Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Quelques texte du 9e atelier


Acrostiches

F   fouineuse par nature 
O   odorante à l’excès 
U   une sale réputation 
I   imméritée 
N   nul ne peut nier qu’elle est 
E   excellente chasseuse 

F   fourrure douce, petits yeux noirs
U   unis à un caractère joueur 
R   rien n’arrête cette bestiole des forêts
E   en animal de compagnie 
T   très tendance.

Vanessa

D   Dites moi, savez-vous où j’i caché mes 100 000 euros ? J’ai oublié
I   Inexorablement, si vous ne les retrouvez pas dans une minute, je vous les prends 
N   Non mais ça va pas ? Vous êtes un sacré filou mon père !
O   Oh non ! Dans ma religion, l’argent n’a pas de valeur, donc je vole avec zèle mais pas avec des ailes
S   Savez vous où je l’ai caché mon pognon ?
A   Ah, bien sûr mais je ne vous le dirai pas ! 
U   Utile, vous l’étiez avant. Aujourd’hui vous êtes un escroc !
R   Racontez moi plutôt votre croyance au lieu de m’insulter !
E   Et puis quoi encore ? Vous voulez en plus que je me confesse ?

Patrice


Bouts rimés


taffetas-tata ; guépard-tête de lard; éléphant-faon ; chocolat-entra ; feuille-deuil ; vertige-prestige ; utile-débile ; s'en va-reviendra ; chèque-tchèque ; étal-sale.

Quand je vis cette dame vêtue de taffetas
Je reconnus enfin ma bien aimée tata
Et je compris alors que j’étais chocolat
Quand celle-ci complètement nue entra
J’eus alors la colère d’un guépard
Et me mis à jouer la vraie tête de lard
Avec la lourdeur énorme d’un vieil éléphant
Et non la finesse d’un joli petit faon
De sa poche ma tata me sortit une feuille
Pour m’annoncer soudain qu’elle était en deuil 
Quand j’entendis cela je fus pris de vertige 
D’apprendre le décès de cet homme de prestige
Qui pendant toute sa vie fut un homme très utile
En face des crétins si méchants et débiles
Alors je déclarai à ma chère tata, s’il s’en va
Il est sûr que bientôt sur terre il reviendra
Nous apporter la joie et le bonheur d’un chèque
En revenant de Prague lui l’éminence des tchèques
Qui passera son temps à mettre sur son étal
Tout ce que l’être humain peut avoir de très sale

Patrice


À partir d’une photo





Ces vacances à Deauville se passaient agréablement.
Le gros des touristes était déjà parti, le casino ne faisait plus le plein et l'on pouvait profiter des planches à notre guise.

Nous y avions conduit nos maîtres. Il y a un temps déjà lointain, nous avions acquis un terrain sur les hauteurs et fait ériger deux niches. L'architecte y avait conçu des arrangements avec encorbellements du plus bel effet.
Du coup, nous avions aussi fait construire une villa à proximité de nos deux niches, « Villa Canis ». Ainsi, nous veillons sur eux et nos maîtres crient si un importun se manifeste.

Nous leur apportons à manger deux fois par jour. Ils ne désirent pas toujours nous accompagner au bain, préférant garder la propriété. Nous leur tolérons cela de temps en temps, sachant être bons avec les humains. Sinon, nous les emmenons le long de la plage. Ils sont grisés par la liberté retrouvée, sans leur laisse que nous leur retirons à cette occasion. Nos maîtres jouent au bord de l'eau, s'amusent à s'éclabousser, essaient d'attraper des gouttes d'eau dans leur bouche. C'est un spectacle qui connaît un vrai succès. Rentrés à la maison, ils ne demandent pas leur reste et s'endorment rapidement.

Nous fréquentons peu de monde. Non pas que nous soyons snobs mais tout de même. Nous consentons parfois à participer à une cani-party mais l'ambiance vite enfumée nous en éloigne rapidement. Nous sommes des chiens non-fumeurs, faut-il préciser.

Certains congénères disent que nous formons un couple vraiment bien assorti, nous trouvant même une ressemblance physique confondante. Les chiens disent parfois n'importe quoi !

Voici une photo que notre maître a prise il y a peu. Elle restera inscrite longtemps en nos mémoires canines.

En cette arrière-saison, il reste encore un peu de monde mais la plupart des niches ont déjà fermé leurs portes et leurs volets.

Qu'avons-nous vu ce jour-là qu'à ce moment précis nos maîtres ne pouvaient eux-mêmes apprécier tournant le dos à la scène pour prendre la photo ? Deux chiens tenus en laisse par deux humains !!!
Quelle décadence !

Jacques-André



À première vue cette photo pourrait donner à croire qu’il s’agit d’un chien à deux têtes. C’est en tout cas ce que Vanessa a exprimé.
En y regardant de plus près, il est vrai qu’on perçoit tout de même que ce sont bien des canidés… ou peut-être un chien à deux têtes, ce qui aurait conduit le photographe néerlandais ou flamand à jouer sur cette ambiguïté. 
Il faut reconnaitre qu’il n’est pas habituel de rencontrer deux chiens dans cette position. D’habitude les chiens ont des attitudes beaucoup moins poétiques et mystérieuses… 
C’est, je crois, la motivation du photographe. Je doute qu’il ait pu leur demander de poser pour prendre cette photo. Mais, sait-on jamais… on voit tant de choses aujourd’hui qui perturbent notre logique cartésienne.
Le photographe a volontairement concentré son objectif sur les deux clébards.
Au-delà des chiens le paysage est flou et pourrait laisser penser qu’il s’agit d’un bord de mer, de lac ou de fleuve.
C’est une façon de faire travailler notre imagination. Sans conteste, c’est le but recherché par le photographe pour rendre son cliché encore plus mystérieux et sortant vraiment de l’ordinaire. 
Comme par hasard c’est cette photo qui a été choisie aujourd’hui. 
Si nous avions choisi une photo plus neutre nous aurions pu partir peut-être vers une description romantique et poétique alors que là, nous sommes fascinés par les regards étranges des deux chiens.
Bravo au photographe qui nous a fait bosser pendant vingt minutes pour décrire son boulot. Ah ces hollandais ! Ils ont une imagination très développée. Eux qui vivent dans une grande platitude… géographique savent montrer une vraie profondeur dans leur quotidien.
Je connais bien ce pays avec lequel j’ai travaillé pendant des décennies.
Cela dit… si le nom n’est pas néerlandais mais flamand… je retire la phrase précédente.

Patrice