Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Jeudi atelier n°3


Proposition n°1 : Définitions de mots inventés


On prépare en commun une liste de syllabes pour créer des mots inventés. Puis chacun prépare une définition des ces mots inventés, comme pour un dictionnaire. 

Proposition n°2 : Un personnage vu par un narrateur omniscient 


À partir d’une photo, on fait le portrait physique du personnage, on imagine sa vie, son caractère, etc. Texte à la 3e personne, par un narrateur omniscient. 

Proposition n°3 : Faire parler le personnage 


Le personnage décrit précédemment prend la plume. Il dit ce qu’il aime, ce qu’il pense…

Mercredi atelier n°3


Proposition n°1 : Les acronymes revisités 


On constitue ensemble une liste d’acronymes Puis chacun les détourne en leur donnant un sens nouveau. 

Proposition n°2 : Créer un personnage de super-héros 


Chaque participant invente un super-héros à partir de sa « carte d'identité » : nom, histoire, pouvoirs, costume... Puis chacun écrit une page qui présente ce personnage sous forme de description ou en action. 

Proposition n°3 : Écrire à partir d’un inducteur 


« Demain j’arrête… ».

Quelques textes du 3e mercredi


Créer un personnage de super-héros 



Notre super-héros de la semaine est le célèbre Foksabrille, que nous avons rencontré chez lui dans sa maison immaculée au milieu d'une forêt du Sud de la France, d'où s'élève une parfum de "sapin des bois". Nous ne donnerons pas plus de précisions pour préserver son intimité. Foksabrille, encore inconnu il y a deux ans, a fait une entrée fracassante dans le monde des super-héros lors de la coupe du monde de football, où il a en quelques minutes nettoyé le stade, tondu la pelouse, et lavé et repassé les maillots de toues les joueurs. Cet exploit, retransmis sur tous les écrans du monde, l'a rendu instantanément célèbre. 
On ne compte plus les ménagères en détresse, les étudiants crasseux ou les souillons pathologiques qui ont fait appel à lui. Il suffit de crier : "À l'aide Foksabrille !" et le voilà qui surgit, entièrement vêtu de latex, avec sur le visage son casque intégral de filtration des poussières. D'un regard il évalue les dégâts ; puis il tourne trois fois sur lui-même, et huit avatars se détachent de lui. Vous voilà entouré de neuf Foksabrille, l'un armé d'une serpillère, l'autre d'une éponge qui gratte, et ainsi de suite ; et en peu de temps votre F2 minable devient un logement digne des magazines de décoration les plus intransigeants. 
Les témoignages sont dithyrambiques. 
"Foksabrille a sauvé mon mariage. " "Grâce à Foksabrille, on me croit une fée du logis." "Je n'ai plus de cafards depuis l'intervention de Foksabrille." ... 
Foksabrille serait donc parfait ? Non, il est humain ; et comme nous tous il a une faille : il est allergique au parfum " fraîcheur citrus". 
Mais d'où viennent les super-pouvoirs de notre roi du ménage ? Foksabrille a bien voulu nous révéler son secret. "J'ai toujours aimé faire le ménage, mais je n'avais pas de talent particulier. Un jour je me suis endormi dans mon placard à balais. J'ai été réveillé par une violente explosion, tous mes produits ménagers se sont déversés sur ma tête, dans des proportions très particulières, impossibles à reproduire, qui ont provoqué dans mon cerveau une bouleversement synaptique. Depuis ce jour, je suis le super-héros du ménage." 
Nous achevons l'entretien sur cet étonnant récit. Sur le pas de la porte, Foksabrille nous offre en guise de cadeau de départ un paquet de lingettes à la lavande. Ce héros est vraiment super ! 

Vanessa 


Demain j'arrête 



Je leur avais pourtant bien dit que je n’étais pas fait pour ça.
Mais allez faire comprendre à des parents, fonctionnaires de police de générations en générations, que vous n’avez aucunes compétences pour ce boulot, rien n’y fait, le poids de la tradition oblige, ils firent de moi un policier.
Mon seul problème, c’est que je suis un bon garçon, bien trop gentil et que devant le moindre délit, mon premier réflexe est de comprendre le pourquoi du comment. En fait, je cultive le grand art de me faire rouler dans la farine. Alors, évidemment, ce qui devait arriver arriva.
Ce matin, convoqué par mes supérieurs, je me suis vu reprocher ce qu’ils appellent mon laxisme et j’ai écopé d’un dernier avertissement avant sanction disciplinaire. Devant cette situation, et bien malgré moi, j’ai pris la décision la plus radicale… Demain j’arrête… 
Oui ! Demain j’arrête, n’importe qui, n’importe où, dans n’importe quelles circonstances, qu’elles soient atténuantes ou pas, de celui qui est mal garé à celui qui est mal habillé en passant par celui qui se gratte le nez, demain j’arrête tout le monde et je te colle tout ça en garde à vue. Pardon ? Délit de faciès avez-vous dit ???...
Ah non, ça je ne fais pas, pour la plus grande honte de la famille, mon père Jean-Marie et mon grand-père Adolph se sont déjà bien assez distingués dans ce domaine…

Pierre 



Quand Pauline fêta ses quarante ans, et qu'elle vit sur son gâteau ce chiffre fatidique surmonté d'une petite flamme vacillante, elle eut une révélation. " Quarante ans, 'est le mi-temps de la vie. J'entame la deuxième moitié, il n'y en aura pas d'autre. J'ai grimpé la montagne, maintenant je commence la descente. " 
Comme pour illustrer sa pensée, quelqu'un ouvrit une bouteille de champagne et le bouchon, après un rebond contre le plafond, alla s'écraser dans le glaçage du gâteau. 
— C'est fini, annonça Pauline à ses invités. Demain, j'arrête de vieillir. 
— Tu vas te mettre au botox ? À la chirurgie ? Aux implants ? 
— Tu vas te prendre un amant de vingt ans ? 
— Tu vas te faire cryogéniser ? 
— Tu vas te suicider ? 
— Tu vas rentrer au couvent ? 
— Tu vas t'installer sur Mars ? 
— Non. J'arrête de vieillir, tout simplement. 
Et comme tout le monde avait beaucoup bu, on lui répondit : 
— Ah, d'accord. 
— Pourquoi pas... 
— Si tu le dis... 
— Dacodac... 
— On verra... 
Vanessa