Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Quelques textes du 1er atelier


Cadavre exquis 

Les oiseaux de paradis avançaient le moment festif avec une impatience grandissante. 

Le parasol gris rencontre sa merveilleuse casserole sur les ponts de Paris. 

La chaise rencontra la maserati rouge autrefois. 

Un chat noir étale la table devant la glace brisée. 

Le détective escalade une chanson inédite d'une façon dégoûtante. 

Les moineaux attendent désespérément le signal au point du jour. 

La feuille du platane priait son adorable minois sous le ciel étoilé. 

Les feuilles presque mortes découvrirent les plantations d'oliviers pendant la période glaciaire. 

Les enfants du voisin allument les nénuphars roses en attendant le soir. 

Les mésanges chevauchent la feuille tombante excessivement lentement. 

Le petit chaperon vert pomme regarde le four à micro-onde sur la berge d'Istanbul. 


Lettre de motivation pour métier loufoque


Goûteur de bonbons et chocolats 

Madame, Monsieur, 

Cacaotomane et bonbonophile depuis ma plus tendre enfance, votre annonce sur Paris Sucré a retenu toute mon attention. 

Titulaire d'un Master professionnel en histoire des sucreries, j'ai une parfaite maîtrise du sucré, des saveurs rondes et shamallowtées et parfums de synthèse divers. 
J'ai, par ailleurs, eu le bonheur de faire un stage chez La Durée de Bruges, au cours duquel j'ai pu affiner mon palais sous les saveurs délectables de truffes, caramels au beurre salé, croquants au chocolat et fondants aux framboises. 

Aujourd'hui, je souhaite m'orienter vers un métier concret et d'utilité publique. Proposer à vos clients le chocolat le plus goûteux et long en bouche, à la fois croquant et craquant, représente un véritable challenge papillesque que je suis déterminée à relever. Mobile, adaptable, je suis prête à rejoindre votre équipe pour faire connaitre à votre clientèle les meilleurs friandises et chocolats qui détrôneront à jamais dans leur cœur Carambars et Fraises Tagada. 

Veuillez trouver ci-joint mon curriculum vitae qui, pour la circonstance, est édulcoré, ainsi que mes dernières analyses glycémiques attestant que je suis apte pour ce travail. 
Je serai heureuse de vous les commenter au cours d'un entretien et suis à votre disposition pour tout renseignement complémentaire et blind test. 

Dans cette attente, 
Cacaotement vôtre, 

Framboisine de la Pie qui Chante 
Catherine




Médiateur dans les disputes entre joueurs de pétanque 

Paris, le 18 septembre 2013 

À l'attention du Président de l'Association des Joyeux Boulistes du 12e arrondissement

Monsieur,

En réponse à votre annonce parue dans le Petit Journal des Grands Sports, j'ai l'honneur de vous proposer mes services de médiateur afin de régler à l'amiable les différends entre joueurs.

Je connais bien les disputes liées à la pétanque, étant pour ainsi dire né sur un terrain, car ma mère était championne de la ligue régionale du Bas-Poitou et a pratiqué ce sport jusqu'au jour de l'accouchement. Je m'exprime au passé, car, hélas, ma mère fut victime d'un accident du travail et mourut d'une boule dans la tête. C'est de ce funeste événement que je tiens ma vocation. En effet, je suis persuadé que le joueur adverse n'aurait pas tiré aussi mal s'il n'avait été exaspéré par les disputes et les cris incessants parmi lesquels il évoluait. "Je vais te faire manger le cochonnet", "cochonnet toi-même", "tu pointes, tu tires ou tu te casse"... il y avait de quoi perdre son sang-froid. Sans l'excuser, je le comprends.

À ma connaissance du milieu bouliste et de ses problèmes, à ma motivation issue de mon histoire familiale, j'ajoute des compétences précises en gestion des conflits. Ainsi, dans mon supermarché Franprix, je désamorce les inévitables disputes entre clients, voire entre un client et un caissier fatigué. Au restaurant quand arrive l'addition, je maintiens les liens fans mon groupe d'amis en empêchant les sécessions autour du prix du dessert.

Bref, je suis un médiateur-né, et je saurai redonner aux Joyeux Boulistes la douceur de leur nom.
Médiatiquement vôtre,

Hubert de la Pétanquière 
Vanessa

Traducteur en portugais de blagues Carambar 

Monsieur, 

C'est le Carambar en bouche, (j'en consomme vingt par jour en moyenne) que je vous écris depuis mon camping au Portugal où je passe mes vacances tous les étés depuis bientôt trente ans. Chaque jour, je partage les extraordinaires moments de fous rires que génèrent vos célèbres blagues avec mes amis portugais qui n'ont pas la chance de pouvoir savourer comme moi les finesses de la langue française si bien exploitées par vos mots d'esprit. Je me vois donc dans l'obligation de traduire pour mes amis lusophones (soit vingt traductions par jour) et, comme vous pouvez vous en douter, j'ai, en trente ans, acquis une compétence tout à fait exceptionnelle dans cet exercice... et perdu également de nombreux amis, sans doute jaloux de mon humour unique.

Je dispose actuellement de moyens linguistiques exceptionnels me permettant de transposer en langue portugaise les nombreux calembours désopilants qui égaient ma dégustation de vos produits délicieux, et qui me font oublier les quelque vingt dents que j'ai perdues du fait de la dureté de vos caramels ou suite aux nombreuses caries que les Carambars m'ont occasionnées. Je suis, par exemple, en mesure de rendre dans la langue de Vasco de Gama la subtilité de jeux de mot tels que "comment vas-tuyau de poêle ?" ou bien encore "où vais-je ? où cours-je ? dans quel état j'erre ?" .

Bref, ne cherchez plus votre traducteur, vous l'avez déjà trouvé en mon humble personne.

Salutations distinguées, 
Oscar Ambar 

PS. La mutuelle de l'entreprise Carambar offre-t-elle une bonne couverture pour les soins dentaires ?

Pascal 


À partir d'une photo 


Je suis une liane et j'enserre de mon amour tous les êtres en détresse. 
Je suis un écrin où tu trouves le repos après le combat. 
Je suis un havre. Je suis la paix. Je suis l'éternité. 
Je suis un refuge pour que ton âme se repose. 
Si tu fais silence dans mes bras de mousse, tu pourras entendre qui tu es vraiment. 

J'ai l'air d'être emmêlée, mais je suis pure, épurée. 
Je suis moi sans superflu et en totalité. 
Je suis la liberté. 
Je n'ai besoin de rien d'autre que du vent et de la pluie. 
Je n'ai pas besoin de plaire, et vois comme je suis jolie. 

Je ressemble à un rêve et pourtant je suis bel et bien réelle. 
J'ai un aspect sauvage qui t'inquiète, comme inquiète souvent ce qui est authentique et rebelle. 

Je suis ce qui te fait vivre. Je suis ton berceau. Je suis ton cœur. 
Regarde-moi mieux, tu trouveras un bonheur indicible. 
Respecte-moi mieux, afin de ne jamais te détruire. 

Car tandis que je te nourris, tu m'abimes et me déchires, sans voir que c'est toi que tu mets en péril. 

Aime-moi mieux, tout comme je t'aime. 
Car je suis ta Mère. 
Ta Mère Nature. 
Catherine



Branches enchevêtrées
La nature est inquiète 
Un crime est perpétré 
Un inspecteur enquête 

Sous son dais vert et sombre 
La forêt est secrète 
Qui est prostré dans l'ombre ? 
Qu'a l'inspecteur en tête ? 

Les chiens de la police 
Se sont mis sur la trace 
Au lointain, des pneus crissent 
L'inspecteur est en place 

Soudain vient la lumière 
Tout se fait clair et net 
Dissipés, les mystères 
Quand l'inspecteur enquête.
Pascal



C'est une forêt de conte de fée, toute en mousse et racines. Le Petit Poucet jette en vain ses cailloux pour s'y retrouver ; ils disparaissent aussitôt, perdus à jamais, et l'enfant se transforme en arbre. C'est la forêt des rêveries et des cauchemars. Elle nous parle d'un monde où nous n'étions pas nés, où, peut-être, la vie se passait de nous. C'est la forêt indifférente de nos terreurs d'enfants. Parfois, en rêve, elle se rappelle à nous. 

Vanessa