Le mode d'emploi et ses effets
Comment ne pas obtenir son permis de conduire
Il est indispensable au préalable de s’imprégner en profondeur de l’importance du permis de conduire dans la vie actuelle. En effet, et sans prétendre à l’exhaustivité, signalons que :
- n’importe quel imbécile possède le joli passeport rose
- le permis de conduire est le tout premier prérequis de toute offre d’emploi pour travailleur peu qualifié
- être en capacité de conduire et de relayer son conjoint au cours des migrations estivales est vivement conseillé par les professionnels
- la conduite sur route est la façon la plus efficace de donner la mort dans la France d’aujourd’hui.
Commencez donc par vous préparer de façon intensive. Passez vos nuits devant les vidéos d’entrainement au Code de la Route. Il est indispensable que vous réussissiez cette première phase faute de quoi la saveur de la suite sera affadie.
Travaillez en parallèle la conduite accompagnée avec vos parents et amis : inutile d’attendre pour cela d’avoir le sésame du code car de toutes façons votre objectif est de ne pas réussir. Autant donc accepter cette petite dose d’illégalité.
Présentez-vous à l’Auto-école quand vous vous sentirez parfaitement à l’aise avec votre volant, votre accélérateur et votre pédale de frein. Raccourcir cette phase au minimum vous épargnera des dépenses inutiles. Mais vous ne pouvez pas non plus vous passer du parrainage de votre moniteur et il faut donc le circonvenir aussi vite que possible.
Le jour venu, réglez bien votre réveil. Le subterfuge consistant à ne pas se présenter est d’une part trop éculé et d’autre part vous conduirait droit chez le psy si vos parents vous surveillent de près.
Quand l’examinateur vous dira de tourner à droite, tournez résolument à gauche, ou vice-versa. Vous devez le perdre dans le dédale de petites rues qu’il croit connaitre, jusqu’à provoquer sa fureur. Le succès, c’est-à-dire l’échec, est garanti.
Jean-Marie
Lettre à l'auteur de « Comment ne pas obtenir son permis de conduire »
Déposé aux éditions « Les manuels pas pratiques »
Cher auteur,
Ce n'est pas pour me plaindre, mais votre méthode ne m'a pas du tout réussi.
Pourtant je suis le roi du ratage.
Dès l'école maternelle j'ai su que ça allait être compliqué. Je me trompais de salle ou d'horaire, je ratais tous mes contrôles, j'ai fait une allergie aux vaccins... En grandissant, j'ai échoué au brevet des collèges, je n'ai pas pu m'inscrire en bac pro suite à une erreur informatique, et quand j'ai voulu me remettre à jour en anglais j'ai acheté par erreur une méthode de portugais.
Bref, j'étais le candidat idéal pour ne pas obtenir mon permis de conduire.
Ça a bien commencé, puisque j'ai raté quatre fois le code avant de le décrocher par miracle à ma cinquième tentative.
Je me suis inscrit à l'examen du permis, bien décidé à suivre vos conseils ; en effet, je ne tiens pas du tout à savoir conduire. Ça provoque trop d'attentes chez les autres, et avec moi ils sont toujours déçus. Autant partir perdant, c'est plus sûr.
Donc quand l'examinateur m'a demandé de tourner à droite, j'ai tourné consciencieusement à gauche. Seulement voilà : entre autres problèmes, il s'avère que je suis dyslexique. J'ai donc obéi à toutes les instructions en croyant faire l'inverse. J'ai tellement bien conduit que j'ai décroché mon permis du premier coup, à la stupeur de mes parents.
Et maintenant, qu'est-ce que je vais devenir? On me parle déjà de trouver un travail, dans la livraison ou comme chauffeur Uber. C'est un cauchemar, et c'est votre faute! Pour la première fois de ma vie j'ai réussi quelque chose. Je ne vous félicite pas.
Mordicus Padpo (Vanessa)
*******
Réponse à l'auteur de "Comment planter un clou"
Des clous !
Monsieur,
Avant d’appliquer votre méthode, j’avais cinq doigts à la main gauche ; maintenant, j’ai cinq moignons sanglants.
Si j’avais un marteau et un clou, je vous l’enfoncerais dans le crâne ; si j’en avais trois, je vous crucifierais (et tant pis si ça heurte vos éventuelles convictions religieuses !).
Ceci pour vous signifier que votre méthode est aussi exécrable que dangereuse.
Certes, j’aurais du voir un opticien avant de me lancer dans mes travaux, ma femme me le reproche assez ; il faut dire qu’avec mes problèmes d’audition, je ne la comprends guère ; par ailleurs, ma maladie de Parkinson n’arrange rien.
Mais ceci ne vous exonère en rien.
Votre méthode était intitulée : « Comment devenir un enfonceur de clous de premier ordre ». J’ai vidé mon porte-monnaie pour l’acquérir ; je me suis vidé de mon sang en suivant vos conseils d’escroc ; pour couronner le tout, je serai moi-même bientôt vidé de la maison de retraite ou je réside, ainsi que mon épouse.
À l’avenir, si on me demande ce que vaut votre méthode, je ne répondrai qu’une chose : des clous !
Eric
*******
Réponse à la recette pour rendre durable un bonhomme de neige
Cher monsieur,
J’ai trouvé sur marmiton.com la recette que vous proposez pour rendre durable un bonhomme de neige. Résidant en moyenne montagne où neige et redoux alternent, je me suis senti très sensible à votre argumentaire et j’ai instantanément interrompu la recette de mousse au chocolat que j’avais commencée. Une belle neige collante était tombée la nuit précédente et m’offrait l’occasion rêvée.
Réaliser le bonhomme de neige lui-même m’a pris une petite heure, sachant que je suis resté modeste dans les proportions, s’agissant d’un premier essai. J’ai évité comme vous le préconisez, la carotte et la pipe, avantageusement remplacés par un morceau de polystyrène pour le nez et par la casquette de mon oncle pour donner le côté viril.
Faire tenir le parapluie arthritique prévu en Phase Un m’a posé un peu plus de difficultés : comment serrer le fil de fer gainé autour du bonhomme sans cisailler son corps ni sa tête (j’envisageais d’utiliser du fil vert de jardinage) ? J’ai résolu le problème en y adjoignant une vieille parka que j’ai boutonnée autour du bonhomme et sur lequel j’ai emmanché le parapluie.
Arrivé au Point Deux que vous n’aviez pas fini de rédiger, j’ai tenté de compléter à ma façon votre recette. Vous mentionnez la nécessité que le bonhomme de neige soit de couleur sombre. L’illumination m’est venue et j’ai utilisé la mousse au chocolat qui était restée sur le feu pour napper l’ensemble des parties de neige encore visibles. Je dois avouer que cela a été un échec et qu’il ne m’est resté entre les mains que la parka et le parapluie.
Merci donc de compléter votre recette en indiquant plus précisément de quelle matière sombre il convient de faire usage.
Jean-Marie
*******
Comment impressionner son auditoire
Petit manuel de rhétorique et de brillance, à l'usage des politiciens, hommes d'affaires,
sociologues de comptoir, et autres personnes qui veulent avoir toujours raison
1. Soignez voter apparence « winner » : portez un costume bien coupé, une cravate ; faites-vous blanchir les dents pour un sourire carnassier ; portez des lunettes pour avoir l'air intelligent. Si vous êtes une femme, changez de sexe ; le « winner » est un homme.
2. Adoptez un ton assuré, quel que soit le sujet de la discussion, et même si vous n'y connaissez rien. Alignez les chiffres invérifiables. Exemple : « Une étude suédoise de 1989 a montré que 76% des pains aux raisons contiennent des pruneaux. »
3. Citez de grands noms ; laissez entendre que vous avez des relations haut placées. Exemple : « Barack me le disait encore hier... » N'hésitez pas ; plus c'est gros, plus ça passe.
4. Balayez les objections avec la plus sincère mauvaise foi. Si votre interlocuteur conteste vos chiffres, écrasez-le d'un regard méprisant. S'il s'obstine à vous contredire, parlez plus fort pour couvrir sa voix. En dernier recours, criez des phrases telles que « Monsieur, je ne vous permets pas », ou « Vous ne pouvez pas dire ça ».
5. S'il ne se rend toujours pas, faites appel à votre fan-club. Ayez toujours des complices dans l'assistance, ils vous applaudiront et empêcheront l'autre de parler en criant « Hou ! Hou ! » à chaque phrase.
6. Pour finir, levez-vous, même si l'adversaire est en train de parler, faites votre sourire carnassier, et saluez l'assistance. Tout le monde pensera que vous avez remporté le débat.
Succès assuré au bar-PMU, au club-affaires d'Air France, voire à l'élection présidentielle.
Dr La Forcètentoi (Vanessa)
Écrire sans réfléchir
nuage, chat, tasse, palmier, montre, chaise
Un nuage vient obscurcir son cerveau ; Julien a un trou de mémoire. Il se tourne vers son chat et demande : « Pitou, c'est quoi déjà la capitale de l'Ukraine ? » En guise de réponse, Pitou conne un délicat coup de patte dans une tasse posée au bord de la table. Elle vient éclater en morceaux dans le pot du palmier. « Tu ne m'aides pas beaucoup », dit Julien en ramassant les morceaux de porcelaine. « Montre-moi sur la carte, ça sera plus simple. » « Miaou ! » dit Pitou en sautant sur une chaise.
Vanessa