Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Quelques textes du 4e jeudi


L'horoscope 


Signe du mois : la Boule de Noël 

Amour
En décembre, vous brillez de mille feux. De belles rencontres pour les natifs du premier décan, grande complicité avec les Sapins Nordmann ascendant Forêt alpline. En revanche, friture sur la ligne pour les Boules de Noël en couple avec un sapin artificiel. Tout devrait s'arranger début 2017, après la mise au placard annuelle. 
Travail et argent
Comme tous les ans, décembre est une période d'activité intense pour les Boules de Noêl. Vous gagnerez en un mois de quoi vivre toute l'année. 
Santé 
Attention au revers de cette belle activité : chute du haut d'un arbre, fêlure, voire burnout pour les Boules de Noël ascendant guirlande électrique. 
Vanessa 

Logo-rallye 


pendule ; chat ; gilet ; tire-bouchon ; sacoche ; gambader ; verre ; bicyclette ; téléphone.


Gontran de la Giraudière, dernier descendant d'une grande famille en voire d'extinction, vivait seul dans son manoir délabré. Autrefois, une armée de domestiques entretenaient la bâtisse et son jardin à la française ; mais ces temps étaient révolus. Gontran pouvait tout juste payer une femme de ménage une fois par mois. 
Un soir d'hiver, il s'était endormi dans un fauteuil de sa bibliothèque, enveloppé de couvertures à défaut de chauffage, quand il fut réveillé par la pendule qui sonnait les douze coups de minuit. Le miaulement d'un chat errant ajoutait une note lugubre à cette atmosphère déjà peu joyeuse. 
Gontran se leva, alla chercher un quatrième gilet qu'il enfila par-dessus les trois autres ; et comme n'avait pas seulement froid mais aussi un peu peur, il s'arma d'un tire-bouchon pour pouvoir se défendre en cas d'attaque. En réalité il n'avait rien à craindre d'un cambrioleur : les de la Giraudière étaient ruinés, toutes les possessions de Gontran tenaient dans uen sacoche. Mais Gontran craignait particulièrement le spectre de l'oncle Bertrand qui s'était pendu dans le grenier, et qui revenait souvent la nuit gambader dans le salon. 
Gontran se servit un petit verre de rhum pour se donner du courage. Soudain, le pauvre vicomte cuit voir passer le spectre de l'oncle Bertrand chevauchant une bicyclette ! Gontran s'évanouit. 
Il fut réveillé - à nouveau - par la sonnerie du téléphone. Avait-il rêvé ? Rêvait-il encore ?
Vanessa


Qui frappe à ma porte ? 


Gontran de la Giraudière n'était pas dans son assiette. Il était transi de froid dans son vieux manoir plein de courants d'air, frissonnant de peur après avoir vu passer le fantôme de son oncle sur un vélo spectral ; il avait l'estomac noué, les mains moites, mais il hésitait à aller se coucher car sa chambre était envahie de souris qui venaient lui chatouiller le visage pendant la nuit. 
Il aurait dû déménager depuis longtemps, mais il avait sa fierté. Un de la Giraudière ne déserte pas le domaine ; il y nait et il y meurt, comme ses ancêtres avant lui. Gontran restait donc debout dans sa bibliothèque poussiéreuse, marchant de long en large, un verre de rhum à la main. 
Et voilà que le son le plus inattendu parvint à ses oreilles : des coups frappés à la porte, avec le heurtoir métallique en forme de poing fermé. Personne ne venait jamais lui rendre visite ; le manoir tombait en ruine, Gontran de connaissait personne et n'avait plus de famille. Et il était une heure du matin. Gontran crut à une hallucination ; mais quelques instants plus tard on frappa de nouveau. Il se décida à aller ouvrir. 
Un homme grand et large se tenait là. 
- Hello ! dit l'homme avec un fort accent américain. Je suis lost, pouvez-vous loger moi tonight ?
Gontran avait le sens de l'hospitalité, mais il avait un peu honte de l'état de son logement.
- No problem, dit l'Américain pragmatique, j'ai tout ce qui'l faut dans la voiture. Et le voilà qui apporte un sac de couchage, des couvertures, un réchaud à gaz, une caisse de provisions et une Bible.
Après une nuit passée à discuter, et à manger des pancakes, Gontran et Gus étaient devenus amis.
Gus, très impressionné par ce manoir typique de la vieille Europe, offrit de l'acheter pour 200.000 dollars, et Gontran finit par céder, à condition de pouvoir continuer à y vivre dans son appartement personnel. 
"J'ai bien fait d'ouvrir ma porte", songeait Gontran quelques mois pus tard, dans sa chambre bien propre et rénovée, débarrassée des araignées et agrémentée de rideaux neufs et de draps sans trous. "Même l'oncle Bertrand ne vient plus m'embêter depuis que Gus et sa famille se sont installés ici. Je ne sais pas ce que mes aïeux penseraient de cet arrangement, mais après tout j'ai sauvé le manoir." Et il se servit un petit verre de rhum, pour fêter ça. 

Vanessa