Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Quelques textes du 5e mercredi


Cadavres exquis


Je vole au-dessus de Paris
C’est parce que tu as perdu beaucoup de poids
Et aussi parce que tu as peur dans le métro.

J’aime les objets carrés et bleus
C’est parce que tu rêves trop !
Et cette explication me semble très éclairante.

Je suis la plus belle, intelligente et drôle personne de cette table
C’est parce que tu n’es pas capable de refuser mon nougat
Et aussi parce que chaque jour est un nouveau jour et le soleil brillera demain.

Je ne suis pas bien réveillé ce matin
C’est parce que tu sais faire pousser les fleurs
Et aussi parce qu’elle est ta supérieure hiérarchique.

Je déménage tous les ans
C’est parce que tu n’aurais pas dû venir
Et aussi parce que les chiens aboient quand la caravane passe.

J’ai les cheveux courts
C’est parce que tu n’y vois plus rien mon pauvre vieux !
Et aussi parce que la nature a été généreuse.

Si j’avais encore toutes mes dents
Tu ne serais pas tout le temps dans la lune
Et tu serais aussi au sommet de mon cœur.

Si j’étais un mammouth
Tu aurais une belle vie
Et tu aurais beaucoup d’enfants.

Si j’étais partie en voyage
Tu ne serais pas capitaine, c’est has been
Et tu pourrais grimper aux rideaux.

Si j’étais un homme chauve et poilu
Tu serais le pape de Rome
Et tu serais dans 20 ans en exil à Sainte-Hélène

Si j’étais sportive
Tu serais le roi du monde
Comme ça le noyau d’un fruit est le même que celui de la terre.

Si j’étais Napoléon au pont d’Arcole
Tu transporterais les animaux et les marchandises
Et aussi perspicace qu’une enclume !


Exercice de style 


Texte de départ 


Une jeune femme dans sa cuisine, vêtue d’une robe à fleurs avec un tablier blanc par-dessus. Sur le plan de travail, un livre de recettes ouvert à la page « bœuf bourguignon », et une radio allumée. La femme sort une boîte du placard et voit qu’il n’y a plus de farine. 
Elle saisit son sac sur la console de l’entrée, et se rend au supermarché qui fait l’angle. Au rayon pâtisserie elle hésite entre une farine traditionnelle et une farine bio ; elle choisit la première. Un client lui sourit, elle croit qu’il la trouve jolie, puis se rend compte qu’elle n’a pas enlevé son tablier avant de partir.

Poème 


Elle avait décidé de cuisiner 
Et avait enfilé son tablier, 
Encore d’un blanc immaculé. 
Elle ne voulait pas tacher sa robe à fleurs 
Même si elle savait que personne ne lui en tiendrait rigueur. 
Un bon bœuf bourguignon, 
Voici ce que lui proposait son livre « Le parfait mirliton » 
Et, tout en écoutant la radio diffusant une vague émission, 
Sortit de son placard une boîte de farine. 
Hélas, la boîte était vide et, c’est en faisant grise mine 
Qu’elle se décida à sortir pour en acheter. 
Son sac sur l’épaule - on entendait la monnaie cliqueter, 
Elle marchait vers le supermarché d’un pas léger. 
Au le rayon pâtisserie elle se mit à hésiter, 
Farine bio ou bien traditionnelle ? 
Au diable les écolos, elle prendrait la plus industrielle. 
C’est à cet instant qu’elle croisa le regard d’un client 
Qui, apparemment fort galant, 
Lui adressa un sourire des plus charmants. 
Flattée par ce qu’elle croyait être un compliment, 
Elle se mit à rougir. 
Se retournant soudainement, elle aperçoit son reflet 
Dans la vitre d’une armoire réfrigérée : 
Elle a oublié d’ôter son tablier avant de partir… 

Hélène 


Sriptoclip 


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Zut, l’ampoule avait grillé. J’ai voulu la changer mais elle était encore chaude et je me suis brûlé le doigt. Heureusement, j’avais quand même pensé à couper le courant, sinon je me serais transformée en guirlande clignotante ! J’en avais assez de ces problèmes d’électricité, qui étaient toujours une source d’inquiétude pour moi. Soudain, le téléphone se mit à sonner. Enfin, à miauler car j’avais choisi une ridicule sonnerie « chat ». J’ai décroché - quelle erreur - et j’entendis une femme s’exclamer : « Félicitations !! Vous venez de gagner notre nouvelle carte de fidélité !! ». Eh bien tant mieux, je pourrai ainsi broyer du noir en buvant une bonne bouteille achetée dans ce si généreux magasin…

Hélène