Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°5


Proposition n°1 : Comparaisons personnelles 

Au lieu d'employer des expressions figées (malin comme un singe, riche comme Crésus...), chacun invente de nouvelles comparaisons pour caractériser un objet ou une personne. 


Proposition n°2 : Un discours pour convaincre 

Nous choisissons ensemble une cause sur laquelle prendre parti; autoriser ou non les chiens dans les musées. 
Chacun écrit un texte partisan sur le sujet, de la façon la plus convaincante possible.


Proposition n°3 : Écrire l'horreur 

Chacun écrit un texte d'horreur inspiré d'un événement vécu, d'une peur d'enfance ou de son imagination.

Quelques textes du 5e atelier


Un discours pour convaincre 

PÉTITION : Le musée pour tous 

Franciliens, Franciliennes, 
joignons nos forces pour mettre fin à une discrimination millénaire : ouvrons les portes de musées à nos amis canins. 
Vous le savez, l'esprit hygiéniste et conformiste qui règne dans nos institutions muséales a inspiré une série d'interdictions dont la liste remplirait un volume de la Pléiade. Interdiction de courir, de faire du patin à roulettes, de manger un casse-croûte, de chanter à tue-tête, de caresser les statues, de retoucher les tableaux, de caresser les statues, de découper les dessins... Mais le plus choquant, pour un esprit libre, est l'incompréhensible bannissement des chiens (à l'exception de quelques chiens fonctionnels qui accompagnent les personnes handicapées). 
Pourquoi le chien, ce noble ami de l'homme, ne pourrait-il pas se cultiver comme nous? Pourquoi ne pas le laisser gambader dans les allées de nos musées, aboyer sa joie devant une oeuvre qui lui plaît, lever la patte s'il la trouve ratée? Quel bonheur ce serait de voir un rotweiler en contemplation devant un Picasso, un chihuahua perché sur une statue de Brancusi, un épagneul parcourant une installation d'art contemporain! 
Allons plus loin, considérons les besoins culturels des autres espèces. Nos chats, nous poissons, nos tortues, nos canaris, n'ont-ils pas eux aussi des aspirations élevées? Ouvrons grand les portes des musées, et l'on verrait les visiteurs humains entourés d'animaux, qui un chat sur l'épaule, qui un aquarium dans les mains, qui un oiseau sur la tête, dans une ambiance festive, pleine de bruit et de chaleur. 
Franciliens, Franciliennes, signez la pétition, pour créer ensemble un musée ouvert à tous les amis à poils, à plumes et à écailles, le musée pour tous.
Vanessa


Écrire l'horreur 

Les algues 

- Allez, tout le monde à la mer ! 
A ce cri joyeux de leur moniteur de colo, les enfants se précipitent dans l'eau en poussant des cris de joie. Suzie les laisse passer en ajustant nerveusement les bretelles de son maillot de bain. Elle attend qu'il n'y ait plus personne pour la voir, puis se met à courir à son tour. L'eau est froide sous ses pieds ; elle hésite à avancer, mais il faut cacher le corps malhabile de ses douze ans ; alors elle avance, en serrant les dents. 
- Tu vas voir, elle est froide au début, mais après elle est bonne! crie une des filles. 
Suzie a de l'eau jusqu'à la taille. Une autre fille crie à son tour : 
- Vas-y d'un coup, c'est plus facile! 
Quelqu'un lui lance de l'eau dans le dos. Alors Suzie se laisse tomber dans la mer. Le froid l'enveloppe. Elle nage, et c'est vrai, au bout d'un moment elle n'a plus froid. Elle nage, elle se laisse porter par les vagues, et elle se sent enfin bien dans son corps. Il faudrait rester toujours dans l'eau ; on n'aurait pus à se montrer en maillot de bain devant tout le monde. Suzie avance encore, petite brasse tranquille. Soudain elle sent quelque chose lui attraper le pied. Quelque chose de gluant qui lui enserre la cheville. Elle pousse un hurlement. 
- C'est rien, c'est des algues! crie la fille dont le rôle semble être de donner des informations sur l'état de la mer. 
Suzie se débat. Elle a horreur de ce contact visqueux. Mais la chose qui lui tient le pied s'accroche à son autre cheville. Elle crie de plus belle. La fille aux infos semble s'être éloignée ; sa voix ne lui parvient plus. Les algues montent autour de ses jambes. Suzie appelle à l'aide, cherche les autres de tous côtés ; mais la mer s'est comme élargie autour d'elle, toute la colo s'est déportée sur les bords les plus lointains de son champ de vision. Elle est seule, dans son maillot de bain rose, à lutter contre les algues de plus en plus puissantes qui la tirent vers le bas. 
- Au secours ! 
Elle a du mal à maintenir sa tête hors de l'eau. Les algues l'enserrent et la tirent de toute la force de leurs tentacules visqueuses. Elle essaie de le détacher d'elle avec sa main gauche ; aussitôt elle sent son poignet saisi par la même force irrésistible. 
- A l'aide ! 
 Sa voix étouffée ne porte pas. Elle n'a plus que son bras droit pour nager vers la rice ; mais il est saisi à son tour par les algues. 
- Non! crie Suzie, avant de disparaître sous l'eau.