Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Atelier n°6



Proposition n°1 : rédaction d'une liste

Chacun fait une liste détaillée de 5 à 10 choses qui lui font peur.



Proposition n°2 : dialogue entre deux personnages

Parmi des papiers pliés, chacun pioche deux noms de personnages stéréotypés (cowboy, martien, pompier…, puis les fait dialoguer.


Proposition n°3 : écriture à partir d'un titre

« Où vont les nuages ? »

Quelques textes du 6e atelier



Liste de choses effrayantes

- mourir noyé
- devenir sénile
- se retourner un ongle
- ma voisine folle du premier étage en crise
- l'architecture « tout béton » des années 60-80
- la perversion dans les relations
- les films d'horreurs
- la vulgarité de la réceptionniste dans mon ancien club de gym
- les situations kafkaïennes
- la mode
                                                                                         Pascal

- les araignées;
- quand le métro s'arrête dans un tunnel et que la lumière s'éteint;
- les clowns, surtout s'ils ont un un énorme sourire en maquillage;
- quand je me rends compte que ma "box" est débranchée, et que je suis donc injoignable depuis au moins une heure;
- les machines pour réparer les trottoirs, qui vibrent bruyamment et semblent sur le point d'exploser;
- les gros chiens qui n'ont pas mis de muselière à leur maître;
- les caves mal éclairées avec des fantômes de souris qui courent le long des murs.
Vanessa



Dialogue entre deux personnages stéréotypés

Personnages : fée - anarchiste

Paris, 1902.
Une petite chambre sous les toits.
Sur une table, des clous et des pièces de métal, un petit tas de poudre, un réveil-matin. Assis sur une chaise, Jules est en train de lire un fasicule intitulé "Comment fabriquer une bombe anti-tyran". Soudain, une jeune femme, vaporeuse mais très belle, apparaît devant lui.
Jules : Qui êtes-vous? N'approchez pas, c'et privé, ça ne vous regarde pas. Allez-vous en, ou bien...
La fée : Ou bien vous appelez la police?
Jules : Et pourquoi pas? Je suis chez moi, laissez-moi tranquille, espèce de bourgeoise.
La fée : Moi aussi je crée des explosion; mais moi je le fais pour tuer le temps, pas les tyrans. Regard...
Jules : Mais qu'est-ce que tu fais? Mes vis! Elles ont toutes explosé.
La fée : Je te l'ai dit, ça m'amuse; j'ai besoin de distractions. Il n'y a pas grand-chose à faire, chez toi.
Jules : Je ne te retiens pas! Et d'abord, qu'est-ce que tu fais là?
La fée : Je t'observe, Jules. Je te regarde préparer tes bombinettes, c'est fascinant de voir les humains se concentrer sur des âneries pendant des heures.
Jules : Tu ne sais pas de quoi tu parles. Grâce à moi, bientôt le pays sera débarrassé de ses exploitants, et ce sera le début d'une ère nouvelle.
La fée : A ton âge, tu devrais courir les filles, ça te ferait du bien. Je te vois ici toujours tout seul, ou alors avec des ennuyeux qui fument la pipe et te montent la tête avec leur politique; tu n'aimerais pas plutôt découvrir les joies de l'amour?
Jules : C'est bien une parole de bourgeoise. Nous, les prolétaires, n'avons pas le temps de butiner.
La fée : Je ne suis pas une bourgeoise, ni une prolétaire, ni aucune de ces vulgaires catégories humaines. Je suis la fée Isilde. Je me suis rendue visible pour toi car tu m'intéresses.
Jules : J'ai trop forcé sur l'absinthe, voilà que je vois des fées, maintenant.
La fée : Approche, mon garçon. Je te donne une nuit, il sera bien temps de retrouver tes explosifs demain matin, si tu en a encore le goût après cette nuit.
Jules : Le peuple a besoin que je le libère, est-ce que je peux le faire attendre encore une nuit?
La fée : Mais oui, mon chéri. Viens avec moi sur le lit.
D'un geste, elle fait disparaître tout ce qui jonchait la table. Le lit devient immense. Juiles la suit.
Vanessa

Personnages : marquise (M) - sorcière (S)

M. Dites-moi, ma chère sorcière, comment se fait-il que vous soyez resplendissante de beauté et que ce soit moi, la marquise, qui possède un visage ingrat avec une verrue sur le nez?
S. C'est justement parce que je suis une sorcière. J'ai interverti nos corps.
M. Donc quand je vous regarde, je me mire moi.
S. En effet, et quand vous vous mirez dans la glace, vous me voyez moi.
M. Comme je suis belle et que vous êtes laide !
S. Vous voulez dire à l'origine ou maintenant que j'ai interverti nos corps ?
M. Quand je dis « je », je veux dire « vous », bien sûr.
S. Je ne comprends rien de ce que vous me racontez.
M. Ce n'est pas étonnant ; une sorcière est beaucoup moins fine intellectuellement qu'une marquise, c'est bien connu.
S. Et c'est connu de qui ?
M. Mais de tout un chacun, ma chère. Et notamment de moi.
S. Quand vous dites « moi », vous voulez vraiment dire « vous », je présume.
M. J'aimerais dire oui, mais je ne suis pas sûr de bien comprendre votre question et, par conséquent, je dirai non. De toute évidence, vos facultés intellectuelles sont limitées, d'où la confusion qui émane de vos questions.
S. Ce n'est pas très facile d'être intelligente maintenant que je suis d'une grande beauté, vous savez.
M. Peut-être auriez-vous dû me dérober également mon esprit.
S. Mais je peux encore le faire, vous savez.
M. Vu comme vous êtes belle maintenant, je doute que vous ayez suffisamment d'intelligence et de compétence pour procéder à cette interversion très délicate.
S. Comment osez-vous douter de mes capacités de sorcière, espère de laideron. Je vais vous prouver immédiatement que je peux me substituer à vous dans votre cerveau.
M. Eh bien faites donc, j'aimerais bien voir ça.
S. Abracadabra! Et voilà! C'est fait. Je suis maintenant dans votre esprit et vous dans le mien.
M. Et me revoilà devenue belle.
S. Et me revoilà devenue intelligente.
M. Si tant est que vous l'ayez jamais été.
Pascal


Où vont les nuages ?

Bienvenue à tous dans cette toute nouvelle émission littéraire intitulée Où vont les nuages ?
Le thème de notre émission d'aujourd'hui sera : où vont les nuages dans la littérature ?
Nous sommes heureux d'avoir pour invité vedette celui qui compte parmi les plus grands écrivains, Jean-Charles Yves Balanger, qui a notamment écrit la saga militaro-sentimentale Où vont les nuages ?, qui a remporté de nombreux prix dont le prestigieux prix France météo, attribué aux romans dont le titre comporte le mot nuage.
- Bonjour, Jean-Charles Yves Balanger, ma première question sera tout simplement : où vont les nuages ?
- Bonjour, Philippe Albert François de Montadour-Torcy, et surtout merci de m'accueillir dans votre émission. C'est un honneur pour moi de venir répondre à vos questions.
- Et c'est un honneur pour moi et pour toute mon équipe de vous recevoir aujourd'hui.
- Pour répondre à votre question, je dirais que les nuages vont, certes, mais ils viennent aussi.
- On peut donc dire qu'il s'agit d'un va-et-vient, comme le flux et le reflux des vagues.
- Cette comparaison est très intéressante. Et comme le disait le grand poète Sylvestre Michel de la Cronche « La où vont les nuages, il faut tourner la page. »
- Et qu'entendait-il par là ?
- C'était un très grand poète. Personne ne comprend rien à ses poèmes mais il est toujours intéressant de citer un grand poète. Surtout dans une émission de cette qualité.
- Vous me flattez et j'aimerais pour répondre à votre compliment citer le plus grand poète de tout l'histoire... Mais je ne sais pas qui il est.
- Ou qui elle est...
- Vous avez tout à fait raison. Nous arrivons malheureusement au terme de cette émission. Il nous faut donc conclure. Peut-être pourrais-je citer une phrase de votre livre.
- J'en serai flatté.
- « Sylvaine ne savait pas où allaient les nuages mais elle s'en fichait éperdument. Pour elle, la question était stupide, insensée, une perte de temps absolu. En revanche, elle savait où allait le vent. »
Sur cette citation je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour une autre édition de Où vont les nuages ? Dont le thème sera : où va le vent dans les romans de Margaret Mitchell ?
Pascal