Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Quelques textes du 6e lundi


Définitions de mots inconnus 


NB: Pour connaitre leur sens véritable, vous pouvez vous reporter au dictionnaire Littré .


étruffure : Découverte par des archéologues des restes d’épluchures de légumes datant de l’époque étrusque
héautognose : Jugement à la cantonade sur la raison d’une panne mystérieuse survenue à une voiture automobile
bdellomètre : Appareil servant à mesurer l’intensité du sirocco dans le sud algérien
gyroselle : Jeune femme ayant pris l’habitude de tourner le dos à ses interlocuteurs pendant une discussion
timariot : Jumeau craintif d’un personnage très célèbre de jeux vidéo.
Patrice


Écrire une lettre d’amour



Lettre d’amour écrite destinée à une inconnue par un écrivain public à la suite de la commande d’un client

Monsieur X, je vous fais parvenir ci-joint la lettre d’amour que vous m’avez demandé d’écrire à l’inconnue que vous croisez quotidiennement et qui vous inspire tant de sentiments :

Bonjour, Belle Inconnue.
Il est inutile que je vous avoue qui je suis.
Ma démarche est purement et uniquement platonique et ne vous demande rien, même pas de me répondre.
Je vis dans ce quartier depuis une quinzaine d’années et, comme tout un chacun, j’y ai mes habitudes de vie.
Un jour, déambulant dans une galerie commerciale du quartier, je vous ai croisée. Immédiatement j’ai eu la sensation de toucher au sublime. 
Il émanait de vous une sorte de magie, comme si une fée vous avait créée, là, devant moi, sans raison apparente.
J’étais là, fasciné, sans pour autant –tout au moins je le crois, laisser apparaitre un geste ou une attitude quelconque qui montrerait mon trouble aux autres. 
A partir de ce jour, il me fut donné plusieurs fois de vous apercevoir de nouveau, toujours de manière fortuite ou brève. Chaque fois, je me retrouvais dans une sorte de rêve éveillé où tout était beau. Votre présence illuminait les lieux où nous nous trouvions : les êtres qui passaient par là avaient le regard serein et apaisé, les voitures avançaient lentement sans manifestation bruyante, les plantes sur les balcons des immeubles étaient pleines de vie et de mille couleurs.
Je ne fais rien, quant à moi, pour chercher à vous rencontrer ou à vous suivre quand je vous vois. Je me laisse juste porter par le sublime que votre présence apporte avec elle. Je me sens transfiguré comme quand j’écoute le 2ème acte de Tristan et Isolde. 
Alors je me dis que si votre seule présence est capable de faire naitre en moi une telle sensibilité à la beauté, c’est sans doute que j’ai connu ce coup de foudre dont on parle souvent mais qu’on ne rencontre que si rarement. 
Sans le vouloir, j’ai compris où vous habitiez. Je viens déposer cette lettre d’amour dans votre boite et ne ferai rien pour me faire connaitre de vous.

Patrice

À partir d'un objet





On a posé devant moi, sur un petit paquet de feuilles blanches une paire de jumelles. Le « on », c’est Vanessa qui prétend en faire le dernier exercice de notre atelier d’écriture. 
Mince, c’est quand même difficile de passer d’une lettre d’amour poétique à la description prosaïque d’un objet du quotidien… ou de certains quotidiens.
Oui, bien sûr, on peut utiliser cet objet au théâtre, afin, soi-disant de mieux voir ce qu’il se passe sur la scène mais plutôt, à mon avis pour mater ceux qui se trouvent dans les balcons d’en face…
Certains l’utilisent aussi pour espionner les moindres faits et gestes de leurs voisins, en prenant soin, bien sûr, d’éteindre toutes les lumières, afin de passer inaperçus dans leur voyeurisme malsain. 
Les puristes vont s’en servir dans la nature, par exemple au bord de la mer, pour apercevoir les bateaux en pleine mer ou en montagne, pour admirer le vol majestueux des aigles ou des vautours. 
Pour ce qui me concerne, je ne me sers que rarement d’un tel objet. Avec mes lunettes, je ne vois rien avec des jumelles. Sans mes lunettes je pourrais utiliser les jumelles…comme des lunettes : cercle vicieux, s’il en est. 

Patrice