Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Quelques textes du 6e atelier


Liste sur le thème « J’aime / j’aime pas »


J’aime marcher, me perdre, revenir sur mes pas, courir et courir.

Je n’aime pas ne rien avoir à lire.

J’aime les rayons blancs du soleil qui transpercent les nuages.

Je n’aime pas ne rien avoir à dire.

J’aime l’odeur d’un jardin après la pluie.

Je n’aime pas être poursuivie par une poule dans mes rêves.
Sabine

J'aime la ponctualité surtout quand j'ai tout mon temps
Je n'aime pas les gens mous surtout quand ils sont stressés

J'aime le chocolat noir avec un café noir quand je ne broie pas du noir
Je n'aime pas les odeurs de peintures, colles ou essence le matin au réveil

J'aime la diversité et l'imprévu, dans des limites raisonnables et pour autant que je m'y attende un tant soit peu.
Je n'aime pas les tables bancales car la solution simple qui consiste à les caler se révèle généralement difficile à mettre en oeuvre

J'aime les cannelés et pourtant je ne m'en achète pas : je ne dois pas les aimer tant que cela!
Je n'aime pas les gens qui n'aime pas et pourtant je m'aime bien.

J'aime les mots qui s'entrechoquent et qui font sens malgré eux.
Moi pas aimer les phrases que elles sont mals écrite!
Pascal


Mode d'emploi, guide ou recette

La création de l'univers pour les nuls en 10 étapes: exercice dangereux mais pas impossible

1. Prenez tout d'abord le temps d'inventer le temps et une unité de référence, par ex. le temps de rotation d'un astre autour d'un autre. Si tel est votre choix, il est conseillé d'inventer le mouvement!
2. Inspirez profondément : c'est de votre inspiration que naitra l'univers. Vous éviterez, si possible, de manger ail ou oignon la veille, si tant est que vous ayez pensé à inventer quelques aliments qui vous permettront de vous sustenter durant votre labeur. Nous vous conseillons également d'inventer un peu d'eau (vous devriez trouver pléthore d'hydrogène et d'oxygène, à moins que vous ayez omis d'inventer les éléments du tableau périodique! Ne vous inquiétez pas, vous trouverez ce tableau gratuitement sur Internet)
3. Prenez tout votre temps pour créer; il s'agit de votre univers et c'est vous le chef! Vous pouvez ajouter des formes, couleurs et odeurs à votre guise. Nous vous conseillons cependant de résister à la tentation de créer des êtres vivants: l'expérience a déjà été menée et le créateur s'en mord encore les doigts (enfin, c'est une expression, en tant que démiurge, vous n'êtes pas tenu de posséder des doigts)!
4. Si vous insister pour créer des êtres vivants doués d'intelligence, alors profitez-en pour inventer le chocolat! La vie est inconcevable sans chocolat. Noir, bien sûr.
5. Inventez-vous une histoire. Faites en sorte qu'elle soit rocambolesque et mal écrite pour que tout le monde tente d'y trouver un sens profond mais que personne n'y parvienne.
6. Créez des événements dramatiques, des guerres et des catastrophes naturelles, cela vous facilitera la création de l'art qui est parfaitement inutile et en cela indispensable à la vie intelligente!
7. Créez les ateliers d'écriture mais laissez plus de temps aux participants pour réaliser leurs exercices littéraires hautement périlleux.
8. Ne créez plus, contemplez votre univers et souriez... ou pleurez! (au fait, avez-vous pensé à inventer les émotions?)
9. Votre univers se dégrade! Nous vous avions prévenu!
10. Changez de profession. Vous vous êtes fourvoyé comme les autres!
Pascal

Les guides du pays, édition 2011, pages 215 à 220.

De Saint Jacques la Bastide à Mire en Pyrénées.

- A Saint Jacques la Bastide, au pied de l’église Saint Paul, prendre la grand rue jusqu’au moulin de Paul.

- Contourner le moulin et prendre la première rue à droite, rue Lacaze. Admirer au n°15 la maison où s’arrêta Henri IV pour s’abriter un jour d’orage avant de continuer sa route vers Paris.

- Au bout de la rue, tourner à gauche et poursuivre la route tout droit jusqu’à la sortie du village. Chêne centenaire.

- Suivre la route départementale n°230 pendant environ 70 km. Admirer les champs de maïs à perte de vue.

- Passer sur le pont Saint Charles sous lequel coule le Saleys, rivière très poissonneuse dans laquelle chaque année de nombreux pêcheurs attrapent truites et saumons.

- Si vous voyagez en début de soirée, n’oubliez pas d’admirer le coucher du soleil depuis le mont Labbé, à 10 km du pont Saint Charles, altitude 3 000 m. Un panneau vous indiquera un parc de stationnement où vous pourrez garer votre voiture. Très bon restaurant au sommet du mont. Goûtez à la truite flambée !

- Du mont Labbé, continuer sur la même route départementale n°230. Vous roulez maintenant depuis deux heures, pensez à faire une pause.

- Traversée du village d’Hauterive où naquit, en 1876, Pierre Le Moeur, célèbre académicien dont le premier roman « Où se cachent les chevaux » fut un succès mondial. Dans la rue principale, au n°23, admirez l’église Sainte Catherine. A l’intérieur, magnifique vierge noire. Pour la visite, demander la clef au café voisin.

- A la sortie d’Hauterive, au rond-point flambant neuf au centre duquel trône une statue de Jéliche, sculpteur du 18e siècle, prendre la première sortie à droite en direction de Mire-Lavoine.

- Suivre la route départementale n°10 pendant 20 km. A nouveau champs de maïs à perte de vue. A noter, un champ de tournesols, l’un des rare de la région.

- Arrivée à Mire-Lavoine. Traverser le village. Il est vivement conseillé de s’arrêter à la pâtisserie Calondre pour goûter le Palais, confiserie de chocolat noir et de confiture de framboises. Ouverture du mardi au dimanche de 9 heures à 13 heures et de 15 heures à 19 heures.

- A 3 km de Mire-Lavoine, arrivée en Mire en Pyrénées. Le voyage est terminé. Pour votre séjour, unique hôtel, La Dame Blanche, au pied des Pyrénées. Sa propriétaire, Madame Suhas, sera enchantée de vous recevoir. Cadre verdoyant. Neige en hiver. Températures de saison. Cuisine du pays.
Sabine

Comment traverser la place de la Nation en dix leçons

La méthode du professeur Strauss-Duncan s'adresse à tous les Parisiens qui, pour une raison ou pour une autre, se trouvent dans l'obligation de traverser la place de la Nation, et qui souhaitent sortir vivants de cette expérience. Pour un résultat optimum, nous vous conseillons d'étudier les dix leçons de ce manuel dans l'ordre.

Leçon n°1: équipement
Habillez-vous de vêtements confortables et suffisamment chauds pour vous protéger du vent. Enfilez des chaussures solides; évitez les talons hauts qui risqueraient de se casser, et les tongs qui pourraient quitter vos pieds au moment le plus inopportun.

Leçon n°2: entraînement physique
Commencez par traverser une petite rue tranquille. Quand vous serez parfaitement à l'aise, attaquez-vous à une avenue plus fréquentée, puis à une petite place comme la place Edith Piaf.

Leçon n°3: préparation mentale
Chaque soir avant de vous endormir, regardez une retransmission de course automobile, ou étudiez un plan de Paris. A ce stade, quelques séances d'hypnose peuvent être utiles.

Leçon n°4: choix du moment
Si vous en avez la possibilité, choisissez un moment creux de la journée. Certes, il n'y a aucun moment réellement creux place de la Nation, mais évitez autant que faire se peut les heures de pointe.
Leçon n°5: choix d'un mantra
Choisissez un refrain encourageant que vous vous répéterez en boucle dans les moments difficiles. Par exemple: "vas-y mon gars", ou "j'y suis presque", ou "tiens bon ma fille".

Leçon n°6 : maniement des feux tricolores
Repérez les boutons à presser pour que le feu passe au rouge. Dès que c'est le cas, lancez-vous; marchez d'un bon pas en psalmodiant votre mantra jusqu'à voir atteint l'autre rive.

Leçon n°7 : les passages sans feux tricolores
Comment traverser ces rues sans autre protection que quelques bandes blanches peintes sur le goudron? A cette quadrature du cercle, il n'y a qu'une réponse : la foi. Croisez les doigts, chantez votre mantra, fermez les yeux, et lancez-vous.

Leçon n°8 : l'endurance
Attention : pour aller d'un bout à l'autre de la place, vous aurez une bonne dizaine de rues hostiles à traverser. Ne vous découragez pas.

Leçon n°9 : les mots qui frappent
Préparez-vous une collection de gros mots et d'insultes en tous genres pour pouvoir répondre du tac au tac aux chauffeurs désireux de vous rouler sur les pieds. Un stage de cri primal pourra vous aider.

Leçon n°10 : remerciements
Vous voilà arrivé à bon port, grâce à la méthode du docteur Strauss-Duncan. N'oubliez pas d'exprimer votre gratitude à la manière des premiers colons, en baisant le sol avec ferveur.
Vanessa

Ecriture à partir du titre: "La maison de la vieille


On l’appelait la maison de la vieille. On aurait pu dire la maison à côté de l’église, la maison aux volets verts, la vieille maison, mais non c’était la maison de la vieille. Une maison en pierre apparentes, des pierres devenues noires au fil du temps, des joints en ciment tous aussi noirs, bref des murs noirs. Des volets verts, j’en ai parlé. De vieux volets verts qu’elle tenait toujours fermés. Un toit de tuiles marrons recouvertes de mousse, un toit bientôt aussi vert que les volets. Et une cheminée qui fumait sans cesse, été comme hiver.

Et elle, la vieille, la vieille de la maison, et bien elle était aussi délabrée que sa baraque. De longs cheveux gris et filasses, de petits yeux enfoncés, un nez crochu, un menton qui ressemblait au talon d’un pied disait mon frère, des ongles longs et sales, toujours la même robe de couleur grise.

« Son chapeau ? disait mon frère. Pourquoi ne porte-t-elle jamais son chapeau ? Une sorcière, ça porte toujours un grand chapeau pointu noir !
- Elle se cache ! lui répondait mon cousin. Si elle porte son chapeau, tout le monde saura que c’est une sorcière ! »

On la surveillait. Mais le matin elle allait à l’épicerie, acheter pain, beurre, lait ou viande. Puis elle rentrait dans sa vieille maison pour n’en ressortir que le soir, pour la messe. « Une sorcière, ça ne va pas à la messe ! - Mais elle se cache, je te dis ! »

A son passage, certains l’interpellaient méchamment : « La sorcière, qu’as-tu fait de ton chat noir ? », « La sorcière, rentre chez toi ! », « Ouh ! La sorcière, t’es pas belle ! »

Alors on cherchait le moyen de s’échapper pour la suivre le soir. Sans aucun doute allait-elle se promener dans la forêt à l’abri des regards à la recherche de vers de terre, de fourmis, de bave de crapaud, d’orties et de ronces qu’elle rapportait dans son panier. Elle préparait certainement des potions en tous genres. L’orage qui avait dévasté les cultures, c’était sûrement elle ! La maladie de la vache du père Paul, encore elle ! Et l’accident sur la route !

Mais moi je n’avais qu’une envie : la voir une nuit sur son balai, là-haut dans le ciel.
Sabine


La maison de la vieille? Oui, elle est à vendre. Je me demande bien qui va s'y installer dans cette maison, maintenant que la vieille est morte. Quand j'y pense, quelle horreur ! Assassinée pendant qu'elle regardait Télématin. Vu les circonstances, au début, moi, j'ai cru à un suicide !

Remarquez, dans un sens, ça ne m'étonne pas qu'elle se soit fait zigouiller: il faut quand même reconnaître qu'elle n'était guère aimable, cette femme ! En quarante ans de vie dans notre village, jamais un sourire ou un mot gentil. Je ne l'ai jamais réellement appréciée! D'aucuns disent même qu'elle vivait seule parce que son mari et ses enfants ne voulaient plus la revoir. Moi je pense qu'elle ne s'est, en réalité, jamais mariée et qu'elle s'est aigrie avec le temps. D'un autre côté, qui aurait voulu la prendre pour compagne ? J'ai entendu des bruits selon lesquels elle aurait aimé les femmes. Moi, si vous voulez mon avis, je pense qu'elle n'aimait personne... Et le monde le lui rendait bien.

Vous savez, certaines personnes attirent le malheur. Je ne dis pas que la vieille méritait d'être assassinée mais je dis que c'est tout de même étrange que ce soit tombé sur elle. Quoi qu'il en soit, moi, je ne voudrais pas être la personne qui va racheter cette vieille maison. Non mais vous vous imaginez vivre sur le lieu d'un meurtre ? C'est malsain. Et moi, je n'aime ni les lieux ni les gens malsains. Et vous travaillez pour quel journal, déjà ?
Pascal