa
*

Pierre Martin est mon collègue depuis 2 ans, il a son bureau en face du mien. Pierre est très attaché à certains rituels du matin, en particulier son café avec 3 morceaux de sucre. Malgré ses petites manies de tout ranger dans le bureau, on s'entend bien sur le plan professionnel.

Pierre Martin passe devant ma loge chaque jour de la semaine, vous croyez qu'il me dirait bonjour!mais non ! Il ouvre la porte d'entrée et la claque violemment en sortant, il sait que cela m'énerve, c'est certain.

Tiens, j'ai rencontré M. MARTIN samedi matin dans le parc. Il portait un jogging bleu ciel et une écharpe blanche, une véritable allure de sportif. Son sourire éclatant me donne envie de chanter.

Mon maître, c'est Pierre MARTIN, c'est lui qui prépare mon repas chaque jour, des croquettes bien croquantes et une tasse d'eau. Je l'aime bien même s'il s'obstine à m'envoyer chercher une balle qu'il vient de lancer au loin. J'ai plus 2 ans ! Je m’essouffle à présent, je crois bien que j'ai de l'asthme.
Il oublie que j'ai 10 ans et x 7, voyez ce que cela fait.

Pierre a grandi dans le village de Tréfaunel dans le Morbihan. Élève studieux, appliqué et très calme. Pierre, après la classe, m'aidait un peu à remettre de l'ordre. Il chantait également à l'église le dimanche matin. Quel bon souvenir j'ai conservé de cet enfant.

Si un jour, je retrouve sur mon chemin Pierre Martin, je lui fais avaler des vers de terre tout crus comme il l'a fait pour moi il y a 30 ans. C'était un méchant, un dur qui faisait peur à tous.
Gigi


Ecriture à partir d'une liste de mots

disparu ; radio ; élément ; écouter ; fluide ; énorme ; statue ; semble

Ce matin, j'écoutais à la radio un concert de Schubert en direct de Pleyel et brusquement un flash info a interrompu la retransmission. Le journaliste a annoncé que les statues du jardin du Luxembourg avaient toutes disparues dans la nuit. Le gardien s'en était rendu compte en faisant sa tournée habituelle. Ce dernier interrogé semblait tenir des propos incohérents, comme l'apparition d'un objet volant non identifié au-dessus du parc et qui apparaissait et disparaissait dans les arbres, tout cela sans aucun bruit. Le journaliste intrigué par son discours l'incita à poursuivre son récit. Le gardien précisa que l'engin volant lançait des fluides électriques de haut en bas, comme des éclairs, pendant de longues minutes, c'est alors que dans son discours, je relevais un élément important qui m'incita à augmenter le son du poste radio.
« A la place de chaque statue, d'énormes masses roses étaient placées ». Le gardien en s'approchant au plus près constata qu'il s'agissait de gros porcs roses en forme de tirelire.
Alors le gardien désemparé et démuni saisit son sifflet accroché à sa ceinture et siffla aussi fort qu'il put, siffla siffla encore......
J'ouvris un œil, puis l'autre et appuya sur l'alarme du réveil, déjà 7 h.
Gigi

Atelier n°1



Proposition n°1 : Traductions antonymiques

Dans une sélection de phrases célèbres, on remplace chaque mot important (substantif, verbe, adjectif, adverbe) par son antonyme. Ainsi, "Longtemps, je me suis couché de bonne heure" (Proust) devient sous la plume de Perec "Une fois, l’autre fit la grasse matinée."


Proposition n°2 : Correspondance épistolaire

Chaque participant choisit une petite annonce de recherche de "copains d'hier" dans magazine qui s'adresse aux personnes âgées. Se mettant dans la peau de la personne recherchée, il écrit une lettre pour renouer le contact, à partir des éléments fournis dans l’annonce.


Proposition n°3 : Ecriture à partir d'une photo

Parmi une sélection de photos montrant des personnages en situation ou des décors abstraits, chacun choisit une photo comme point de départ d'un texte dont il choisit également la forme.

Quelques textes du 1er atelier



Traductions antonymiques

"Aujourd'hui, maman est morte." (Albert Camus, L'Etranger)
Hier, papa était trop vivant. (Pascal)
Demain, papa sera bel et bien réveillé. (Sabine)
Un jour, ma fille est née (Cyrille)

"L'enfer, c'est les autres." (Jean-Paul Sartre, Huis-Clos)
Le paradis, c'etait moi. (Pascal)
Le paradis, c’est toi et moi. (Sabine)

"La première fois qu'Aurélien vit Berenice, il la trouva franchement laide." (Louis Aragon, Aurélien)
La dernière fois que Mathilde vit Henri, elle le trouva magnifiquement beau. (Sabine)
La dernière fois que Berenice ignora Aurélien, elle se trouva hypocrite mais belle. (Pascal)
La dernière fois que Zaïre vit Yvette, il la trouva quelconque. (Cyrille)

"Soldats, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent."(Napoléon Bonaparte)
Quidams, du bas de ces catacombes, une éternité vous ignore. (Cyrille)
Enfants, du haut de ce mur, sautez, sautez, dans la flaque d’eau. (Sabine)
En général , trois secondes à contempler ces monuments cubistes vous met à bas. (Pascal)

"Vive le Quebec libre !"(Charles de Gaulle)
Triste Paris sale ! (Sabine)
A bas les Etats-Unis en esclavage! (Vanessa)
A cause de votre accent, je ne vous ai pas compris! (Pascal)

"À coeur vaillant, rien d'impossible."(Jacques Coeur)
À tête poltronne, tout est possible. (Cyrille)
À foie défaillant, tout est nuisible. (Pascal)
A poumon couard, rien de possible. (Vanessa)

"Qui m'aime me suive."(Philippe VI)
Qui me déteste s’envole ! (Sabine)
Qui me déteste me précède... dans la tombe. (Pascal)
À celui qui vous hait : « passez devant ! » (Cyrille)

"Messieurs les Anglais, tirez les premiers." (Comte d'Anterroche)
Mesdames les Américaines, faut pas pousser. (Pascal)
Messieurs les apatrides, poussez en dernier. (Cyrille)

"Paris vaut bien une messe."(Henri IV)
La province ne vaut pas un pet de nonne. (Cyrille)
Guéret ne vaut pas un barbecue. (Vanessa)
New York ne vaut pas tripette. (Pascal)
Vichy vaut bien une pastille; Pithiviers vaut bien un gâteau. (Sabine)

"J'y suis, j'y reste."(Mac-Mahon)
J'y vais, puis je rentre. (Pascal)
J’y vais, j’en reviens. (Sabine)
Il est parti, il ne revient pas. (Vanessa)
Ailleurs, je passe. (Cyrille)



Correspondance épistolaire


Recherche Marcelle Marchal, qui doit avoir 88 ans et qui a vécu quelques années à Pleudaniel (22). Elle aurait fait la campagne d'Indochine. Sa petite-fille s'appelle Aurélie. Ma mère, Angèle, serait heureuse d'avoir de ses nouvelles.

Bonjour, Annick.

Je suis Amélie, la petite-fille de Marcelle.
Cela fait hélas déjà deux ans qu'elle est partie en ballade avec l'Ankou. Jusqu'au bout, l'habitude de boire le chouchen, habitude commencée avec votre père en Indochine, lui a permis de conserver une joie de vivre et une bonne humeur (passé le premier verre) qui emplissaient d'admiration les autres pensionnaires de l'hospice militaire de Ker ***.
Elle parlait souvent de ton père dont elle gardait un souvenir ému. La guerre, ses horreurs (et le chouchen partagé) les ont beaucoup rapprochés. En fait, sur son lit de mort, elle m'a confié que vous étiez probablement ma tante.
En attendant de vous rencontrer, Tata, recevez toute mon affection.
Votre nouvelle nièce, Aurélie.
Cyrille

*

Recherche mes camarades de l'école de filles de Fresnes-sur-Escaut (59), fréquentée de 1938 à 1945. Je me souviens de Camille Collot, Renée Ludwig, Michèle Chalerie et Micheline Ménard. Nous étions toutes nées en 1931.

Ma chère Gisèle,

D’habitude je ne lis jamais cette rubrique. Elle évoque le temps qui passe, les visages qui s’effacent, les souvenirs qui s’envolent et moi qui vieillit chaque jour davantage. Mais hier, en tournant la page et en voyant le titre, j’ai eu le sentiment que l’on m’y attendait.

Je suis Renée Ludwig, la fillette blonde qui portait toujours des jupes à carreaux faites par ma mère qui les adorait. Moi, j’aurais préféré des fleurs.

Comment vas-tu ? Que deviens-tu ?

Nous nous sommes quittées après la guerre quand mes parents ont décidé de rentrer à Paris. Je ne suis plus revenue à Fresnes sur Escaut mais j’y ai souvent pensé. J’ai terminé ma scolarité dans un lycée parisien et j’ai fait des études d’infirmière. Je pense que c’est la guerre qui m’en a donné l’envie. Soigner, aider, être près des autres.

Je n’ai pas quitté Paris. J’ai trois enfants et aujourd’hui neuf petits-enfants qui vivent à Paris, Londres et Madrid.

Que sont devenus les autres ?

En 1960 j’ai rencontré Camille Collot par hasard mais elle ne se souvenait plus de moi, ni des autres. Elle n’était d’ailleurs pas très aimable et je crois que mon enthousiasme l’a gênée.

Michèle Chalerie vit-elle aux Etats-Unis comme elle en rêvait ? Te souviens-tu des américains ? Je crois que c’est elle qui s’était le plus amusée.

Et Michèle Ménard et son frère ? Les inséparables, comme on les surnommait. Se sont-ils séparés ?

Ecris-mois. Raconte-moi. Je suis si surprise et intimidée que je n’ose pas t’en dire trop. J’attends ta lettre avec impatience.
Je t’embrasse.

Renée
Sabine

*

Chère Gisèle,
Quelle joie immense de te retrouver grâce à ce journal « Pleine Vie ».Ce journal que j'attends avec impatience chaque semaine dans ma boîte aux lettres. Cette fois-ci, à la lecture de mes articles préférés, les petites annonces..., un avis me concerne ; ce n'est pas comme toutes ces histoires que l'on peut lire généralement dans ces pages, on en voit « de toutes les couleurs »tu sais  !. Lorsque j'ai lu ton annonce, 2 surprises m'attendaient : celle de te retrouver et celle d'apprendre que nous habitions la même ville et la même rue. J'ai relu cette annonce plusieurs fois n'en croyant pas mes yeux. Que deviens tu ? Comment va la vie pour toi ?
Combien d'années nous séparent de notre dernière rencontre ? 30, 40 ans, qu'importe !. Que de souvenirs remontent à la surface, et non sans émotion.
Chère Gisèle, te souviens tu du professeur d'éducation physique, M. Paul ROUGIER ; oh ! Il en faisait rougir plus d'une à l'école de filles de Fresnes sur Escaut dans son survêtement bleu ciel à rayures blanches, svelte, toujours bronzé, le sourire éclatant et lorsqu'il nous demandait de grimper à la corde, plus d'une en perdait ses moyens, moi aussi. Sais tu qu'un jour je l'ai croisé, enfin je crois que c'était lui, il avait pris au moins 40 kg, et surtout plus un cheveu sur le crâne. J'ai fait mine de ne pas le reconnaître, j'étais mal à l'aise non seulement pour lui mais aussi pour moi qui suis depuis une quinzaine d'années dans un fauteuil roulant après un accident de voiture. A présent, je ne me déplace plus beaucoup et je crois que c'est la raison pour laquelle nous ne nous sommes pas rencontrées dans la rue Flemming. As tu des nouvelles de Renée, Michèle et Micheline ? Oh, je voudrais tant que l'on se retrouve bientôt pour nous remémorer tous ces bons moments.
Je me rends compte que je pose beaucoup de questions et que le meilleur moyen d'avoir les réponses, c'est de se voir très vite.
Je t'attends avec impatience autour d'un thé gourmand chez moi, tu connais l'adresse !
A bientôt.
Bises
Camille
Gigi
*

"RECH. Stella Anselmi, que j'ai connue dans le Gers (32) de 1940 à 1942. À cette date, ses parents ont repris une métairie à Maubec, dans le Tarn-et-Garonne (82).
Henriette Braconnier, née Canon."

Chère Henriette,

Un grand merci pour ton annonce qui m'a fait chaud au cœur, si je puis dire.

En effet, je suis au regret de t'informer que je suis décédée depuis maintenant dix ans et que je réside au calme, au cimetière, dans la ville de Maubec, où mes parents ont repris une métairie en 1942, année inoubliable pour ceux qui s'en souviennent, comme toi. Mon médecin voudrait me faire accroire que je souffre de démence mais aussi vrai que je m'appelle Adèle - ou est-ce Estelle ? - je suis bel et bien morte. J'en veux pour preuve qu'aussi loin qu'il me souvienne, personne ne vient plus me rendre visite depuis au moins deux semaines.

J'ai été très touchée d'apprendre que tu me recherchais même si je dois avouer que je n'ai aucune idée de qui vous êtes. Etes-vous bien certaine du nom de la personne que vous recherchez ? Si vous le souhaitez, ma chère Henriette, douce amie de mon enfance, je peux demander à mon médecin traitant de te prescrire les pilules pour la mémoire que je prends à intervalles presque réguliers. Cependant, étant morte, je ne suis pas à même de communiquer avec qui que ce soit. Je vous invite donc, chère madame, à contacter mon médecin toi-même. Tu le trouveras facilement : il loge dans la tombe située juste à côté de la mienne. Qui sait, peut-être pourra-t-il vous donner l'adresse de la personne que tu recherches.

Dans l'espoir de retrouver un jours les doux souvenirs d'avant mon tragique enterrement, auquel tu aurais tout de même pu assister.

Amitiés oubliées mais sincères,

Adèle... ou était-ce Estelle ?
Pascal


Ecriture à partir d'une photo


Un homme sur un pallier d'immeuble parle à travers la porte d'un appartement à une femme qui s'est barricadée chez elle et refuse de sortir.
- Allons, Madame Anselmi, soyez raisonnable. Vous n'allez tout de même pas rester enfermée dans votre appartement. Vous savez bien qu'ils viennent démolir la cité la semaine prochaine...
- Ce n'est pas une cité qu'ils viennent démolir, c'est toute mon existence. Qu'est-ce que vous vous imaginez, qu'à 75 ans je vais pouvoir reconstruire ma vie ailleurs ? Plutôt mourir sous les gravats que d'abandonner ici tous mes souvenirs.
- Mais Madame Anselmi, vous savez bien que cette cité était insalubre et que c'est pour le bien de tous que nous allons construire de nouveaux logements. Et vos souvenirs, vous les emmènerez avec vous! Ils sont dans votre cœur et votre mémoire, vos souvenirs.
- C'est ça, moquez-vous de moi. Je sais depuis peu que je suis atteinte d'Alzheimer. Bientôt, je n'aurai plus rien : je n'aurai plus de souvenirs et je ne reconnaîtrai rien ni personne. Alors, comment pouvez-vous vous imaginer que j'aie envie de quitter mon chez moi où je me suis sentie si heureuse durant toutes ces années ? Je veux finir mes jours ici.
- Mais Madame Anselmi, vous savez bien que nous ne vous laisserons pas ici et que nous serons obligés de vous faire sortir avant la démolition. Ne nous méprenez pas sur nos intentions : nous voulons seulement votre bien-être.
- Vous venez détruire ma vie, assassiner mon bonheur, et vous avez l'outrecuidance de vouloir me faire gober que vous faites ça pour mon bien? N'insultez pas le peu d'intelligence qu'il me reste.
- Mais Madame Anselmi, nous ferons vraiment tout pour que vous soyez bien installée.
- Jamais, vous entendez, jamais !
On entend un bruit de chute.
- Madame Anselmi ? Madame Anselmi ?
Pascal


Une lumière glauque sur notre groupe.
Isolés dans notre salle de réunion, le vacarme de l'usine nous parvient par vagues.
Nous prenons la pose pour la photo traditionnelle.
Georges, notre directeur RH, surveille de prés le photographe, en homme de cérémonie tatillon, organisateur de ces petites grandeurs de conseil d'administration.
Derrière lui, Gérard, notre directeur financier pérore, inlassablement, sur les économies faites, les coûts réduits, les satisfactions exprimées des actionnaires, un discours récurrent et ennuyeux.
Si ennuyeux que je soupçonne Gaston, en face de lui, de dormir les yeux ouverts ou de se concentrer sur sa vessie ou son compte aux Bahamas, allez savoir.
Enfin, Gilles, notre PDG, trônant comme toujours sur son estrade, lui fait signe du regard d'abréger. Il doit souhaiter passer à la suite, un dîner, une maîtresse ou une autre réunion.
Moi, Gus, le jeune cadre dynamique « promis à un avenir brillant », vaguement écœuré, je détourne le regard vers les fenêtres, fixant, fasciné, la marée montante des ouvriers cadenassant le portail de l'usine.
Il ne va pas être facile, finalement, ce plan social !
Cyrille


Tout est bleu, si bleu, trop bleu. C’est de l’eau. Je ne sais pas comment je fais pour respirer car je n’éprouve aucune gêne, comme si j’étais en plein air. Non je ne suis pas un poisson car je suis en maillot de bain et j’ai des palmes aux pieds. Mes yeux finissent pas s’habituer à cette légère obscurité. Mais c’est si bleu, trop bleu. Je n’en reviens pas. Où suis-je ? A la piscine ? Non la piscine c’est le dimanche matin et aujourd’hui nous sommes mercredi. Et puis il n’y a pas cette odeur de chlore ni de pieds mouillés. En plus je n’entends rien. A la piscine, même sous l’eau on entend toujours un cri. Et on voit toujours quelque chose. Un pied, un bras, un maillot de bain rouge. Il est toujours impossible d’être tranquille à la piscine. La mer alors ? Oui, c’est ça. Ce bleu si bleu, trop bleu, c’est celui de la mer. Mais je ne vois rien alors que dans la mer on voit toujours quelque chose. L’écume, un morceau de bois entre deux eaux puis des algues, des poissons, des rochers, des coquillages à moitié enfoncés dans le sable. Mais aussi, c’est vrai, un pied, un bras, un maillot de bain rouge. Et comme à la piscine on entend toujours un cri. Et comme à la piscine il est toujours impossible d’être tranquille à la mer. Non, je me trompe car là je n’entends rien. Pas un cri. Et je ne vois rien. Même pas l’écume, un morceau de bois entre deux eaux, des algues, des poissons, des rochers, des coquillages à moitié enfoncés dans le sable, pied, un bras, un maillot de bain rouge. Je suis tranquille. Je nage. J’avance en silence. J’ondule avec mes palmes aux pieds. Tout est bleu, si bleu. Quel calme ! Mais je finis par percevoir un léger remous au-dessus de moi. Un remous qui me suit. Je sens une présence, une légère présence.

Oh non ! Sept heures. Le réveil somme déjà ! J’aurais aimé savoir ce que c’était que cette légère présence.

Sabine

Chantilly, le 12 janvier 2011
Reporter : Camille Remoulins pour le Journal « tout poil dehors »
Sur la grande place de Chantilly, les passants se pressent pour pénétrer au plus vite sur le parvis du château.
Des tentes blanches sont dressées dans la cour principale pour accueillir les nombreux prétendants accompagnés de leurs maîtres au 1er concours canin qu'organise le Maire de Chantilly, Monsieur CHENIL, concours parraîné par le journal Tout Poil Dehors,
Le podium où s'agitent cameramen, cadreurs et journalistes a été très bien étudié puisqu'il l'on peut y trouver des « petits coins » pour les participants, c,a,d, un coin d'herbe fraîchement coupé où un réverbère richement décoré attend les passages des individus à quatre pattes.
Chaque animal est placé sur un socle et se tient bien droit, presque figé dans une pose étudié,
Le présentateur de ce concours prend la parole : 1 – 2 – 1 – 2, « C'hat bon ? Bien, Allons-y ! .
Bonjour à tous, j'ai le plaisir de déclarer ouvert le 1er concours canin de Chantilly et pour commencer, je voudrais vous présenter le jury qui en toute objectivité va décerner les prix au petits participants poilus les plus représentatifs de ce concours.
L'un après l'autre, les artistes sur leur socle sont observés attentivement, les juges estiment non seulement leur tenue vestimentaire mais aussi leur prestance, j'irai jusqu'à dire leur charisme.
Au bout d'une ½ heure, le président du jury prend le micro et annonce les résultats.
Sur 30 chiens tous de race, c'est le Caniche de Sibérie qui remporte le 1er prix. Un ruban tricolore avec une médaille en or lui est remise autour du cou.
Brusquement, le Caniche descend du podium, retire avec ses pattes les rubans colorés et nœuds en tout genre et se précipite vers le réverbère le plus proche et là se soulage
Les applaudissements retentissent mais aussi des rires fusent de toutes parts.
Nous ne retiendrons de cette journée que cette merveilleuse présentation canine qui s'est déroulée à Chantilly.
Votre dévouée reporter Camille Remoulins
Gigi

Atelier n°10



Proposition n°1 : les cinq sens

Chaque participant rédige cinq phrases (ou plus!) commençant par "je voudrais" suivi d'un verbe évoquant un des cinq sens: je voudrais entendre/écouter, goûter, toucher/caresser/effleurer, voir/admirer, sentir/respirer...



Propositions n°2 & 3 : Lettres entre voisins

Chacun écrit une lettre à un voisin fictionnel: voisin de maison, d'appartement, de chambre d'hôtel ou d'hôpital, de camping, de cellule de prison...

Les lettres sont pliées et mélangées. On pioche chacun une lettre et on y répond en tant que destinataire ou toute autre personne qui aurait intercepté le courrier.

Quelques textes du 10e atelier


Les cinq sens

Je voudrais goûter ces cerises avant d’en acheter car la fois précédente, elles n’étaient pas assez sucrées à mon goût.
Je voudrais sentir quelques parfums plutôt fleuris, légers mais tenaces
Je voudrais toucher et goûter ce tableau tant ce plateau de fruits de mer semble réel
Je voudrais écouter ce disque de Madeleine Peyroux
Je voudrais voir le dernier film de Woody Allen à tout prix
Gigi

Je voudrais toucher les nuages.
Je voudrais entendre la coccinelle se poser sur la feuille.
Je voudrais voir ce qu’il y a là-bas, au bout, tout au fond de l’univers.
Je voudrais sentir cette odeur qui n’existe pas encore.
Je voudrais goûter à la neige éternelle au sommet de la montagne.
Sabine

Je voudrais entendre le bruissement du vent dans les arbres juste avant un orage.
Je voudrais entendre quelque chose à la philosophie.

Je voudrais voir des rhinocéros blancs évoluer dans la savane sud-africaine
Je voudrais voir plus clair dans le jeu des gens.

Je voudrais sentir l'odeur de la rosée par un frais matin de printemps.
Je voudrais sentir que je n'existe pas pour rien.

Je voudrais toucher en aveugle pour redécouvrir le monde.
Je voudrais toucher le coeur des gens que je rencontre.

Je voudrais goûter... tout de suite parce que j'ai faim.
Je voudrais goûter au plaisir d'être immortel durant une minute.
Pascal


Lettres entre voisins


Mademoiselle,

Je suis le locataire du 6-A, autrement dit, votre voisin de pallier. Je me permets de vous écrire, car je ne vous croise jamais ; et quand je sonne, vous ne m’ouvrez jamais la porte. Or il faut absolument que les choses changent, car je n’en peux plus. De quoi ? demanderez-vous. Eh bien, de vos chats. Oui, mademoiselle Dupré, vos innombrables chats me rendent marteau. Savez-vous qu’ils jouent au black jack toute la journée, en s’enfilant bière sur bière, qu’ils jurent comme des charretiers quand ils perdent, qu’ils en viennent souvent aux mains (je veux dire aux pattes), et que parfois ils jettent les cannettes de bière par les fenêtres ? Et je ne parle pas des trois petits que vous avez imprudemment inscrits au conservatoire municipal, et qui font des gammes toute la matinée. Croyez-moi, la Méthode Rose exécutée par un chaton débutant, c’est quelque chose ; alors trois chatons… Dans ce cas, « exécutée » n’est pas un vain mot. Il y a aussi cette petite chatte qui se prépare sans doute à un radio-crochet, et qui chante du Céline Dion à tue-tête ; et là encore, « tue-tête » est bien le mot, croyez-en ma pauvre tête cabossée. De plus, elle porte des vêtements tout à fait inconvenants pour son jeune âge. Je le sais, car c’est elle qui m’a ouvert la porte la dernière fois que j’ai tenté de venir vous voir. Elle portait une micro-jupe, un bustier ridicule, ses deux oreilles étaient piercée, une horreur. Derrière elle j’ai aperçu les mâles autour de la table de black jack, ainsi qu’un sinistre individu de type siamois, accoudé à une étagère, qui me dévisageait sévèrement. Je n’ai pas insisté, et je suis rentré me barricader chez moi. Je les entendais ricaner derrière la cloison ; ils se moquaient de moi, c’est certain.

Mademoiselle Dupré, cette situation est insupportable. Je ne peux pas vivre ainsi dans la terreur d’une bande de chats. Je suis sûr qu’il existe une clause dans le règlement de copropritété, stipulant qu’on ne peut héberger des chats hooligans et des chattes de mauvaise vie, ni même laisser des chatons massacrer un piano sans surveillance. Je compte sur vous pour trouver une solution au plus vite ; sans quoi je serai dans l’obligation de sous-louer mon appartement à une famille de dobermans, et alors, on verra qui rira le dernier.

Salutations,

Gilles Brugnon.
Vanessa


A l’attention de Monsieur Gilles Brugnon (appartement 6-A)

Mon Cher Monsieur,

C’est hier soir, en entrant dans mon appartement, que j’ai pris connaissance de la lettre que vous avez glissée sous ma porte et dont les termes n’ont pas manqué de me surprendre.

Tout d’abord bouleversée j’ai voulu vous rendre visite, puis, me suis ravisée, par peur, je vous l’avoue.

Que vous arrive-t-il ?

Vous me connaissez, Monsieur Brugnon, depuis maintenant onze ans. Nous sommes les plus anciens habitants de ce petit immeuble et, étant tous les deux célibataires, nous avons pris cette habitude, fort agréable, de nous rendre régulièrement chez l’autre pour discuter, emprunter le journal ou partager un gâteau.

Pourquoi dois-je vous le rappeler, et par écrit ?

Souvenez-vous que ma pauvre Mounette est décédée il y a cinq ans.

Elle avait d’ailleurs l’interdiction d’amener ses petits camarades de jeu à la maison et jamais elle n’aurait eu d’aussi mauvaises fréquentations.

Comment aurait-elle appris à jouer au blackjack alors que moi-même je n’en connais pas les règles ?

Quant à l’alcool n’en parlons pas, elle ne buvait que du lait frais.

C’était une petite chatte délicieuse, fort polie et très attentionnée. Vous-même ne cessiez de louer ses qualités. Je vous soupçonnais d’ailleurs d’être amoureux d’elle et vous avoue en avoir été parfois légèrement jalouse mais seulement légèrement.
Sa mort vous aurait-elle autant bouleversé ?

Quant à votre idée d’accueillir une famille de dobermans, nous en avons déjà discuté à plusieurs reprises. Vous savez ce que j’en pense. Ces chiens-là sont peut-être très affectueux mais ils prennent trop de place. Et n’oubliez pas que le règlement de copropriété les interdit.

Mon cher Monsieur Brugnon, malgré votre lettre ma porte vous sera toujours ouverte. N’hésitez pas à me parler de vos soucis. Venez ce soir à dix-neuf heures, je ferai un gâteau au yaourt et, si vous le souhaitez, nous évoquerons Mounette.

Votre amie, Gisèle Dupré.

P.S. : Ne pourrions-nous pas nous appeler par nos prénoms ?
Sabine

***

Monsieur,

J’ai emménagé, il y a dix jours exactement, dans la maison voisine de votre ferme, celle de gauche avec le portail vert. Vous n’avez pas encore eu le plaisir de faire ma connaissance. En effet, je suis là pour me reposer, me sevrer des mondanités et autres réjouissances de la vie parisienne et, surtout, finir mon sixième roman que j’ai eu tant de mal à commencer. Pour ne rien vous cacher, c’est mon éditeur, que je considère comme mon médecin, qui m’a fortement conseillé de me mettre au vert et qui m’a loué cette maison en espérant que j’achèverai enfin son futur prix Goncourt.

Mal lui en a pris !

Je ne supporte plus votre coq qui tous les matins à six heures précises me réveille brusquement alors que j’essaie de retrouver un rythme de sommeil normal et propice à la réflexion et l’écriture.

Ne parlons pas des poules qui caquètent à longueur de journée. Merci de les faire taire au plus vite.

Pourriez-vous également éviter de circuler avec votre tracteur qui me coupe l’inspiration à chaque fois qu’il sort du hangar et que j’entends encore alors qu’il est à l’autre bout du village ? Et une fois le bruit disparu, je ne cesse de tendre l’oreille tant je redoute son retour ! C’est inadmissible.

En outre, puis-je vous parler de l’odeur nauséabonde qui se dégage de ce qui semble être un tas d’herbe pourrie qui se trouve de l’autre côté du mur ? Qu’est-ce que c’est ? Vous semblez n’en avoir aucune utilité. Aussi, ayez l’amabilité de bien vouloir m’en débarrasser.

Enfin, il était inutile de déposer devant mon portail ce panier garni. Sachez que je ne mange pas de lapin, que je n’apprécie que les tomates parfaitement rondes et que les fraises me donnent de l’urticaire.

Si vous n’agissez pas rapidement pour supprimer ces nuisances intolérables, je n’hésiterai pas à demander à mon éditeur de vous envoyer son huissier.

Votre voisin.
Sabine


Monsieur,

J'aurais en effet aimé avoir le plaisir de faire connaissance mais je pense que le plaisir ne caractérisera en rien notre prochaine rencontre.

Je suis désolé d'apprendre que votre portail est vert et que vous vous adonnez à l'activité futile de l'écriture.

Je me réjouis, en revanche, d'apprendre que votre éditeur montre des aptitudes à la médecine. Il est toujours utile de s'entourer de personnes polyvalentes.

En ce qui concerne le chant de mon coq, je crains de ne plus être en mesure de vous aider. Lui et moi ne nous parlons plus depuis qu'il chante le matin avec cinq minutes de retard, à six heures cinq. Je vous invite donc à le contacter vous-même pour tenter de lui faire entendre raison.

Pour ce qui est des poules qui caquètent, dois-je prendre cette remarque au sens prompte ou figuré ? Ma femme et ma fille sont de vraies pipelettes et je leur en ai souvent fait la remarque. Je pense que votre prestige d'écrivain aux cinq romans publiés dans le plus grand anonymat saura les faire taire d'admiration.

Je crains que votre remarque au sujet de mon tracteur ne me concerne pas. Je ne possède aucun tracteur... À moins que votre vocabulaire limité ne vous permette pas de faire la distinction entre un tracteur et une moissonneuse.

Pour ce qui est de l'herbe pourrie, que d'aucuns nomment fumier, je viens de lui trouver une nouvelle utilité dont vous aurez très bientôt connaissance.

Je vous présente toutes les plus plates excuses concernant le panier garni, qui la prochaine fois, je vous le promets, sera vide.

Enfin, je serai heureux d'accueillir l'huissier de votre éditeur, qui n'est autre que mon beau-frère et qui se fera un plaisir de vous débarrasser de votre panier garni.

Salutations,

Votre voisin.
Pascal
***

Cher voisin,

J'ai appris que vous veniez de fêter vos cinquante ans et je m'en réjouis pour vous mais il serait dommage que cette célébration soit la dernière de votre vie.

Durant votre soirée mémorable de samedi dernier, soirée dont je n'ai pas perdu une miette, ayant été maintenu éveillé par les beuglements de la piètre chanteuse que vous aviez recrutée pour l'occasion, j'ai eu de nombreuses fois la tentation de rejoindre le réseau Al-Qaida pour que vos invités s'éclatent littéralement et que votre réception puisse légitimement porter le nom de surboum... mais je n'en ai rien fait, sans doute par sens civique.

Certes, mes murs ont fortement tremblé du fait de la caisse de résonance que forme la configuration en U du bâtiment mais ces tremblements n'étaient rien en comparaison de ceux dont vous serez pris lorsque je vous aurai organisé la visite de quelques tueurs à gages et autres psychopathes.

Sachez que je ne vous en veux pas personnellement d'être ce que vous êtes (peut-être votre incapacité à respecter vos voisins est-elle due à une déficience mentale congénitale). Après tout, ma propre incapacité à supporter le bruit m'a bien amené à opter pour une "solution finale".

C'est donc dans un pur souci de bon voisinage que je me permets de vous écrire aujourd'hui pour vous prévenir que j'ai pris votre chatte Ninou en otage et que je ne la relâcherai que lorsque vous aurez définitivement déménagé. Incidemment, le propriétaire du restaurant chinois de notre immeuble m'informe que Ninou aurait tout à fait sa place sur son menu, au besoin.

Pour conclure, cher voisin et ami (nous sommes en effet amis puisque je participe à vos soirées d'anniversaire), vous disposez précisément de trente jours pour trouver un logement, au minimum, à cent kilomètres d'ici, faute de quoi Ninou passera littéralement à la casserole.

Dans l'attente de votre reponse et de votre déménagement,

Votre voisin qui vous veut du bien puisqu'il vous invite à voir du paysage.
Pascal

Très cher voisin,

J’ai pris connaissance de votre lettre avec l’attention nécessaire. Je me rends tout à fait compte à la lecture de cette missive, de la grande colère qui vous anime et qui vous a permis de développer au fil des lignes, une remarquable imagination, riche en vocabulaire coloré et vif, un style rapide cinglant mais non dépourvu d’un certain humour.
Enfin, un texte d’une grande richesse que je me suis permis de lire à mon mari ainsi qu’à mes 2 enfants. Je n’ai pas hésité à leur vanter vos mérites de narrateur après cette lecture, et en relisant même 2 ou 3 passages bien appuyés, frappant au cœur comme l’épée d’un preux chevalier.
Et, oui, votre littérature nous a tous chaviré pendant au moins 2 grosses heures.
J’ai même dû relire encore une fois le texte plus lentement à mes chérubins qui refusaient de s’endormir sans cela.
Très cher voisin, s’il vous plaît, envoyez-nous très bientôt une nouvelle lettre, nous l’attendons tous avec une impatience fébrile. Nous ne regardons plus les programmes de la TV qui nous paraissent bien fades depuis votre envoi.
Nous n’avons plus qu’une chose à vous dire : MERCI

P.S. : Oh ! J’oubliais, nous sommes vos jeunes voisins asiatiques du 4è étage, je crois bien qu’une petite erreur s’est produite au moment où vous avez glissé l’enveloppe dans la boîte aux lettres
Oh ! Une dernière chose à vous dire, j’ai une excellente recette de canard laqué pékinois que ma maman m’a transmise ; si vous voulez vous débarrasser de la petite chatte Ninou, nous l’accueillerons au sein de notre famille qui adore les petits chats.

M et Mme Huong Nah Sue
Gigi

***

Mademoiselle Marguerite Pochon
2è étage porte B

Monsieur Durantin,

Vous allez certainement être surpris par ce courrier qui ne va peut-être pas vous être agréable. Mais je ne tiens pas à l’être… agréable, je veux dire !
J’habite comme vous le savez au 2è étage de la Résidence des Acacias, exactement en-dessous de votre appartement.
Depuis mon arrivée, il y a 10 ans, je réside dans cet appartement très paisiblement….
En effet, jusqu’à présent, rien ne venait jamais perturber, en dehors du chant des oiseaux du parc voisin, mes journées et mes nuits ; car, Monsieur Durantin, je vous parlerai également de la mauvaise qualité de mes nuits depuis que vous demeurez au-dessus de moi ! C’est absolument infernal ce bruit fracassant que vous produisez et tout simplement insupportable.
Je sais qu’en tant que musicien, vous vous devez de suivre un entraînement quotidien mais vous  conviendrez aisément qu’entendre le son du cor à 3 heures du matin est d’une rare cruauté !
Je n’ai rien contre la musique, croyez-le bien, de mon côté, je joue du piano (avec sourdine) pendant 2 heures chaque jour.
Monsieur Durantin, je vous demande instamment de cesser de jouer aussi fort et à des heures aussi tardives.
En revanche, et ce serait pour moi un grand plaisir, j’aimerais vous recevoir un jour dans mon salon de musique afin de partager ensemble des moments musicaux. J’ai par ailleurs, reçu récemment de mes amis séjournant en Inde, un excellent thé aux mille parfums exotiques à déguster en bonne compagnie.
Cher Monsieur Durantin, ou me permettrais-je de vous appeler « Edouard »…... je n’ai plus qu’une seule question : QUAND viendrez-vous me voir ?

Signé : Marguerite
Gigi


Mademoiselle Pochon,

Me voilà bien surpris par votre lettre ! Ce qui est bizarre, c’est que je pensais justement à vous laisser un mot à propos du piano, parce que moi, la musique, c’est pas trop mon truc. Je suis militaire à la retraite, alors moi, les fleurs, la musique, tout ça, ça me laisse froid. Mais comme on dit, tous les goûts sont dans la nature ; c’est pour ça que finalement, je vous ai laissée tranquille. Je me suis dit : la p’tite dame avec son piano, après tout, c’est pas trop dérangeant ; et à part ça, elle me fout la paix. Donc je vous ai pas fait une scène pour le piano. Mais là, c’est vous qui êtes pas contente, et ça m’a pris bien du temps de comprendre pourquoi ! Comme si j’étais du genre à jouer du cor, pourquoi pas du pipeau, pendant qu’on y est. Et puis finalement ça m’est venu : le bruit que je fais à trois heures du matin, ben c’est simple, c’est que je ronfle ! Vous y êtes pas habituée, ça se comprend, vous avez pas dû souvent… Enfin, bref, ça vous change. C’est vrai que j’ai du coffre. Je suis désolé de vous réveiller comme ça ; mais j’y peux rien, si je ronfle. Peut-être que, maintenant que vous savez d’où vient le bruit, ça vous dérangera moins. Vous pourrez continuer à dormir dans votre lit de plumes (je vous imagine dans un petit lit tout doux !), et quand vous m’entendrez ronfler ce sera comme si j’étais dans votre rêve, comme ça vous vous réveillerez pas.

Quant à votre gentille invitation, c’est pas de refus, à condition que vous me trouviez une boisson d’homme pour accompagner votre thé, par exemple un petit whisky. Comme vous le voyez, je ne suis pas musicien, et peut-être pas aussi raffiné que vous l’espérez ; mais je suis un bon gars ; si vous avez besoin de quelqu’un pour déplacer le piano ou autre chose, je pourrai vous être utile. C’est bien aussi d’être un peu différents ; on se complète.

Au plaisir, comme on dit, Mademoiselle Pochon ! Je suis chez moi tous les soirs à 19 heures.

Major Durantin
Vanessa



Atelier n°9


Proposition n°1 : rédaction d'une liste

Chacun fait une liste détaillée de 5 ou 6 de ses petites manies.


Proposition n°2 : logo-rallye

Chaque participant choisit un livre, l’ouvre au hasard et y pioche trois mots (substantifs, verbes ou adjectifs).
On met ces mots en commun, et chacun écrit à partir de la liste un texte incluant tous les mots.
Contrainte supplémentaire: les mots seront utilisés dans l'ordre de la liste.

Proposition n°3 : écriture à partir d’un objet posé sur la table

En l'occurence, un hérisson en peluche...

Quelques textes du 9e atelier


Liste de "mes petites manies"

Maniaque : à un point que je ne peux pas commencer la lecture d’un livre tant que je vois de la poussière autour de moi.

Lorsque je suis dans une chambre d’hôtel seule, je mets toutes mes valises et sacs derrière la porte et je vérifié plusieurs fois que le verrou est tiré.

Je vérifie plusieurs fois avant de quitter mon domicile si j’ai bien fermé lumière, etc.

Je ne m’assois jamais près du hublot dans l’avion.

Je ne passe pas sous une échelle de peur de recevoir quelque-chose sur la tête.
Gigi


Au petit-déjeuner, beurrer les tartines dès qu’elles sont sorties du grille-pain pour que le beurre fonde et goûter le chocolat au lait avant de manger les tartines.

Cacher les livres qui ne valent pas la peine d’être lus au fond de l’étagère de la bibliothèque, derrière les autres, les meilleurs.

Le soir, avant de me coucher, vérifier si j’ai mis mon réveil à sonner pour le lendemain, vérifier, vérifier et encore vérifier.

Ranger, tout ranger, laver, tout laver, essuyer, tout essuyer.

Ne rien oublier, ne rien oublier, ne rien oublier (j’aimerais !).
Sabine


Je passe sans arrêt mon joli chiffon microfibre bleu sur mon iPad pour effacer mes empreintes digitales

Je ne peux pas m'empêcher de corriger les erreurs de français des étrangers et les erreurs d'anglais des Français.

Je bois mon thé toujours dans la même tasse que je lave à la main après utilisation.

Je parsème mon discours de "finalement" et de "enfin", sans doute dans l'espoir de couper court à toute objection éventuelle.

Je ne peux pas m'empêcher de vérifier fébrilement mes emails sur mon téléphone, probablement de crainte de manquer un message important bien que je ne reçoive pas de messages importants par email et que ces messages ne soient jamais urgents.
Pascal

Logo-Rallye

Avec les mots: Venir - quotidien - meute - garde-à-vous - désemparé - l'essentiel - revendication - respecter - irlandais - aujourd'hui - fois - médicament.

Pourquoi vient-elle ainsi troubler le quotidien
Des meutes assagies de nos républicains?
Se mettre au garde-à-vous, ce serait abdiquer.
A l'étrangère, ici, d'être désemparée.
Allons à l'essentiel, faisons-là déguerpir
Tout les moyens sont bons pour la voir repartir.
Elle fait sourde oreille aux revendications
Pourquoi faudrait-il donc que nous la respections?
Car un cœur irlandais hier comme aujourd'hui
Ne saurait accepter aucune monarchie
Et encore une fois, voici mon sentiment
Aux maux de notre histoire, un seul médicament :
La reine doit partir comme elle était venue
Sinon, foi d'irlandais, nous la mangeons tout cru.
Pascal


Ils venaient d’arriver dans mon bureau. Leurs venues étaient quotidiennes. C’était presque des rendez-vous. Je dis presque parce que je savais qu’ils viendraient mais je ne savais jamais quand. C’était une meute, une meute d’ouvriers en colère qui surgissait devant moi. Certes ils frappaient à la porte mais ils n’attendaient jamais que je leur réponde avant d’entrer. Moi j’avais l’impression d’être au garde-à-vous. Je venais d’arriver dans cette usine, il y a un mois. Pour redresser la situation m’avait-on dit, calmer les esprits, appliquer la législation bien entendu, leur accorder ce qu’ils demandaient mais, surtout, à moindre coût. On ne m’en avait pas dit davantage. La première semaine j’étais désemparée. Ils étaient très bien organisés. J’avais compris qu’ils procèderaient ainsi jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits ou jusqu’à ce que je démissionne. Je les accueillais avec le sourire, les écoutais, négociais fermement et m’engageais à leur donner ma réponse définitive les jours suivants. L’essentiel c’était qu’ils ne me séquestrent pas. La nuit, je voyais des piquets de grève, le portail fermé et le matériel qu’ils brûlaient dans la cour en criant leurs revendications. Mais ils finissaient par se calmer et m’écoutaient toujours attentivement ; surtout, ils me respectaient. Leur porte-parole était irlandais. Je ne savais pas encore comment il était arrivé ici. Il parlait un français parfait. On me disait qu’il était le plus dur et qu’il ne cèderait pas. « Aujourd’hui, on discute » venait-il de dire, « mais la prochaine fois, on veut voir les derniers chiffres. » La prochaine fois, c’était demain. Et je savais que lorsque l’après-midi même j’en parlerai au patron par visio-conférence, à quinze heures comme tous les jours, je le verrai sortir sa petite boîte de la poche de son pantalon et avaler ce médicament qui calmait son cœur.
Sabine


L’enfant vient quotidiennement rendre visite aux moineaux du Parc des Blanchis, c’est un rituel. Il entre dans le parc, s’approche du bassin et s’assoit sur le banc. La « meute », dans un bruissement d’ailes alors arrive « flip, flip, flop » au pied du jeune garçon qui se met instinctivement au garde à vous, solennel comme pour saluer ces volatiles. Puis, comme chaque matin, il lance une grosse poignée de morceaux de pain à ces ventres affamés.
Cependant, un oiseau se tient à l’écart des autres, et semble désemparé, craintif. L’enfant pour qui, il est essentiel de remplir sa mission s’approche du volatile et s’adresse à lui :
« Pourquoi ne participes-tu pas à ce repas matinal ? Aurais-tu une revendication particulière ? Le pain ne te convient-il pas ? N’est-il pas assez frais pour toi ? »
Sur ce, l’enfant lui tend un plus petit morceau ; l’oiseau l’examine avant de s’éloigner.
« Ah bien ! Dis l’enfant, tu n’aimes pas on pain, tu dois être irlandais au moins ! Pour renoncer à ta pitance aujourd’hui. Ou bien, es-tu tout simplement malade, un peu anémié peut être ! La prochaine fois, je t’apporterai un médicament car tu as bien besoin de vitamines.
Gigi

Ecriture à partir d'un objet

J’avais dû partir dans la précipitation.

Paolo avait sonné à la porte et ne m’avait dit que ces quelques mots : « Ils sont à tes trousses. On ne sait pas encore comment ils ont fait pour te retrouver. Il faut que tu partes. Tout de suite. »

Tout de suite, je savais ce que cela signifiait. On nous l’avait appris dès les premiers jours et répété sans cesse. Tout de suite, c’était partir à peine la phrase terminée, en laissant tout derrière soi, sans savoir où l’on irait, sans savoir si l’on reviendrait.

Alors, j’avais suivi Paolo une fois ces paroles prononcées. Il m’avait accompagné à l’aéroport et ce n’était qu’avant de quitter la voiture qu’il m’avait donné un passeport, un billet d’avion et une valise. Sans consigne.

Une fois dans l’aéroport, j’avais appris ma nouvelle identité et ma destination. Ayant peu de temps avant le départ de l’avion, j’avais avancé d’un pas rapide vers le hall d’embarquement et passé les contrôles sans problème.

Et il y avait eu cette petite fille. Une petite fille qui avait laissé tomber à mes pieds son hérisson en peluche. Je m’étais baissé pour le ramasser, le lui donner et repartir aussitôt. Un hérisson à tête beige, aux piquants marrons, vêtu d’un pantalon en jean retenu par des bretelles, d’une chemise à carreaux rouges et blancs et d’un nœud papillon en ruban marron autour du cou.

J’avais commis une erreur, je le savais. Je n’aurais pas dû m’arrêter. Certes il appartenait à un enfant qui ne savait fort probablement pas qui j’étais mais cet enfant était peut-être accompagné par sa mère, son père ou qui d’autre encore.

Une fois dans l’avion, je n’avais cessé de penser à ce hérisson. Je revivais la scène, détail par détail, pour essayer de retrouver la ou les personnes qui accompagnaient l’enfant et guetter leur réaction. Mais je ne voyais plus que ce hérisson, le visage de la fillette commençait même, déjà, à s’effacer.

A l’arrivée, j’avais commis une seconde erreur. J’aurais dû parler du hérisson, de la fillette et de ses parents qui devaient sûrement l’accompagner. Mais je n’avais rien dit à cette femme inconnue qui m’attendait et m’avait embrassé en me serrant dans ses bras.

Depuis, l’on me cache, de maison en appartement, d’appartement en hôtel, à la ville, à la campagne. Je suis le cousin de passage, le fils qui vit à l’étranger, ou même l’infirmier venu soigner le malade. Je ne sais ni quand cette cavale se terminera ni comment. Je ne cesse de penser à ce hérisson. Je n’ose en parler. C’était une fillette. Mais ses parents ? Ses parents ? Je ne sais pas. Je le saurai peut-être si un jour, l’on vient m’arrêter. Et je ne suis pas certain que ce hérisson portait un nœud papillon.
Sabine


Le réveil a bien sonné ce matin à 7h. J’étais très angoissé avant de m’endormir hier soir à l’idée d’être en retard à ce rendez-vous. C’est important pour moi cette rencontre avec mon nouvel éditeur.
Mon dernier manuscrit sous le bras « Pile Poil », le porc épic, j’entre dans l’immeuble des Editions Histoires à lire debout ». Là, je suis accueillie par une jeune femme charmante mais dont le petit sourire sarcastique m’agace un tantinet. Elle me fait entrer dans un bureau étrange : il est seulement composé d’une table rectangulaire immense en bois et d’une chaise.
Mon attention est attirée par un objet au milieu de cette table, je m’approche intriguée, c’est une petite peluche de couleur gris un peu sale, vêtue d’une salopette bleue à bretelles, une chemise à carreaux rouges et des petites bottes marron. Ses deux bras sont grands ouverts comme pour accueillir le visiteur. Que fait cette peluche sur la table ? Je la saisie, la retourne ; en fait, il s’agit d’un petit porc épic, quelle coïncidence ! Je viens de terminer mon 2è roman pour enfant dont l’histoire raconte l’étrange voyage d’un porc épic surnommé Pile Poil.
Assis sur ma chaise, j’observe Pile Poil. Depuis quelques instants, j’ai l’impression qu’il me regarde avec insistance. Ses bras lentement se baissent le long de son corps. Tout à coup, il se lève, l’air féroce, les babines relevées laissant apparaître 2 crocs énormes, les yeux injectés de sang, la bave aux lèvres, il avance vers moi, toute pique dehors !
Je suis paralysée de peur sur ma chaise. Malgré l’ordre intimé par mon cerveau de fuir, je reste figée.
Brusquement, je tombe avec la chaise en arrière, je me relève et regarde vivement autour de moi, je sui s en sueur.
La peluche est au centre de la table parfaitement immobile, les bras ouverts !
Ce n’était donc qu’un rêve ! Je regarde ma montre : plus de 2 heures se sont écoulés depuis mon arrivée et mon éditeur ne s’est pas manifesté.
Je ressors du bureau encore un peu étourdie, les jambes flageolantes. L’assistante a disparu.
C’est décidé, je jette mon manuscrit, je vais écrire un nouveau roman avec un autre héros que Pile Poil.
Gigi


Il déballa nerveusement le petit paquet rose joliment enrubanné qui portait son nom. Il n'avait, cette année, de toute évidence, qu'un petit cadeau pour son anniversaire . Mais, comme le lui avait répété mille fois sa mère, ce n'était pas la quantité qui importait.

Il écarquilla les yeux. Quoi ? C'était ça son cadeau ? Un hérisson en salopette ?
- Mais maman, j'ai passé l'âge de jouer avec des peluches! Et pourquoi un hérisson? Je déteste les hérissons.
Sa mère lui adressa un regard méprisant en essuyant, d'un geste théâtral, les fausses larmes qui coulaient sur ses joues émaciées.
- Quoi que je fasse, tu n'es jamais content. Je fais tout mon possible pour te faire plaisir et voilà ce que je reçois en guise de remerciement ! Pourquoi tant d'ingratitude ? Tu cherches vraiment à me rendre malheureuse. Et bien, j'ai une excellent nouvelle pour toi ; tu y arrives très bien. Je suis en effet malheureuse. Bravo. Pour une fois que tu réussis quelque chose.

Il baissa les yeux et se mit a triturer le hérisson nerveusement. Il sentait la colère monter mais se rappela ce que sa mère lui avait martelé : "seuls les animaux ne maitrisent pas leurs pulsions"! Il fallait qu'il se calme.
- Alors ? Tu ne dis rien ? Tu n'es même pas capable de t'excuser auprès de ta pauvre mère ? Tu me déçois. Tu es pitoyable.

Il continua de triturer rageusement le hérisson jusqu'à en arracher la tête.
Sa mère le regarda effarée!
- Tu n'es qu'un être violent et malsain. Je l'ai toujours su. Ce n'est pas étonnant que j'en sois là où j'en suis aujourd'hui.
Il leva le yeux vers sa mère et sentit peu à peu que lui venait enfin la force d'exprimer son ressentiment, sa douleur, sa haine.

- Les heures de visites sont terminées, annonça la psychiatre. Je vous invite à repasser demain si vous le souhaitez!

Mais l'homme savait que lui et sa mère ne se reverraient plus! Sa décision était prise : il allait laisser la vieille femme crever seule à l'hopital. C'est tout ce que méritait celle qui avait poussé son père et sa soeur au suicide.
Pascal

Atelier n°8



Proposition n°1 : nouvelle variation sur le cadavre exquis

Sur le principe du cadavre exquis, un participant écrit une question  commençant par "qu'est-ce que..." en haut de la feuille et la replie; son voisin répond au hasard, en commençant par "C'est...". Après quelques tours de table, on déplie la feuille de papier et on lit la série de question-réponses.


Proposition n°2 : description neutre / description subjective

A partir d'une photo de lieu, chacun rédige deux paragraphes: une description objective, factuelle ; et une deuxième description subjective où le style fait sentir le point de vue du narrateur.


Proposition n°3 : texte sur le thème "la première fois"

Chacun choisit une première fois (premier jour d'école, premier chagrin, première fois sur un vélo sans les petites roues...) et en fait un texte autobiographique ou fictionnel, au choix.