Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Quelques textes du 7e atelier


Dix choses que j'emporterais sur une île déserte 

- une paire de skis pour surfer sur les dunes ;
- un dictionnaire de français pour ne pas oublier la langue française et ses subtilités ;
- une casserole pour jouer de la batterie et couvrir le bruit fracassant de la mer.
- une montre arrêtée pour ne plus voir le temps passer ;
- un minibar plein que je pourrai dévaliser à ma guise sans crainte de voir tripler ma note d'hôtel ;
- un gros diamant pour bien comprendre la valeur des choses ;
- une canne à pêche pour attraper les oiseaux dans les arbres ;
- un CD de Madonna, comme ça, pour une fois, je n'aurais pas à l'entendre vu que je n'aurais pas de lecteur de CD, et même si j'en avais un, il ne fonctionnerait pas sans électricité ;
- une neuvième chose, pour compléter ma liste ;
- un manuel de survie, parce que, avec ce que j'ai emporté, je suis mal parti.
Pascal 

- une boîte d’allumettes pour faire du feu ;
- un livre sur la botanique pour repérer les plantes comestibles des autres ;
- de la crème solaire et des lunettes de soleil
- une lime à ongles ;
- un insecticide contre les araignées et autres bestioles ;
- des ciseaux ;
- de la ficelle pour bâtir un abri ;
- un carnet et des stylos ;
- un duvet pour les nuits fraiches et une moustiquaire ;
- des tongs.
Raphaëlle 

- un couteau suisse car je n'ai pas peur des clichés ;
- une caisse de chateau-neuf-du-pape pour amadouer les autochtones ;
- un matériel de broderie pour créer une tapisserie afin de m'occuper le soir ;
- un panneau photovoltaïque pour faire marcher mon ipod ;
- de la crème solaire pour éviter d'avoir une peau de crocodile le jour où on viendra me secourir ;
- un Pléiade spécialement édité pour moi, réunissant tous mes romans préférés ;
- un manuel de survie pour apprendre à trouver de l'eau, tuer un lapin, et toutes ces choses qu'on n'apprend pas à l'école ;
- une maisonnette Ikea à monter soi-même avec son schéma d'installation ;
- un homme en kit.
Vanessa 

Ecrire à partir d'un poisson d'avril


Roselyne Bachelot dans le prochain James Bond ! 
L'ancienne ministre annonce qu'elle tournera dans le prochain film sur les aventures de 007, aux côtés de Daniel Craig. 
Finies les James Bond-Girls plantureuses de 20 ans : l'heure est à la conquête d'un autre public, "plus sénior". La société de production en charge du casting a trouvé l'actrice idéale pour le prochain volet des aventures du plus célèbre espion anglais : Roselyne Bachelot. Très surprise, elle explique avoir reçu "un coup de fil de Martin Scorsese qui lui aurait confié "qu'il tournait la nouvelle version de James Bond". Selon elle : "On ne peut pas avoir que des supers nanas de vingt ou vingt-cinq ans, il faut aussi plaire à un public plus sénior". 
Roselyne Bachelot a donc définitivement tourné la page de la politique, après s'être reconvertie en chroniqueuse télé dans l'émission de Laurence Ferrari le Grand 8. Une transition réussie puisque ses prestations ont traversé l'océan Atlantique jusqu'à être remarquées par son futur collègue, l'acteur Daniel Craig, s'enthousiasme-t-elle. Elle ajoute qu'elle aurait eu un entretien téléphonique avec l'interprète de James Bond, qui "s'est très bien passé". Reste à savoir si Bachelot sera à la hauteur de ses compatriotes ayant déjà conquis le cœur de 007, parmi lesquels figurent Sophie Marceau, Carole Bouquet ou encore Eva Green et plus récemment Bérénice Marlohe dans Skyfall. 
EXCLU RTL (01/04/2013)


Le point de vue de Martin Scorcese 

Pour le prochain James Bond j’ai voulu repenser totalement le concept de la James Bond Girl, et renvoyer le spectateur à ses propres fantasmes. 
Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce que l’homme attend de la femme aujourd’hui, et comment repenser les relations hommes/femmes dans un contexte de crise médiatico-spirituelle ? C’est ça qui est intéressant. 
James Bond c’est l’homme mais c’est aussi la femme, le monde d’aujourd’hui et de demain, l’humanité toute entière incarnée par 90 kilos de muscles qui soutiennent un visage carré et un cerveau brut. 
Face à lui qu’est-ce que la James Bond Girl ? C’est la femme ultime. 
En choisissant celle-ci, je voulais renvoyer le spectateur à ses propres fantasmes, Il faut comprendre que le monde a changé. La femme, le femme ultime, ce n’est plus celle qui mesure 1m80, affiche des décolletés plongeants et des jambes toujours de plus en plus longues. Celle qui fait de la moto en bikini, plonge dans la mer du haut d’une falaise et ressort de l’eau brushée et parfaitement maquillée. 
Le fantasme d’aujourd’hui … c’est le réel : les poils sur les jambes, les rondeurs, les pattes d’oies aux coins des yeux, les culottes de cheval sous la hanches… 
Je voulais aussi une personnalité qui soit capable de se montrer face à la caméra sans tricher, sans mentir, une femme, une vraie, issue de la vraie vie, du vrai monde ! Le choix de Roselyne s’est imposé de lui-même car, outre son évidente sensualité, ses origines et son passé politique feront que jamais elle ne trichera, elle sera la grâce de la France, mais elle sera aussi le monde de demain. 
Pour James Bond j’avais aussi pensé à Barack Obama, mais se femme a refusé … trop jalouse !
Raphaëlle 

Roselyne Bachelot dans le prochain James Bond, vu par Elisabeth II. 

Philip et moi étions devant la télévision et nous regardions notre série télévisée préférée, Eastenders, série qui nous permet de rester en contact avec le peuple britannique, ces petites gens incultes, alcooliques et trop souvent malhonnêtes. Le téléphone se mit à sonner. Je posai mon plateau repas, un succulent canard confit accompagné d'un écrasé de pommes de terre à l'huile d'olive, plat qu'affectionne particulièrement mon cher époux, qui manie le micro-onde comme personne, et j'allai décrocher le téléphone filaire, un très joli spécimen en Bakélite qui attise la jalousie de toutes les personnes qui ont l'insigne honneur d'être autorisées à entrer dans notre chambre conjugale, pièce que nous utilisons surtout pour regarder la télé, étant donné que mon époux et moi faisons chambre à part depuis de nombreuses années. 
- Allo, ici la reine Elisabeth seconde du nom, j'écoute, ai-je dit, comme à mon habitude. 
La voix à l'autre bout du fil semblait hésitante et timide. Je ne comprenais pas le nom et je fis répéter. 
- Qui êtes-vous? 
- Bond, James Bond, votre majesté. Je me permets de vous appeler pour vous annoncer ce que d'aucuns considèrent déjà comme une révolution dans les services secrets britanniques. 
- Vous m'intriguez, mon petit Jimmy ! répondis-je d'un ton que je définirais d'intrigué. De quelle révolution parlez-vous? S'agirait-il d'une révolution communiste au sein de mon royaume ? 
- Je vous rassure tout de suite, Madame, il n'en est rien. Mais tout le monde est bouleversé au sein du MI5. Nous venons d'apprendre la venue d'une nouvelle recrue qui ne vient pas seule : elle nous rejoint équipée de plusieurs milliers de vaccins contre la grippe aviaire. 
- La H1N1 ? Mais c'est formidable. Philip et moi venons d'entendre que de nouveaux cas ont été enregistrés en Chine ! 
- Votre Majesté compte-t-elle se rendre en Chine ? 
- Non, mais vous savez à quelle vitesse les virus se propagent ! Mieux vaut prévenir que guérir. 
- Cette nouvelle recrue vient en effet nous aider dans notre lutte contre la menace de suprématie du Pays du soleil levant ! 
- Mais James, c'est le Japon, le Pays du soleil levant.
- Que votre Majesté me pardonne, mais le soleil se lève dans tous les pays. Je ne vois pas pourquoi ce privilège serait réservé au seul Japon. 
- Je vous le concède mais revenons-en plutôt à nos virus. Comment se nomme cette bienfaitrice de l'humanité qui va venir combattre à vos côtés pour l'intégrité et la pérennité de l'empire Britannique de Ma Majesté ? 
C'est à ce moment que James Bond me passa la nouvelle recrue à qui je demandai de décliner son identité. J'entendis, venue du fond de l'écouteur de mon téléphone en Bakélite, une voix aiguë aux accents gaulois : 
- Je m'appelle Bachelot, Roselyne Bachelot. 
Je compris immédiatement que James Bond ne pouvait que démissionner. 
Pascal

Le point de vue de Chantal, une fan de James Bond 

L'annonce que la nouvelle James Bond girl serait incarnée par Roselyne Bachelot a provoqué quelques remous parmi les fans de la franchise. Notre journaliste a rencontré Chantal Perlotti, présidente de l'association des Amis de James Bond de Bourg-en-Bresse. 
- C'est vraiment n'importe quoi, nous dit Chantal, un verre de vodka martini à la main. J'ai lu tous les James Bond, j'ai vu tous les films, et je peux vous dire que la série est sur une pente descendante. Mais je ne peux pas m'empêcher de continuer ; je suis accro. J'étais amoureuse de Sean Connery, vous ne pouvez pas savoir. C'est pour ça que j'ai choisi mon mari ; il a la même pilosité. Depuis qu'on a perdu Sean, ce n'est plus pareil. Daniel Craig est un vrai glaçon, on dirait Poutine. Mais bon, j'aime bien les cascades. Et puis il y a toujours les James Bond girls, pour apporter une touche sexy. Il y a eu plusieurs françaises, vous savez. Mais Roselyne Bachelot! 
Chantal secoue la tête, avale sa vodka martini cul sec, et s'en ressert un verre avant de poursuivre. 
- Roselyne Bachelot, je l'aime bien ; en plus elle a été pharmacienne, comme moi. Mais est-ce que je me trémousse en maillot de bain, à mon âge? Non Il y a un temps pour tout. 
Elle reste silencieuse un instant, perdue dans ses pensées. 
- Vous savez, dit-elle gravement, ce que les gens apprécient, chez James Bond, c'est qu'il ne vieillit pas. C'est pour ça qu'on change l'acteur régulièrement. Et bien sûr, à chaque épisode il rencontre une fille, et à chaque fois elle est jeune et jolie. On n'a pas envie de les voir vieillir ensemble dan s une petite maison de banlieue. Sinon, autant regarder "Plus belle la vie". 
Elle conclut sur une note de sagesse : 
- Moi aussi je me rêve en James Bond girl. Mais les rêves, ça n'est pas toujours fait pour se réaliser, sinon ce ne sont plus des rêves. 
Vanessa


Ecrire entre deux phrases imposées

- Ce fut une véritable indignation dans le hall quand les deux hommes le traversèrent ensemble. 
- Pourquoi ? Leur comportement était-il provocant ? Leur tenue était-elle indécente ? 
- Non, rien de tout cela. 
- Alors pourquoi tout le monde dans le hall de l'hôtel fut-il choqué à la vue de ces deux hommes ? 
- C'est une histoire quelque peu compliquée. Souhaiteriez-vous que je vous la narrasse ? 
- Avec grand plaisir mais faites court, je vous prie, j'ai un rendez-vous très important avec mon revendeur de cocaïne dans vingt minutes. 
- Je comprends. Les personnes issues de ce genre de milieu ne se montrent guère patientes en général. J'ai eu moi-même quelques déboires similaires avec un ami proxénète. Il n'est jamais agréable de se voir menacer d'un bazooka. 
- À qui le dites-vous ! Mais au fait, qui étaient ces deux hommes ? 
- C'est bien là le nœud du problème. Ce n'est pas tant ce que ces hommes firent qui suscita toute cette indignation, mais qui ils étaient. 
- Vous voulez dire qu'ils n'auraient pas dû se trouver ensemble. 
- En effet. Le président avait désespérément tenté de prouver à tous qu'il ignorait que son ministre avait fraudé le fisc et détourné des fonds, et il était surpris, après avoir jeté l'opprobre sur son ministre, en train de blaguer au sortir d'une soirée organisée au profit des d'actionnaires d'une banque du Lichtenstein. 
- Entendez-vous par là qu'ils étaient tous deux coupables de détenir des comptes secrets dans des paradis fiscaux? 
- Paradis fiscaux et autres républiques bananières. 
- Quelle honte ! Quand je pense à toute cette hypocrisie, je suis indigné. 
- Comme tous ceux qui les ont aperçus. Je pensais... (son téléphone portable sonne) oh, excusez-moi, je dois prendre cet appel. Allo, François ? Oui, je comprends que la situation soit inquiétante... Oui, c'était mieux avant quand nous étions sous les palmiers dans ce pays où l'on peut facilement verser quelques pots-de-vin pour obtenir tout ce qu'on veut. Où il suffit de téléphoner au premier ministre pour avoir des billets gratuits en première classe sur la compagnie aérienne nationale. Ah oui, le bon temps... Oui... Je dois malheureusement te laisser. J'ai un rendez-vous important dans quelques minutes. (Il raccroche.) Excusez-moi, cher ami, de cette interruption. C'était justement le président. 
- Et alors que dit-il ? 
- Au fond, me dit-il, nous n'aurions jamais dû quitter l'Ile Maurice... 
Pascal 


Ce fut une véritable indignation dans le hall quand les deux hommes le traversèrent ensemble. Jean-Marc portait une robe de mariée des plus traditionnelles, blanche et froufroutante, et un voile de tulle sur ses cheveux courts. A ses côtés marchait Albert, vêtu d'un costume blanc et de chaussures assorties. 
Les gens se poussaient du coude, murmuraient, ronchonnaient. Moi-même, qui connaissais le goût de mon cousin pour le travestissement, je n'en croyais pas mes yeux. Je l'avais déjà vu porter une robe et une perruque pour sortir dans des clubs ou des bars branchés ; mais je n'aurais jamais imaginé le voir arriver en robe de mariée, dans le hall du musée de la chasse, au bras du directeur, pour le vernissage de l'exposition "Techniques de chasse de nos région". 
Les invités s'écartaient sur leur passage, de peur d'apparaître sur la même photo qu'eux, et, au cas où, prenaient un air réprobateur. Les deux hommes marchaient tranquillement, saluant les gens d'un signe de tête. André me fit un clin d'oeil et Jean-Marc me glissa "Salut cousine!". 
Je sentis mon mari se ratatiner derrière mon dos. Robert, qui n'avait jamais eu beaucoup d'humour, était obsédé par la peur de ne pas être réélu député. J'allai au buffet lui chercher un verre de bordeaux et un morceau de pâté en croûte pour le réconforter. Il me remercia d'une voix désespérée, comme s'il voyait les électeurs se reporter en masse sur son concurrent. 
- Ne t'inquiète pas, lui dis-je. Cet épisode te fera paraître plus en phase avec le monde moderne. 
- Mes électeurs ne sont pas en phase avec le monde moderne, me répondit Robert. Je suis élu de "Chasse, pêche, nature et traditions", pas des Jeunesse Socialistes. Depuis que nous sommes rentrés à Paris, je suis stressé en permanence ; et ton cousin, avec ses frasques, c'est le pompon. 
- Tu connais Jean-Marc, il aime bien secouer le cocotier. Mon mari poussa un profond soupir. 
- Au fond, me dit-il, nous n'aurions jamais dû quitter l'Ile Maurice...
Vanessa